Norbert Ghisoland - Fragments de vie ordinaires
Le désir du Maroc
Publié par Marval, le 12 octobre 1999
185 pages
Résumé
Bien plus qu'un survol historique retraçant le parcours de la photographie au Maroc des origines à nos jours, et même si l'histoire y apparaît souvent en filigrane, ce livre propose une promenade dont la sensualité tient lieu de principal guide. Il ne sera donc pas question de revenir sur les événements qui ont jalonné le passé récent de ce pays, mais plutôt de suivre les photographes qui, comme quiconque s'y est rendu même brièvement, se sont laissés prendre à ses nombreux charmes pour ensuite les donner à voir et à partager. Le désir du Maroc, c'est donc avant tout l'indéfectible attirance des Occidentaux pour ce pays et ceux qui y vivent. Depuis bientôt deux siècles, le Maroc agit comme un aimant sur d'innombrables voyageurs. Delacroix, Matisse l'ont compris, qui y ont réalisé quelques-unes de leurs œuvres essentielles. Paul Bowles, William Burroughs, Allen Ginsberg, Jack Kerouac et leurs amis beatniks aussi, comme avant eux Pierre Loti. Le désir du Maroc, ce sont des couleurs éclatantes ou éteintes qui dessinent, tranchent, caressent. C'est la Méditerranée paisible et l'Atlantique fougueux. C'est l'odeur de la coriandre, du cumin et de la menthe. Ce sont des villages accrochés à flanc de montagne, des gestes sortis d'un autre temps. C'est le dédale inextricable des médinas et le plaisir d'y perdre ses repères. C'est l'appel lancinant du muezzin qui ponctue toutes les journées. C'est le soleil, le vent, la neige et les vagues. Ce sont des montagnes de dattes. C'est le raffinement qui s'insinue partout, faisant de chaque objet, de chaque parure, de chaque édifice un moment de grâce austère ou luxuriante. Ce sont les senteurs enivrantes du jasmin et du bigaradier. Ce sont les palais qui renvoient aux souvenirs des Mille et une nuits, avec le bruissement de l'eau des fontaines où flottent quelques pétales de roses. Ce sont les bonimenteurs, les charmeurs de serpents, les musiciens, les conteurs, les acrobates de la place Djema el Fnaa, figée pour l'éternité comme l'ultime cour des miracles. Ce sont des murs aveugles qui abritent des splendeurs délicates. Ce sont des peaux mates, des sourires éclatants, des regards pleins de promesses. Ce sont des dunes ondoyant à perte de vue. C'est le rituel du thé qui scelle les amitiés. Le désir du Maroc, c'est aussi sa part de mystère, ses secrets qui ne se livrent qu'à ceux qui, disponibles, font preuve de patience et d'humilité. Le désir du Maroc est un poison, le plus agréable des poisons. Mieux peut-être que tout autre médium, la photographie, cette incomparable passeuse d'émotions et de sensations, peut rendre compte des richesses de ces paysages, de cette culture, de cet art de vivre. C'est sans doute pourquoi, principalement depuis les années 1880, des photographes venus de partout nous en ont ramené des images qui prolongent le rêve, un rêve à la fois ancré dans la réalité marocaine et issu de l'imagination des auteurs. Tous n'y sont pas venus chercher les mêmes choses mais, du bref séjour à l'installation définitive, tous ont succombé à cette omniprésente sensualité.
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