L'Inconvénient. No. 65, Été 2016 - La gauche et la droite
L'Arpenteur et le Navigateur
Publié par Fides, le 20 novembre 1996
30 pages
Résumé
L’arpenteur et le navigateur de Monique LaRue réunit les propos tenus par la romancière, en mars 1996, lors des conférences Jarilowski organisées par le Centre d’Études québécoises (CÉTUQ) de l’Université de Montréal. Conférences dont le mandat était de penser les enjeux de la littérature et de la culture québécoises d’aujourd’hui dans une perspective transculturelle. Pour l’auteure, la littérature change actuellement et il devient nécessaire d’en arriver à une attitude ouverte et non protectrice. Si, au siècle passé, il semblait capital de tracer des frontières, de définir de façon précise ce que devait être la littérature québécoise, de nos jours la question de la transculture se pose dans le passage de l’homogène à l’hétérogène, certes inévitable, mais qui ne rend pas toujours compte du Québec dans sa vision du monde et ses repères textuels. Cependant, et c’est là le cœur du propos de LaRue, ce travail de définition procède encore trop souvent par prescription et exclusion, ce qui le rend, au moins partiellement, injustifié parce qu’ethnocentriste. Selon l’auteure, «[u]ne identité n’est jamais simple, jamais homogène, puisque l’identité est une donnée de la conscience et qu’une conscience c’est du temps et que le temps est mobile» (p. 23). Dans cette perspective, Monique Larue présente deux figures : «l’arpenteur» et «le navigateur», «deux faces de notre identité» (p. 23) qui interviennent au cœur même de la démarche de tout écrivain québécois, de son rapport à la langue, à la collectivité et au territoire . En d’autres termes, «une mémoire et une anticipation se chevauchent, se disputent et s’arrachent toujours le présent» (p. 23) : une mémoire, celle de l’arpenteur ; une anticipation, celle du navigateur.Monique LaRue affirme ainsi la nécessité de la coexistence en chaque écrivain de l’arpenteur et du navigateur, et d’un déplacement du concept de littérature identitaire vers celui d’une communauté littéraire plurielle puisque écrire c’est déjà, en quelque sorte, y appartenir.
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