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Le retour à Bagdad | Salah Al Hamdani
Le retour à Bagdad | Salah Al Hamdani

Le retour à Bagdad

Publié par Les Points Sur Les I, le 01 septembre 2006

111 pages

Résumé

Le traducteur militaire avec ses lunettes noires en forme de banane, s'approcha de moi : - Je t'ai bien entendu dire que tu voulais aller à Bagdad, c'est vrai ça ? - Cela fait trente ans que j'attends ce moment, j'en suis désolé, répondis-je en hochant la tête. - Yalà, rouh : Vas-y ! Je me suis demandé si c'était une plaisanterie, s'il se moquait de moi. Je ne pouvais pas m'assurer du sérieux de ses propos car ses veux étaient masqués par ces lunettes étranges, obscures comme deux gouffres. Deux rideaux de verre noir courbes et brillants. Ma silhouette s'y reflétait en tout petit, comme si je me regardais à travers un mouchard. Ce croissant de lune noire barrant le visage de mon interlocuteur m'empêchait de voir ce qu'il regardait et de deviner ce qu'il pensait... Cette manière de mépriser les autres, l'avait-t-il prise des Américains ? Comment pouvait-il se permettre de me dire Yalà, rouh, Allez, vas-y ? Comment ça Vas-y ! Alors que nous étions à des centaines de kilomètres de Bagdad, sans compter ces années de souffrances et de séparation qui n'ont pas de prix. A-t-il vraiment pensé que je pourrais aller à Bagdad à pied ? Il m'a surpris et énervé. - Aller où ? - Tu n'as pas dit que tu voulais aller à Bagdad ?... Bah vas-y !... Moi je te dis que tu peux y aller ! Et il montrait le mirage au loin derrière les hameaux de maisons en argile, bien au-delà des villages et des campements solitaires... ... Le matin, malgré le soleil éclatant, j'avais le sentiment que ma mémoire venait d'être maltraitée. La nuit je trimbalais mon corps entre le passage obscur du couloir et la chambre la plus retirée de la maison, tandis que la lumière de la lune se découpait timidement sur les murs. Dans la maison endormie, au son des élytres des grillons du jardin, je frémissais comme une voile malmenée par la tempête. Je n'arrivais pas à discerner les traits de ceux qui tiraient mon corps comme un filet de pêcheur, le traînant sur le havre de l'Euphrate, à l'heure où le fleuve gémit de ses blessures entre le seuil de la maison et les palmiers penchés sur nos cœurs.

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