Loupes russes

"Comment savoir si l'on est toujours de ce monde ?", s'interroge Michel Baglin au seuil d'Un présent qui s'absente. Comme pour se donner des preuves de vie, le poète établit au fil des textes la carte d'une géographie personnelle toujours en mouvement : quais de gare, trains en partance, quartiers où l'on musarde, chemins de halage, routes et ponts... Poète fraternel, inlassable compagnon de route des gens qui passent, l'écrivain n'oublie pas les êtres qui occupent ces espaces et qui connaissent parfois une difficile présence au monde. Il sait que bon nombre de ses semblables subissent cet ailleurs qu'il aura passé sa vie à rechercher. Et je me plais à rêver que son "Chant des migrants" offre une terre en partage à ceux qui ne connaissent que l'exil. La poésie, cette possibilité d'une patrie en archipel.

Un présent qui s'absente

Des ombres aux tableaux

Entre Jour et Nuit, les poèmes de Michel Baglin sont un peu comme « une cigarette que l'on s'offre pour faire durer l'instant ». En quelques lignes, Michel Baglin provoque des « courts-circuits d'images », alors que « le temps manque aux confidences ébauchées ». Parler de course contre la montre, de rendez-vous manqués, de tout cela qui nous file entre les doigts, conviendrait sans doute à donner le ton de la poésie de Michel Baglin. Mais, quand bien même tout semble aller trop vite, cette poésie est forte, car elle ne renonce pas. Il y a, tout au long de ces jours et de ces nuits, de rapides lueurs - voyez les nombreuses références à la lumière - qui, comme « la pluie sur le soleil d'un visage », ou « les couleurs pastel des tendresses familiales » font, malgré tout, penser que « quelque chose s'avère, comme une plaque de lumière ». « L'équilibre est devenu notre aventure » écrit Michel Baglin. Ses poèmes, qui ne tombent jamais dans la facilité d'un réalisme bêtement quotidien, d'un lyrisme désincarné, ou d'une extase mystique devant l'instant qui, justemment, ne dure pas, en sont la marque la plus probante.

Jour et nuit

Je suis... Georges Brassens, le chanteur. Mois je voudrais, si vous me le permettez, qu'on se souvienne de moi pas seulement pour avoir passé ma vie à écrire des chansons et les avoir interprétées au point de devenir riche et célèbre, malgré ma timidité. Oui, j'aimerais que vous sachiez que ces chansons étaient avant tout de la poésie, des célébrations de la vie, de l'amour et surtout de l'amitié. J'ai tellement aimé mes amis... Je profite donc de ce petit livre joliment illustré pour vous raconter qui j'étais vraiment, mon enfance dans la belle ville de Sète où je suis né, comment je suis devenu le fameux Georges Brassens en restant malgré tout fidèle à mes amis, à mon amie et à mes idées, car j'étais un anarchiste, révolté par l'injustice, l'hypocrisie et la mesquinerie. Je m'en suis moqué, c'était la meilleure des choses à faire.

Je suis Georges Brassens

Convoquant tour à tour Henri Laborit, Michel Serres, Milan Kundera et bien d'autres, Michel Baglin tente de comprendre dans cet essai, paru initialement en 1998 aux éditions N&B, ce qui a radicalement changé ces dernières décennies dans notre relation au monde, aux autres, au réel ; comment, insensiblement, nous perdons pied et nous égarons parmi les faux-semblants. Se faisant sociologue, urbaniste, sémiologue, économiste ou philosophe, c'est avant tout un regard de poète, encore et toujours, qu'il propose et c'est précisément pourquoi cet essai, réédité tel quel, n'a pas pris une ride depuis 20 ans. La poésie n'a pas d'âge.

La perte du réel ; des écrans entre le monde et nous

L'Anthologie officielle du Printemps des Poètes (9-25 mars 2019) ! Dédiée au regretté Franck Venaille (1936-2018), cette anthologie rassemble plus de soixante poètes francophones contemporains autour du thème de la Beauté. Empruntant un vers d'un poème de Gérard Cartier (Les Métamorphoses, Le Castor Astral), Pour avoir vu un soir la beauté passer se veut un témoin de l'éclectisme de la création poétique actuelle. Ici, aucun courant poétique ni aucune doctrine littéraire ne font la loi. C'est la curiosité qui l'emporte sur le dogme.

Loupes russes

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