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Temps du rêve | Henry Bauchau
Temps du rêve | Henry Bauchau

Temps du rêve

Publié par Actes Sud, le 09 avril 2012

96 pages

Résumé

Temps du rêve raconte un amour aussi fulgurant qu'insidieusement délétère, par lequel un jeune garçon est ébloui puis désenchanté - et condamné à chercher dans l'imaginaire d'autres illuminations. A quatre-vingts ans de distance, Henry Bauchau relit et préface son tout premier récit publié sous pseudonyme. Un événement dans la collection "un endroit où aller". Un jour d'été Billy, onze ans, venu jouer avec ses cousins chez les de Rouvres, dans une maisonnée pleine d'enfants, y fait la connaissance de la petite Inngué. Dans la grande partie de poursuite et de cache-cache qui s'organise, il fait alliance avec la fillette. Inngué est belle, rieuse, intrépide et garçonne. Tous deux se charment, s'éclipsent, s'aventurent jusqu'à l'étang des carrières où, dit-on, un jeune paysan s'est noyé, happé par le tourbillon. Lorsque les deux enfants rejoignent les autres, Billy est exalté. A la balançoire, au trapèze il se dépasse. Le soir arrive, il faut se séparer. Billy emporte et cache maladroitement le merveilleux bonheur de cette rencontre. Les adultes ont dit que les enfants de Rouvres viendraient bientôt leur rendre visite. Billy est tout entier dans cette attente. Le jour suivant, les oncles ont organisé des petites olympiades. Billy fait mieux que ses aînés au saut en longueur, mais son exploit passe presque inaperçu. Inngué saura-t-elle ? Inngué ne viendra pas, en définitive il ne la reverra que des semaines plus tard, au sortir de l'église. Mais le charme est rompu. Inngué et lui se serrent la main, du bout des doigts. Temps du rêve est, à double titre, une oeuvre "de jeunesse". Si l'enfance (ou son "deuil") en est le thème majeur, le récit lui-même a été publié en 1936 sous pseudonyme. L'identité familiale des lieux et (probablement) des personnages incitait l'auteur à prendre cette précaution. Par ailleurs, de son propre aveu, Bauchau doutait alors de ses possibilités dans le registre de l'écriture et, particulièrement, de la fiction. Or l'intérêt de ce petit livre est multiple et, s'agissant d'un texte précoce, évidemment riche des développements à venir. Sur un plan purement narratif, il constitue une splendide peinture de la "vibration" réel/imaginaire propre à l'exaltation enfantine, avec tout ce qu'elle peut contenir d'éphémère et donc de douloureux. Tour à tour transcendé et meurtri, Billy se referme sur son secret, mais aussi sur la honte d'avoir cru. Il est durablement redevenu un "petit liseur, blotti dans un coin sombre, en marge de la vie". Mais celui qui (avant de connaître Inngué) s'évadait par la fiction et trouvait dans ses lectures de quoi enchanter son réel, est désormais conscient que "(s)a vie, plus tard, ne fera que poursuivre inlassablement les mêmes désirs". Ce bref amour dès lors n'en finit plus de résonner sur la suite de l'oeuvre qui, en quelque sorte, l'écrira pour le dire en cachette. Douze ans plus tard (car il publie ce texte aux environs de ses vingt-trois ans) le personnage narrateur de Billy semble devenu cet auteur qui s'aventure timidement, sous pseudonyme, dans une fiction plaçant le rapport à l'amour et au rêve dans une configuration complexe de plaisir, d'indicible, de déception et de mort. On notera à cet égard combien le jeune Billy ressent peu à peu en lui la présence de l'étang funèbre. Or le lecteur du Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008 ; Babel n° 972) reconnaîtra probablement un topos romanesque obsédant. Et précisément (comme l'a remarqué l'universitaire Myriam Warhhée-Delmotte, auteure de remarquables études sur l'oeuvre de Bauchau), dans son journal des années quatre-vingts qui relate l'écriture de la première version du Boulevard périphérique, Henry Bauchau évoque tout à la fois la mort de "Stéphane" et un amour d'enfance, Paul : "J'étais envahi, submergé par une lumière merveilleuse que je n'ai jamais cessé de poursuivre, Puis je retombais dans l'état où nous étions de petits garçons qui n'avions ni gestes ni mots pour nous aimer." (Années difficiles, 13 juin 1980). Sur cet amour-là l'Enfant rieur n'apporte nul éclairage complémentaire, et on s'étonnera, au passage, de n'y trouver nulle allusion à l'écriture et la publication de Temps du rêve : c'est probablement que le pseudonyme de Jean Remoire est aussi celui qu'utilisait Bauchau pour des textes plus politiques, avec lesquels, après guerre, il ne s'est plus vraiment senti en accord. Mais sous d'autres aspects encore, il est passionnant de pouvoir lire aujourd'hui Temps du rêve. D'une part s'y préfigure (bien sûr) l'attention extrême que l'analyste Bauchau, plus tard, portera aux enfants, à la souffrance psychique, aux manifestations de l'inconscient et, plus largement, au matériau de ses propres rêves. D'autre part, il n'est pas commun, dans l'histoire littéraire, qu'à près de quatre-vingts ans de distance un auteur puisse relire et republier sa première fiction avec le double regard de l'homme âgé et du grand écrivain qu'il est devenu. Il était donc naturel de demander à Henry Bauchau ce que lui inspirait cette relecture. Tel est l'objet de la préface qu'il a bien voulu écrire pour cette réédition "à visage découvert" dans la collection "un endroit où aller ".

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