Elephant vert
Dans l'obscur royaume
Publié par Actes Sud, le 03 avril 2011
283 pages
Résumé
A partir d'une idée mûrie lors de la dernière éclipse solaire du siècle (11 août 1999), Giorgio Pressburger a conçu une oeuvre surprenante. A la manière de Dante Alighieri qui, exilé de Florence, mêle biographie, histoire et chronique de son temps, Pressburger part de données personnelles, la mort de son père et de son frère jumeau Nicola, pour entreprendre un voyage dans «l'obscur royaume» du siècle dernier, dominé par la violence et les idéologies. Son accompagnateur n'est autre que Sigmund Freud, un bienfaiteur de l'humanité selon l'auteur, mais aussi, à ses yeux, le véritable romancier de la bourgeoisie. Le mouvement du livre n'est pas celui d'une descente aux enfers ; il est plutôt analogique (comme dans l'analyse psychanalytique, qui procède par association d'idées) et circulaire, et nous invite à rencontrer une foule de personnages, dans laquelle bourreaux et victimes se trouvent mêlés, comme pour nous faire revivre l'horreur passée. Au centre de celle-ci, l'Holocauste tient une part prépondérante. Le passé de l'auteur, qui a perdu dans les camps une grande partie des siens et qui a lui-même, avec son frère, échappé de justesse à la mort, est évoqué. Mais aussi Josef Mengele, le médecin sadique, Anne Frank ou la mère de Carlo Michelstaedter, envoyée dans un camp à l'âge de quatre-vingt-un ans. Le livre évoque aussi plusieurs personnages qui se sont suicidés, comme si la principale caractéristique du XXe siècle était l'autodestruction : Marina Cvetaeva, Paul Celan, Primo Levi. D'autres ont été victimes de l'utopie communiste, comme le poète Maïakovski ou Isaac Babel. Quant à Cerbère, le chien à trois têtes, il est représenté par trois intellectuels qui ont sciemment choisi l'horreur : Louis-Ferdinand Céline, Knut Hamsun et Ezra Pound. De même que la Divine Comédie fait apparaître des couples célèbres, ici aussi nous rencontrons Martin Heidegger et Hannah Arendt, Paolo et Francesca modernes. Car il faut avoir traversé et connu tout le mal pour espérer s'en délivrer et se réconcilier avec soi-même, comme le fera le narrateur à la fin de ce voyage au bout de l'enfer. S'inspirant de la présentation de la Divine Comédie, Pressburger prolonge son texte par des notes, qui éclairent non seulement les personnages, mais aussi les intentions du narrateur : certains passages sont en langue étrangère ou en dialecte, ajoutant au caractère universel et foisonnant du texte. Une oeuvre profondément singulière, entre roman, poème et pièce de théâtre, qui secoue et dérange, et qui nous oblige à regarder la Méduse en face.
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