Une quête obstinée d'exploration du temps collectif et familial : l'auteur observe son présent tout en remontant trente ans en arrière, avec la découverte d'un manuscrit de 1978. Il sonde alors les diverses facettes du monde et tous les évènements qui se sont déroulés depuis cette époque.

Recouvrance

Mes visiteurs sur cette île désamarrée de Manhattan où j'ai vécu six ans d'une autre vie éprouvaient en général son énigme, le charme lent et incertain qui en émane après qu'on y a passé quelques heures - ou un peu plus longtemps. Philippe a su faire durer son désir de la photographier, transformer cet appel en création, et réinventer ainsi le lien en toutes saisons avec ses appareils. C'est pourquoi, lorsque j'ai entretissé à ces images des commentaires issus de l'histoire intime et collective, j'ai rebaptisé l'île de son nom : celui des premiers explorateurs ne figure-t-il pas sur les cartes de géographie, celui des astronomes qui les découvrent ne vient-il pas s'accrocher aux météores inconnus ?

L'Ile Dollo

L'auteur poursuit depuis son adolescence le même livre, d'un genre composite, qui a pour vocation de tenter d'approcher la vérité, la " vraie vie ", " enfin découverte et éclaircie " invoquée successivement par Rimbaud et par Proust. Mot à mot, il continue dans ces pages sa quête de la lumière après le deuil. Pour y parvenir, il doit retrouver, reconstituer des lambeaux d'enfance en décryptant photographies et documents anciens, puis assigner un ordre à ces images, les agencer. Au fil de cette entreprise, tous les lieux parcourus, tous les temps traversés reviennent le hanter. L'écriture seule, il le sait et le redécouvre sans cesse en écrivant, peut lui permettre de poursuivre cette quête obstinée de la " lumière naturelle ", qui doit présider, écrit Descartes, à la recherche de la vérité. Or seule aussi, on le sait, la vérité pourra nous " rendre libres ".

La Lumiere Naturelle. Esquisses D'Un Livre Futur

" Par cet étrange rampement qui fait advenir en moi la nécessité d'un livre, le fait forer continuellement dans ma pensée son chemin, pendant des mois et des années, et perdurer aussi tout au long de ce temps sa nécessité, je dois enfin me laisser glisser dans celui-ci, que j'ai promis d'écrire mais qui ne serait rien s'il n'était qu'un texte de commande. [...] Et pourquoi suis-je à nouveau en train de me remettre ici à écrire après être passé par tous les atermoiements & stades du doute au fil de la journée, pourquoi cette coulée enfin incessante des phrases après des mois de.constriction [...] ? Mourir est difficile, pas douloureux mais complexe comme les mots croisés du Washington Post. Je la perçois, la mort, comme un problème du même ordre : des mots croisés, une partie d'échecs ou de bataille navale, un jeu d'osselets.

Osselets - Occasion

« Tout au long de cet entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, je n'ai eu comme souci que la sincérité et la précision, celle-ci se découvrant plus difficile à obtenir que celle-là. Il n'est pas aisé de rendre compte, sans l'unifier ni la réduire à quelques principes, d'une pratique d'écriture commencée il y a trente ans. D'en laisser percevoir les inévitables contradictions. D'apporter des détails concrets sur ce qui se dérobe le plus clair du temps à la conscience. Ce qui assemble les phrases de mes livres, en choisit les mots, c'est mon désir, et je ne peux l'apprendre aux autres puisqu'il m'échappe à moi-même. Mais il me semble pouvoir indiquer la visée de mes textes, donner mes « raisons » d'écrire. Qu'elles relèvent de l'imaginaire n'enlève rien au fait qu'elles jouent réellement sur la forme même de l'écriture. J'espère simplement avoir réussi à exprimer quelques vérités individuelles et provisoires - révisables assurément par d'autres - sur ce qui occupe beaucoup ma vie. »Annie Ernaux

L'écriture comme un couteau - Entretien avec Pierre-Yves Jeannet

Entre 1975 et 1986, Michel Butor et Frédéric-Yves Jeannet échangent plusieurs centaines de lettres et se rencontrent à Genève, Mexico, Nice, etc. Jeannet cherchait depuis longtemps à écrire sur l'une des œuvres qu'il admire le plus dans la littérature française du XXe siècle, celle de Michel Butor. Ces lettres et ces rencontres lui en donnent l'occasion. Il décide, avec l'accord de Michel Butor, de publier les lettres qu'il a reçues pendant les onze premières années de leur amitié, les entrerisse avec des commentaires critiques et plusieurs entretiens qui passent l'œuvre au crible. Cela donnera ce livre d'un genre nouveau qui parcourt en l'éclairant la totalité de cette œuvre polymorphe.

De La Distance. Deambulation

Rencontre terrestre

Poursuivant une entreprise obstinée qui consiste à rechercher quoi qu'il en coûte la vérité sur son passé, l'auteur se voit contraint à s'enfoncer de plus en plus profondément dans les couches géologiques de la mémoire collective et familiale. Cette plongée le conduira à entrevoir l'histoire de ses origines, qui tour à tour se dérobe, se dévoile, se révèle ou lui échappe. La matière de cette quête provient d'une malle noire où depuis vingt-cinq ans il accumule documents et notations fragmentaires, ici recomposés selon une vaste structure musicale, celle d'un oratorio dans lequel se conjuguent des voix multiples. Les figures de femmes y prédominent, en premier lieu celle de la mère. Voyage et planche de survie, le livre est simultanément instrument d'exploration du temps, tentative de réconciliation et de salut, hommage à quelques femmes, et entreprise testamentaire de filiation.

Recouvrance

Résumé

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Critiques

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