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Titre : Sur la route d’Elizondo

Auteur : Jean-Pierre Villebramar Recueil : Hondarribia, 2019

A M… « queda la palabra « Yo » para esa, por triste, por su atroz soledad, decreto la peor de las penas : vivir conmigo hasta el final » « Reste le « Je ».Pour ce mot-là, pour sa tristesse, pour son atroce solitude, je décrète la pire des peines : il vivra avec moi jusqu’à la fin » María Mercedes Carranza je t’ai demandé de me suivre sur la route d’Elizondo aux croisements étaient des noms que nous ne comprenions pas sinon par la langue du coeur j’ai voulu t’apprendre la langue du coeur je t’ai dit que plus jamais ne serions tristes sur la route d’Elizondo suivant les sentiers de fougères rouges et les cols descendaient vers un pays autrefois nôtre cheminant vers l’Est, nous avons croisé des pèlerins aux pieds nus ; dans leur regard, d’autres mondes je t’ai dit qu’existaient d’autres mondes j’ai espéré pour nous un pays de silence sur la route d’Elizondo les vautours étaient ce silence tournant dans un ciel de lumière je t’ai dit que le soleil ne se couchait jamais sur la route d’Elizondo qu’ici s’arrêtait le monde, cessaient de déclamer les messagers de mort ici s’écoutait le silence de dieu ; sous les hêtres d’anciennes neiges parfois nous perdant par jeu sur la route d’Elizondo je t’ai demandé de rester pousser une porte sur laquelle jamais il n’y eut de clé seulement un loquet lever le loquet, pousser la porte, poser le sac sur le bat-flanc et s’étendre et la chanson si monotone de la pluie sur la route d’Elizondo un feu de bois pour écarter la mort. J’ai voulu t’épargner la tristesse de la nuit que nos jours se lèvent sur d’autres ciels bleus d’autres sentiers d’autres cols vers des pays étranges sur la route d’Elizondo «escribo en la oscuridad, entre cosas sin forma, como el humo que no vuelve… … palabras que no tienen destino y que es muy probable que nadie lea igual que una carta devuelta. Así escribo» « j’écris dans l’obscurité, parmi des choses sans forme, comme la fumée qui ne revient pas… …des mots sans destination et que très probablement personne ne lira. Comme une lettre renvoyée. Ainsi j’écris » María Mercedes Carranza