Blés bleus
De bonne guerre
Publié par Robert Laffont, le 24 août 2006
215 pages
Résumé
Comment réagir lorsqu'on est fait prisonnier en 1940 pendant l'invasion allemande, sans avoir eu l'occasion de tirer un seul coup de fusil ? Pour le " Vieux ", comme l'a surnommé son régiment, il n'y a pas de doute, on ne peut avoir d'états d'âme : il faut obéir aux ordres de reddition, et supporter. Selon le Vieux, colonel et doyen du camp de prisonniers où il échoue avec une partie de ses officiers, l'évasion serait une fuite devant l'ennemi, une désertion. Une sortie du camp doit se faire debout et non pas en rampant sous les barbelés. Il entend bien faire partager cette philosophie toute militaire à l'ensemble d'un oflag assez... circonspect. Il s'y emploie avec énergie, et ruse, et ne trouve pas de soutien plus efficace que celui de Stüpell, le colonel allemand responsable du camp, qui apprécie peu sa mission, mais beaucoup la fine qu'il aime partager avec son homologue et bientôt complice. Les deux hommes sont loin d'imaginer la tournure que vont prendre les événements... Qu'est-ce que l'honneur d'un homme ? Que vaut la parole donnée ? De bonne guerre raconte comment le Vieux va, contre toute attente, transgresser son serment d'obéissance et faire ce qu'il a interdit aux autres en s'évadant - d'une façon inouïe. L'histoire est véridique. Elle a été contée par le petit-fils du héros à Philippe Roch, qui a décidé d'en faire un roman tant l'histoire était originale, et le contexte historique de l'oflag peu traité en littérature. Il nous rappelle que la guerre n'est pas un objet de représentation, mais une situation humaine, tragique ; pas un sujet historique désincarné, mais la source d'une infinités d'histoires... Après le récit éclaté de son premier roman, Blés bleus, Philippe Roch revient à une écriture plus linéaire, à une facture plus classique du roman. Il écrit là son Stalag 17, son Vieil Homme et la mer... (sans la mer !) et s'affirme comme une voix qui compte en littérature. Le roman est bref, incisif, composé de chapitres courts. Le contraste est frappant entre l'histoire spectaculaire, cruelle, aux arrière-plans tragiques (l'oflag), et la forme légère, teintée d'humour, s'ouvrant sur quelques perspectives comiques, ironiques et satiriques. Le roman est très dialogué, " théâtralisé ", et peut se définir comme un conte humaniste d'un genre inédit sur le thème de la liberté. Dans ce huis clos enfin, le décor tient un rôle important : un camp perdu au coeur d'un bois mystérieux, étouffé par une nature envoûtante, voire oppressante, une forêt de légende germanique agissant sur le moral des troupes aussi efficacement que l'enfermement lui-même.
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