Argumentaires de l'une et l'autre espèce de femme - Le statut de l'exemplum dans les discours littéraires sur la femme (1500-1550)
Argumentaires de l'une et l'autre espèce de femme - Le statut de l'exemplum dans les discours littéraires sur la femme (1500-1550)
Publié par PRESSES UNIVERSITE LAVAL, le 01 juillet 2003
548 pages
Résumé
Les argumentaires de l'une et l'autre espèce de femme visent à définir les modalités argumentatives de l'exemplum dans des textes de littérature française qui affirment l'infériorité ou " échaffaudent " la thèse de la supériorité de la femme au cours de la première Renaissance (1500-1550). Par l'analyse des modalités du raisonnement dans le système aristotélicien ainsi que par l'étude du statut de l'exemplum dans des traités de rhétorique et de dialectique anciens, médiévaux et renaissants, cette étude cherche à comprendre pourquoi cette espèce du raisonnement dite inférieure s'avérait la plus sollicitée lorsqu'il s'agissait de définir la femme en littérature. Qu'il s'agisse de pièces de la " Querelle des Femmes ", de traités sur le mariage ou d'œuvres littéraires qui interrogent la nature du sujet féminin, il semble impossible de l'appréhender à l'époque autrement que par la réitération d'arguments convenus et d'exempla réversibles qui servent à démontrer une chose tout aussi bien que son contraire. Ainsi, Ève, Sémiramis, la Papesse Jeanne, les vierges antiques et la Vierge Marie s'y côtoient allègrement et se confortent les unes les autres dans la démonstration d'une thèse comme dans celle de son antithèse. La récurrence et la réversibilité des arguments sur la bonté ou la " mauvaisetié " de la femme peuvent laisser croire que les discours sur le sujet féminin ne sont que rhétorique convenue, jeux de virtuosité éloquente à l'inventio controuvée. Toutefois, ces conventions des discours pro et antiféminin se traduisent par des usages de l'exemplum qui impliquent des enjeux importants, tant à l'égard de la fonction et du rôle de la femme dans la société renaissante qu'en regard des modalités argumentatives lorsqu'elles s'appliquent à des sujets à propos desquels on ne peut énoncer de conclusion en toute certitude, soit parce qu'ils concernent les êtres particuliers, soit qu'ils ressortissent au domaine de la morale ou de la pragmatique. S'il peut sembler, a priori, que la femme constitue à la Renaissance un " signe vide " susceptible de pouvoir supporter indifféremment un signifié et son contraire - bonté ou " mauvaisetié ", nature inférieure ou supérieure -, il apparaît finalement qu'elle s'avère un " signe " sursaturé qui ne peut " naturellement " supporter que les contraires. Dans cette perspective, l'exercice paradoxal auquel se livrent les auteurs philogamiques et proféminins se révèle plus difficile, et plus lourd de conséquences, qu'il ne peut y sembler au premier abord. Et cette difficulté confère toute leur valeur aux œuvres qui parviennent à contourner l'" impensé " d'une femme qui ne serait ai meilleure ni pire qu'un homme - ou tout aussi bonne et mauvaise que lui - en faisant figurer ses deux espèces dans un même espace textuel.
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