"Il faut sérieusement douter" réunit un ensemble de textes essentiels écrits par Daniel Buren entre 1967 et 2018. Prises de positions théoriques, lettres ouvertes ou propos sur l'art invitent à une traversée de l'oeuvre de l'artiste et proposent également son point de vue sur certains des événements qui ont marqué l'art de cette époque. Les entretiens, réécrits par Daniel Buren, lui donnent librement la parole et les photographies inédites qui accompagnent les textes montrent celles et ceux qui l'ont souvent accompagné. Expliquer, dénoncer, répondre, argumenter, commenter, décrire sont, pour Daniel Buren, des actes étroitement liés à son travail plastique et qui permettent de mieux comprendre comment cette oeuvre radicale et engagée s'enracine profondément dans son époque, dans ses problématiques et reste en dialogue permanent avec ceux qui la construisent.

Il faut sérieusement douter

Considéré comme l'un des artistes français les plus importants de la scène contemporaine, Daniel Buren (né en 1938) est l'auteur d'une ouvre plastique et théorique considérable dont l'apport le plus emblématique pourrait, très sommairement, se résumer à sa compréhension et son usage de la notion d'in situ. Après une formation aux métiers d'art et aux beaux-arts, sa prédilection pour le métier de peintre - qu'il ne cessera jamais d'exercer - et sa sensibilité aux arts décoratifs le conduisent à questionner, dès les années 1960, les limites de la peinture. Usant d'une grammaire minimaliste (les fameuses bandes invariablement espacées de 8, 7 cm, alternant blanc et couleur) et attaché à une profonde remise en question des rapports entre le fond et la forme, Buren développe depuis cinquante ans une ouvre exigeante explorant les frontières de l'art et de l'institution. Ses ouvres, qu'elles soient pérennes ou éphémères, qu'elles impliquent des média traditionnellement associés aux beaux-arts (peinture, sculpture) ou au registre décoratif (mosaïques, fresques, vitraux, textiles, usage de miroirs) témoignent à chaque fois d'une compréhension très subtile de l'environnement dans lequel elles s'insèrent. Au musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg, où son ouvre est bien représentée (8 pièces sont conservées dans la collection), l'artiste intervient pour la première fois et se confronte à l'architecture d'Adrien Fainsilber par deux pièces monumentales, qui témoignent, malgré l'extrême cohérence et rigueur de son travail, de l'incessant désir de Daniel Buren de surprendre et de jouer. Le catalogue de l'exposition retrace en deux parties distinctes le cheminement de la pensée de l'artiste dans son rapport à l'architecture, dont l'intervention strasbourgeoise constitue la mise en ouvre la plus récente. L'ouvrage présente ainsi, grâce à une mise en abyme de multiples photographies, les ouvres de Daniel Buren créées spécifiquement pour le musée d'Art moderne et contemporain, et propose d'une manière documentaire, propre à l'artiste, une vision rétrospective de son travail sur cette problématique, des installations les plus récentes aux premières interventions radicales de 1976.

Daniel Buren, comme un jeu d'enfant - Travaux in situ

Daniel Buren, Monumenta 2012 - Grand Palais

Esquisses Graphiques, Excentrique(s), Monumenta 2012 "Les 
dessins que je fais sont là pour essayer de comprendre ce que 
mon imagination voudrait. J'ai écrit il y a longtemps un texte 
sur ce que j'entends par "dessin", et pourquoi je n'emploie pas 
ce terme lorsque je "dessine" sur une feuille de papier. Pour 
moi le dessin se trouve directement dans mes oeuvres, in situ, 
ce sont les découpes qui se forment dans l'espace, les murs qui 
sont construits et qui forment des lignes courbes, droites, 
brisées... Tout ce qui m'aide à préciser certaines pensées 
constitue en revanche des "esquisses graphiques". En font 
partie mes textes écrits à la main." Daniel Buren, mars 2012.

Excentrique(s), Monumenta 2012 - Esquisses graphiques

SOUVENIRS AU CARRE

" Je pensais qu'il me fallait des photographies pour attester de certaines choses que j'avais faites et qui parfois ne duraient pas plus de deux heures. " Ce livre montre pour la première fois les " photos-souvenir " de Daniel Buren prises lors de son intervention au Centre Pompidou de juin à septembre 2002. " Le musée qui n'existait pas " présentait une série d'oeuvres pour la plupart inédites, à la fois dans les lieux d'exposition et dans d'autres plus inhabituels.

Depuis près de quarante ans, Daniel Buren photographie son travail. Cette documentation est tout ce qu'il reste de la majeure partie de son oeuvre aujourd'hui détruite. Chaque reproduction publiée porte la légende " photo-souvenir ". Ce terme,  à connotation touristique, a été choisi par Buren lui-même afin de souligner le fait  que ces photos ne sont pas des oeuvres d'art, elles proviennent de l'oeuvre.



La première grammaire du style Buren, dévoilée par l'artiste.

Le musée qui n'existait pas

Un dialogue entre l'artiste et l'architecte.

Grandes conférences

Cette monographie au format poche permet de suivre le développement du projet artistique conçu par Daniel Buren pour les espaces d'une banque.

Prospettive

Je savais que ce que je faisais visuellement ne pouvait pas être complètement compris. Je savais que certains aspects de l'œuvre nécessitaient longtemps pour se développer. Vous obtenez l'idée visuelle en deux secondes, mais cette idée peut être développée comme une théorie. Vous pouvez voir plus tard si la théorie était correcte, suivie ou complètement abandonnée. C'est pourquoi l'écriture peut faire progresser ce qui est fait. C'est plus ou moins comment j'ai commencé à écrire: pour être sûr que les gens ne comprendront pas totalement mon objectif.

Au moins 90% de mon travail est in situ. Pour moi, ce n'est pas seulement pour travailler avec l'architecture et l'espace, c'est aussi pour travailler avec le temps, pour travailler avec les personnes impliquées avec l'endroit. Il s'agit également de l'histoire. Cela prend tout cela en compte. D'autres travaux peuvent être placés dans différents environnements, mais ils suivent toujours une règle. Ce n'est généralement pas le cas pour le travail in situ, car même s'ils sont transportés, ils y restent pour toujours ou ils sont détruits.

Je veux créer un travail qui s'étend au-delà de moi-même parce que j'ai toujours pensé que c'était un moyen de changer les règles générales de l'art, et aussi de donner une impulsion à autre chose. C'est une transformation de l'attitude. La plupart du temps, lorsque quelqu'un achète l'objet, il est transféré à 100%. Je ne pense pas que ce soit vrai. Quelque chose existe dans l'objet qui ne peut jamais être approprié. Cette petite partie, j'essaie de la rendre visible.

Contrairement aux 15 minutes de gloire de Warhol, je pense qu'aujourd'hui devant la curiosité insatiable de la foule, nous ferions mieux de rester secret aussi longtemps que possible, à travailler dans la partie plus dense des ombres.

Au cours des 35 dernières années, les artistes se sont multipliés, le public s'est considérablement développé, l'économie a explosé et l'art soi-disant contemporain est devenu à la mode. Tous ces paramètres ont changé le monde de l'art former ses aspects et fondamentaux précédents - l'explosion des musées et des institutions, de l'explosion des biennales et des tri-rénaux, de l'explosion de l'argent, de l'explosion de l'intérêt, de l'explosion des artistes, de l'explosion des pays intéressés par public. Ne pas voir que ça doit être plus que aveugle.

Mon approche globale de l'art est de rester aussi ouverte que possible devant le monde, d'être toujours curieuse, de ne pas avoir peur d'expérimenter et d'avoir un sentiment d'autocritique et une critique générale envers l'environnement. Aussi, essayer de faire une différence entre la recherche sérieuse et le bâillon pur! Et faire le moins de compromis possible à faire des choses qui pourraient ne pas être acceptées par la majorité de la société, même si cette société dominante est celle qui gouverne le monde de l'art. Pour garder cette idée fondamentale, même si c'est un peu trivial: avoir le désir de transformer le monde.

Aujourd'hui, ce n'est pas étrange de voir un artiste de 30 ans avoir sa première rétrospective! Temps différent, vitesse différente. Après avoir été le point clé de la reconnaissance pour un artiste, le musée aujourd'hui n'est qu'un autre endroit pour expérimenter et travailler, comme nous pouvons le faire dans n'importe quelle foire d'art. Le roi ou la reine du moment est complètement ignoré et remplacé par le nouveau quelques années plus tard. La nouveauté contemporaine de l'art disparaît plus rapidement que les changements de saison des créations de mode.

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