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Les caprices du goût en peinture | Stéphane Guégan
Les caprices du goût en peinture | Stéphane Guégan

Les caprices du goût en peinture

Publié par Editions Hazan

336 pages

Résumé

Comme la terre autour du soleil, l’histoire du goût décrit une ronde perpétuelle et offre le spectacle, inquiétant ou réjouissant, d’éclipses permanentes. Ainsi la nudité austère de l’art roman dans les années 50 et la décennie suivante, années de l’existentialisme triomphant et des premières innovations du concile de Vatican II, ont fait juger comme des afféteries les courbes et contre-courbes virtuoses du gothique — ce même « gothique » dont le terme, employé de manière péjorative au siècle de louis XVI pour embrasser avec mépris tout le Moyen Age, vilipendait un art barbare et ennemi du « goût ». Ce même gothique qui n’en inspira pas moins plusieurs révolutions stylistiques au XIXe siècle : terre d’élection et d’inspiration pour les artistes nazaréens en Allemagne, pour les Romantiques puis pour les Préraphaélistes en Grande-Bretagne, mouvements qui tournaient le dos au grand classicisme italien, alors la référence. Pour le grand public, il faudra attendre les années 1950, pour qu’un mouvement irrésistible, associant conviction et simplicité, ramène au premier plan la robuste harmonie du Quattrocento italien, celui de Piero della Francesca et de Mantegna, nouveaux champions de la peinture qui ont quasi éclipsé depuis avec Bellini la gloire d’un Raphaël jugé trop suave, trop … parfait ! Pourquoi le Greco a-t-il sombré dans une si longue éclipse avant de revenir en pleine lumière ? Qu’est-ce qui a fait mépriser si longtemps la dernière manière du Titien et presque toute l’œuvre d’Ingres ? Ce ne sont là que quelques exemples. De ces oscillations, du va-et-vient entre célébrité et oubli, rejet et réhabilitation, l’histoire reste à faire malgré le travail de quelques pionniers comme Francis Haskell, au milieu des années 1970, passionné par ces changements esthétiques, ces caprices de la sensibilité et ces « redécouvertes » qui avaient chahuté et remodelé le monde de l’art à partir du XVIIIe siècle. Au regard des autres, la révolution de l’œil marquait aussi le seuil d’une époque où les valeurs de l’art seraient soumises aux fluctuations de l’ère démocratique. Aucun étalon stable, des lors, ne définit plus le bon goût, la norme collective, le beau pour tous. Aucun artiste vivant ou mort, aucune époque admirée ou déchue n’échappe au jeu des reclassements et déclassements. On conviendra que l’Internet l’a dopé de façon vertigineuse, et que l’art d’aujourd’hui ne montre plus la moindre pudeur dans l’exploitation d’une banque d’images désormais illimitée. En rappelant combien les hiérarchies et les clivages esthétiques sont soumis aux aléas d’une relecture constante et de demandes variées, sous le coup des collectionneurs et des musées, des tocades de l’art contemporain et de l’impact du politique, du religieux ou du communautarisme, ce livre jette une lumière nette sur cent cas spectaculaires de renversements du goût. Au-delà du flux et reflux dans lequel nous baignons, Il voudrait surtout dégager les critères d’évaluation de notre époque, une époque qui a évidemment ses marottes et a vu revenir sur le devant de la scène, en quarante ans, ceux que l’histoire de l’art a longtemps maltraités ou méprisés, des pompiers aux antimodernes, des femmes aux fous, des apôtres de l’authentique aux prêtres du kitch, des recalés aux décalés de l’art officiel.

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