La construction de la mémoire - Le lignage et la sainteté dans l'oasis d'El Ksar

On assiste aujourd'hui en anthropologie à un déplacement d'intérêt des sociétés traditionnelles et exotiques vers la société industrielle moderne. Qu'en est-il alors de l'objet et de la démarche anthropologiques ? C'est à cette problématique que s'efforce de répondre la présente introduction. Loin de se limiter à adapter les manuels qui l'ont précédée aux connaissances les plus récentes de la discipline, cette introduction a l'ambition de soumettre le savoir anthropologique à un certain nombre d'interrogations relatives au renouvellement de son champ intellectuel et expérimental. C'est dire que sa première préoccupation consiste dans la définition même de l'anthropologie. Dans un deuxième temps, l'ouvrage ouvre l'anthropologie sur les autres sciences de l'homme et vise par là même à une compréhension plus fine de ses contenus et de ses fondements épistémologiques. Comment ces différentes disciplines procèdent-elles pour réaliser leur idéal commun de savoir à visée objective ? Comment chacune d'entre elles transforme-t-elle et rapporte-t-elle les conduites locales et les savoirs indigènes à un savoir scientifique global ? Le détour par les sociétés lointaines semble de ce point de vue conférer à l'anthropologie un certain avantage heuristique. Retenir une telle perspective pour la présentation de cette discipline implique de revenir sur l'histoire de la pensée anthropologique pour renouveler la lecture. Il ne s'agit plus de voir dans cette tradition l'affinement progressif d'un discours qui aurait débouché sur le savoir moderne. Le discours anthropologique à visée empirique, c'est-à-dire descriptive et explicative, est considéré comme un langage spécifique, historiquement et culturellement déterminée, à l'intérieur du discours général sur l'altérité. Il est interrogé du point de vue de ses fonctions pragmatiques, de la construction de ses objets théoriques et de son mode d'écriture du texte scientifique.

Introduction à l'anthropologie

Histoires de vie, témoignages, autobiographies de terrain - Formes d'énonciation et de textualisation

Depuis les premiers "témoignages" sur le cannibalisme au lendemain des Grandes Découvertes, l'idée qu'il existe quelque part des humains prêts à en manger d'autres fascine l'Occident. Confondant passé et présent et bousculant contextes culturels et rituels, les représentations de cette pratique juxtaposent les actes anthropophages qui font suite aux naufrages ou aux famines, les "festins cannibales" des "féroces sauvages" des mers du Sud, les cérémonies mortuaires où le meilleur tombeau pour le disparu est le ventre de ses descendants ou la délectation des serial killers pour le corps de leurs victimes... Cette approche indifférenciée alimente une longue tradition mythique comme l'incessant malentendu culturel qui a caractérisé la rencontre des Occidentaux avec les peuples exotiques. Elle manque surtout la dimension symbolique et métaphorique d'un phénomène évanescent, dont la réalité ne peut être appréhendée qu'imaginairement. A la réflexion méthodique de l'anthropologie, cet ouvrage associe les productions littéraires, savantes et artistiques que la hantise d'être soi-même dévoré ou le fantasme d'assimiler l'autre ont inspirées. Ces fragments de discours cannibale dessinent l'étendue des champs de signification du cannibalisme : ceux de l'amour et de la haine, du désir et du rejet, de l'identité et de l'altérité, de l'ordre et du désordre, des relations d'alliance et de pouvoir, de l'autonomie et de la servitude.

Du goût de l'autre - Fragments d'un discours cannibale

Ce livre est le fruit d'une recherche sur le terrain effectuée par les auteurs dans un village hausa au sud-est du Niger. Il a pour ambition de décrire quelques éléments du changement social et économique dans une localité récemment désenclavée par une piste rurale qui la relie aux principaux axes routiers du pays. S'inscrivant dans le contexte plus global d'une étude des milieux humides, typiques de la frange sahélo-soudanaise, l'ouvrage tente d'éclairer les interactions entre l'évolution du milieu physique (abaissement constant de la pluviométrie et détérioration des caractéristiques du sol), la pression croissante exercée sur la terre (quasi disparition des terres en friche et de la jachère), le développement de nouvelles activités économiques (notamment les cultures de contre-saison et leur commercialisation), enfin les changements dans les représentations et les pratiques sociales et religieuses des villageois. Dans cette monographie descriptive, les auteurs se sont également penchés sur l'histoire du village et ont tenté de saisir le processus de création de son terroir, élément central pour comprendre la relation entre milieu et société. Une tentative de définition qui fait intervenir à la fois la geste de l'installation sur le site, le pouvoir et les prérogatives du chef du village qui s'exercent sur lui, la dimension spatiale du territoire, la nature et l'intensité des activités agricoles qui s'y pratiquent, les réalités sociales qui s'y déploient et s'y greffent, et enfin la dimension administrative qui le recouvre ou s'y superpose.

Gomba Hausa. Dynamique Du Changement Dans Un Village Sahelien Du Niger

En étudiant cinq grandes « raisons » qui organisent le monde contemporain - mémoire et oubli dans les identités ; rapports religions et sociétés civiles ; place de l'animal et du sacrifice ; stigmatisation et exclusion jusqu'aux généocides ; synthèse possible par l'anthropologie elle-même - l'anthropologue Mondher Kilani propose une synthèse globale, ambitieuse et lumineuse , du monde contemporain.

Pour un universalisme critique

L'anthropologie est née il y a un peu plus de cent ans dans le cadre du rapport colonial que l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique ont établi avec les autres peuples. Les choses ont bien changé depuis. Les différences décrites par des générations de savants ont été en grande partie inventoriées et diffusées, et les mondes autres eux-mêmes ont eu le temps de se transformer au point de ressembler de plus en plus à celui d'où venaient ceux qui prétendaient les étudier. L'anthropologie a également changé, aussi bien sous les coups d'une critique interne répétée que devant l'essor de savoirs plus spectaculaires et plus porteurs. C'est la discipline elle-même qui est aujourd'hui remise en question. Pourquoi faudrait-il vivre l'expérience d'une autre culture pour en tirer un savoir quand le monde entier nous arrive prêt à la consommation sur nos écrans et consoles ? Que vaut cette science dont le savoir s'alimente à l'expérience sensible et à la relation engagée à l'heure où la connaissance de l'homme se loge dans l'architecture des gènes, les lois du marché ou la chimie du cerveau ? Il a semblé aux auteurs de ce manifeste que le moment était venu de réaffirmer la place de l'anthropologie et des savoirs profonds sur la culture, de résister aux divers hégémonismes issus du globalisme ambiant tout autant qu'à ceux issus de la bien-pensance et de la science conventionnelle. Dans ce sens, ils proposent une analyse critique et sans concession des mondes contemporains et de leurs dérives dont ils cherchent à dévoiler les soubassements.

Manifeste de Lausanne - Pour une anthropologie non hégémonique

Depuis les premiers " témoignages " sur le cannibalisme au lendemain des Grandes Découvertes, l'idée qu'il existe quelque part des humains prêts à en manger d'autres fascine l'Occident. Confondant passé et présent et bousculant contextes culturels et rituels, les représentations de cette pratique juxtaposent les actes anthropophages qui font suite aux naufrages ou aux famines, les " festins cannibales " des " féroces sauvages " des mers du Sud, les cérémonies mortuaires où le meilleur tombeau pour le disparu est le ventre de ses descendants ou la délectation des serial killers pour le corps de leurs victimes...
Cette approche indifférenciée alimente une longue tradition mythique comme l'incessant malentendu culturel qui a caractérisé la rencontre des Occidentaux avec les peuples exotiques. Elle manque surtout la dimension symbolique et métaphorique d'un phénomène évanescent, dont la réalité ne peut être appréhendée qu'imaginairement.
À la réflexion méthodique de l'anthropologie, cet ouvrage associe les productions littéraires, savantes et artistiques que la hantise d'être soi-même dévoré ou le fantasme d'assimiler l'autre ont inspirées. Ces fragments de discours cannibale dessinent l'étendue des champs de signification du cannibalisme : ceux de l'amour et de la haine, du désir et du rejet, de l'identité et de l'altérité, de l'ordre et du désordre, des relations d'alliance et de pouvoir, de l'autonomie et de la servitude.
Mondher Kilani est anthropologue, professeur à l'université de Lausanne. Il est notamment l'auteur de Guerre et sacrifice (PUF, 2006), Anthropologie. Du local au global (Armand Colin, 2012) et Pour un universalisme critique (La Découverte, 2014).

La Méditerranée ouvre à une pluralité de mondes qui se rejoignent et se réinventent constamment. Même s'il lui est arrivé par le passé de concentrer l'Un (les empires carthaginois, gréco-romain ou musulman), la grande bleue n'a jamais échappé à la dissémination et au passage des frontières. Tout comme l'auteur, dont la vie relève des deux rives, ici et là-bas. Faire de la Méditerranée un personnage et aller à sa rencontre en mêlant avec bonheur le portrait intime et les grandes figures de l'histoire, les oeuvres littéraires, les événements politiques et les paysages culturels, tel est le propos du livre. Car c'est la route, non les racines, qui détermine ce voyage au "milieu des terres" .

La construction de la mémoire - Le lignage et la sainteté dans l'oasis d'El Ksar

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