splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi
C

Charles Guérin

Auteurplume

En savoir plus sur l'auteur

...plus

Compte non officiel

Poésies

13

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Au bout du chemin Au bout du chemin Le soleil se couche ; Donne-moi ta main, Donne-moi ta bouche. Comme un cœur sans foi Cette source est noire ; J'ai soif, donne-moi Tes larmes à boire. Ô chute du jour ! Des angélus sonnent ; Donne-moi l'amour Dont tes seins frissonnent. La route descend, Blanc ruban de lieues, Le dernier versant Des collines bleues. Arrêtons-nous ; vois, Là-bas, ce feuillage Où fument des toits, Où rêve un village : C'est là que je veux Dormir sous les portes, Parmi tes cheveux Pleins de feuilles mortes.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Ce cœur plaintif, ce cœur d'automne Ce cœur plaintif, ce cœur d'automne, Qui veut l'aimer ? Ma belle enfant, on vous le donne Pour un baiser. Amusez-vous, car je vous vois Inoccupée, A le briser, comme autrefois Votre poupée. Ce sera moins long que les roses A déchirer, Puis vous irez à d'autres choses, Et moi pleurer.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Conseils au solitaire Aie une âme hautaine et sonore et subtile, Tais-toi, mure ton seuil, car la lutte déprave ; Forge en sceptre l'or lourd et roux de tes entraves, Ferme ton cœur à la rumeur soûle des villes ; Entends parmi le son des flûtes puériles Se rapprocher le pas profond des choses graves ; Hors la cité des rois repus, tueurs d'esclaves, Sache une île stérile où ton orgueil s'exile. Songe que tout est triste et que les lèvres mentent. Et si l'heure en froc noir érige du silence Les lys où mainte femme encore boira ton sang, Marche vers l'inconnu, peut-être vers le vide, Dans l'ombre que la Mort effarante en fauchant Du fond des horizons projette sur la Vie.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Entre mon rêve et toi J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante. Nous écoutons, muets encore de volupté, Voleter un phalène aveugle dans la chambre. Ton visage pensif est rose de clarté. Tu caresses les doigts que je te laisse et songes : « Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? » Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils Palpitent sous tes yeux en fines grilles d'ombre. Je devine un chagrin secret, et je t'attire ; Tu fais sous mon baiser un effort pour sourire, Et voici que, longtemps, le cœur lourd de sanglots, Silencieuse et sans vouloir être calmée, Tu pleures, inquiète et jalouse des mots Qui te parlent de notre amour, ma bien-aimée.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Goûte, me dit le soir de Juin avec douceur Goûte, me dit le Soir de juin avec douceur, Goûte ma reposante et secrète harmonie, Et forme tendrement ton âme et ton génie Sur le ciel d'où je viens avec la Nuit ma sœur. Regarde-nous marcher au bord de la colline, Comme un couple inégal de beaux adolescents Sur mon épaule, avec des gestes languissants, La Nuit lente à me suivre en soupirant s'incline. Respire les parfums frais et délicieux De toute l'herbe en fleur que nos pas ont foulée ; Fonds-toi dans l'ombre bleue où ma sœur étoilée Disperse les lueurs tremblantes de ses yeux. Ô poète ! voici la grâce et le mystère : Accueille-nous, demeure avec nous jusqu'au jour, Car c'est pour féconder ton rêve de l'amour Que le Soir et la Nuit descendent sur la terre.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Il a plu un soir de juin Il a plu. Soir de juin. Ecoute, Par la fenêtre large ouverte, Tomber le reste de l'averse De feuille en feuille, goutte à goutte. C'est l'heure choisie entre toutes Où flotte à travers la campagne L'odeur de vanille qu'exhale La poussière humide des routes.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    La mémoire de l'homme est une pierre dure La mémoire de l'homme est une pierre dure, Et le poète y rompt son outil et son cœur Sans qu'il ait pu graver de strophe qui l'assure Dès ce temps à jamais d'un toujours jeune honneur. La vie est brève ; l'art est vain. Mais la nature, Ouvrière dont rien ne lasse le labeur, Cache un dessein constant sous sa poussée obscure. Elle médite ; et son génie, associant La ronce échevelée au lierre patient, Enguirlande l'ogive en ruine et les cippes De vers mystérieux qui n'auront point d'Œdipes.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Le navrant sourire où monte un flot de larmes Ah ! le navrant sourire où monte un flot de larmes, Et nos cœurs douloureux et lourds qui battent l'heure ! Détourne ton visage et laisse-moi. Qu'il pleure, Le pauvre enfant blotti sur ton sein, pauvre femme ! Dérobe-moi tes yeux : les suprêmes regards Brisent la faible force amoureuse en sanglots. La lampe jaunit ; vois, poindre entre les rideaux, Amer et gris, le jour éternel du départ. Épargne-moi les mots charitables qui mentent Si mal, qui font si mal en vain, ô mon amante ! Adieu, sache me dire adieu, tout simplement. Mais la femme est adroite à duper la douleur, Et je rêve, apaisé par ton courage aimant, Qu'une mère sourit à son enfant qui meurt.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Le tiède après-midi paisible de Septembre Le tiède après-midi paisible de septembre Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre, Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève. Après les longs et vains et douloureux voyages, Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse, Rentre ce soir dans le logis de sa jeunesse. Ah ! comme tout est lourd, comme tout sent l'automne ! Comme ton cœur d'enfant prodigue bat, pauvre homme, Devant ces murs où tu laissas ta vie ancienne ! La vigne vierge rouge étreint les persiennes, Le seuil humide et froid est obscur sous les arbres, Et le portail, vêtu de lierre, se lézarde. Le voyageur, avant de rouvrir les fenêtres, Respire en défaillant l'odeur des chambres closes ; Il regarde onduler les rideaux des alcôves Et le miroir verdi briller dans les ténèbres. Il pèse sur le bois gonflé, les volets crient, La poussière voltige à la lumière triste ; L'âme émue et les doigts tremblants, pieux, il touche Les roseaux desséchés, le clavecin qui vibre, Les estampes, les maroquins ouatés de mousses : Ah ! ces mousses qui sont les cheveux blancs des livres ! L'enfant morne, oppressé de souvenirs, étouffe, Et son fragile cœur frémit comme une vitre.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Mélodie païenne Venez ce soir, m'amie, à la vesprée ; Pendant qu'au bourg on danse la bourrée, Vous passerez par la porte du clos, Et je vous attendrai sous les bouleaux, Près de la source au soleil empourprée. Dans la forêt de muguets diaprée, Par nos pas surprise fuira l'Orée, Et nos voix feront vibrer les échos. Venez ce soir, Et je vous dirai, ô mie adorée, Mon amour à vos lèvres murmurée, Eclose en baisers sur vos yeux mi-clos ; Et dans votre gorge aux clairs et blancs flots Si vous voulez que ma main égarée... Venez ce soir.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Octobre à son manteau d'azur fourré Octobre à son manteau d'azur fourré de vair Arbore ce matin les joyaux de l'hiver. Le ruisseau fume, un fin brouillard couvre la berge, Le jardin blanc miroite au soleil, l'herbe fond Et chatoie et ses fils de perles se défont. Un givre étincelant ouvrage d'argent vierge Le buis sombre et la treille et les rosiers. Et toi, Qui foules, attentive au craquement des feuilles, Le sol éblouissant et dur, pleine d'émoi Et de pitié, d'un doigt malhabile, tu cueilles Toute cette rigide et vaine floraison L'œillet déjà tardif de l'arrière-saison, Les pesants dahlias ruchés, les tristes roses Étreintes par leur froide armure de cristal. Et te sachant mourir, hélas du même mal, Tu formes un bouquet de tes sœurs et tu poses Tes lèvres à leur sein glacé, pieusement, Tandis qu'ivre d'amour et d'un secret tourment, Mes yeux mêlés aux tiens que la lumière dore, Je cherche, ô mon enfant trop pensive, à puiser Sur ta bouche en un long et sanglotant baiser Ces parfums qu'une fleur gelée exhale encore.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Ton image en tous lieux peuple ma solitude Ton image en tous lieux peuple ma solitude. Quand c'est l'hiver, la ville et les labeurs d'esprit, Elle s'accoude au bout de ma table d'étude, Muette, et me sourit. A la campagne, au temps où le blé mûr ondule, Amis du soir qui tombe et des vastes couchants, Elle et moi nous rentrons ensemble au crépuscule Par les chemins des champs. Elle écoute avec moi sous les pins maritimes La vague qui s'écroule en traînant des graviers. Parfois, sur la montagne, ivre du vent des cimes, Elle dort à mes pieds. Elle retient sa part des tourments et des joies Dont mon âme inégale est pleine chaque jour ; Où que j'aille, elle porte au-devant de mes voies La lampe de l'amour. Enfin, comme elle est femme et sait que le poète Ne voudrait pas sans elle oublier de souffrir, Lorsqu'elle me voit triste elle étend sur ma tête Ses mains pour me guérir.

    en cours de vérification

    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Ô veille de toussaint et dernier soir d'Octobre. Ô veille de Toussaint et dernier soir d'octobre ! Le ciel est une ruche où bourdonnent les cloches, Et le soleil pâlit sur le jardin doré : De même, à l'occident large et pur de ma vie, Dans un suprême adieu d'amour je descendrai. La glycine, crispée, avec mélancolie Se balance au perron de la maison natale, Et, des arbres, du sol, des massifs nus, s'exhale L'amer et froid parfum du vieil âge des choses. Je viens, boutons de miel, de chair, de nacre mauve. Vous cueillir pour ma belle enfant, roses tardives ; Car mes doigts prévoyants, demain, arquant les tiges, Confieront les rosiers délicats à la terre. Des cristaux meurtriers de l'hiver, nulle main Ne sut garder ta sève, arbuste solitaire, Fier rosier qu'étoilaient des roses merveilleuses : Tu n'es plus qu'un bois sec, inutile au jardin ; Et les printemps pressés comme les flots d'un fleuve, Les printemps lumineux et riches qui fécondent Dans les sillons du ciel d'obscurs germes de mondes, Et comme un front humain aux battements du rêve Font palpiter le cœur de l'arbre sous la sève, Tous les printemps, souffles d'air chauds et soleils d'or, Ne rendront pas ses fleurs de chair au rosier mort.

    en cours de vérification

  • 1