Consacré aux Comiques, cet essai aménage une promenade dans les Lettres et les Arts, d'Alphonse Allais à Marcel Duchamp, en passant par Charlot - mais aussi du politique au poétique ou de l'incongruité au sublime. Car la veine comique s'entremêle à d'autres, qui l'exaltent. Tout en confrontant les principales théories du rire, l'ouvrage interroge la teneur d'un comique pur, cher à Baudelaire. Produisant le non-sens, la mystification et toutes sortes d'effets problématiques, l'humour « moderne » profane la composante sacrée de l'Art.

Comiques d'Alphonse Allais à Charlot - Le comique dans les Lettres et les Arts

De Marcel Duchamp nous pensions tout savoir. N'a-t-il pas été l'un des plus étudiés et des plus commentés ? Pourtant peu connaissent la période 1905-1911, pendant laquelle, installé à Paris, il signe un certain nombre de dessins dans la presse humoristique, Le Courrier français, Le Rire ou encore Le Témoin. Etrangement, à de très rares exceptions près, les biographies et les études critiques ont délaissé ou minoré, voire ignoré cette période et cette activité. En nous plongeant dans l'effervescence artistique de ce début de siècle, Daniel Grojnowski propose de découvrir ses productions de presse et ses dessins d'humour qui ne peuvent être tenus pour négligeables.

Marcel Duchamp - Dessinateur humoriste (1905-1911)

Au cours de recherches aux Archives de la police de Paris, Daniel Grojnowski a trouvé le dossier d’une femme hors du commun : Eugénie Guillou, qui, après être entrée dans les ordres, est devenue prostituée puis maquerelle. Instruite, la « dame » prend volontiers la plume : d’abord pour plaider sa cause et se raconter, ensuite pour concevoir des stratagèmes érotiques dont elle compte tirer profit, enfin au titre de femme d’« affaires » pour monter ses petites entreprises. Née en 1861, Eugénie Guillou entre à dix-neuf ans comme novice chez les sœurs de Sion. Mais, le moment venu, sœur Marie-Zénaïde se voit interdire de prononcer ses vœux : elle quitte la congrégation, engage des poursuites et demande des dédommagements. Dès 1901, elle publie des petites annonces, sollicitant de se faire fouetter ou de pratiquer la fessée. Pour ses mises en scène, elle revêt l’habit de religieuse.  Celle qui multiplie les pseudonymes ne fait pas le trottoir ni ne travaille en maison close. Elle reçoit à domicile, avant de fonder sa propre maison de rendez-vous. À partir de 1903, proxénète, elle déguise des jeunes femmes en mineures pour les corriger tandis que des messieurs espionnent derrière un rideau… Durant toutes ces années, la police des mœurs la surveille et multiplie enquêtes et rapports. En 1913, on perd sa trace.

Eugénie Guillou, religieuse et putain: Textes, lettres et dossier de police présentés par Daniel Grojnowski

Au cours de  recherches aux Archives de la police de Paris, Daniel Grojnowski a trouvé le dossier d'une femme hors du commun : Eugénie Guillou, qui, après être entrée dans les ordres, est devenue prostituée puis maquerelle. Instruite, la « dame » prend volontiers la plume : d'abord pour plaider sa cause et se raconter, ensuite pour concevoir des stratagèmes érotiques dont elle compte tirer profit, enfin au titre de femme d'« affaires » pour monter ses petites entreprises.                Née en 1861, Eugénie Guillou entre à dix-neuf ans comme novice chez les sours de Sion. Mais, le moment venu, sour Marie-Zénaïde se voit interdire de prononcer ses voux : elle quitte la congrégation, engage des poursuites et demande des dédommagements. Dès 1901, elle publie des petites annonces,  sollicitant de se faire fouetter ou de pratiquer la fessée. Pour ses mises en scène, elle revêt l'habit de religieuse.                 Celle qui multiplie les pseudonymes ne fait pas le trottoir ni ne travaille en maison close. Elle reçoit à domicile, avant de fonder sa propre maison de rendez-vous. À partir de 1903, proxénète, elle déguise des jeunes femmes en mineures pour les corriger tandis que des messieurs espionnent derrière un rideau. Durant toutes ces années, la police des mours la surveille et multiplie enquêtes et rapports. En 1913, on perd sa trace.

Eugénie Guillou, religieuse et putain - Textes, lettres et dossier de police présentés par Daniel Grojnowski

A l'enseigne de la parodie, sont ici réunis des recueils publiés à la fin du XIXe siècle, Le Parnassiculet contemporain, Dixains réalistes, Les Déliquescences d'Adoré Floupette, La Légende des sexes. Leur ont été joints des poèmes de l'Album zutique et ceux qui ont paru dans Le Décadent sous la signature de Mitrophane Crapoussin. Aux noms d'Alphonse Daudet, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Charles Cros ou Germain Nouveau, sont associés ceux de Paul Arène, Edmond Haraucourt, Laurent Tailhade. La plupart d'entre eux ont collaboré à des œuvres collectives, tous ont fait entendre leurs contre-chants, à un moment où triomphaient le Parnasse, le Symbolisme, la Décadence. Les poèmes qu'assemble La Muse parodique peuvent être jugés novateurs ou franchement réactionnaires. Ils partagent le même rejet d'un " bien " acquis, d'une parole poétique unanimement reconnue qu'il suffirait de perpétuer. Ils valent pour leur refus de figer cette parole, de la consacrer, pour la dissidence qui les mobilise. Et il leur revient d'avoir réconcilié, une fois pour toutes, poésie et drôlerie.

La muse parodique

A l'âge de vingt-trois ans, alors qu'il définit ses ambitions littéraires, Jules Laforgue proclame vouloir " faire de l'original à tout prix ". A partir de cette profession de foi, les différentes pratiques du poème - du " Sanglot de la Terre " aux " Derniers Vers " - sont considérées comme le symptôme d'une crise du sujet parlant. Malgré les constantes thématiques, l'expression ne cesse de se transformer : sincérité poussée au suraigu, facéties de rôles composant une mascarade, Pierrot miroir du Rien ou figures d'un Moi qui se désagrège en instances contradictoires. Cette poétique de l'énonciation rend compte d'un incessant renouvellement des formes, et de l'" invention " du poème libre. Dans les " Moralités légendaires " les récits mettent en spectacle leurs modèles littéraires et des procédés de rédaction qui déterminent un type particulier de lecture. D'une part centrée sur la fiction, d'autre part attentive à toutes les sortes de dérapages. Cependant l'ironie, loin d'empêcher la célébration, la conforte : les aventures relatées organisent une fête de l'écriture qui emprunte aux époques, aux cultures et aux genres les plus divers. D'une manière paradoxale, le propos d'" originalité " débouche sur la rupture du contrat qui la fonde. Car la déperdition d'une conscience, l'intertextualité multiréférentielle, posent la Représentation non plus comme reproduction mais comme production. D-G.

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