D'Aristote à Plotin - Histoire de la pensée (Volume 2)
Cadences (2). Voies d'accès au réel, principes de l'humanisme, images de France
Publié par Plon (réédition numérique FeniXX), le 01 janvier 1951
364 pages
Résumé
La création, qui fait du monde l'ouvre totale de Dieu, donne à l'existence, individuelle et contingente, une raison : mais une raison qui dépasse notre raison. Tout est là. En d'autres termes, l'idée de création, - idée que nous tenons de la révélation judéo-chrétienne, et que confirme une vue exacte des faits, - tout incompréhensible qu'elle est, apparaît comme la seule idée capable de concilier l'intelligible et le réel au sein de l'intelligibilité divine. La création tout entière, qui est contingente, est intelligible, non pas pour nous, mais en soi, c'est-à-dire pour Dieu qui en a le secret puisqu'il en est l'auteur. On ne peut donc rien comprendre de ce qui est qu'en le rapportant au Créateur, Dieu. Pour notre intelligence, et pour notre raison même, la création est mystère, et elle demeure mystère. Assurément. Mais celui qui nous conduirait au seuil de la création, en touchant le réel sur un point en son fond, justifierait du même coup la science telle qu'elle est ici comprise, et, avec elle, la création artistique, les techniques, l'action, la vie de l'homme, son existence même, qui toutes se meuvent dans l'individuel et le contingent. En nous conduisant au seuil du mystère, il nous conduirait au seuil du réel, là où nous ne cessons de comprendre que parce qu'il y a infiniment à comprendre. De fait, ce qu'il y a de réel dans une science, c'est ce qu'elle ignore : son objet propre est le mystère qu'elle s'efforce de circonscrire sans jamais parvenir à le réduire. Heureusement, l'intelligence, à condition qu'elle reconnaisse ses limites, sait voir au-delà de ce qu'elle comprend. Mais la reconnaissance même de ses limites, qui n'est autre que la reconnaissance du mystère, exige de l'homme un acte d'humilité vraie, qui subordonne l'intelligible humain, ou le concevable, à l'intelligible divin, ou au réel ; qui rapporte constamment nos signes à la réalité supérieure de la chose dont ils participent par leur incomplétude même ; et qui mesure notre raison à cette raison des choses que les hommes du moyen âge appelaient la ratio mystica, qui nous astreint, étant ineffable, à chercher en cette vie toujours plus loin, toujours plus haut.
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