Elvira - Opéra-roman
Belles utopies aux rudes réalités ; parcours d'un militant culturel (1954-2016)
Publié par Obsidiane, le 18 novembre 2017
200 pages
Résumé
Finalement, j'ai mené en parallèle une triple vie : unevie de salarié dans des équipes ou des institutions culturelles pour nourrir ma petite famille. Elle me garantissait l'indépendance de ma seconde vie, une vie d'écrivain dont je ne parlerai pas ici. Ma troisième vie fut celle de militant bénévole (de miles, soldat) s'exerçant dans des associations de réflexion ou de prospective, de défense de la petite édition ou de la librairie indépendante (la seule qui vaille). Je milite encore dans le beau, et difficile, département de l'Yonne. Grâce à l'amitié d'Albert Camus, j'ai travaillé aux côtés de Michel Saint Denis puis d'Hubert Gignoux au Centre Dramatique de l'Est à Strasbourg (1954- 1962), dans les temps héroïques et pauvres de la décentralisation théâtrale : ce furent les années les plus heureuses de ma vie ; c'est là que j'ai appris ce que je sais. Cette belle expérience nourrit la colère des Nouveaux Pompiers. Après m'être cassé les dents à Amiens (construction de la Maison de la Culture), j'ai été le responsable de l'Atelier d'Animation Artistique à l'intérieur du Centre Educatif et Culturel (C.E.C.) d'Yerres (Essonne) à 20 kms au sud-est de Paris (1969-1972). Expérience originale et pour cela condamnée, de collaboration concrète (un théâtre dans un Collège d'En seignement Secondaire) entre l'Education Nationale, les Affaires 2 Culturelles et Jeunesse et Sports : la solution au problème de l'Ecole et de l'Art que n'arrivent toujours pas à résoudre nos gouvernements successifs. La destruction programmée de cette utopie est le moteur du joyeux pamphlet Yerres/hier, écrit a posteriori pour sauver de l'oubli cette énorme Bêtise. Quittant la dure férule de l'Education Nationale, je suis allé une deuxième fois me casser les dents à l'Association Mulhousienne de la Culture (AMC - 1973-1976), association manoeuvrée par une poignée de soixante huitards attardés qui me firent sentir la dure condition de militant enchaîné. C'est alors que Bernard Faivre-d'Arcier (BFA), grâces lui soient ren- dues, fit entrer l'animateur fourbu que j'étais (à 48 ans !) dans la reposante, accueillante, fonction publique. Nouvelle période faste et premières publications. Chargé de mission au G.O.V.M. (Groupe Opérationnel des Villes Moyennes - 1976-1980), un petit groupe de vrais fonctionnaires, brillants (énarques et x-Pont) relevant du Ministère de l'Equipement et de la Datar, chargé par Poniatovski le père (alors ministre de l'Intérieur), d'aider les maires, sur- tout de droite, mais pas seulement, à rééquilibrer le cadre de vie de leur commune, en retard sur les métropoles voisines : 54 missions dans toute la France, 54 villes passées au peigne fin (musées, bibliothèques, cinémas, couvents, vieux lycées, etc) ; pas de patron direct (après l'AMC !) une liberté d'expression totale, très nombreux déplacements en train (épatant pour écrire), très peu de bureau - et l'impression d'être écouté : je savais ce dont je parlais. J'ai poursuivi ce travail, (oui, travailler !) au Ministère de la Culture, toujours un peu hors- hiérarchie. Devenu Inspecteur des Spectacles (le Monsieur-qui-vient-de-Paris-qu'on-attend-sur-le-quai-de-la-gare), j'ai sillonné l'Alsace, la Bretagne, les Pays de la Loire, le Lyonnais, etc, à l'écoute des jeunes compagnies et de quelques ténors parisiens (Didier Bezace, Brigitte Jaques, Chailloux, Hakim, etc). Je n'en ai pas fait le compte mais j'ai bien dû voir au cours de ma vie 2.000 spectacles ; beaucoup trop, sans doute, mais dont j'ai gardé quelques souvenirs magnifiques : on peut en retrouver des échos et des regrets dans les Nouveaux Pompiers. Cette esquisse rapide de ma vie professionnelle ne vise pas à justifier les partis pris, parfois violents, des pages qui suivent mais simplement, à indiquer sur quelles expériences ils s'appuient : celles d'un militant qui a toujours parié sur la capacité de quelques individu(e)s à créer de la beauté, de la révolte, de l'indignation - sans quoi on ne saurait vivre. Baptiste-Marrey Février 2017
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