Portrait de l'intermittent du spectacle en suppletif de

«On le sait aujourd'hui : Bataille est l'un des écrivains les plus importants de ce siècle». Ainsi parlait Michel Foucault. Pourtant, plus souvent cité que réellement lu, cet auteur exigeant, peut-être même intimidant, semble de nos jours encore confiné dans une marge dont certains craignent de ne pas avoir la clé, quand d'autres pensent lui être fidèles en le réduisant à des provocations puériles.
Il est vrai que Bataille est l'auteur d'ouvrages aussi différents que Histoire de l'oeil et La Part maudite, Madame Edwarda et L'Expérience intérieure, L'Impossible et La Souveraineté - une oeuvre véritablement philosophique et littéraire, indissociablement, car si elle appartient à des genres très divers, elle relève pour finir du genre unique que Bataille lui a donné. L'ouvrage de Michel Surya permet de lire Bataille dans sa totalité. Biographie (la place faite à la vie de cet auteur y est en effet considérable), Georges Bataille, la mort à l'oeuvre est également un essai de référence pour qui veut comprendre Bataille.

Georges Bataille, la mort à l'oeuvre

Sur le peu de révolution

Georges Bataille was a philosopher, writer, librarian, pornographer and a founder of the influential journals Critique and Acéphale. He has had an enormous impact on contemporary thought, influencing such writers as Barthes, Baudrillard, Derrida, Foucault and Sontag. Many of his books, including the notorious Story of the Eye and the fascinating The Accursed Share, are modern classics. In this acclaimed intellectual biography, Michel Surya gives a detailed and insightful account of Bataille’s work against the backdrop of his life - his troubled childhood, his difficult relationship with André Breton and the surrealists and his curious position as a thinker of excess, ‘potlatch’, sexual extremes and religious sacrifice, one who nonetheless remains at the heart of twentieth century French thought - all of it drawn here in rich and allusive prose. While exploring the source of the violent eroticism that laces Bataille’s novels, the book is also an acute guide to the development of Bataille’s philosophical thought. Enriched by testimonies from Bataille’s closest acquaintances and revealing the context in which he worked, Surya sheds light on a figure Foucault described as ‘one of the most important writers of the century’.

Trente années de travail, à peu près trente livres (récits, romans, essais), ici pensés à deux voix, Michel Surya répondant aux interrogations exigeantes de Mathilde Girard. Comment s'engage-t-on à écrire, ou dans l'écriture ? Revenant d'où (enfance, formation), allant où (rencontres, livres, vies) ? S'opposant à qui et à quoi (à la glu des origines, à la violence des choses et du monde ; à soi, aussi bien) ? Fort de quelles affirmations folles et fragiles, comme tenues au-dessus du vide ? Accompagné de quelles amitiés intellectuelles, qui les inspirent et les secondent ? En somme : qu'est-ce qu'écrire encore et comment et pourquoi, quand écrire est tout ce qu'il reste ? Le titre : Défense d'écrire ne dit pas ce qu'il semble dire, qui joue de l'ambivalence d'un mot. Qui dit tout le contraire d'une invitation à interdire. Qui forme l'affirmation d'une liberté sans condition. Parce que c'est de la littérature qu'est venue toute liberté, c'est de la littérature que toute liberté dépend.

Défense d'écrire - Entretiens

Tombeau pour 500 000 soldats (1967), Eden, Eden, Eden (1970) : entre tous, Pierre Guyotat est celui qu'on a d'emblée tenu pour celui dont l'oeuvre s'imposerait à la génération qui était la sienne - c'était une évidence. Une évidence que les livres qui allaient suivre confirmeraient. Un objet de scandale aussi, et considérable. Lequel scandale aurait pu avoir raison de ces livres et de leur auteur (à très peu près, c'est ce qui a failli se passer). Or ce sont eux qui ont fini par avoir raison du scandale. Il aura pour cela fallu à leur auteur s'expliquer, encore et encore. Il aura fallu aussi le seconder dans cette explication. Mots et monde de Pierre Guyotat, première version (2000), est le premier livre à avoir été publié sur lui, qui s'y efforçait. Lamifié y prêtait (les conversations), ancienne déjà. Les entretiens publics aussi, reproduits ici, même anciens (1984). Auxquels s'ajoutent deux textes tardifs : "L'autre art de Pierre Guyotat" (2016) et "Plus fort que Dieu ? " (2021), qui augmentent considérablement la première édition de ce même titre, titre qu'il fallait garder le même, qu'il avait aimé.

Matériologies - Tome 2, Mots et mondes de Pierre Guyotat

La contribution politique de Maurice Blanchot à la presse d'extrême droite dans les années 1930 est désormais établie et en partie connue, sur laquelle ce livre revient longuement.

Pour autant, il ne s'agit pas ici d'un réquisitoire au terme d'une instruction sur la violence des propos qui ont alors été les siens, mais, à partir des silences, des omissions, des dissimulations sur les écrits anciens de celui qui passe, à juste titre, pour le représentant de la plus haute exigence littéraire, une profonde réflexion sur la conséquence de la pensée.

Cette réflexion prend au mot Blanchot lui-même, qui écrivait, à propos de l'engagement nazi de Heidegger : "Il y a eu corruption d'écriture, abus, travestissement et détournement du langage. Sur lui pèsera dorénavant un soupçon." Un semblable soupçon frapperait aujourd'hui Blanchot, d'autant plus pesant que l'importance qu'on reconnaît à sa pensée égale celle qu'il reconnaissait lui-même à la philosophie de Heidegger.

L'autre Blanchot. L'écriture de jour, l'écriture de nuit

Le putain n'est pas seulement celui qui a été asservi, et l'on sait quel asservissement est alors le sien (vivant entre enchère et charogne, chassé de l'un pour être mené à l'autre, mangeant, entre deux moments de cul vendu, du rat, rat lui-même à la ressemblance de la nourriture qui lui est seule consentie, et qui ne le lui est consentie qu'à l'état cru, ou de décomposition, comme lui-même l'est), le putain n'est pas seulement cela mais encore celui qui peut être abandonné et qui ne peut pas en être consolé. Guyotat dirait-il la douleur des putains, et ne dirait-il qu'elle, il serait encore celui qui dit ce que tous taisent à sa place. [...] il dit que le putain est celui qui ne veut pas connaître d'autre violence, tellement il n'y en a pas d'autre qui puisse la remplacer. On peut le dire plus cruellement encore : quelque soit l'état qui est le sien, à quelque état qu'on l'abandonne, le putain est celui qui ne veut pas qu'on l'abandonne à un autre état.

Kafka a appelé " métamorphose " ce moment où l'homme ancien est devenu son propre rebut.
Et c'est ce qui a résulté d'une telle métamorphose que Michel Surya appelle ici " humanimalité ". Humanimalités est le troisième volume d'une série intitulée Matériologies, dont les deux premiers étaient L'Imprécation littéraire et Mots et mondes de Pierre Guyotat (Farrago, 1999 et 2000). Ce dernier, notamment, entamait cette méditation sur les figures d'un monde in-humain.

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