Revue Thomiste - N° 3/2000

On dit souvent que le mal n'est pas justifiable, qu'il ne peut être réduit à une solution simple, tant il demeure incompréhensible. Il est scandale et provocation pour la conscience humaine. Or, la question de Dieu donne à celle du mal des proportions redoutables qui ne placent cependant pas la raison dans l'incapacité de dire quelque chose d'intelligible et de sensé sur ce qui apparaît à la fois comme un problème et un mystère. La théologie, qui est exercice de la raison dans la lumière de la foi, n'est pas condamnée à se taire. Dieu, certes, est inconnu en lui-même, et le mal demeure irréductible à toute entreprise de réduction, mais, à partir de tout ce que nous pouvons affirmer de Dieu par la raison et par la réflexion croyante, il est possible de donner quelques repères à ce qui demeure pour l'esprit un défi. Ces balises ne cherchent pas à justifier ou expliquer le mal, mais sont comme des tentatives raisonnées de comprendre et dégager de l'intelligibilité dans ce qui se présente, surtout en christianisme, comme un rapport difficile à penser : Dieu et le mal.

Dieu et le mal ; cinq approches d'un mystère

Ces neuf contributions sont le fruit d'une journée d'études, organisée par l'Institut Saint Thomas d'Aquin et la Revue thomiste, qui s'est tenue au studium dominicain du couvent saint Thomas d'Aquin à Toulouse le 3 octobre 2020. A ces travaux s'étaient associés des théologiens de la faculté de théologie de l'Institut Catholique de Toulouse et enseignants de deux séminaires diocésains (Toulon et Strasbourg). La pensée de Joseph Ratzinger apparaît comme une des plus importantes. Bien que ne formant pas un système bouclé, la théologie du cardinal, puis pape, est multiforme. Elle s'organise selon les circonstances et présente une homogénéité de style et de contenu, qui comporte des évolutions, des élargissements, et parfois des rectifications. En presque soixante-dix ans, le pape émérite a abordé presque tous les sujets qui constituent une théologie fondamentale et dogmatique ; le volet moral n'est pas inexistant chez lui mais il demeure marginal. Il ne s'agit pas seulement de faire un inventaire, ou de présenter une doctrine, mais d'analyser quelques thèmes significatifs d'une pensée en constante recherche, qui, avec Hans Urs von Balthasar, constituent l'effort le plus fécond et le plus stimulant de la théologie allemande catholique en ce début de XXIe siècle. Jean-Malo de Beaufort - David Biziou - Henry Donneaud - Bruno Gautier - Christian Gouyaud - Michaela C. Hastetter, Sous la dir. de Philippe-Marie Margelidon, o. p.

Quelques aspects de la théologie de Joseph Ratzinger

Le miracle est affaire de théologie, plus exactement d'herméneutique théologique. Il présuppose une certaine idée de Dieu. La foi est adhésion à la révélation de Dieu, par-delà tout miracle, certes, mais pas sans eux, puisque par eux et en eux Dieu manifeste quelque chose de lui-même et de sa gloire, à notre profit et pour notre avantage. C'est pourquoi, sans pouvoir et prétendre tout traiter, cet ouvrage pourrait nous permettre de mieux saisir en quoi et pourquoi la révélation de Dieu créateur et sauveur en Jésus Christ, sans les miracles, est inintelligible, et peut-être même déraisonnable.

Le miracle et la foi - Actes du colloque des 21-22 octobre 2016 à Rocamadour

"La question mystique" , comme on disait dans les années 20-30, revient à l'ordre du jour. La démarche philosophique de Maritain est à cet égard digne d'intérêt, d'abord du point de vue de l'histoire des doctrines, mais aussi et surtout du point de vue de la philosophie d'al religion ou du phénomène religieux, et de la théologie chrétienne de la vie mystique. Etudier les structures fondatrices des mystiques de l'absolu est fondamental, si, du moins, on se place au plan de l'épistémologie des expériences et des savoirs. Or, l'approche maritainnienne est de nature presque exclusivement métaphysique, quoique nourrit de l'étude positive des mystiques de l'Occident et de l'Orient, c'est tout son intérêt. Ce volume est la publication du colloque, organisé par la Revue thomiste et l'Institut saint Jean de la Croix, qui s'est tenu à Toulouse les 10 et 11 mai 2019 à l'Institut catholique.

Maritain et la mystique - Actes du colloque des 10-11 mai 2019 à Toulouse (ICT)

Le renouveau des études thomistes, engagé à la suite de la publication de l'encyclique de Léon XIII, Aeterni Patris a été porté par de grands noms dans les différentes disciplines des sciences sacrées, mais si l'actualité de la philosophie thomiste est bien connue, celle de la christologie l'est beaucoup moins. Cette recherche part de la question de la grâce du Christ pour examiner ce qu'elle suppose et implique à titre de corollaire ou de conséquence. De la grâce à la résurrection du Christ, le parcours est assez long, mais organique. Chaque chapitre aborde un thème ou une notion, parfois un ensemble de questions corrélées chez plusieurs auteurs, et parfois chez un même théologien dont on peut suivre l'évolution. L'auteur a essayé de respecter au plus près la pensée de chacun, d'analyser et non de résumer, de présenter à chaque fois les points forts et saillants, parfois les faiblesses de telle ou telle thèse. Cette série d'études n'est pas exhaustive, mais elle confronte une diversité de sujets fondamentaux dont le contenu ne peut pas ne pas rencontrer l'intérêt du lecteur chrétien, ou, tout au moins, la curiosité de ceux qui aiment la réflexion théologique spéculative, assez rare de nos jours. Certes, l'intention de ce travail est d'abord de contribuer à la réhabilitation d'une théologie trop souvent "déclassée" , mais ensuite et surtout de poser quelques jalons pour une christologie thomiste intégratrice. Philippe-Marie MARGELIDON, Prêtre dans l'ordre dominicain est professeur de théologie et directeur des études du couvent de Toulouse.

Etudes de christologie thomiste - De la grâce à la résurrection du Christ

Le dominicain Jean-Hervé Nicolas (1910-2001) fut avec Jacques Maritain (1882-1973) un des grands représentants de la pensée thomiste du XXe siècle. Tous deux élèves du père Garrigou-Lagrange, ils ont interrogé la question de la prédestination à la lumière de la pensée de saint Thomas d'Aquin. Les positions défendues par Garrigou-Lagrange et perfectionnées par Nicolas relèvent du thomisme « rigide » ou « dur », qualifié de banézien ou de néobanézien par Maritain. Il s'agit pour eux d'expliquer le rapport du péché à la Providence au moyen de ce que l'École appelle le décret permissif antécédent auquel Maritain opposera son très personnel décret permissif conséquent. Cette variation originale de la théorie du décret divin est fondée sur un postulat identique, à savoir que Dieu prédétermine la volonté de l'agent s'autodéterminant à un objet moral bon ou mauvais.

De la prédestination à la réprobation : un débat inachevé entre Jacques Maritain et Jean-Hervé Nicolas

Corpus Domini Jesu Christi est un parcours de théologie eucharistique qui épouse le plan adopté par saint Thomas dans la Somme de théologie, regard accompli de synthèse et de sagesse. Il aborde la théologie du sacrement de l'eucharistie à la lumière des sources de la Tradition, de ses prolongements et des renouvellements dont elle fait l'objet depuis le début du XXe siècle. Les dimensions propres de l'eucharistie sont parfois les plus discutées entre confessions chrétiennes : mode de présence sacramentelle du Christ et transsubstantiation, sacrifice et mémorial de la Passion, purification des péchés, communion et croissance de grâce et de sainteté des membres du Corps mystique, questions oecuméniques. Ce cours est le fruit de vingt ans d'enseignement et le résultat d'une longue fréquentation du sacrement le plus nécessaire à la vie de l'Eglise, son principe et sa fin dans sa condition pérégrinante.

Revue Thomiste - N° 3/2000

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