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La bataille de Londres | Frédéric Bastien
La bataille de Londres | Frédéric Bastien

La bataille de Londres

Publié par Boréal, le 08 avril 2013

222 pages

Résumé

Au lendemain du référendum de 1980, Pierre Elliott Trudeau reprend son vieux rêve de rapatrier la constitution, projet qu’il caresse depuis son arrivée au pouvoir en 1968. En effet, cinquante ans après le statut de Westminster, qui accordait au Canada son indépendance, la constitution de ce dernier est faite d’une série de lois du parlement britannique que seul celui-ci peut modifier. Fort de sa victoire référendaire, clamant vouloir concrétiser sa promesse faite aux Québécois de renouveler le fédéralisme, Trudeau est déterminé à réaliser enfin son rêve. Mais il y a des obstacles… D’abord, la constitution n’est pas assortie d’une formule d’amendement, au sujet de laquelle les provinces veulent avoir leur mot à dire. Ensuite, Trudeau insiste pour y enchâsser une charte visant surtout à définir des droits linguistiques concrétisant sa vision d’un Canada bilingue d’un océan à l’autre. Cette fois, ce ne sont pas seulement les provinces qui s’y opposent, voyant là une intrusion indue du fédéral dans leurs champs de compétences, mais les Tories anglais, qui forment le gouvernement à Westminster, pour qui une charte des droits est une suprême hérésie, car elle menace la souveraineté du parlement. Affluent alors à Londres les délégations provinciales, qui tentent de séduire les députés et lords anglais à coups de grands vins et de plats fins, les Indiens, qui se sentent trahis par la couronne britannique, et les stratèges fédéraux, bien déterminés à voir triompher leur cause. S’en mêlent le Labour anglais, qui rêve faire de faire tomber Thatcher, les députés conservateurs d’arrière-ban qui défient la Dame de fer, au plus bas de sa popularité juste avant la guerre des Malouines, et tout ce qui grouille, scribouille, grenouille au Canada et en Angleterre, pendant que les tribunaux, des deux côtés de l’Atlantique, s’apprêtent à entendre différentes causes touchant ce coup de force constitutionnel. Frédéric Bastien est le premier historien à écrire sur le rapatriement en s’appuyant sur une étude systématique d’archives dont le contenu est dévoilé ici pour la première fois. C’est avec une verve irrésistible qu’il décrit cette foire d’empoigne, au-dessus de laquelle vogue le couple improbable que forment Pierre Trudeau et Margaret Thatcher, opposés sur le plan politique et pourtant liés par une complicité aussi inattendue qu’indéfectible. Mais les véritables héros de ce livre, ce sont peut-être les services diplomatiques britanniques, qui offrent un commentaire étoffé, pointu, abondant, de la politique canadienne et de ses acteurs. En effet, l’auteur a réussi à avoir accès à l’ensemble des documents du Foreign Office pour toute la période, où on peut lire les notes passionnantes des diplomates anglais, d’abord acquis aux fédéraux, mais de plus en plus sensibles à la cause des Autochtones et des provinces, et surtout suprêmement agacés par l’arrogance et la rigidité idéologique de Pierre Trudeau. Un Trudeau qui allait en bout de course devoir baisser pavillon et accepter que sa charte soit assortie d’une clause nonobstant qui en limitera grandement l’action. Les plus grands perdants de la bataille de Londres, ce sont malgré tout les Canadiens, car la démocratie en sort irrémédiablement affaiblie. Trudeau, dans son entêtement, est allé – et c’est là la plus importante des nombreuses révélations de ce livre – jusqu’à enfreindre une règle fondamentale des régimes démocratiques, soit celle de la séparation des pouvoirs, fondant le nouveau régime constitutionnel canadien sur ni plus ni moins qu’un coup d’État.

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