Courses d'automne - Récit
N.N.
Publié par Ibolya Virág, le 20 janvier 1999
212 pages
Résumé
C'était la nouvelle lune - un jour de carnaval - et N. N., le héros anonyme de cette histoire, passait son temps au Loup Blanc, une auberge située en dehors de la ville. Nombreux sont ceux qui disent que l'ancien monde où les gens vivaient par plaisir est passé. En Hongrie, les cheminées ne fument plus avec la même sincérité, les coeurs sont las. Mais que nous importe la manière dont le monde se renouvelle - car c'est dans sa nature même -, il existera toujours des voyageurs pour manquer leur train. Ces individus manques (dont N. N. fait partie) continuent à porter de vieux manteaux de fourrure rongés par les mites et des états d'âme quasiment ressuscites du tombeau. Avec le barbier, ils discutent chaque fois du même sujet et se font coiffer comme il y a trente ans. Ils ont gardé une certaine opinion des femmes, puisée dans les livres de monsieur Vörösmarty. L'amitié est un serment sacré, et le but de la vie, c'est le cimetière... A quelque moment que vous les rencontriez, leur humeur est toujours semblable, ils tiennent toujours les mêmes propos. Ils portent longtemps le même chapeau. Sur leur cravate, l'épingle est éternelle. Leur montre ne s'arrête jamais, bien qu'ils l'aient d'ordinaire héritée de leur père. A peine si leur tête s'incline un peu plus vers le sol, à peine s'ils bâillent plus longuement. Ils ne s'étonnent ni de l'hiver ni de l'été. Les soirs bleus avec leurs jardins enneigés, leurs vieux arbres immobiles, leurs nids d'oiseaux qui se cachent dans les branches, leurs ombres à la nouvelle lune, leur savant mutisme, ne dérangent pas plus leur bonne humeur ou leur tristesse que le clair de lune et le sortilège des nuits d'été. Êtres chers, heureux et silencieux, qui apprennent, impassibles, le bruit des haches des bûcherons qui résonne au loin dans la forêt, la mort d'un ami ou d'une connaissance. Puis, dans leur grisaille de glace - vers la fin de la vie -, ils restent assis dans un silence tel qu'on les croirait en train de dissimuler leur existence à la mort. Ce sont des gens ordinaires. Oh ! combien de fois les ai-je observés ! À quoi peuvent-ils bien penser ? Parce qu'au temps des anciens marchés de Pest elle était le repaire des forains et des brigands de grand chemin, N. N., déjà bien avancé en âge, fréquentait l'auberge à l'enseigne du Loup Blanc dans les faubourgs. Il s'en était raconté des vies de voyageur dans cette buvette malpropre et obscure. N. N. aimait la variété : il portait ses deux chapeaux à tour de rôle. Après avoir fait plus ample connaissance, il m'a confié diverses choses sur sa vie que j'ai notées. Si d'aventure il existait quelqu'un pour s'intéresser à la jeunesse de cet individu ordinaire.
Plus de livres de Gyula Krúdy
Voir plusSindbad ou la Nostalgie
Le compagnon de voyage
Les beaux jours de la rue de la Main-d'Or
Pirouette
Sindbad ou la nostalgie
Sept hiboux
Le coq de madame Cléophas
Critiques
Ce livre n'a pas encore de critiques
Vous avez lu ce livre ? Dites à la communauté Lenndi ce que vous en avez pensé 😎