Les Possédés
Carnet d'un inconnu
Publié par Createspace Independent Publishing Platform, le 28 mars 2014
118 pages
Résumé
Ce livre est plus connu sous le titre Le bourg de Stepantchikovo et sa population. Par une lettre, le narrateur est invité à rejoindre son oncle de toute urgence dans le village de Stepantchikovo, où il devra épouser une jeune gouvernante qu'il n'a pourtant jamais vue. Rendu sur les lieux, il pense se trouver dans un asile de fous: l'entière maisonnée est soumise à la tyrannie imbécile d'un tartuffe de province, anime d'une haine inexpugnable envers le monde qui a fait de lui un raté.Ce roman fut écrit par un auteur qui, après dix ans de bagne et de relégation, revenait dans la vie littéraire."Extrait:Sa retraite prise, mon oncle, le colonel Yegor Ilitch Rostaniev, se retira dans le village de Stepantchikovo ou il vecut en parfait hobereau. Contents de tout, certains caracteres se font a tout; tel etait le colonel. On s'imaginerait difficilement homme plus paisible, plus conciliant et, si quelqu'un se fut avise de voyager sur son dos l'espace de deux verstes, sans doute l'eut-il obtenu. Il etait bon a donner jusqu'a sa derniere chemise sur premiere requisition. Il etait bati en athlete, de haute taille et bien decouple, avec des joues roses, des dents blanches comme l'ivoire, une longue moustache d'un blond fonce, le rire bruyant, sonore et franc, et s'exprimait tres vite, par phrases hachees. Marie jeune, il avait aime sa femme a la folie, mais elle etait morte, laissant en son coeur un noble et ineffacable souvenir. Enfin, ayant herite du village de Stepantchikovo, ce qui haussait sa fortune a six cents ames, il quitta le service et s'en fut vivre a la campagne avec son fils de huit ans, Hucha, dont la naissance avait coute la vie de sa mere, et sa fillette Sachenka, agee de quinze ans, qui sortait d'un pensionnat de Moscou ou on l'avait mise apres ce malheur. Mais la maison de mon oncle ne tarda pas a devenir une vraie arche de Noe. Voici comment. Au moment ou il prenait sa retraite apres son heritage, sa mere, la generale Krakhotkine, perdit son second mari, epouse quelque seize ans plus tot, alors que mon oncle, encore simple cornette, pensait deja a se marier. Longtemps elle refusait son consentement a ce mariage, versant d'abondantes larmes, accusant mon oncle d'egoisme, d'ingratitude, d'irrespect. Elle arguait que la propriete du jeune homme suffisait a peine aux besoins de la famille, c'est-a-dire a ceux de sa mere avec son cortege de domestiques, de chiens, de chats, etc. Et puis, au beau milieu de ces recriminations et de ces larmes, ne s'etait-elle pas mariee tout a coup avant son fils? Elle avait alors quarante-deux ans. L'occasion lui avait paru excellente de charger encore mon pauvre oncle, en affirmant qu'elle ne se mariait que pour assurer a sa vieillesse l'asile refuse par l'egoiste impiete de son fils et cette impardonnable insolence de pretendre se creer un foyer.
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