Le chagrin de saint Antoine et autres histoires mexicaines

Dans l'Etat le plus libre du monde

Mexique, début du XXe siècle. Juan Mendez, un jeune chef indien, révolté par les conditions de vie inhumaines des péons qui travaillent dans les plantations d'acajou pour de riches propriétaires terriens, décide de lever une armée. Une armée de pauvres, de paysans illettrés, en haillons, affamés, qui, en dépit de leur faiblesse, vont aller de petites victoires en petites victoires, prenant d'abord quelques fermes, avant de marcher, toujours plus nombreux, sur des villes de plus en plus importantes. Cette révolte inquiète bientôt le pouvoir central du dictateur Porfirio Diaz qui va envoyer les troupes gouvernementales à l'assaut du " général de la jungle " et de son armée de péons.

On retrouve dans ce roman inédit de Traven, écrit en 1937, toute l'humanité et le talent de l'auteur. Jamais manichéen, il restitue avec une grâce inouïe toute la complexité de son sujet, n'ignorant aucun aspect de cette révolte, profondément inspirée de l'aventure d'Emiliano Zapata : sens de l'histoire, mouvements sociaux, culture indienne, dictature, racisme, esclavage par dettes, corruption du pouvoir, etc. Surtout, Traven montre une égale compassion pour les opprimés et pour les oppresseurs, tous victimes finalement des mêmes mécanismes de domination, au-delà desquels il excelle à mettre en relief l'humanité meurtrie.

L'armée des pauvres

La charrette

Rosa Blanca est le nom d'une hacienda, propriété de l'Indien Hacinto Yanez. À ses yeux, elle est la propriété de ceux qui y ont vécu, y vivent, ou y vivront : plus que le propriétaire, il en est le gardien, et il ne peut - ni ne veut - donc la vendre. Mais nous sommes au Mexique dans les années 1920, après la chute de la dictature de Porfirio Diaz, et la compagnie pétrolière américaine Condor Oil Company, qui possède déjà tous les champs pétrolifères alentour, veut à tout prix mettre la main sur l'hacienda pour en exploiter les gisements.Avec l'ironie et l'humour noir qui le caractérisent, B. Traven nous raconte pourquoi Mr Collins, le président de la compagnie tient tant à ce domaine, et comment il va s'y prendre pour arriver à ses fins. Rosa Blanca a été porté à l'écran en 1961 par le cinéaste mexicain Roberto Gavaldon.

Rosa Blanca

Rozo Blanka estas la belsona nomo de indighena komunumo en Meksiko, chirkau kiu oni drilas pro nafto; sed tio shajne ne tre influas la pacajn nepatriarkajn rilatojn de la indighenoj en la haciendo. Sed tiam estas murdita la posedanto de la indighena komunumo, kiu ne komprenas sin kiel posedanto de la haciendo, sed nur kiel admininistranton de la komunumo. Kaj estas Chaney C. Collins, prezidanto de la Condor Oil Company, kiu alpropriigas la haciendon per neleghaj trompaj metodoj. 

La romano, kiun publikigis unuafoje la librogildo Gutenberg en Germanio en la jaro 1929 en la germana lingvo, estas la unua moderna romano, kiu priskribas precize la kunpushighon inter kapitalismo kaj agrarekonomio kiel la tielnomatan "clash of cultures", char li reduktas la kompleksecon de la kapitalismo en la romano je alterna ludo inter la aktiva naftomagnata protagonisto Collins kaj la pasiva kamparana antagonisto Hacinto Yanyez, kiu estas la adminstranto de la haciendo Rozo Blanka. La romano montras la personajn kauzojn kaj la sociajn cirkonstancojn de ilia agado en la tielnomata "mashino moderna tempo", en kiu la homoj estas nur shakfiguroj, ja ech malpli, char la shakfiguroj lau B. Traven ja almenau scias, ke ili estas shakfiguroj. 

Por B. Traven tiu konflikto entenas multe pli ol nur la moralan konflikton inter bonuloj kaj malbonuloj, sed la antagonismon inter urbanoj kaj kamparanoj, inter financkapitalismo kaj agrarekonomio, por B. Traven tio estas efektiva, ja esenca kontraudiro, kiu skuas je la fundamentoj kaj kolonoj de nia nuna mondo. Kaj tiu kontraudiro ankorau tute ne estas elbatalita, kiel oni facile povas ekkoni ankau per la milito inter Ukrainio kaj Ruslando, jen kontraudiro, kiu ankoraufoje decide pliakrigas tiun konflikton kaj kondukas la malsaton en la mondo en novajn timigajn dimensiojn, char la finfrazo de la romano estas plu plene valida por naftomagnatoj: Kial interesu nin la homoj? Grava estas nur la nafto.

Au por diri ghin ech pli ghenerale: grava estas nur la mono. Ambau samtempe, kaj la monsistemo kaj la homoj, ne povas gajni. Kaj tial la homoj plu falas, dum la profitoj kreskas.

Rozo Blanka

Dans l'État le plus libre du monde

"L'Indien observait les chiffres avec admiration, il lui semblait prodigieux que l'on pût aussi vite les aligner, les additionner, les diviser et les multiplier. Mais au fond, cela ne l'impressionnait guère, car il ne savait lire ni chiffres ni lettres, et le seul bénéfice qu'il retira de la subtile conférence à haute signification économique de l'Américain fut d'apprendre qu'un homme est capable de parler pendant des heures pour ne rien dire." On trouvera dans ce petit livre quatre textes de B. Traven traduits de l'allemand par Adèle Zwicker. Paraboles littéraires et politiques empreintes d'un grand souffle émancipateur, ces nouvelles permettent une première entrée dans l'oeuvre du grand et mystérieux romancier (décédé en 1969), indépassable auteur de classiques comme Le Trésor de la Sierra Madre, La Révolte des pendus et Le Vaisseau des morts. Elles complètent la biographie de Rolf Recknagel, B. Traven, romancier et révolutionnaire (Libertalia, 2018).

Le chagrin de saint Antoine et autres histoires mexicaines

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