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Rivage mobile | Michael  Edwards
Rivage mobile | Michael  Edwards

Rivage mobile

Publié par Éditions Arfuyen

Résumé

Ce premier livre de Michael Edwards aux Éditions Arfuyen constitue aussi son premier livre de poésie en français. À vrai dire, Rivage mobile est ici publié ici à la fois en anglais et en français. Il ne s’agit pourtant nullement d’un ouvrage bilingue au sens où il s’agirait d’un recueil de poèmes avec leurs traductions. Les poèmes anglais (qui sont publiés ici pour la première fois en volume) ont écrits les premiers. Ils ont ensuite été totalement réécrits en français : « Je voulais, souligne Michael Edwards, voir comment ils se présenteraient dans une langue qui m’est chère mais qui diffère profondément de la mienne, et selon les normes d’une poésie qui demeure, par rapport à la poésie anglaise, réellement étrangère. Je les ai donc repensés comme si les avais composés directement en français. » Un écrivain lui aussi parfaitement bilingue, Samuel Beckett, voulant restituer ses poèmes anlais en français, était arrivé à la même conclusion : la traduction est impossible, absurde. Pour « fonctionner » pleinement en français, le texte anglais doit être totalement réécrit dans la logique, la sensibilité et la musique du français. C’est le privilège d’un écrivain aussi subtil que Michael Edwards, fin connaisseur des deux littératures anglaise et française et, précisément, titulaire de la chaire européenne de littérature comparée au Collège de France, que de parvenir à nous faire sentir absolument les exigences différentes de cette double fidélité, à deux langues si proches et si différentes.Rien de mieux cependant que de donner à entendre ici un exemple de ce double chant. Prenons un poème anglais, « Appearance » : A fir-tree shivers as the god appears : lord of blackthorn, weather vane, hollyhock, and of the unquiet infinities between, in the cool of the day. One may still, in this late after-world, from a house in town see into the deep of the garden.Et voici ce même poème en français (est-ce vraiment le même ?), sous un titre qui est déjà lui-même différent, « Apparaître » : Le pin tressaille : le dieu paraît, seigneur des genêts, des passe-roses, des girouettes (la voix, le souffle ici, nulle part, maître invisible) des éternelles sentes de l’air qui vont vibrant là-bas, “lorsque se lève un vent doux”. Les temps finissent, il m’est donnésur ce qui reste de la terre de voir par un bow-window le fond du jardin. Magnifique poésie dans les deux langues, où les échos d’un Auden étrangement se superposent à ceux d’un Bonnefoy. Mais le poème français part dans de tout autres directions, pour arriver à un texte sensiblement plus long : 13 vers, là où il n’y en a que 10 en anglais.

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