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63 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection corps

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    Jacques Gourvennec

    @jacquesGourvennec

    Des mains Des mains comme des ombres Ces ombres que l'on porte aux bout de l'invisible Des mains comme une issue Comme un possible lien Comme un attachement Des mains raccommodant nos lèvres d’impossible A recoudre le temps derrière les ossements. Des mains, comme des phrases et les mots que l’on pense Ces mots que l’on suppose au creux d'un sentiment Des mains comme une rime, aux paroles qui dansent Des mains, comme des voiles, un bateau sous le vent Des mains comme des voix, ces voix comme des cris Des mains rongées des peurs, d’autres mains qui nous mentent Et qui miment les larmes aux promesses de nuit Ces mains comme la mer dans nos vagues d’ennui Des mains pour nous vêtir d'amour que l'on proclame Des mains comme un poème aux portes de secours Des mains comme un regret dans les yeux d’une femme Qui aime ou vous condamne à force de détours Des mains comme l’on donne en silence son âme Que l’autre n’entend pas… Que l’autre ne sait pas. Des mains pour se laver, des sentences infâmes Des mains comme une fronde, en place des discours Des mains que l’on réclame,, qu'on saigne et que l'on coupe Qu'un juge s'entribune Au nom d'une autre cour

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    Jacques Izoard

    @jacquesIzoard

    Corps sous la peau, corsaire Jette les boules de vêtements (vêtements de Victor ou d'Arthur) dans l'eau de pluie, lave le corps d'un voleur endormi. La peau sans géographie, peau pâle, papier sans âme, peau d'ange sans regard. Cheminement lent des billes sur le tambour tendu du cœur. L'Angine et l'Aéroplane unissaient leurs destins. J'étais fille, je touchais la vie d'un garçon bleu sous l'abîme et le col. Jeunesse, passe muscade. Monsieur, vous n'y arriverez pas, je suis trop jeune; il faisait le mort, je posais mes lèvres, mes rêves sous sa peau immense, et la salive du lilas enrobait nos tumultes, nos luttes lacérées, le gel soudain de nos cris. Me dit-il. Me murmure-t-elle... Lilas pointus sous les ponts en chemise. Chêne vierge sous l'eau de Meuse. Et nous bénissions de nos mains nues les sorciers en capuchon, qui geignent, peignent les trottoirs, déchirent les joues des petites filles légères. Où souffle un feu noir, caresse les grands rats amis, les longs crocodiles de menthe, et tous les véhicules ensablés, les totems anciens qui craquent. Chambre du conseil: les oiseaux y cherchent le grain, l'eau vive et le sommeil. Étudie leur savoir, leur plumage. Arrache un seul miroir; la foudre, alors, avec ses chapelets de buis secs, ses couteaux, écartèle un pantin de pleine terre. La chambre est un grenier de cerises, où l'on fauche à grands coups le sommeil des renards. Herbes. Irène. Spa. Ciguë. Et que siffle un sifflement d'eau lisse à l'assaut des talus, des monticules. Herbes à satiété pour cacher les sosies des voleurs de grands doigts. Les bouleaux enfarinés ont le cœur très tendre. La mort meurt toujours. La langue allonge. Ou bascule dans les mots. Aplomb bleu des sarcelles. Longe le bras très long d'un géant mangeur d'herbes. Imite aussi le franc parler des oiseaux, des mille oiseaux que l'aube délivre. Le petit pouce accueille l'empreinte, l'onguent bleu. La faux coupe l'herbe et le gaucher connaît l'inverse, la récidive, le clos de l'œil qui fixe l'autre moitié du corps. Vélo rêvé des rouilles, feu troué des manœuvres. Je visite le dé menu des dents et des phalanges, rompant le corps, l'arbre. Et la main sur la main cache le pesant lingot, la rivière pétrifiée. Château d'haleine posé sur le sein d'une fille très belle. Les joues. Les jambes. Tout le corps glisse dans l'arbre creux. Mais le fourreau serre la langue du bouffon noir. Que celui qui m'épie demeure dans le puits sous la maison creuse ! Peut-il toucher le gel couvrant le corps entier? Je l'aime comme on aime un jardin foudroyé. Chargement de sabots et d'épées, cri sourd des cagoules... Le lierre quitte les maisons qui s'écroulent et cherche le cœur secret de la ville qu'on détruit. Me touche la voix basse du gel et de l'absence. Et je serre contre moi l'anneau de cheval bleu. Erre d'île en île. Toutes les rues du citron, la fraîcheur les capture. Le voleur volé marche à pas légers de thé. Nous feuilletons l'album des pâles photos d'antan. Nous avons cent ans. Jette un arbre entier dans le puits sec et vide. Tu verras cent oiseaux faire boule de bleu dans la chambre immobile... Passe ton chemin, vendeur de clous et de pals ! Écriture en bombance, en folie. Petits mots battus, penauds. Petits cris, petits murmures. Le fil de l'encre éclaire le parloir des paroles. Et siffle, salive ! Un paquebot échoue dans le juillet des jardins. Et fourbe avec la poix que l'horloge encense. Pieux dès le matin quand le linge amoncelle nos rêves hissés très blancs jusqu'au sommet du corps. Me voici comme obscur avec les taches d'encre d'un sommeil très profond. Dix mille muscles. Et l'eau jaillit. Mémoire s'effondre. On ne sait dire le sang qui file. Salive et suc sont belles caresses. Mais cent mille nerfs lacèrent la peau. Petit amandier des lèvres, demeure dans mon haleine, donne à chacun de mes mots l'amer désir de mort. Celui qui court sans rêve touche le cœur des oiseaux, le vent, l'amandier, l'embellie Œufs hôtes, œufs très ronds, vivez en moi longtemps. Nous amputons la rivière de son flux le plus dur. Dans l'herbe très lisse naît le membre immédiat.

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    Jacques Izoard

    @jacquesIzoard

    Dénonciation du corps Corps où les doigts, les femmes laissent, blanches, cent empreintes, où le goût du thé longe l'empire de la . jambe, où tu vins, comme un laitier sans cri, sans nervures, libérer mon jade, mon corsaire. Nous fûmes ce que nous fûmes. Ton récit de trains et de roses, je le suivais, neutre et attentif. Apparut nu celui qui parle, et glissent en moi l'arbre colorié, la haine alanguie, l'étui fourré de menthe; rêve en moi l'encre possessive (et ses fragments, ses incertitudes, ses continents, ses fracas, ses contemplations mates); je serre ton corps, qu'importe, le vois de la jambe à la jambe, le sais là de tous ses os, de toutes ses vieilleries, de tous ses organes sans nom, évanouis, essentiels pourtant. Rompre, et pampre, ou pourpre. Et pourquoi ce clair-obscur? Pourquoi ce mouvement de la main qui écrit quand hurle celui qui naît ailleurs? Et parole. Et parole enfermée. Tu bouges dans ta peau sans savoir l'aventure du corps. Tu viens vers moi. J'essaye de le croire, de l'écrire, de le dire, de le lire. Ville enfoncée dans les maisons, dans les carcasses. Tu casses le sang. Avide, te voici lépreux sous les bras. Que disions-nous de celle qui nous enveloppe, nous trompe ? Fardeau de citrons et de socs, ton corps vers l'hiver déchire les linges oubliés, les turbans tachés de rouille, et le sang se répand sous la peau, plus vite, inondation nocturne, où le meurtre est vain, où les oiseaux plats filent ventre à terre, comme de folles guillotines. Avare, tu parles, tu touches toi-même le papier, la peau, l'œil. Et c'est une lenteur de terre fraîche, de tissu mouillé. L'obstination mûre des sueurs, le calvaire sec du sang, la jactance insensée des prunelles ; tu tournes vers moi un visage qui n'est pas le tien; les poignets près des cuisses, les tuiles rouges où des gardiens battent des voleurs... Dans mon bras, ton poing serre des touffes et des aisselles, des blocs de houille, des seins de neige. Estaminet sans peuplade ou chambre de chaleur.

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    Jacques Raffin

    @jacquesRaffin

    Corps C’est la grosse. C’est le nain. C’est le géant, la maigre… On ne manque pas de noms pour décrire l’apparence. Rien ne va plus si l’on s’éloigne des références, Prisonnier dans la chair, la vie tourne au vinaigre. Si l’on n’est pas Bardot, chaque jour est un fardeau…

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    J

    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Corps du Vendredi Corps du vendredi — s'en vont dans ton corps tous les corps d'ici condamnés à mort. S'en vont vers le lit des jeunes rivières chercher ton pays sous la menthe amère. Comme des brebis vers l'herbage fort, s'en vont à la mort où le pain est cuit. Et leur amour bouge le long de la ville comme du persil sur les pierres rouges. S'en vont aux fontaines laver le varech, les corps dans ta laine chargés de bois sec. Et les feuilles poussent sous tes pieds brûlés. Ô grand corps tombé sur les ossements, ils vont vers la mer les corps dans ta chair ! Et la Mère est douce autour de leur sang. Corps du vendredi, — les corps poissonneux sous le bois coupé s'en vont vers ta nuit et vers ton secret, s'en vont vers la nuit où mûrit le feu. S'en vont dans tes os vers la haute mort au milieu du fleuve, — la face essuyée. S'en vont chercher l'or salés comme agneaux et la tête en terre. Et les lunes neuves naissent de leurs plaies et de leur mystère. Dehors est l'anis. Dehors sont les femmes qu'ils ont consolées, — dehors et dedans. Et l'étrange pluie toujours revenue est sur eux ta manne, tes mains, l'iode blanc des vrais alchimistes. Couchés dans ton corps, debout dans ton corps jusqu'au soleil triste, ils vont vers le roi. Ils vont au pays de cuir et de soie, — le corps mis à nu. Le corps attaché s'en vont sur le bois vers les forêts roses. S'en vont dans ton corps le corps assoiffé, le corps desséché s'en vont dans la mort qui métamorphose, s'en vont dans ta mort vers l'eau et le lait, vers la noire ruche où le corps qui mange se fait miel vivant. Et le vin d'orange est frais dans la cruche. Corps du vendredi, — les corps crucifiés s'en vont rassembler dans ton corps ouvert comme une prairie les lions et les cerfs. Les corps transpercés qui lavent les morts s'en vont dans ton corps, s'en vont dans ton sang prendre la beauté des corps transparents. Aux corps dans les noces s'en vont avec toi les corps dépendus. S'en vont vers la force que la mer salue sous leurs os étroits. S'en vont embaumés dans l'huile et le lin délivrer les morts, sortir des sommeils et changer en or les amours anciens. Et les verts soleils sont leurs aromates. O corps en semence au milieu du monde où la joie se hâte, — tous les corps entrés dans la ressemblance s'en vont vers le blé, s'en vont sous la terre commencer l'été que ta mort mûrit, s'en vont dans ta mort préparer le monde à se transmuer, préparer le corps à ressusciter ! Et déjà l'Esprit descelle la pierre.

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Incantation du corps Ma bouche soit délivrée! Je goûterais l'arbre blanc. Je mangerais le muscat qui est planté dans la ville. Me soit ouverte l'oreille! Je reviendrais du désert. J'aurais mon pacte et mes noces avec la fable du lait. Les mains me soient incisées! Je sentirais le vrai sel. Je toucherais sous le pain la pierre rouge et royale. L'été féconde mes yeux! Je prendrais sang dans le fleuve. J'entrerais mûr au foulage. Je danserais vers le vin.

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    J

    Jean Wahl

    @jeanWahl

    A mon corps Ils ne m'auront ni par la faim ni par la peur Et s'ils m'avaient un jour, ce serait mon squelette Et s'ils faisaient un jour ma dernière toilette Ils trouveraient changé mon corps, mais non mon coeur. Mais nous serons bien un ou deux Le monde usé jusqu'à la corde découvre son envers hideux Et l'univers se désaccorde mais nous serons bien un ou deux pour ne pas nous soucier des hordes et pour lever encor les yeux.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    À Vénus Ayant après long désir Pris de ma douce ennemie Quelques arrhes du plaisir, Que sa rigueur me dénie, Je t'offre ces beaux œillets, Vénus, je t'offre ces roses, Dont les boutons vermeillets Imitent les lèvres closes Que j'ai baisé par trois fois, Marchant tout beau dessous l'ombre De ce buisson que tu vois Et n'ai su passer ce nombre, Parce que la mère était Auprès de là, ce me semble, Laquelle, nous aguettait De peur encores j'en tremble. Or' je te donne des fleurs Mais si tu fais ma rebelle Autant piteuse à mes pleurs, Comme à mes yeux elle est belle, Un myrthe je dédierai Dessus les rives de Loire, Et sur l'écorce écrirai Ces quatre vers à ta gloire « Thénot sur ce bord ici, A Vénus sacre et ordonne Ce myrthe et lui donne aussi Ses troupeaux et sa personne. »

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    Mahmoud Abdelghani

    @mahmoudAbdelghani

    Le corps matinal Tu es belle, mais malheureusement tu m'as fait pleurer. Je suis d'un village sans arbres, c'est pourquoi je ne tais rien dans le lit et ne me sens pas seul quand je suis dans un jardin. Chaque fois que je te vois faire la chasse à la poussière du jour, je dis : Que c'est beau d'avoir trente ans. Ta dureté me rappelle le cri des noyés, ton feu ardent les regards de ceux qui appellent au secours. Et quand ma respiration se calme, je déchire le ciel, m'en vais te rejoindre, à regret.

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    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    La gigue Les Talons Vont D’un train d’enfer, Sur le sable blond, Les Talons Vont D’un train d’enfer Implacablement Et rythmiquement, Avec une méthode d’enfer, Les Talons Vont. Cependant le corps, Sans nul désarroi, Se tient tout droit, Comme appréhendé au collet Par les Recors La danseuse exhibe ses bas noirs Sur des jambes dures Comme du bois. Mais le visage reste coi Et l’oeil vert, Comme les bois, Ne trahit nul émoi. Puis d’un coup sec Comme du bois, Le danseur, la danseuse Retombent droits D’un parfait accord, Les bras le long Du corps. Et dans une attitude aussi sereine Que si l’on portait La santé De la Reine. Mais de nouveau Les Talons Vont D’un train d’enfer Sur le plancher clair.

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Violette De violette et de cinname, De corail humide et rosé, De marbre vif, d'ombre et de flamme Est suavement composé Ton joli petit corps de femme. Pour mon amour qui te réclame Ton reproche vite apaisé Est ce qu'est pour la brise un blâme De violette. Ton savoir a toute la gamme ; L'énigme craint ton œil rusé, Et ton esprit subtilisé Avec le rêve s'amalgame : Mais ta modestie est une âme De violette.

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Le corps et l'âme L'âme — Vous m'avez trompée. Le corps — Vous m'avez trompé. L'âme — Vous m'avez conduite d'erreur en erreur vers le rideau qui cache le noir. Le corps — Vous m'avez conduit vers la laideur et la vieillesse et l'infirmité. L'âme — Vous m'avez conduite vers le bain et j'ai perdu ma ductilité. J'ai perdu ma transparence. L'âme a perdu son âme dans un bain de plomb fondu. Voyez, je ne suis plus une âme, je suis piquée au plomb, déformée, épaissie. Où ai-je perdu ma substance ? Dans ce bain. Le corps — J'ai obéi à mon âme qui me menait là où vont les corps, dans leur bain de corps obèses. Si vous m'aviez mené où vont les âmes, je serais resté jeune. Je serais devenu noble comme sont les âmes. C'était à vous de me tenir. L'âme — Max, éveille-toi. Le corps — Misère ! le rideau noir.

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    Mohammed Bennis

    @mohammedBennis

    Le corps de qui De moi, ô corps, approche-toi sans crainte Ton corps appartient à ton sanglot aux confins des délices de l'amour De ton corps approche-toi, ô corps et regarde tes membres se défaire et se dissoudre Ton cri est ton commencement, ô corps Pour lui les branches les arcs Pour lui les rires naissent du gosier de l'éternité Ne crains pas de te désintégrer, ô corps et nu, avance vers mes yeux nu et brûlant Dans la tempête grave-toi avec l'envie des fossettes Triomphe de toi et de moi pour que la langue jubile de fondre entre les fissures d'un nuage à la flamme attisée O corps, sois pour moi logis d'eau épi pour infirmer ce dont me menace le soir mort et anéantissement

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    O

    Odilon-Jean Périer

    @odilonJeanPerier

    Le corps ferme comme une jeune rose Le corps fermé comme une jeune rose Celle qu'Amour ne désunissait pas Qui disposait pour nous entre les choses L'oeuvre excellente et pure de ses pas Dont les cheveux donnaient le goût de vivre Et dont les mains faisaient le pain doré - N'était-ce rien qu'un instant d'équilibre

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches, l’attitude du don te rend pareil au monde. Mon corps de laboureur sauvage, de son soc a fait jaillir le fils du profond de la terre. je fus comme un tunnel. Déserté des oiseaux, la nuit m’envahissait de toute sa puissance. pour survivre j’ai dû te forger comme une arme et tu es la flèche à mon arc, tu es la pierre dans ma fronde. Mais passe l’heure de la vengeance, et je t’aime. Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme. Ah! le vase des seins! Ah! les yeux de l’absence! ah! roses du pubis! ah! ta voix lente et triste! Corps de femme, je persisterai dans ta grâce. Ô soif, désir illimité, chemin sans but! Courants obscurs où coule une soif éternelle et la fatigue y coule, et l’infinie douleur.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    A perte de vue dans le sens de mon corps Tous les arbres toutes leurs branches toutes leurs feuilles L'herbe à la base les rochers et les maisons en masse Au loin la mer que ton œil baigne Ces images d'un jour après l'autre Les vices les vertus tellement imparfaits La transparence des passants dans les rues de hasard Et les passantes exhalées par tes recherches obstinées Tes idées fixes au cœur de plomb aux lèvres vierges Les vices les vertus tellement imparfaits La ressemblance des regards de permission avec les yeux que tu conquis La confusion des corps des lassitudes des ardeurs L'imitation des mots des attitudes des idées Les vices les vertus tellement imparfaits L'amour c'est l'homme inachevé.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Anne Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts Mire ses bras lointains tournés avec mollesse Sur la peau sans couleur du ventre découvert. Elle vide, elle enfle d'ombre sa gorge lente, Et comme un souvenir pressant ses propres chairs, Une bouche brisée et pleine d'eau brûlante Roule le goût immense et le reflet des mers. Enfin désemparée et libre d'être fraîche, La dormeuse déserte aux touffes de couleur Flotte sur son lit blême, et d'une lèvre sèche, Tette dans la ténèbre un souffle amer de fleur. Et sur le linge où l'aube insensible se plisse, Tombe, d'un bras de glace effleuré de carmin, Toute une main défaite et perdant le délice A travers ses doigts nus dénoués de l'humain. Au hasard ! A jamais, dans le sommeil sans hommes Pur des tristes éclairs de leurs embrassements, Elle laisse rouler les grappes et les pommes Puissantes, qui pendaient aux treilles d'ossements,

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Es-tu brune ou blonde ? Es-tu brune ou blonde ? Sont-ils noirs ou bleus, Tes yeux ? Je n’en sais rien, mais j’aime leur clarté profonde, Mais j’adore le désordre de tes cheveux. Es-tu douce ou dure ? Est-il sensible ou moqueur, Ton cœur ? Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur. Fidèle, infidèle ? Qu’est-ce que ça fait. Au fait ? Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les chères mains qui furent miennes Les chères mains qui furent miennes, Toutes petites, toutes belles, Après ces méprises mortelles Et toutes ces choses païennes, Après les rades et les grèves, Et les pays et les provinces, Royales mieux qu'au temps des princes, Les chères mains m'ouvrent les rêves. Mains en songe, mains sur mon âme, Sais-je, moi, ce que vous daignâtes, Parmi ces rumeurs scélérates, Dire à cette âme qui se pâme ? Ment-elle, ma vision chaste D'affinité spirituelle, De complicité maternelle, D'affection étroite et vaste ? Remords si cher, peine très bonne, Rêves bénis, mains consacrées, Ô ces mains, ces mains vénérées, Faites le geste qui pardonne !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les ingénus Les hauts talons luttaient avec les longues jupes, En sorte que, selon le terrain et le vent, Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes. Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux Inquiétait le col des belles sous les branches, Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches, Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir tombait, un soir équivoque d'automne : Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spécieux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.

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    Pernette du Guillet

    @pernetteDuGuillet

    Comme le corps ne permet point de voir Comme le corps ne permet point de voir À son esprit, ni savoir sa puissance : Ainsi l'erreur, qui tant me fait avoir Devant les yeux le bandeau d'ignorance, Ne m'a permis d'avoir la connaissance De celui-là que, pour près le chercher, Les Dieux avaient voulu le m'approcher : Mais si haut bien ne m'a su apparaître. Parquoi à droit l'on me peut reprocher Que plus l'ai vu, et moins l'ai su connaître. (Rymes XI)

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    P

    Pernette du Guillet

    @pernetteDuGuillet

    Le corps ravi, l'âme s'en émerveille Le Corps ravi, l'Âme s'en émerveille Du grand plaisir qui me vient entamer, Me ravissant d'Amour, qui tout éveille Par ce seul bien, qui le fait Dieu nommer. Mais si tu veux son pouvoir consommer, Faut que partout tu perdes celle envie : Tu le verras de ses traits s'assommer, Et aux Amants accroissement de vie. (Rymes XII)

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    L'an se rajeunissait en sa verte jouvence L'an se rajeunissait en sa verte jouvence Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ; Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle, Et votre teint sentait encore son enfance. Vous aviez d'une infante encor la contenance, La parole, et les pas ; votre bouche était belle, Votre front et vos mains dignes d'une Imrnortelle, Et votre œil, qui me fait trépasser quand j'y pense.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand au temple nous serons Quand au temple nous serons Agenouillés, nous ferons Les dévots selon la guise De ceux qui pour louer Dieu Humbles se courbent au lieu Le plus secret de l'église. Mais quand au lit nous serons Entrelacés, nous ferons Les lascifs selon les guises Des amants qui librement Pratiquent folâtrement Dans les draps cent mignardises. Pourquoi donque, quand je veux Ou mordre tes beaux cheveux, Ou baiser ta bouche aimée, Ou toucher à ton beau sein, Contrefais-tu la nonnain Dedans un cloître enfermée ? Pour qui gardes-tu tes yeux Et ton sein délicieux, Ta joue et ta bouche belle ? En veux-tu baiser Pluton Là-bas, après que Charon T'aura mise en sa nacelle ? Après ton dernier trépas, Grêle, tu n'auras là-bas Qu'une bouchette blêmie ; Et quand mort, je te verrais Aux Ombres je n'avouerais Que jadis tu fus m'amie.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Corps et âmes Heureux les cœurs, les cœurs de sang ! Leurs battements peuvent s'entendre ; Et les bras ! Ils peuvent se tendre, Se posséder en s'enlaçant. Heureux aussi les doigts ! Ils touchent ; Les yeux ! Ils voient. Heureux les corps ! Ils ont la paix quand ils se couchent, Et le néant quand ils sont morts. Mais, oh ! Bien à plaindre les âmes ! Elles ne se touchent jamais : Elles ressemblent à des flammes Ardentes sous un verre épais. De leurs prisons mal transparentes Ces flammes ont beau s'appeler, Elles se sentent bien parentes, Mais ne peuvent pas se mêler. On dit qu'elles sont immortelles ; Ah ! Mieux leur vaudrait vivre un jour, Mais s'unir enfin !... dussent-elles S'éteindre en épuisant l'amour !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La forme Le soleil fut avant les yeux, La terre fut avant les roses, Le chaos avant toutes choses. Ah ! que les éléments sont vieux Sous leurs jeunes métamorphoses ! Toute jeunesse vient des morts : C'est dans une funèbre pâte Que, toujours, sans lenteur ni hâte, Une main pétrit les beaux corps Tandis qu'une autre main les gâte ; Et le fond demeure pareil : Que l'univers s'agite ou dorme, Rien n'altère sa masse énorme ; Ce qui périt, fleur ou soleil, N'en est que la changeante forme. Mais la forme, c'est le printemps : Seule mouvante et seule belle, Il n'est de nouveauté qu'en elle ; C'est par les formes de vingt ans Que rit la matière éternelle ! Ô vous, qui tenez enlacés Les amoureux aux amoureuses, Bras lisses, lèvres savoureuses, Formes divines qui passez, Désirables et douloureuses ! Vous ne laissez qu'un souvenir, Un songe, une impalpable trace ! Si fortement qu'il vous embrasse, L'Amour ne peut vous retenir : Vous émigrez de race en race. Époux des âmes, corps chéris, Vous vous poussez, pareils aux fleuves ; Vos grâces ne sont qu'un jour neuves, Et les âmes sur vos débris Gémissent, immortelles veuves. Mais pourquoi vous donner ces pleurs ? Les tombes, les saisons chagrines, Entassent en vain des ruines Sans briser le moule des fleurs, Des fruits et des jeunes poitrines. Pourquoi vous faire des adieux ? Le même sang change d'artères, Les filles ont les yeux des mères, Et les fils le front des aïeux. Non, vous n'êtes pas éphémères ! Vos modèles sont quelque part, Ô formes que le temps dévore ! Plus pures vous brillez encore Au paradis profond de l'art, Où Platon pense et vous adore !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    En ces temps où le corps En ces temps où le corps éclôt pour s'avilir, Où des races le sang fatigué dégénère, Tu nous épargneras, Suzanne, enfant prospère, De voir en toi la fleur du genre humain pâlir. Deux artistes puissants sont jaloux d'embellir En toi l'âme immortelle et l'argile éphémère : Le dieu de la nature et celui de ta mère ; L'un travaille à t'orner, et l'autre à t'ennoblir. L'enfant de Bethlehem façonne à sa caresse Ta grâce, où cependant des enfants de la Grèce Sourit encore aux yeux le modèle invaincu. Et par cette alliance ingénument profonde, Dans une même femme auront un jour vécu L'un et l'autre idéal qui divise le monde.

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    S

    Salah Bousrif

    @salahBousrif

    Adresse au corps Air et une paume de roseau Qui a arraché la racine d'un corps épanoui dans 'accalmie du vent et embrumé mes yeux à l'eau des nuages ? Quoi, a dit le commensal la lune se lève et je n'ai dans la paume que de l'eau et un nuage invisible ? Je me suis un peu rapproché de la lumière mes larmes ont un peu coulé Le commensal a dit : Ta glèbe est un nuage arrache donc l'eau de la terre et arrose les plaines La terre est ainsi un chiffon de crépuscule La mer est ainsi du sel détrempé et un lustre de poussière

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Angoisse Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser : Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts : Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un cœur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Puisque le corps blessé Puisque le cors blessé, mollement estendu Sur un lit qui se courbe aux malheurs qu'il suporte Me faict venir au ronge et gouster mes douleurs, Mes membres, jouissez du repos pretendu, Tandis l'esprit lassé d'une douleur plus forte Esgalle au corps bruslant ses ardentes chaleurs. Le corps vaincu se rend, et lassé de souffrir Ouvre au dard de la mort sa tremblante poitrine, Estallant sur un lit ses misérables os, Et l'esprit, qui ne peut pour endurer mourir, Dont le feu violent jamais ne se termine, N'a moyen de trouver un lit pour son repos. Les medecins fascheux jugent diversement De la fin de ma vie et de l'ardente flamme Qui mesme fait le cors pour mon ame souffrir, Mais qui pourroit juger de l'eternel torment Qui me presse d'ailleurs ? Je sçay bien que mon ame N'a point de medecins qui la peussent guerir. Mes yeux enflez de pleurs regardent mes rideaux Cramoisis, esclatans du jour d'une fenestre Qui m'offusque la veuë, et faict cliner les yeux, Et je me resouviens des celestes flambeaux, Comme le lis vermeil de ma dame faict naistre Un vermeillon pareil à l'aurore des Cieux. Je voy mon lict qui tremble ainsi comme je fais, Je voy trembler mon ciel, le chaslit et la frange Et les soupirs des vents passer en tremblottant ; Mon esprit temble ainsi et gemist soubs le fais D'un amour plein de vent qui, muable, se change Aux vouloirs d'un cerveau plus que l'air inconstant. Puis quant je ne voy' rien que mes yeux peussent voir, Sans bastir là dessus les loix de mon martyre, Je coulle dans le lict ma pensée et mes yeux ; Ainsi puisque mon ame essaie à concevoir Ma fin par tous moyens, j'attens et je desire Mon corps en un tombeau, et mon esprit es Cieux.

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