Hourra l’Oural encore
10 juin 68 ; suite pour Gilles Tautin
Publié par Créaphis, le 07 juin 2018
54 pages
Résumé
« Puisqu'à mes yeux le poème est la seule façon d'évoquer ce qu'on appelle soixante-huit ». Bernard Chambaz, auteur de plusieurs romans, essais et livres de poésie, développe dans ce court texte une suite (au sens musical du terme) pour Gilles Tautin. La mort par noyade, le 10 juin 1968, de ce jeune lycéen de 17 ans participant à une manifestation de soutien aux grévistes des usines Renault de Flins, est un moment paroxystique des « événements » de Mai 68. Les circonstances de cette mort restent controversées aujourd'hui mais le souvenir s'est cristallisé dans les images de l'enterrement et aux manifestations associées. Ce sont aussi les moments de la fin du mouvement de contestation. Ce texte, résolument poétique prend la forme classique d'une élégie libre au plan de la versification. La particularité du texte est de faire entendre comme dans un chant polyphonique trois voix énoncées sur des registres différents, qui vont du chuchotement au cri. Il y a la voix du deuil collectif et celle du deuil individuel ; la voix criante de la contestation sociale et politique de tout un peuple dans la fusion soixante-huitarde, entre jeunesse lycéenne et étudiante et mouvement ouvrier ; enfin, en toile de fond, la voix sourde et bourdonnante de la grande Histoire (celle dont on dit toujours depuis Perec qu'elle a une grande Hache) avec tous les morts des répressions. Le deuil individuel est évoqué via le lycée Mallarmé où étudiait Gilles Tautin et fait directement référence au Tombeau d'Anatole mais Anatole renvoie aussi à Martin, cet été, magnifique texte de Bernard Chambaz sur la mort de son fils. Bruno Barbey (l'un des plus anciens de l'agence Magnum) est le photographe principal des événements de 68 à Paris. Il est l'un des seuls reporters à avoir suivi ce soulèvement de mars à juin. Certaines de ses images sont devenues des icônes (terme qu'il réfute absolument au profit de la nécessité de montrer des séries constituées). Cette petite série sur Gilles Tautin montre l'enterrement et la manifestation qui a suivi. Deux types d'images qui expriment très bien les années 1960 fusionnent dans son style visuel : une certaine forme d'humanisme héritée de la tradition française avec une gestuelle emblématique, poings levés comme en 1936 ou en 1962 - l'enterrement de Gilles Tautin est un écho visuel à celui de Charonne - et une modernité affichée (manifs, image dans l'image, téléobjectif) qui révèle aussi de nouvelles tenues (cravates et minijupes coexistent) et de nouveaux comportements sociaux. Le texte et les photographies ont été publiés pour la première fois dans 68 de Bruno Barbey, coédition Créaphis/Cajasol, 2008.
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