Titre : A Théodore de Banville
Auteur : Charles Baudelaire
Vous avez empoigné les crins de la
Déesse
Avec un tel poignet, qu'on vous eût pris, à voir
Et cet air de maîtrise et ce beau nonchaloir,
Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse.
L'œil clair et plein du feu de la précocité,
Vous avez prélassé votre orgueil d'architecte
Dans des constructions dont l'audace correcte
Fait voir quelle sera votre maturité-Poète, notre sang nous fuit par chaque porte;
Est-ce que par hasard la robe du
Centaure,
Qui changeait toute veine en funèbre ruisseau,
Etait teinte trois fois dans les baves subtiles
De ces vindicatifs et monstrueux reptiles
Que le petit
Hercule étranglait au berceau?