La Colonisation française des Seychelles

Mis dès ses onze ans sur un bateau de commerce au long cours, le Malouin Mahé de La Bourdonnais s'est forgé sur mer et sa fortune et sa gloire. Devenu tour à tour officier de la Compagnie des Indes, capitaine marchand, corsaire au service des Portugais, gouverneur général des îles de France et de Bourbon, Mahé a été aussi financier et négrier. Ses aventures, replacées ici dans leur contexte économique et politique, sont une illustration des relations entre guerre, administration et commerce qui se tissent dans la mer des Indes du XVIIIe siècle.

Mahé de La Bourdonnais

L'expédition de 1830 n'était pas la première intervention française contre Alger. Durant toute la seconde moitié du XVIIe siècle, des attaques récurrentes de la marine royale ont tenté de punir la ville blanche de sa course en Méditerranée. D'abord en attaquant systématiquement les navires barbaresques afin de faire le plus possible d'esclaves « turcs » sur les galères marseillaises. Ensuite, en tentant - vainement - de s'installer sur la côte, à Gigeri (aujourd'hui Jijel). Enfin, en cherchant à impressionner le dey par des bombardements qui, en 1682 et 1683 puis en 1688, ont pilonné la ville et le port. Sans réussir à détruire Alger, ni même à arrêter la course barbaresque en Méditerranée occidentale, même si après 1690, les raïs ne prennent pratiquement plus d'esclaves chrétiens. Le récit de cette guerre franco-algérienne, déformé par la propagande de l'époque et occulté par l'expédition de 1830, est resté largement méconnu. Il est resitué ici dans le contexte économique et politique du moment, montrant qu'avant de s'y installer au XIXe siècle, la France cherchait depuis longtemps à être maîtresse d'Alger.

Alger sous les bombes de Louis XIV

De la fin du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe, le long de la côte de l'actuelle Mauritanie, des escadres de marine et des troupes d'infanterie françaises se sont battues contre les marins et marchands hollandais aussi bien que contre les tribus maures trârzä. L'enjeu de cette guerre, à la fois économique et militaire, était le contrôle du marché de la gomme arabique récoltée sur des bois de la rive droite du Sénégal. Il en allait du profit des compagnies françaises, mais surtout de l'honneur du drapeau et de la gloire du roi. Un moment peu connu aussi bien de l'histoire coloniale et économique française que de l'histoire mauritanienne.

La guerre d'Arguin

Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'archipel des Seychelles a été découvert - ou plutôt redécouvert -, puis exploré et enfin un moment exploité pour ses richesses, avant que les colons français ne finissent par s'y installer. Les livres de bord de capitaines et les mémoires de fonctionnaires, le courrier administratif de l'époque, disent combien cette épopée ne s'est pas faite sans conflit ni douleur. C'est bien une société qui se construit, et au-delà une identité qui se forge.

La colonisation française des Seychelles

Mahé de La Bourdonnais 1699-1753 - Biographie politique d'un héros des Indes

L'histoire de l'installation des premières colonies françaises sur la côte Est de Madagascar aux XVIIe et XVIIIe siècles n'a suscité que peu d'études, qui toutes expliquent l'échec de ces tentatives par la persistance des fièvres et l'opposition des autochtones. Le dépouillement du courrier administratif et des rapports d'exploration montre surtout la faiblesse structurelle de ces établissements, minés par les hésitations de la politique coloniale et par les conflits internes entre colons et commerçants. Privés de moyens et d'une stratégie, par ailleurs confrontés à la mainmise anglaise sur la mer des Indes et aux changements de l'économie de traite, les premiers établissements français à Madagascar vont ainsi péricliter les uns après les autres.

L'échec des premières colonies françaises à Madagascar (1633-1831)

L'horticulteur physiocrate Pierre Poivre a tenté, au XVIIIe siècle, une opération réputée impossible, à savoir la collecte et l'acclimatation à l'Isle de France (aujourd'hui Maurice) des épiceries fines qui passaient alors pour faire la puissance et la fortune des Provinces-Unies (Pays-Bas). Force est de reconnaître que cette véritable guerre des épices n'a que peu rapporté. En revanche les aventures de Poivre, sa personnalité et aussi ce que la postérité a retenu de lui, éclairent sur le courant physiocratique et économiste qui s'affirme dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Il s'appelait Poivre - Un chasseur d'épices dans la mer des Indes (1750-1772)

Au milieu du XIXe siècle, la marine française, pour contrer les positions anglaises, a passé des traités avec les « rois » des villages de l'estuaire du Gabon et s'est vite attribué la pleine souveraineté sur des territoires de plus en plus étendus. De cette implantation aux allures pacifiques, les rapports des capitaines restituent le processus séquentiel qui renseigne sur ce qui donne à la colonisation sa signification profonde.

La Colonisation française des Seychelles

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