Beckmann En Eaux Troubles

Aux Etats-Unis, Georgia O'Keeffe (1887-1986) a acquis un statut quasi-légendaire et demeure une des peintres américaines les plus reconnues. Cet automne, le Centre Pompidou présente la première exposition rétrospective française de l'oeuvre de O'Keeffe, réalisée en collaboration avec le Musée Thyssen de Madrid, la Fondation Beyeler de Bâle et le Musée Georgia O'Keeffe de Santa Fe. Avec un ensemble de peintures, dessins, sculptures issu des principales collections américaines, l'exposition retrace le parcours artistique d'une artiste dont la longévité lui valut d'être, successivement, la protagoniste de la première peinture moderniste américaine, de la recherche identitaire qui marque les années 1930, et de la peinture abstraite "Hard Edge" des années 1950. Des paysages du Wisconsin de son enfance aux plaines désertiques du Nouveau-Mexique, des fleurs magnifiées aux coquillages, des canyons arides aux lits des rivières, des os desséchés aux massacres, Georgia O'Keeffe n'a cessé de traquer les formes qui témoignent des métamorphoses du vivant, des cycles de la Nature. Le catalogue présente les facettes de l'oeuvre de O'Keeffe à travers les essais de Didier Ottinger, Catherine Millet, Marta Ruiz del Arbol et Ariel Plotek, qui introduisent aux 8 sections de l'exposition : La galerie 291, Premières oeuvres, Vers l'abstraction, De New York à Lake George, Un monde végétal, Ossements et coquillages, Le Nouveau-Mexique, Cosmos. Une série de portraits photographiques réalisés par son célèbre époux Alfred Stieglitz et plusieurs photographes renommés (A. Adams, T. Webb, P. Halsman, J. Loengard...) enrichit le catalogue qui s'achève par une biographie illustrée ainsi qu'une bibliographie sélective.

Georgia O'Keeffe

Nighthawks, New York Movie, Automat, Hotel Room, House by the Railroad, New York Pavements, les images d’Edward Hopper incarnent nos mythologies américaines....› Lire la suite Comme les scènes les plus mémorables du cinéma d’Hollywood, nous avons fini par croire à leur vérité, sans pour autant ignorer qu’elles sont taillées dans l’étoffe des rêves. Hopper, dont l’art s’enracine au contact des peintres naturalistes de l’Ash Can school, qui se développe durant les années vingt et trente dans un contexte épris d’identité nationale, a longtemps fait figure de réaliste. Il aura suffi qu’André Breton, en exil à New York, découvre un tableau de Hopper qui lui rappelle De Chirico, pour que son oeuvre s’éclaire des feux de l’art métaphysique. De fait, l’art de Hopper présente de singulières affinités avec le surréalisme le plus fondamental et peut être rapproché des précurseurs d’un art « conceptuel ». Les scènes apparemment les plus banales et réalistes de Hopper évoquent l’intériorité des tableaux de Vermeer, la spiritualité luministe de Rembrandt, la théâtralité de Watteau ou de Degas.

Hopper : Catalogue de l'exposition

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Nom d'une pipe ! ou Comment Magritte rêva d'expédier Hegel en vacances

Didier Ottinger, l'auteur de cet ouvrage, est conservateur en chef du musée national d'Art moderne du Centre Pompidou. Autant dire qu'il est sans doute l'un des hommes les plus qualifié pour décortiquer et expliquer ce qui relève de l'impossible : le mouvement surréaliste. En près de 140 pages, il s'efforce donc de faire comprendre ce qu'était la nébuleuse surréaliste, de voir comment ce mouvement repose sur de multiples contradictions. Pourtant, malgré le sérieux de l'ouvrage, la précision des anecdotes, ce livre est avant tout destiné à celles et ceux qui déjà possèdent une assez bonne connaissance d'un mouvement dont il est impossible de définir les contours exacts. Cela tient à l'extraordinaire abondance des références qui en elle-même constitue un véritable labyrinthe. On se sent souvent perdu face à ces dizaines d'auteurs, d'artistes et d'œuvres cités. Il est vrai que Didier Ottinger s'attache avec minutie à restituer toutes les influences qui ont marqué les surréalistes. Et elles sont nombreuses : Sade, Fantômas, l'art des fous… L'absence d'une iconographie renforce l'austérité de cet ouvrage. Néanmoins, les derniers chapitres consacrés à l'influence des surréalistes sur la jeune peinture américaine des années quarante se révèlent passionnant à la lecture. --Damien Sausset

Beckmann En Eaux Troubles

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