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63 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection corps

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    À longs filets de sang ce lamentable corps À longs filets de sang ce lamentable corps Tire du lieu qu'il fuit le lien de son âme, Et séparé du coeur qu'il a laissé dehors, Dedans les forts liens et aux mains de sa dame, Il s'enfuit de sa vie et cherche mille morts. Plus les rouges destins arrachent loin du coeur Mon estomac pillé, j'épanche mes entrailles Par le chemin qui est marqué de ma douleur. La beauté de Diane ainsi que des tenailles Tirent l'un d'un côté, l'autre suit le malheur. Qui me voudra trouver détourne par mes pas, Par les buissons rougis, mon corps de place en place, Comme un vaneur baissant la tête contre bas Suit le sanglier blessé aisément à la trace, Et le poursuit à l'oeil jusqu'au lieu du trépas. Diane, qui voudra me poursuivre en mourant, Qu'on écoute les rocs résonner mes querelles, Qu'on suive pour mes pas de larmes un torrent, Tant qu'on trouve séché de mes peines cruelles Un coffre, ton portrait, et rien au demeurant. Les champs sont abreuvés après moi de douleurs, Le souci, l'encolie, et les tristes pensées Renaissent de mon sang et vivent de mes pleurs, Et des cieux les rigueurs contre moi courroucées Font servir mes soupirs à éventer ses fleurs. Un bandeau de fureur épais presse mes yeux Qui ne discernent plus le danger ni la voie, Mais ils vont effrayant de leur regard les lieux Où se trame ma mort, et ma présence effraie Ce qu'embrassent la terre et la voûte des cieux.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Elle était déchaussée, elle était décoiffée Elle était déchaussée, elle était décoiffée, Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; Moi qui passais par là, je crus voir une fée, Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ? Elle me regarda de ce regard suprême Qui reste à la beauté quand nous en triomphons, Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime, Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Les grands corps de l'état Ces hommes passeront comme un ver sur le sable. Qu'est-ce que tu ferais de leur sang méprisable ? Le dégoût rend clément. Retenons la colère âpre, ardente, électrique. Peuple, si tu m'en crois, tu prendras une trique Au jour du châtiment. Ô de Soulouque-deux burlesque cantonade ! Ô ducs de Trou-Bonbon, marquis de Cassonade, Souteneurs du larron, Vous dont la poésie, ou sublime ou mordante, Ne sait que faire, gueux, trop grotesques pour Dante, Trop sanglants pour Scarron, Ô jongleurs, noirs par l'âme et par la servitude, Vous vous imaginez un lendemain trop rude, Vous êtes trop tremblants, Vous croyez qu'on en veut, dans l'exil où nous sommes, À cette peau qui fait qu'on vous prend pour des hommes ; Calmez-vous, nègres blancs ! Cambyse, j'en conviens, eût eu ce cœur de roche De faire asseoir Troplong sur la peau de Baroche Au bout d'un temps peu long, Il eût crié : Cet autre est pire. Qu'on l'étrangle ! Et, j'en conviens encore, eût fait asseoir Delangle Sur la peau de Troplong. Cambyse était stupide et digne d'être auguste ; Comme s'il suffisait pour qu'un être soit juste, Sans vices, sans orgueil, Pour qu'il ne soit pas traître à la loi, ni transfuge, Que d'une peau de tigre ou d'une peau de juge On lui fasse un fauteuil ! Toi, peuple, tu diras : — Ces hommes se ressemblent. Voyons les mains. — Et tous trembleront comme tremblent Les loups pris aux filets. Bon. Les uns ont du sang, qu'au bagne on les écroue, À la chaîne ! Mais ceux qui n'ont que de la boue, Tu leur diras : — Valets ! La loi râlait, ayant en vain crié : main-forte ! Vous avez partagé les habits de la morte. Par César achetés, De tous nos droits livrés vous avez fait des ventes ; Toutes ses trahisons ont trouvé pour servantes Toutes vos lâchetés ! Allez, fuyez, vivez ! pourvu que, mauvais prêtre, Mauvais juge, on vous voie en vos trous disparaître, Rampant sur vos genoux, Et qu'il ne reste rien, sous les cieux que Dieu dore, Sous le splendide azur où se lève l'aurore, Rien de pareil à vous ! Vivez, si vous pouvez ! l'opprobre est votre asile. Vous aurez à jamais, toi, cardinal Basile, Toi, sénateur Crispin, De quoi boire et manger dans vos fuites lointaines, Si le mépris se boit comme l'eau des fontaines, Si la honte est du pain ! — Peuple, alors nous prendrons au collet tous ces drôles, Et tu les jetteras dehors par les épaules À grands coups de bâton ; Et dans le Luxembourg, blancs sous les branches d'arbre, Vous nous approuverez de vos têtes de marbre, Ô Lycurgue, ô Caton ! Citoyens ! le néant pour ces laquais se rouvre Qu'importe, ô citoyens ! l'abjection les couvre De son manteau de plomb. Qu'importe que, le soir, un passant solitaire, Voyant un récureur d'égouts sortir de terre, Dise : Tiens ! c'est Troplong ! Qu'importe que Rouher sur le Pont-Neuf se carre, Que Baroche et Delangle, en quittant leur simarre, Prennent des tabliers, Qu'ils s'offrent pour trois sous, oubliés quoique infâmes, Et qu'ils aillent, après avoir sali leurs âmes, Nettoyer vos souliers ! Jersey, le 23 novembre 1853.

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