Le cabaret des oiseaux
Déneiger le ciel
Publié par Sabine Wespieser, le 11 janvier 2007
192 pages
Résumé
C'était la première fois que je ne déneigeais pas les autres, les chemins, les flocons gorgés de joie et de peine... Juste un peu les sentiments. J'ai traversé à pied la neige, le vent et puis le froid. En vain, j'ai cherché une jeune fille nommée Martine. Mes pas m'ont porté et après avoir déneigé un peu le ciel en chantant, en pleurant et en dansant, au petit matin qui suivit, j'ai su qu'elle n'était sans doute jamais parvenue jusque là. L'intrigue du quatrième roman d'André Bucher se déroule à nouveau dans son pays, les montagnes au-dessus de Sisteron, mais cette fois sur un temps très bref, celui d'une nuit hallucinée pendant laquelle David, sur la scène blanche d'un pays noyé sous la neige, va partir à la recherche de gens qui se sont perdus... ou qu'il a perdus. David a soixante ans, il est veuf et vit seul dans sa ferme isolée sur les hauteurs. L'âge venant, il vient de décider qu'il ne déneigerait plus la commune avec son tracteur : le soulagement qu'il en éprouve s'accompagne d'un sentiment de culpabilité, avivé en ce 23 décembre par l'appel de son ami Pierre, le vieux berger qui vit de l'autre côté du village, inquiet de sentir arriver la tempête. David est d'autant plus impuissant que son engin est en panne. Quand à la fin de la journée Antoine, qu'il aime comme un fils, l'appelle pour lui annoncer sa venue. - il est en rade à trente kilomètres de là -, il n'y tient plus, il sort de chez lui et part le chercher à pied. La température est glaciale, et dans les rafales de vent et de neige, le ciel et la terre se confondent. Au fil de son périple, dans une de ces nuits d'apocalypse où tout se déchaîne, les éléments et les sentiments, David va retrouver celui qu'il cherche, porter secours à son ami berger, croiser aussi Serge, le contremaître, dont la femme doit accoucher bientôt alors que toutes les lignes téléphoniques sont coupées... Mais son voyage sera aussi intérieur : devant la maison de son amie Muriel, dont il a suivi les traces dans la neige alors que sa voiture avait échoué sur un bas-côté, il reste un long moment sur un banc, sans vouloir troubler son sommeil. Dans l'état de demi veille et d'épuisement où l'a mis sa marche forcée, ses fantômes viennent le hanter : celui de sa femme, morte des années auparavant, celui de Martine aussi, la fille de Muriel portée disparue, qu'il décide d'aller chercher dans la rivière. Au terme de cette nuit, alors qu'il remonte chez lui exténué au petit matin, David se sent libéré : après être passé du désespoir à l'euphorie, du délire à la sérénité, il a le sentiment d'être comme délivré de lui-même et d'avoir déneigé ses propres sentiments. Dans ce texte inspiré, où la nature en hiver tient le rôle principal, André Bucher confirme de manière éclatante son talent de romancier des grands espaces.
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