Loin des vacarmes et des contraintes imposés par les sociétés contemporaines, le moine reste une énigme. Exilé, pénitent, imprécateur, prophète, il témoigne d'autres réalités que celle du visible. Toutes les cultures lui ont fait place et, peut-être plus qu'ailleurs, celles de l'Europe médiévale. La règle bénédictine établie au VIe siècle par Benoît de Nursie est sans doute à l'origine de la réussite exceptionnelle des moines d'Occident. Dès le IXe siècle, ils conquièrent les plus hautes charges : conseillers des princes, administrateurs, financiers, seigneurs de vastes domaines, historiens officiels, chevaliers  ; les moines interviennent bientôt dans tous les cadres de la vie religieuse, politique et sociale. 
Aux XIe et XIIe siècles, les moines d'Occident sont au faîte de leur puissance : c'est le temps du triomphe des abbayes de Cluny et de Cîteaux qui essaiment dans toute l'Europe, imposant leurs modèles d'organisation, leurs usages liturgiques et leur esthétique. 
Spécialiste du Moyen Âge, Guy Lobrichon retrace l'histoire de ces moines d'Occident qui ont fait l'éternité de l'Europe.

Les moines d'Occident ; l'éternité de l'Europe

Les restaurations effectuées en 1973 et 1974 dans l'église inférieure d'Assise ont révélé un monde neuf, à peine concevable. En 1981, le père Gerhard Ruf, franciscain demeurant à Assise depuis plus de vingt ans, fit paraître pour le public de langue allemande le recueil complet des fresques ainsi réanimées. Le présent ouvrage reprend l'ensemble de ses magnifiques photographies, offrant ainsi pour la première fois au public francophone la reproduction intégrale des fresques. Le lecteur trouvera ici plus qu'un livre d'art. Guy Lobrichon, historien spécialiste du Moyen Age, informé des recherches les plus récentes, brosse un tableau particulièrement vivant de la période qui va de la mort de François d'Assise (1228) à 1320, date à laquelle furent suspendus les travaux : une histoire complexe et mouvementée s'y joue, qui n'est autre que l'histoire de l'Ordre franciscain telle que la voulait sa majorité au pouvoir. Instigateurs passionnés de la transmission picturale de l'expérience du fondateur, les personnalités de génie qui se succèdent à la tête de l'Ordre surent intéresser à leur projet à la fois papes et artistes. Le pouvoir des uns put ainsi s'allier au talent des autres pour faire du tombeau du Poverello le plus riche joyau d'un nouvel art chrétien. Du corps mort du saint jaillit alors, par la subtile magie des couleurs et des formes, l'enseignement d'une vie transfigurée. Quant à parler d'une idéologie franciscaine constituée dès le départ, mieux vaudrait s'en garder. Il existe bien un esprit originaire, mais il s'est diversement incarné. Et chaque génération déposa son empreinte sur les murs du mausolée. Aussi doit-on déchiffrer dans les fresques d'Assise l'intervention de deux équipes d'entrepreneurs. La première oeuvra autour de 1260 sous la direction du Maître de Saint-François : elle fit valoir les séductions puissantes d'un saint devenu l'Autre Christ. Cinquante ans plus tard, vers 1310, la seconde porta à la scène un François définitivement expurgé de ses traits messianiques, un saint enfin normal et néanmoins plus triomphant que les autres, ainsi qu'il convenait au fondateur de l'ordre religieux qui marqua si profondément la fin du Moyen Age. De la nef de l'église inférieure à son transept, deux univers mentaux se font face : ce sont deux portes, deux pèlerinages, deux foyers autour desquels gravite sans fin l'expérience insaisissable des premiers franciscains. Foyers divergents : leur différence n'est pas occultée, elle s'exhibe sans vergogne. Mais l'essentiel demeure, fermement souligné, et c'est la volonté de manifester l'unité franciscaine, à la suite de saint François et dans la conformité au Christ. La figure du Pauvre se dresse désormais, immortalisée à la voûte de la basilique, offerte à la dévotion des fidèles, non plus en haillons, mais parée de l'adoration de ses fils, sous le manteau d'or du saint dans sa gloire, la gloire de ceux qui voient la face de Dieu.

Assise : Les Fresques de la basilique inférieure

L'histoire de Venise par la peinture

L'élection du chef de l'État est devenue en 1962 un droit pour tous les Français. Chaque citoyen depuis lors peut intervenir de plain-pied dans le destin de la nation. Et l'on croirait volontiers que c'est là un achèvement ultime de l'idée démocratique. 
Il est grand temps d'en appeler à l'histoire, aux expériences millénaires qui ont forgé le consensus d'une nation, élargissant sans cesse Je cercle de ses acteurs. Des présidents aux rois des temps anciens, des constitutions modernes aux lois non écrites, on tisse ici le vaste panorama, afin de mieux comprendre pourquoi et comment s'est imposée l'élection du président dans cette république où nous vivons. 
Capétiens, Valois, Bourbons, Bonapartes, Orléans et Républicains, tous sont convoqués pour témoigner que la légitimité, sinon la souveraineté, vient droit du peuple, d'un peuple aux contours changeants, que le désir d'unanimité ne cesse de quêter les suffrages dans le pré carré des coteries et des partis. Ainsi apparaît une étrange parenté, à travers l'histoire de la France, entre les princes, les présidents et leur peuple, toujours rappelée depuis le toucher royal qui guérissait les malades jusqu'aux poignées de mains électorales des hommes «en charge de l'essentiel ». 
À la barre, quatorze historiens et politologues, tous prestigieux, disent l'histoire de cette élection souveraine à la veille d'une nouvelle échéance présidentielle.

L'élection du chef de l'Etat en France ; de Hugues Capet à nos jours

Cheminant de l'économie matérielle aux créations les plus intenses de l'art, l'oeuvre de Georges Duby rayonne bien au-delà des cénacles d'historiens spécialistes du Moyen Age. Ce grand savant et professeur réputé s'est fait aussi critique d'art, homme de communication ou conseiller pour les plus grands. Georges Duby n'a cessé d'ouvrir de nouvelles brèches, d'inviter à repenser les cultures contemporaines en invoquant les mérites d'une histoire tout à la fois rigoureuse et passionnée. Le livre que voici propose une double méditation. Et d'abord sur la magie qui opère dans l'écriture de l'Histoire par Georges Duby. D'où vient cette séduction qui s'empare de ses lecteurs et spectateurs, les auditoires les plus blasés comme les plus candides ? Sur les joyaux ensuite d'une réflexion forte, qui, depuis quarante ans, pousse les historiens à repenser leurs certitudes acquises. "L'Histoire continue", grâce à une oeuvre qui jusque dans la plus cohérente des synthèses montre les failles, les issues et les échappées de toutes les sociétés.

Georges Duby - L'écriture de l'Histoire

La religion des laïcs en Occident Entre l'an mil et la fin du XVe siècle, l'espace européen est marqué par le glissement progressif d'une église matérielle vers une église spirituelle. Comment le christianisme est-il devenu la religion des laïcs et, par là-même, la religion dominante en Europe, tel est le propos de ce livre qui fait revivre l'immense foule des laïcs (95% de la population médiévale) à travers leurs mentalités et leurs comportements. Décrire ce cheminement immense, c'est privilégier volontairement la norme et le consensus, renoncer aux sirènes des résistances, des folklores et des hérésies. On lit donc dans cette Religion des laïcs en Occident l'entrelacs minutieusement dressé dès cadres et des règles imposées par les clercs, mais sa digestion lente dans les cercles laïques depuis l'an mil, et les figures neuves que ces laïcs intrépides ont inventées d'une religion audacieuse, bientôt prête à toutes les Réformes du XVIe siècle. Une gageure, sûrement, mais nourrie aux acquis les plus récents de l'histoire médiévale. Guy Lobrichon Guy Lobrichon, né en 1945, est maître de conférence au Collège de France. Il a mené à bien plusieurs ouvrages collectifs, sur les pratiques de la Bible au Moyen Age, sur les stratégies de la collaboration entre les clercs et les princes, sur les liens entre le pouvoir et la création esthétique, et travaille aujourd'hui sur la culture de l'aristocratie laïque au Moyen Age central.

La religion des laïcs en Occident - XIe-XVe siècles

Sans Tristan, quel visage donner à Iseut ? Sans Abélard, qui se soucierait d'Héloïse ? Des femmes du haut Moyen Âge, la mémoire des hommes n'encense guère les figures. Elle préfère les hommes. Au temps de l'amour qu'on dit courtois, les paires d'amoureux ne sont-elles pas toujours des fruits de l'imaginaire masculin, qui flatte, incorrigible, le mâle plus que la femme dans le couple et considère l'amante à peine mieux que la dame esseulée ? Pierre Abélard a sans nul doute fait une place à son Héloïse parmi les dames du XII? siècle, mais il l'a couverte de son ombre. Il l'a obnubilée et, avec elle, tous ses lecteurs. Or qui est Héloïse ? Le défi lancé à l'historien a rarement été relevé, sinon pour conforter la figure de la femme dessinée par Abélard son mari. L'enquête biographique doit briser le sceau apposé sur des sources particulièrement obscures, abroger les fabrications des découvreurs d'Héloïse aux XVII? et XVIII? siècles, révoquer les fantasmes du romantisme et du vaudeville, avant de restaurer, pas à pas, l'image d'une femme qui compta parmi les rares créatrices de son temps. Il faut pour cela imposer le silence au mari, saisir dans les mots de la femme sur soi la revanche de l'anéantissement consenti. Alors Héloïse se débarrasse de Pierre et prête sa voix aux femmes du XII? siècle. Telle est la leçon exigeante de la biographie : en dépoussiérant les idées convenues, en reconstituant une histoire totale dans le miroir d'une histoire particulière, Guy Lobrichon relit l'aventure d'une génération qui a transformé l'image du monde.

Héloïse ; l'amour et le savoir

Le livre appelé Pontifical contient l'ensemble des rites effectués par l'évêque ; il est donc le livre de l'évêque. Outre les célébrations ordinairement réservées aux ecclésiastiques, il définit l'ensemble des rites qui, durant tout le Moyen Âge et bien au-delà, rassemblaient les foules des laïcs dans les cathédrales aux grands jours de l'année. " Le Pontifical de la curie romaine ", confectionné au XIIIe siècle, représente un moment essentiel d'une normalisation voulue pas les papes, au terme d'un lent travail qui s'échelonne du VIIIe au XIIe siècle. Il inspire, en outre, très directement, un autre Pontifical, celui confectionné par l'évêque Guillaume Durand de Mende (mort en 1296), lequel paracheva la diffusion de la liturgie romaine dans toute l'Église latine. Il marque donc une étape essentielle dans l'histoire non seulement de la liturgie catholique, mais aussi dans celle du christianisme occidental. Parce qu'il révèle le noyau des mystères chrétiens, les familiers de l'anthropologie historique peuvent découvrir dans ce livre le sens plénier de chacun des rites les plus fondamentaux du christianisme et comprendre ce qu'en percevaient les participants d'autrefois. -- The book we call the Pontificale contains all the Episcopal rites; it is the bishop's book. Apart from the celebrations usually reserved for men of the Church, it defines all the rites that used to bring crowds of lay people to the cathedrals on the feast days of the year, throughout the Middle Ages and long after. The 'Pontifical de la curie romaine', produced in the 13th century, represents a vital moment in the standardisation the popes were seeking, at the conclusion of a long period of work that spans the 8th to the 12th century. Moreover, it directly inspired another Pontificale: that made by the Bishop Guillaume Durand de Mende, who died in 1296, having accomplished the diffusion of the Roman liturgy throughout all the Latin Church. So it marks an essential stage, not only in the history of catholic liturgy, but also that of Christianity in the West. Because it reveals the heart of the Christian mysteries, those familiar with historical anthropology will discover in this book the full meaning of each of the most fundamental rites of Christianity, and understand how they appeared to the participants of yore.

Le pontifical de la curie romaine au XIII siècle

L'histoire de la Bible est comme celle d'un long fleuve qui parcourt le temps et irrigue les champs de l'Occident. Au Moyen Age plus que jamais. Les auteurs de ce livre ont voulu montrer quelle était réellement cette Bible, comment on l'a reçue, comprise, quelle a été son influence sur l'enseignement, les institutions, l'art et les mentalités. A ce projet ambitieux, frôlant la démesure, il fallait une idée-clef qui façonne l'unité de l'ouvrage. On voit donc comment les hommes du Moyen Age sont peu à peu passés de l'âge de la Loi à celui de la Bonne Nouvelle, de la rumination aristocratique de la Bible chez les moines à l'imitation populaire des gestes du Christ.

Le Moyen Age et la Bible

Mille quatre-vingt-dix-neuf, jerusalem conquise

Depuis 1981, les Editions du Léopard d'or se consacrent à la publication de travaux relatifs aux études médiévales. Environ cent cinquante titres ont pris place dans leur catalogue. Les Cahiers du Léopard d'or ne constituent pas à proprement parler une revue, plutôt une série ou une collection. Chaque année en effet voit paraître un volume (deux les années fastes) portant sur un thème qui lui donne son titre. Ce thème est choisi parmi les domaines longtemps délaissés par les médiévistes et sur lesquels des recherches récentes ont de nouveau ou pour la première fois attiré l'attention. il s'agit bien évidemment d'un Moyen Age large, ouvert, sans frontière ni tabou. L'accent est le plus souvent mis sur les problèmes d'anthropologie historique, particulièrement sur les questions intéressant l'organisation sociale, la civilisation matérielle, les modes de pensée et de sensibilité, les systèmes de représentation. Une préférence est donnée aux sujets qui permettent de faire tomber les barrières entre les disciplines (voire entre les dates découpant traditionnellement les périodes historiques), d'interroger des catégories de documents variées et, parmi ces documents, de réserver une large place à l'image. Le volume qui nous est proposé ici, Le Moyen Age aujourd'hui, s'inscrit dans ce programme mais constitue dans la collection un cas un peu à part. Il s'agit en effet des actes d'un colloque tenu à Cerisy-la-Salle en 1991, actes publiés sous la direction de Jacques Le Goff et Guy Lobrichon, avec le concours du Centre international de Cerisy-la-Salle et du Centre national du livre.

Le Moyen Age aujourd'hui - Trois regards contemporains sur le Moyen Age : histoire, théologie, cinéma

Auxerre. Au IXè siècle. L'empire des fils de Charlemagne, une cité épiscopale, une abbaye, une école, quatre hommes d'exception. Voici le paysage du livre. Se dessinent les traits d'une société pensée par les moines, qui, prise dans sa totalité, renvoie l'image d'une Europe savante, d'une tradition créée par elle éclairant les siècles du Moyen Age occidental. Ouvert avec le catalogue de l'exposition tenue à Auxerre en 1990, ce travail montre comment se fait aujourd'hui l'histoire la plus neuve, depuis la collecte des matériaux jusqu'aux questions le splus fondamentales que se posent les sociétés d'Occident au carrefour, majeur, du IXè siècle. Le lecteur assiste et participe ainsi à l'aventure des historiens. Après l'Election du Chef de l'Etat en France. De Hugues Capet à nos jours, Entretiens publiés par Léo HAMON et Guy Lobrichon, ces VIIè Entretiens confirment l'importance et l'originalité de l'échange fructueux entre des historiens de grande classe et la Ville d'Auxerre.

L'Ecole Carolingienne D'Auxerre. De Murethach A Remi 830-908

1000-1150. L'Europe occidentale se couverte d'un manteau de lieux protecteurs. Ce sont des églises, des châteaux et leurs édifices annexes. Au XIXe siècle, archéologues et historiens ont baptisé du nom d'art roman les monuments de ce temps. L'un d'eux trouva la terre la plus propice à cet art, il en fit un laboratoire. La Bourgogne rencontra ainsi sa nouvelle vocation : celle de témoin d'un temps, d'une société, d'un monde disparus.
Inventaires et fouilles permettent aujourd'hui de comprendre enfin comment, en Bourgogne capétienne, la création artistique exposa l'effort et la synthèse de la nouvelle chrétienté qui s'est forgée alors, sous l'obédience romaine. Voici, en somme, une réponse à la question «qu'est-ce que l'art ?» : il raconte, au fil de sept itinéraires à travers la Bourgogne romane, l'invention d'une société européenne qui a montré la voie pendant des siècles.

Zodiaque ; Bourgogne romane

Enseignants et chercheurs en histoire médiévale ont en France une activité considérable et reconnue au plan international. En dehors des livres et des manuels qu'ils produisent, ils donnent une part importante des fruits de leurs recherches à des ouvrages collectifs, des périodiques et des encyclopédies. Il est donc nécessaire de procéder à un regroupement de leurs articles dispersés pour permettre à un large public de prendre connaissance de leurs résultats, de leurs hypothèses, et de leurs projets.
La collection consacrée aux médiévistes français répond à cette préoccupation. Ici la personnalité du médiéviste dorme au livre toute sa cohérence.
La Bible a été dans le haut Moyen Age le noyau de la création artistique, littéraire, intellectuelle. Or les historiens la négligeaient, la reléguant dans le champ de l'histoire ecclésiastique. Ce livre brasse les acquis récents et illustre deux thèses : la Bible il contribué aux fondations d'une communauté de culture en Europe ; aux mains des laïcs bien avant la Réforme du XVIe siècle, elle a été pour eux l'outil d'une conquête éthique et spirituelle. La Bible ainsi retrouve la place qui lui a trop longtemps été refusée.

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