A la différence de ses traductions de Hölderlin, Rilke et Trakl, disponibles en librairie, l'admirable traduction par Gustave Roud des oeuvres poétiques majeures de Novalis, Les disciples à Saïs et les Hymnes à la nuit, publiée en 1948 par Mermod, était depuis longtemps introuvable. Précédée d'une substantielle préface, où s'exprime la fraternité entre l'auteur et son traducteur, et suivie du Journal intime, elle est en même temps la plus sensible et parfaite version française de Novalis, et une des grandes oeuvres de Roud.

Les disciples à Saïs ; hymnes à la nuit, journal intime

Je pense produire là des vérités et des idées en grand - des pensées géniales - mettre au jour un organon vivant, scientifique et, par cette politique syncritique de l'intelligence, m'ouvrir la voie d'une véritable praxis - d'un véritable processus d'unification

Le brouillon général - Matériaux pour une ecyclopédistique 1798-1799

En 1797, Novalis publie ses premiers fragments dans l'Athenaeum, revue fondatrice du romantisme allemand, et continue à en rédiger durant toute son existence. "La poésie est le réel véritablement absolu. C'est le noyau de ma philosophie." Philosophe, scientifique et poète, il place la poésie au coeur et au-dessus de toutes les disciplines en faisant d'elle celle qui permet d'assurer leur fusion pour mieux comprendre l'univers. Elle est, selon lui, "l'héroïne de la philosophie" et "élève chaque élément isolé par une connexion particulière avec le reste du monde".

Poésie, réel absolu

Subjugué par la philosophie idéaliste de Fichte prônant le caractère fondamentalement unitaire du créé, parce qu'enraciné dans le moi profond de l'homme qui le ressource sans cesse, le transfigure et lui donne vie, Novalis crée le romantisme en faisant de l'intériorité ténébreuse du moi (Hymnes à la nuit) le lieu de cette élaboration magique et poétique du monde avec sa cohérence unitaire telle que proposée aussi par Emmanuel Kant dans sa Critique de la raison pratique. Il identifie ainsi l'homme du faire (poiein), soit le poète, avec le démiurge suprême, Dieu incarné, le Christ. L'énergie unifiante des particules élémentaires spiritualisées est l'amour (ce que la philia était au rationalisme aristotélicien). Aussi l'ascèse obsessionnelle du multiple vers l'un devient, dans une perspective chrétienne, désir de s'arracher aux vicissitudes de l'incarnation, vouée à la dissolution et à la mort, par la médiation de l'amour, sauveur de l'humanité.

Hymnes à la nuit suivis de Chants spirituels

Novalis traversa tel un météorite le ciel des lettres allemandes au début du XIXe siècle en y inscrivant ses Hymnes à la Nuit (1801), seule oeuvre qu'il acheva et publia de son vivant. En six poèmes d'une prose rythmée, il rompt avec le siècle des Lumières et crée toute la poétique romantique : " (...) je me tourne vers l'ineffable, vers la sainte et mystérieuse Nuit. Sombre Nuit, aurais-tu toi aussi quelque bienveillance pour nous ? (...) En décrétant que la Nuit me fût vie, tu me fis véritablement homme. " Puisant aux sources de l'imagination, du rêve et du merveilleux, il sonde les profondeurs de l'espace et du temps, en dévoile les beautés et découvre l'âme du monde avec une fulgurance inégalée. Il meurt à vingt-neuf ans.

Hymnes à la nuit

«Foncièrement et par nature, Henri était né pour être poète. Tous les hasards semblaient converger et s'unir pour sa formation, et rien encore n'était venu contrarier le vif éveil de sa vie intérieure. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait n'était que pour, semblait-il, lui ôter un nouveau verrou au-dedans de lui-même, lui ouvrir une fenêtre nouvelle. Il voyait devant lui s'étaler le monde dans toute l'étendue et la diversité de ses modalités entremêlées et sans cesse changeantes. Mais c'était un monde encore muet, et son âme, la parole, n'y était toujours pas éveillée. Or, déjà s'approchait un poète qui tenait par la main une adorable jeune fille, afin que, par les sons de la langue maternelle et la caresse exquise et douce d'une tendre bouche, s'ouvrissent les lèvres stupides et qu'en mélodies infinies se développât le simple accord.»

Henri d'ofterdingen

Un classique de la littérature romantique allemande.

Henri d'Ofterdingen

Novalis, de son vrai nom Georg Philipp Friedrich von Hardenberg, né le 2 mai 1772 au château d'Oberwiederstedt (Arnstein), près de Mansfeld alors situé dans l'Électorat de Saxe et mort le 25 mars 1801 à Weißenfels (ou Weissenfels, actuelle Allemagne), est un poète, romancier, philosophe, juriste, géologue, minéralogiste et ingénieur des Mines allemand. Il est l'un des représentants les plus éminents du premier romantisme allemand (cercle d'Iéna).

La poésie est aux sentiments ce que la philosophie est aux pensées.

La philosophie est vraiment la nostalgie, le désir d'être chez lui.

Tout pouvoir n'apparaît que dans la transition. Le pouvoir permanent, c'est quelque chose.

Construire des mondes ne suffit pas pour l'esprit plus profond exhortant; Mais un cœur aimant évalue l'esprit effrayant.

La perceptibilité est une sorte d'attention.

Nous sommes proches de l'éveil lorsque nous rêvons que nous rêvons.

J'étais toujours aveugle, mais les stars scintillantes ont fait de l'étendue sans limite de mon être, rien ne s'était encore rapproché, seulement à des stades lointaines me trouvaient, une simple suggestion détectée dans les âges passés et futurs.

Les mathématiques sont la vie des dieux.

Chaque étape de l'éducation commence par l'enfance. C'est pourquoi la personne la plus instruite de Terre ressemble à un enfant.

Nous sommes près de se réveiller quand nous rêvons que nous rêvons.

Rommer le monde, c'est nous faire prendre conscience de la magie, du mystère et de l'émerveillement du monde; C'est pour éduquer les sens pour voir l'ordinaire comme extraordinaire, le familier comme étrange, le banal comme sacré, le fini comme infini.

Beaucoup de choses sont trop délicates pour être pensées; Beaucoup d'autres, à parler.

Le génie en général est poétique. Lorsque le génie a été actif, il a été poétiquement actif. La personne vraiment morale est un poète.

Amis, le sol est pauvre, nous devons semer des graines en abondance pour que nous puissions recueillir des récoltes modestes.

L'âme individuelle devrait chercher une union intime avec l'âme de l'univers.

Non seulement l'Angleterre, mais chaque Anglais est une île.

Un homme intime de Dieu. [Ger., Gott-trunkener Mensch.]

Ce n'est que pour un homme marié avec lui-même avec lui-même pour la vie conjugale et la vie de famille en général.

L'histoire de chaque homme individuel devrait être une Bible.

Celui qui regarde la vie comme autre chose qu'une illusion qui se détruit elle-même est encore prisonnier de la vie.

Il n'y a pas de religion qui n'est pas le christianisme.

Nous rêvons de voyager à travers l'univers ; l'univers n'est-il donc pas en nous ?

Il faut, lorsqu'il est submergé par l'ombre d'un géant, se retirer et voir si l'ombre colossale n'est pas simplement celle d'un pygmée bloquant le soleil.

Où donc un enfant dormirait-il avec plus de sécurité que dans la chambre de son père ?

Les cerveaux - les organes pensants - sont les parties génitales du monde des producteurs.

Le caractère et le destin sont deux mots pour la même chose

L'accident est simplement un ordre imprévu.

Tous les événements de notre vie sont des matériaux dont nous pouvons faire ce que nous allons.

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