Week-end en Normandie. Une maison au bord de la Seine. Trois hommes s'y retrouvent.Ils ont en commun la tourmente européenne qu'ils ont traversée depuis les années quarante jusqu'à ce jour, l'écroulement de leurs utopies et un inlassable goût pour les femmes. Pour le même type de femme, d'ailleurs : la même femme, la femme elle-même.Passionnés par l'inaccessible finalité de leur art - Antoine de Stermania est peintre, Juan Larrea est écrivain et Karel Kepela metteur en scène -, leurs amours s'entrecroisent dans le lacis de leur mémoire. Madrid ou Venise et leurs musées, Prague ou Zurich chargées d'histoire ont vu leurs rencontres avec les traces des événements qui ont marqué le siècle. Avec les femmes aussi, séduites mais rétives.Dans l'ombre portée de Kafka - dont l'oeuvre et la vie ont hanté à des titres divers celles des trois amis -, l'obsession de leurs origines, la découverte d'une intime vérité inexplorable, les dérives de l'amour infidèle et fou déferlent pendant deux journées d'avril 1982 sur ce qui leur reste d'un obscur goût de vivre.

La montagne blanche

Was für ein schöner Sonntag!

L'histoire de notre XXe siècle peut se lire comme un roman. Comme un roman, elle s'est construite sur des rencontres, des luttes, des trahisons : Heidegger supprimant la dédicace de son livre, Être et Temps, à son ancien professeur de philosophie, Edmund Husserl, parce que ce dernier était juif ; Freud conversant avec Mahler dans les rues de Leyde, une nuit d'été de 1910 ; Husserl appelant à lutter, en mai 1935, contre la chute de l'Europe « dans la haine spirituelle et dans la barbarie ». C'est cette même conférence que devait découvrir Jorge Semprún, alors interné à Buchenwald, par l'entremise d'un autre détenu, Felix Kreisler, au cours des heures de discussions dominicales volées à l'enfer du camp auprès de Maurice Halbwachs. Des années quarante à la chute du communisme, à la réunification allemande et à la construction européenne, ce livre lucide et passionné est le témoignage d'un intellectuel européen sur les épisodes les plus marquants de notre histoire. Au « siècle des totalitarismes », Jorge Semprún oppose le siècle des émancipations. Au « devoir de mémoire » des camps nazis et du Goulag, le « laboratoire intellectuel » de notre avenir commun.

Une tombe au creux des nuages: Essais sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui

'Ce livre est le récit de la découverte de l'adolescence et de l'exil, des mystères de Paris, du monde, de la féminité. Aussi, surtout sans doute, de l'appropriation de la langue française. L'expérience de Buchenwald n'y est pour rien, n'y porte aucune ombre. Aucune lumière non plus. Voilà pourquoi, en écrivant Adieu, vive clarté..., il m'a semblé retrouver une liberté perdue, comme si je m'arrachais à la suite de hasards et de choix qui ont fini par me composer une sorte de destin. Une biographie, si l'on préfère moins de solennité.
Même si le hasard ou la chance m'avaient évité de tomber dans le piège de la Gestapo, même si mon maître Maurice Halbwachs n'avait pas agonisé dans mes bras, au block 56 de Buchenwald, j'aurais été ce garçon de quinze ans qui découvrait l'éblouissante infortune de la vie, ses joies aussi, inouïes, à Paris, entre les deux guerres de son adolescence.
M'y voilà de nouveau.'
Jorge Semprun.

Adieu, vive clarté...

Dans Federico Sanchez vous salue bien (Grasset, 1993), le grand romancier espagnol Jorge Semprun se remémore, sous forme romanesque, son expérience en tant que ministre de la Culture de son pays. Entre 1988 et 1991, l'ancien résistant communiste, rescapé de Buchenwald, est projeté dans le dédale du pouvoir de l'Espagne démocratique. On suit ses premiers pas parmi les politiciens expérimentés et, parfois, cyniques, qui lui tendent des chausse-trapes : mais l'écrivain a toujours le dernier mot, lui qui relate les coulisses du pouvoir. Les anecdotes sont l'occasion de réflexions sur les petitesses et les grandeurs de la politique, mais aussi d'une introspection émouvante de la part d'une grande conscience du XXe siècle. Ecrit en français avant d'être traduit par l'auteur dans sa langue maternelle, Federico Sanchez vous salue bien mêle les genres : roman, bien sûr, mais aussi chronique, autobiographie, essai. Il est avant tout une méditation pleine de franchise sur le pouvoir. Grâce à sa prodigieuse combinaison de détachement et d'érudition, nous pénétrons dans la complexité de ce qu'est l'engagement politique. Le bilan intellectuel d'un demi-siècle de lutte pour la justice et la liberté.

Federico Sanchez vous salue bien

Durant l'été 2010, Jorge Semprun se livre à une série d'entretiens avec Franck Appréderis ayant notamment permis de réaliser un portrait pour l'émission Empreintes de France Télévisions. Les deux hommes ont partagé une amitié de plusieurs décennies. Sur un mode à la fois intime et pudique, Jorge Semprun revient sur l'ensemble de son oeuvre, aussi bien littéraire que cinématographique, et sur son parcours politique : résistant communiste déporté à Buchenwald, militant clandestin en lutte contre le franquisme et ministre de la Culture de Felipe Gonzalez. Témoin et acteur des bouleversements de l'histoire du XXe siècle, il parle net et sans détour : "J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans".

Le langage est ma patrie - Occasion

Mémoires, témoignage, réflexion politique, ce livre n'offre pas seulement une histoire critique du parti communiste espagnol et de toute une génération de militants anti-franquistes.
 Il révèle ce qui, du grand voyage à l'ecriture ou la vie, est une part essentielle de l'oeuvre de jorge sempnin : l'engagement sans faille envers la nécessaire révolte de l'homme qui rend l'art inséparable de la vie, au risque de l'erreur et même de la mort.

Autobiographie de federico sanchez

Deportado em Buchenwald, membro de uma das redes da Resistência, dirigente dos comunistas espanhóis do campo de concentração, Jorge Semprún foi libertado pelas tropas de Patton em 11 de Abril ele 1945. Este relato, frio de obsessões que se repetem como os temas de uma rapsódia de pesadelo, mostra como foram precisos quinze anos para aceitar reviver.O estudante do liceu Henri IV, o laureado do concurso geral de filosofia, o jovem poeta que conhecia todos os intelectuais parisienses, descobre em Buchenwald o que não foi dado conhecer aos que não estiveram nos campos de concentração: viver a sua própria morte. A certa altura acreditou que poderia exorcizar a morte através da escrita. Mas escrever fazia reviver a morte. Na fuga a esse círculo vicioso, será auxiliado por uma mulher, claro, e talvez também por um objecto bem prosaico: O guarda-chuva de Bakunine conservado em Lucarno.Neste turbilhão da memória, mil cenas, mil histórias. tornam este livro sobre a morte um livro cheio de vida. Semprún poderia ter-se contentado em escrever recordações, ou um documento. Mas produziu de facto uma obra de arte, onde jamais se esquece que Weimar a pequena cidade de Goethe, fica a poucos passos de Buchenwald.Excerto:«La Paloma»"Esta história da Paloma surgiu-me, assim, sem contar. Mas recorda-me algo de que não me lembro. Recorda-me, pelo menos, que me devo lembrar de qualquer coisa. Que poderia lembrar-me, se me esforçasse um pouco. La Paloma? O começo da cantiga vem-me à memória. Por estranho que pareça é em alemão que me lembro desse começo. Kommt eine weisse Taube zu Dir geflogen... Digo entredentes o começo de La Paloma em alemão. Agora já sei de que história me poderia lembrar. Lembro-me realmente, a bem dizer, deliberadamente. O alemão era jovem, era grande, era louro. Era absolutamente conforme ao ideal alemão: um alemão ideal, em suma. Tinha sido um ano e meio antes, em 1943. Era Outono, para os lados de Semur-en-Auxois. Numa curva do rio havia uma espécie de barragem natural que retinha a água. A sua superfície estava, naquele local, quase imóvel: espelho liquido sob o sol de Outono. A sombra das árvores movia-se sobre esse espelho de estanho translúcido.O alemão apareceu no cimo da margem, de motocicleta. O motor ronronava suavemente. Meteu pelo caminho que descia até à água.Nós estávamos à espera dele, Julien e eu.Quer dizer, não estávamos à espera daquele alemão, precisamente. Daquele miúdo louro, de olhos azuis. (Atenção, estou a inventar. Não lhe pude ver a cor dos olhos naquela altura. Só mais tarde, quando estava morto. Mas tinha todo o ar de ter olhos azuis.) Estávamos à espera de um alemão, de alemães. Quaisquer uns. Sabíamos que os soldados da Wehrmacht se tinham habituado a vir em grupo, ao fim da tarde, refrescar-se naquele sítio. Tínhamos vindo, Julien e eu, estudar o terreno, ver se seria possível montar uma emboscada com a ajuda dos maquis dos arredores.Mas aquele alemão parecia estar sozinho. Nenhuma outra motocicleta, nenhum outro veículo tinha aparecido atrás dele no caminho da margem. Deve dizer-se, também, que não era a hora habitual. Estávamos a meio da manhã.Desceu até à beira da água, apeou-se da moto que apoiou no cavalete. De pé, respirando a doçura da França profunda, abriu o colarinho do blusão. Estava descontraído, via-se. Mas mantinha-se vigilante: trazia a metralhadora a tira colo, suspensa da correia que pusera em volta do pescoço.Julien e eu olhámos um para o outro. Tínhamos tido a mesma ideia.O alemão estava sozinho, nós tínhamos as nossas Smith and Wesson. Encontrávamo-nos a uma boa distância do alemão que estava perfeitamente ao alcance das nossas armas. Havia uma motocicleta para recuperar, uma metralhadora.Estávamos escondidos, de atalaia: o alemão era um alvo perfeito. Então, tínhamos tido a mesma ideia, Julien e eu.Mas, de súbito, o jovem soldado alemão ergueu os olhos para o céu e começou a cantar. Kommt eine weisse Taube zu Dir geflogen... Tive um sobressalto, quase fiz barulho, batendo com o cano da Smith and Wesson de encontro à rocha que nos abrigava. Julien fulminou-me com os olhos. Talvez aquela canção não lhe lembrasse nada. Talvez nem sequer soubesse que era La Paloma. Mesmo que o soubesse, talvez La Paloma não lhe lembrasse nada. A infância, as criadas que cantavam na copa, as músicas dos coretos nas praças sombrias das estações balneares. La Paloma! Como poderia não me sobressaltar ao ouvir aquela canção? O alemão continuava a cantar, com uma bela voz loura. A minha mão tinha começado a tremer. Era-me impossível disparar sobre aquele jovem soldado que cantava La Paloma. Como se o facto de cantar aquela melodia da minha infância, aquela cantilena banal cheia de nostalgia, o tornasse subitamente inocente. Não pessoalmente inocente, que o era, talvez, de qualquer forma, mesmo que não tivesse cantado La Paloma. Talvez não tivesse nada a censurar-se, esse jovem soldado, nada, a não ser o ter nascido alemão na época de Adolf Hitler. Como se, de repente, se tivesse tornado inocente de um modo completamente distinto. Inocente não só de ter nascido alemão no tempo de Hitler, de fazer parte de um exército de ocupação, de incarnar, involuntariamente, a força brutal do fascismo. Tornado essencialmente inocente, pois, na plenitude da sua existência, porque cantava La Paloma. Era absurdo e eu bem o sabia. Mas sentia-me incapaz de disparar sobre aquele jovem alemão que cantava La Paloma, a descoberto, na candura de uma manhã de Outono, nas profundezas da doçura profunda de uma paisagem de França. Baixei o cano comprido da Smith and Wesson pintado de vermelho vivo com zarcão antiferrugem. Julien viu o meu gesto e, também ele, baixou o braço. Observa-me com ar inquieto, perguntando certamente a si próprio o que me está a acontecer. Está-me a acontecer La Paloma, é tudo: a infância espanhola a cair-me em cima.  Mas o jovem soldado virou costas, regressa devagar à sua moto, imobilizada no cavalete. Então empunho arma com ambas as mãos. Aponto às costas do alemão, carrego no gatilho da Smith and Wesson. Oiço, ao meu lado, as detonações do revólver de Julien que, também ele, disparou vários tiros. O soldado alemão dá um salto em frente como se tivesse sido brutalmente empurrado pelas costas. Mas é que foi de facto empurrado pelas costas, pelo impacte brutal das balas. Cai a todo o comprimento. Eu atiro-me por terra, com o rosto na erva fresca e bato raivosamente com o punho na rocha plana que nos protegia.— Merda, merda, merda! Grito cada vez mais alto, Julien assusta-se. Abana-me, grita-me que não é boa altura para ter uma crise de nervos: ternos de fugir. Pegar na moto, na metralhadora do alemão e fugir. Tem razão, não há mais nada a fazer."

L'Ecriture ou la vie

J'étais dans la pénombre lambrissée, discrètement propice, du bar du Lutetia, quasiment désert. Mais ce n'était pas l'heure ; je veux dire, l'heure d'y être en foule, l'heure d'y être attendu ou d'y attendre quelqu'un. D'ailleurs, je n'attendais personne. J'y étais entré pour évoquer à l'aise quelques fantômes du passé. Dont le mien, probablement : jeune fantôme disponible du vieil écrivain que j'étais devenu. 

J'avais tout juste le désir d'éprouver mon existence, de la mettre à l'épreuve. 

Nous sommes en 2005, Jorge Semprun se confronte à son passé et relate, comme il ne l'a encore jusque-là jamais fait, son expérience de la torture. Il nous offre un témoignage sans pathos, récit à la fois poignant et détaché, d'où se dégage une perception philosophique prégnante. Un nouvel éclairage saisissant de ce que fut ce singulier penseur.

La montagne blanche

Résumé

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