Proses pour saluer l'absence
Les invités de la nuit
Publié par Fario, le 10 avril 2017
72 pages
Résumé
À partir d'une réception subtile, et d'abord toute plongée dans l'onirique, des Visages peints de Jacques Le Scanff, Claude Louis-Combet engage une réflexion sur la face humaine, figure de proue à l'avant d'un navire de l'existence, tout autant que paysage témoin des grands remuements tectoniques, des gisements et des conflits les plus archaïques de l'être. À la différence de portraits, qui seraient tenus de spécifier ou d'incarner l'humeur, les vices ou les traits d'une personnalité qui se tient dans l'histoire, individuelle ou sociale, ces Visages tournés vers le « dedans » n'en sont pas moins porteurs du fond anthropologique le plus reculé, le plus enfoui, le plus sombre ou le plus minéral, d'où affleure parfois, par delà la violence et le silence qu'ils imposent, la douceur d'une ligne ou le murmure d'une source. Comme les paysages ou les reliefs de la Terre, la complicité qu'ils appellent parfois malgré nous, c'est à un peu plus d'humanité - sa nuit comprise - qu'elle pourrait inviter ou conduire. Le livre comporte 12 peintures de Jacques Le Scanff. « Ce qui demeure des lointains d'où ils proviennent et qu'ils ont traversés avant de s'échouer devant nous, c'est toute la densité d'une face hagarde et taciturne, vouée uniquement à occuper la totalité d'un espace sans issue, sans point de fuite, sans décor, en sorte que, depuis qu'ils sont arrivés, chacun d'eux me semble n'avoir raison d'être que de nous imposer - et d'imposer à soi-même - le poids définitif de sa solitude. L'impression de singularité insolite et close qui se dégage de chacune de ces faces et de leur ensemble ou rassemblement est tellement pressante qu'un malaise naît de leur contemplation : le sentiment que nulle rencontre, nul échange, nul lien ne sont praticables avec cette engeance de visiteurs qui n'appartiennent pas à l'histoire mais à la vision, et qui, surgis de nulle part si ce n'est de l'ombre, derrière le miroir, sont essaimés parmi nous, dirait-on, à seule fin de nous halluciner d'identités vacantes, fantasmatiques, régnant sans réserve, sans pudeur, sur des territoires d'inconscience que nous ne soupçonnons désormais que grâce à l'insistance de telles figures à nous dévisager. Entendons ce terme au sens le plus fort, selon son évidence étymologique la plus cinglante, pour dire que, sous l'attention concentrée de tant de regards fixés sur nous, notre visage nous est soustrait, gommé, annulé, et ne se voit plus, dans l'instant, ou plutôt ne se devine, que dans des rictus figés, des sourires répulsifs, des yeux d'aveugles-nés, des lippes exorbitantes, des masques tortueux et sinistres.» [...]
Plus de livres de Claude Louis-Combet
Voir plusLe Chemin Des Vanites D'Henri Maccheroni
Gorgô
Paysage des limites
Dichotomies suivi de Aube crucifère
L'âge de rose
Le petit oeuvre poetique
Le don de langue
Critiques
Ce livre n'a pas encore de critiques
Vous avez lu ce livre ? Dites à la communauté Lenndi ce que vous en avez pensé 😎