L'excès et le reste : essais sur l'expérience photographique 3

« Un art en transition », « un art incertain » : divers travaux récents ont insisté sur la nature sinon indéfinissable, du moins imprécise et instable du médium photographique. Et tout cela en dépit des innombrables interrogations sur l'ontologie de ce medium, qui ont pendant longtemps constitué l'essentiel des écrits sur la photographie, avant de faire aujourd'hui un retour remarqué. (1) Affronter directement la question, comme cela est si souvent le cas, conduit à des impasses, certes parfois fertiles dans la mesure où elles permettent de formuler nombre d'hypothèses, mais impasses tout de même. Mais peut-être la réponse à ces interrogations ontologiques et à leur persistance se trouve-t-elle dans ce tourniquet incessant. La photographie, ce serait ce médium dont on ne cesse de se demander ce qu'il est, « au fond »…Certes les autres formes d'art connaissent aussi ces interrogations sur leur nature même. Mais nulle autant que la photographie n'en a fait l'essentiel de ses préoccupations, une quasi-définition : la photographie serait cette pratique artistique dont l'objet et les moyens se déplacent sans cesse, parfois fort loin des formes habituelles de l'art.

Un art incertain - Mutations de l'image photographique

Nils-Udo, né en 1937 à Lauf (Bavière), était peintre avant de découvrir, en 1972, la nature comme espace pour son art. C'est à elle qu'il emprunte son matériau de base pour l'arranger de manière totalement inédite : un nid fait de troncs de bouleaux, de terre et de pierres ; une maison d'eau monumentale en mer du Nord, construite avec des troncs d'épicéa et des brindilles de bouleaux ; une plantation d'aulnes sur une embarcation en terre ... Chez Nils-Udo, l'œuvre d'art elle-même a une vie. Elle naît, se développe, vieillit et meurt. C'est une part de la nature ; elle est soumise à ses lois. Les travaux réalisés en espace urbain jouent également un rôle important dans l'œuvre de Nils-Udo. Ce qui importe à l'artiste ne relève pas du musée ; il s'agit pour lui de trouver aujourd'hui un accès approprié à la nature. Nils-Udo établit avec elle un dialogue d'ordre spirituel et esthétique. Ses travaux n'ont jamais un effet destructeur. il n'hésite pas, même, à créer des œuvres ayant une portée morale : des monuments commémoratifs faits des arbres morts témoignent des conséquences de notre civilisation. Leur accusation muette a parfois un tel impact qu'ils doivent être démontés (c'est ce qui s'est produit en Picardie, en 1984).
Nils-Udo œuvre dans le monde entier. Il conçoit sans cesse de nouveaux projets, du Canada à la Réunion et dans toute l'Europe, en passant par l'Inde, Israël, le Japon, le Mexique et les Etats-Unis. Ses travaux ont été plusieurs fois récompensés ; il a notamment reçu le premier prix de la triennale internationale de la photographie à Fribourg et le premier prix du concours international du Parc d'Eole à Brest.

NILS-UDO. - De l'art avec la nature

Cet essai n'est ni une histoire ni une théorie de la photographie. C'est une tentative de formuler ce qui a paru essentiel dans l'expérience photographique. Le point de départ n'est donc pas une théorie ou une croyance a priori. C'est au contraire une longue fréquentation des photographes et de leurs œuvres qui a conduit à cet examen des processus et des valeurs en jeu dans le regard photographique - une sorte d'inventaire critique. Que se passe-t-il dans le regard, dans la pensée, quand nous voyons des photographies ? Que s'est-il passé quand un photographe a regardé et laissé la trace de son regard sur un objet du monde ? Qu'est-ce qui est pensé ainsi et qui ne saurait être pensé autrement ?

Le Regard Pensif. Lieux Et Objets De La Photographie

La collection Lieux de l'écrit, dirigée par Régis Durand, se propose de porter un regard nouveau sur l'espace des grands écrivains de notre temps. Qu'il s'agisse de lieux réels ou imaginés, c'est toute une manière d'habiter ou de penser le monde qui est ainsi abordée, par la mise en relation de deux approches différentes. D'une part, un texte, qui parfois prend le parti de l'analyse, parfois au contraire se rapproche plutôt d'une fiction, d'un acte d'imagination. D'autre part, un essai photographique, qui plutôt que de produire des documents, cherche à donner corps à un imaginaire, à l'investir de la part de réel que comporte toute photographie.

Cesare Pavese

éblouissement

La première rétrospective de Thomas Ruff à l'occasion de l'exposition qui aura lieu au CNP du 10 septembre au 14 novembre 1997 dans le cadre de la saison allemande.

Thomas Ruff - [exposition, Paris, 10 septembre-17 novembre 1997 , Centre national de la photographie

Jean Guerreschi est maître de conférence à l'université de Bordeaux III. Il a publié notamment Montée en première ligne (Julliard 1988) et prépare Comme dans un berceau (Julliard 1990). Alain Fleisher est écrivain, plasticien, cinéaste et photographe. Il est l'auteur de Là pour ça (roman, Flammarion) et Grands hommes dans un parc (récits et photographies, éditions Antigone). Son dernier film Rome, Roméo vient de sortir.

L'excès et le reste : essais sur l'expérience photographique 3

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