Journal d'une saison sans mémoire
La forme intermédiaire: roman
Publié par Seuil (Paris)
228 pages
Résumé
Les deux personnages qui se rencontrent ici, au soir de leur vie, n'étaient pas faits pour s'aimer. Une actrice célèbre, Rebeca Lerson, femme futile et manipulatrice, et Manuel Marino un biologiste, reconverti dans l'édition, homme misanthrope et intérieur, qui est passionné par les chevaux. Au cours d'une soirée, elle le séduit et le fuit. Elle est mariée à un producteur et peu disponible. Il 8 n'aime pas les mondanités. Mais il s'éprend d'elle, tout en étant inhibé. Consciente de l'effet qu'elle produit sur lui, elle analyse à sa manière la situation en écrivant une pièce de théâtre où elle aimerait qu'il joue son propre rôle. La narration très étrange de ce roman, le deuxième de Silvia Baron Supervielle (après La Rive orientale- car ses autres livres sont des poèmes et des récits poétiques ou de brefs essais sur la littérature, l'art, le paysage), est confiée à un double de Manuel Marino, sorte de fantôme qui est l'image même de l'intériorité et de l'amour. Des citations de Montaigne jalonnent le texte, chapitre après chapitre. Et au récit proprement dit de l'évolution de cet amour se mêlent, outre l'intégralité de la pièce écrite par Rebeca Lerson, les réflexions et les citations de Manuel sur l'histoire imaginaire ou réelle des chevaux, avec le souvenir lancinant d'un cheval, Brinco, qu'il monta dans sa jeunesse. On retrouve, dans ce livre ambitieux et original par sa structure et son ton, la profondeur poétique propre à l'univers de Silvia Baron Supervielle, avec des pages admirables sur l'amour, sur l'écriture, sur les pulsions retenues, dont le cheval est ici l'emblème, avec toujours la thématique de l'exil, de l'absence d'attache, de la pénétration intérieure des espaces et de l'histoire (elle avait déjà procédé ainsi dans un très beau récit, publié chez Corti, La Frontière). A travers le personnage de la comédienne, très éloignée du monde de l'auteur, Silvia Baron Supervielle décrit tout un univers par rapport auquel elle se sent décalée, étant beaucoup plus proche du personnage masculin, tout entier enseveli dans les lectures et la solitude, mais attiré par un monde qui l'exclut. Ce roman raconte donc un malentendu amoureux, qui devient l'occasion de réfléchir non seulement à l'écriture et au sentiment poétique, mais aussi à l'essence illusoire de l'amour, quand il s'adresse à un objet inapproprié. Les citations très belles de Montaigne donnent un caractère encore plus énigmatique à ce roman très singulier où Silvia Baron Supervielle confirme un cheminement unique dans la littérature contemporaine, et sa parenté évidente avec les écrivains de son pays d'origine, non seulement par les références géographiques (les chevaux dans la pampa), mais par le projet très étrange de ce livre qui la rapproche de Cortazar et de Bioy, ou de Silvia Ocampo, sa grande admiration.
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