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Titre : Adieu à Paris

Auteur : Arsène Houssaye Recueil : La poésie dans les bois, 1845

Adieu, Paris, adieu, ville où le cœur oublie ! Je reconnais le chemin vert Où j'ai quitté trop tôt ma plus douce folie ; Salut, vieux mont de bois couvert ! J'ai perdu dans ces bois les ennuis de la veille ; J'ai vu refleurir mon printemps ; Après un mauvais rêve enfin je me réveille Sous ma couronne de vingt ans ! C'est au milieu des bois, c'est au fond des vallées, Qu'autrefois mon âme a fleuri, C'est à travers les champs que se sont envolées Les heures qui m'ont trop souri ! Les heures d'espérance ! adorables guirlandes Qui se déchirent dans nos mains Quand nous touchons du pied le noir pays des landes Familier à tous les humains. Ne trouverai-je pas le secret de la vie, Seul, libre, errant au fond des bois, À la fête suprême où le ciel me convie, À la source vive où je bois ? Ignorant ! Je lisais gravement dans leur livre ; Maintenant que je vais rêvant, Dans la verte forêt mon cœur rapprend à vivre Et mon cœur redevient savant. Approchez, approchez, Visions tant aimées ; Comme la biche au son du cor, Vous fuyez à ma voix sous les fraîches ramées, Et pourtant je suis jeune encor. Vous fuyez ! Et pourtant vous n'êtes pas flétries, Sous ce beau ciel rien n'est changé : J'entends chanter encor le pâtre en ses prairies, Et dans les bois siffler le geai. Ah ! ne vous cachez pas, ô Nymphes virginales ! Sous les fleurs et sous les roseaux. Suspendez, suspendez vos courses matinales, Sirènes, montez sur les eaux ! Amour, Illusion, Chimère, Rêverie, Sans moi vous allez voyager. Arrêtez ! Vous fuyez ? Adieu ! Dans ma patrie Je ne suis plus qu'un étranger. Il ne s'arrête pas, blondes enchanteresses, Votre cortège éblouissant. Heureux sont les amants, heureuses les maîtresses, Que vous caressez en passant.