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Jules Supervielle

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Jules Supervielle est un poète et écrivain franco-uruguayen né le 16 janvier 1884 à Montevideo et mort le 17 mai 1960 dans le 16e arrondissement de Paris. Né à Montevideo, il perd ses parents à l'âge de huit mois. Élevé par son oncle et sa tante, il fait ses études à Paris et, sans perdre contact avec l'Uruguay, fréquente les milieux littéraires de l'avant-garde parisienne à partir des premières années du XXe siècle.

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Poésies

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    Jules Supervielle

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    @julesSupervielle

    A une Enfant Que ta voix à travers les portes et les murs Me trouve enfin dans ma chambre, caché par la poésie, O enfant qui es mon enfant, Toi qui as l'étonnement de la corbeille peu à peu garnie de fleurs et d'herbes odorantes Quand elle se croyait oubliée dans un coin, Et tu regardes de mon côté comme en pleine forêt l'écriteau qui montre les routes. La peinture est visible à peine, On confond les distances Mais on est rassuré. O dénuement! Tu n'es même pas sûre de posséder ta petite robe ni tes pieds nus dans tes sandales Ni que tes yeux soient bien à toi, ni même leur étonnement, Ni cette bouche charnue, ni ces paroles retenues, As-tu seulement le droit de regarder du haut en bas ces arbres qui barrent le ciel du jardin Avec toutes ces pommes de pin et ces aiguilles, qui fourmillent? Le ciel est si large qu'il n'est peut-être pas de place en dessous pour une enfant de ton âge, Trop d'espace nous étouffe autant que s'il n'y en avait pas assez, Et pourtant il te faut, comme les personnes grandes, Endurer tout l'univers avec son sourd mouvement; Même les fourmis s'en accommodent et les petits des fourmis. Comment faire pour accueillir les attelages sur les routes, à des vitesses différentes, Et les chaudières des navires qui portent le feu sur la mer? Tes yeux trouveraient dans les miens le secours que l'on peut tirer De cette chose haute à la voix grave qu'on appelle un père dans les maisons S'il ne suffisait de porter un regard clair sur le monde

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    Jules Supervielle

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    Attente de la Mort Une paillote au Paraguay Où j'attendrais dans un hamac Celle qui vient bien toute seule. Un bœuf gris passerait la tête Et ruminerait devant moi, J'aurais tout le temps de le voir. Un chien entrerait assoiffé, Et courant à mon pot à eau U y boirait, boirait, boirait. Enfin il me regarderait Et de sa langue rouge et claire Des gouttes tomberaient à terre. Des oiseaux couperaient le jour De la porte dans leurs vols vifs. Et pas un homme pas un homme! Je serai moi-même évasif.

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    Jules Supervielle

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    @julesSupervielle

    Aux Oiseaux Paroares, rolliers, calandres, ramphocèles, Vives flammes, oiseaux arrachés au soleil, Dispersez, dispersez, dispersez le cruel Sommeil qui va saisir mes mentales prunelles! Fringilles, est-ce vous, euphones, est-ce vous, Qui viendrez émouvoir de rémiges lumières Cette torpeur qui veut se croire coutumière Et qui renonce au jour n'en sachant plus le goût? Libre, je veux enfin dépasser l'heure étale, Voir le ciel délirer sous une effusion D'hirondelles criant mille autres horizons, Vivre, enfin rassuré, ma douceur cérébrale. S'il le faut, pour briser des tristesses durcies, Je hélerai, du seuil des secrètes forêts, Un vol haché de verts et rouges perroquets Qui feront éclater mon âme en éclaircies.

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    Jules Supervielle

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    @julesSupervielle

    Chanson Jésus, tu sais chaque feuille Qui verdira la forêt, La racine en terre, seule, Qui dévore son secret, La terreur de l'éphémère A l'approche de la nuit, Et le soupir de la Terre Dans le silence infini. Tu peux suivre les poissons Tourmentant les profondeurs, Quand ils tournent et retournent Et si s'arrête leur cœur. Tu fais naître des chansons Si loin au-delà des mers Que la fille qui les chante En tremble au fond de sa chair. Ecoutez-le bien, demain, Jésus aura oublié, Ne sera qu'une statue Peinte sur la cheminée.

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    Jules Supervielle

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    Le survivant Lorsque le noyé se réveille au fond des mers et que son cœur Se met à battre comme le feuillage du tremble Il voit approcher de lui un cavalier qui marche l'amble Et qui respire à l'aise et lui fait signe de ne pas avoir peur. Il lui frôle le visage d'une touffe de fleurs jaunes Et se coupe devant lui une main sans qu'il y ait une goutte de rouge. La main est tombée dans le sable où elle fond sans un soupir Une autre main toute pareille a pris sa place et les doigts bougent. Et le noyé s'étonne de pouvoir monter à cheval. De tourner la tête à droite et à gauche comme s'rl était au pays natal, Comme s'il y avait alentour une grande plaine, la liberté, Et la permission d'allonger la main pour cueillir un fruit de l'été. Est-ce donc la mort cela, cette rôdeuse douceur Qui s'en retourne vers nous par une obscure faveur? Et serais-je ce noyé chevauchant parmi les algues Qui voit comme se reforme le ciel tourmenté de fables. Je tâte mon corps mouillé comme un témoignage faible Et ma monture hennit pour m'assurer que c'est elle. Un berceau bouge, l'on voit un pied d'enfant réveillé. Je m'en vais sous un soleil qui semble frais inventé. Alentour il est des gens qui me regardent à peine, Visages comme sur terre, mais l'eau a lavé leurs peines. Et voici venir à moi des paisibles environs Les bêtes de mon enfance et de la Création Et le tigre me voit tigre, le serpent me voit serpent, Chacun reconnaît en moi son frère, son revenant. Et l'abeille me fait signe de m'envoler avec elle Et le lièvre qu'il connaît un gîte au creux de la terre Où l'on ne peut pas mourir.

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    Regret de l'Asie en Amérique Sous un azur très ancien Cachant de célestes patries Les roses ceignant des palmiers Tendent vers la Rose infinie. Entre des statues brahmaniques Aux sourires envahisseurs La haute terrasse d'honneur Cède à sa grande nostalgie. Et d'obsédantes pyramides Lèvent un doigt bleui de ciel Vers quelque but essentiel Par delà l'aérien vide. Dans l'heure mille et millénaire Qui trempe au fond des temps secrets Pour qui ces roses et ces pierres Qui n'ont jamais désespéré?

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    Jules Supervielle

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    Regrets de France La lune dans l'étang Se souvient d'elle-même, Veut se donner pour thème A son enchantement, Mais sa candeur précise, Au frais toucher de l'eau, De délices se brise, Et flotte la surprise Des lunaires morceaux. Le vent couleur de ciel, puérilement pur, Frotte le feuillage d'azur Et, comme gorgé d'ambroisie, Le vert palpitant s'extasie. Le vent s'éloigne et fait le mort. Puis, à pas d'ombre, approche et velouté une gamme Sur le clavier des platanes Où soudain, violent, il écrase un accord, Étourdi, Comme s'il tombait d'un coup du Paradis Et n'avait, encore céleste, Sa petite cervelle terrestre. Troussant et brouillonnant l'ombre avec la lumière Il enveloppe et subtilise presque La frondaison entière Comme un jongleur, avec des gestes d'arabesques, Puis alangui, s'interrogeant, il se fait brise ît le feuillage tend vers l'émeraude fixe.

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