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Frontières
Publié par Vies parallèles, le 08 mai 2017
284 pages
Résumé
David Antin est le créateur de ce que l'on appelle le 'talk poem'. Le procédé est bien balisé : invité à donner une conférence sur divers sujets, sans notes, il se place face au public. Sur la table, un dictaphone. Tout du long, sans interruption aucune, environ une heure durant, il monologue. Une fois enregistré, le 'talk poem' est inscrit sur la page par Antin lui-même. Sans marge fixe, sans ponctuation, sans majuscule. Les respirations qu'il entend sont reproduites par des espaces entre les mots. Entre monologue et méditation, rares et courts silences et reprises, entre évocations érudites et souvenirs personnels, farces parfois potaches et subtilités conceptuelles, imperturbablement, un fil se déroule. D'où, peu à peu, émerge une idée renouvelée du problème posé au départ. Ainsi, dans Parler aux frontières, le 'talk poem' qui donne son titre au recueil, est-il question, en vrac, de guerre, de traduction, du Mur des Lamentations, du voyage d'un anthropologue en Australie, d'une mère qui a possiblement décidé de vivre par terre, d'une tante hémophile ou d'un ancien fumeur de joints aux cheveux longs devenu US Marine. Mais par-delà ces tours et détours, ou plutôt grâce à eux et à l'émotion et l'érudition qui les traversent, c'est bien de questionner les frontières qu'il s'agit. Celles des états, des langues, des corps. Et de les questionner, non pas d'un ailleurs surplombant son sujet, mais précisément du lieu même de ce qui pose question. Car parler aux frontières c'est s'adresser à elles, les questionner, engager un dialogue avec elles, mais aussi parler à partir d'elles, auteur et lecteur placés sur l'intersection même des différents lieux qu'elles instituent. Entre anthropologie, philosophie, esthétique ou performance, entre littéralité et oralité, David Antin nous rappelle que la poésie est un acte de survie, un acte urgent.
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