Aristide Maillol. - Exposition au Palais des Congrès de Perpignan du 10 juin au 10 septembre 2000

Publié par Benteli, le 14 novembre 2000

191 pages

Résumé

Maillol est un maître incomparable de la statuaire moderne. Aucun, à notre époque, - et je ne parle pas de son goût qui y ajoute une valeur morale considérable, et leur donne une qualité unique d'émotion - ne possède un métier plus gras, plus souple, plus nombreux aucun n'a compris, comme lui, que la sculpture ne saurait être la figuration sentimentale ou réaliste des accidents passagers et des fictions populaires... aucun mieux que lui, avec ses statuettes, n'a compris et montré ce que, par sa pesanteur même, par son immobilité sur les socles et son incorporation aux façades des monuments, elle a mission d'exprimer ; c'est-à-dire la majesté de la matière et la splendeur immortelle de la forme... Rien qu'à ce point de vue, ses statues, si petites qu'elles soient, sont d'indiscutables, d'absolus, de définitifs chefs-d'œuvre. Et je suis convaincu que, bientôt, elles seront recherchées par les collectionneurs, comme un des plus précieux exemplaires de l'art de notre temps. Il suffit qu'on puisse les voir quelque part... Un soir, chez moi, Auguste Rodin étudiant longuement, tournant et retournant dans sa main une figure de Maillol, me dit " Maillol est un sculpteur aussi grand que les plus grands... Il y a là, voyez-vous, dans ce petit bronze, de l'exemple pour tout le monde ; aussi bien pour les vieux maîtres, que pour les jeunes débutants... Je suis heureux de l'avoir vu... Si le mot génie, improprement appliqué à tant de gens, aujourd'hui, a encore un sens, c'est bien ici... Oui, Maillol a le génie de la sculpture... Il faut être de mauvaise foi, ou très ignorant, pour ne pas le reconnaître. Et quelle sûreté dans le goût !... Quelle intelligence de la vie, dans le simple !... Ça n'arrête pas le passant, parce que le passant passe et ne s'arrête jamais devant ce qui est simple. Il croit que l'art doit être une chose compliquée et incompréhensible... Il ne s'arrête que devant ce qui accroche malhonnêtement, sa curiosité... Et précisément, ce qu'il y a d'admirable en Maillol, ce qu'il y a, pourrais-je dire, d'éternel, c'est la pureté, la clarté, la limpidité de son métier et de sa pensée C'est que, en aucune de ses œuvres, du moins en aucune de celles que j'ai vues, rien, jamais, n'accroche la curiosité du passant. Alors, comment celui-ci pourrait-il s'arrêter et s'émouvoir ?... On parle déjà beaucoup de lui, dans notre milieu... On le discute ; donc il intéresse... Et c'est ce qu'il faut... Si bas que soit tombé le goût du public, je suis tranquille sur l'avenir d'un tel homme... Voyez-vous, l'art porte en soi une telle force d'expansion lumineuse, qu'il finit toujours par rayonner à travers les ténèbres accumulées de l'ignorance et de la sottise... Quelque mauvaise grâce qu'on mette, partout, à reconnaître que le génie peut être contemporain..., ça finit, tout de même, par se savoir... Ça se saura, bientôt pour Maillol... "

Erik Boulatov - [exposition, Paris, Fondation Dina Vierny-Musée Maillol, 21 octobre 1999-20 janvier 2000

Aristide Maillol. - Exposition au Palais des Congrès de Perpignan du 10 juin au 10 septembre 2000

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