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Paul Éluard

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Paul Éluard, nom de plume d'Eugène Grindel, né à Saint-Denis (en Seine-Saint-Denis) le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-le-Pont le 18 novembre 1952 , est un poète français. En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard, nom emprunté à sa grand-mère maternelle, Félicie. Il adhère au dadaïsme et devient l'un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique politiquement engagée auprès du Parti communiste. Il est connu également sous les pseudonymes de Didier Desroches et Brun.

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Poésies

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    Denise disait aux merveilles Le soir traînait des hirondelles. Les hiboux Partageaient le soleil et pesaient sur la terre Comme les pas jamais lassés d’un solitaire Plus pâle que nature et dormant tout debout. Le soir traînait des armes blanches sur nos têtes. Le courage brûlait les femmes parmi nous, Elles pleuraient, elles criaient comme des bêtes, Les hommes inquiets s’étaient mis à genoux. Le soir, un rien, une hirondelle qui dépasse, Un peu de vent, les feuilles qui ne tombent plus, Un beau détail, un sortilège sans vertus Pour un regard qui n’a jamais compris l’espace.

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    Dit de la force de l’amour Entre tous mes tourments entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l’injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir Pour tous les innocents qui haïssent le mal La lumière toujours est tout près de s’éteindre La vie toujours s’apprête à devenir fumier Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe Et la chaleur aura raison des égoïstes Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas J’entends le feu parler en riant de tiédeur J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert Toi qui fus de ma chair la conscience sensible Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre Tu rêvais d’être libre et je te continue.

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    En exil Elle est triste elle fait valoir Le doute qu'elle a de sa réalité dans les yeux d'un autre. Plante majeure dans le bain Végétal travaillé brune ou blonde A l'extrême fleur de la tête Sa nudité continuelle Ses seins de faveurs refusées Un rire aux cheveux de cytise Parmi les arbres L'orage qui défend les siens Brise les tiges de lumière C'est elle c'est l'orage aussi Qui distribue des armes maladroites Aux herbes aux insectes Aux dernières chaleurs Les fumées de l'automne Les cendres de l'hiver La perle noire n'est plus rare Le désir et l'ennui fraternisent Manège des manies Tout est oublié Rien n'est sacrifié L'odeur des décombres persiste. Les yeux fermés c'est elle tout entière.

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    Entre autres À l’ombre des arbres Comme au temps des miracles, Au milieu des hommes Comme la plus belle femme Sans regrets, sans honte, J’ai quitté le monde. —Qu’avez-vous vu? —Une femme jeune, grande et belle En robe noire très décolletée.

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    Facile est bien Facile est beau sous tes paupières Comme l’assemblée du plaisir Danse et la suite J’ai dit la fièvre Le meilleur argument du feu Que tu sois pâle et lumineuse Mille attitudes profitables Mille étreintes défaites Répétées vont s’effaçant Tu t’obscurcis tu te dévoiles Un masque tu l’apprivoises Il te ressemble vivement Et tu n’en parais que mieux nue Nue dans l’ombre et nue éblouie Comme un ciel frissonnant d’éclairs Tu te livres à toi-même Pour te livrer aux autres.

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    Fuir L’araignée rapide, Pieds et mains de la peur, Est arrivée. L’araignée, Heureuse de son poids, Reste immobile Comme le plomb du fil à plomb. Et quand elle repart, Brisant tous les fils, C’est la poursuite dans le vide Qu’il faut imaginer, Toute chose détruite.

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    Max Ernst Dans un coin l’inceste agile Tourne autour de la virginité d’une petite robe Dans un coin le ciel délivré Aux épines de l’orage laisse des boules blanches. Dans un coin plus clair de tous les yeux On attend les poissons d’angoisse. Dans un coin la voiture de verdure de l’été Immobile glorieuse et pour toujours. À la lueur de la jeunesse Des lampes allumées très tard La première montre ses seins qui tuent des insectes rouges.

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    Giorgio de Chirico Un mur dénonce un autre mur Et l’ombre me défend de mon ombre peureuse. Ô tour de mon amour autour de mon amour, Tous les murs filaient blanc autour de mon silence. Toi, que défendais-tu? Ciel insensible et pur Tremblant tu m’abritais. La lumière en relief Sur le ciel qui n’est plus le miroir du soleil, Les étoiles de jour parmi les feuilles vertes, Le souvenir de ceux qui parlaient sans savoir, Maîtres de ma faiblesse et je suis à leur place Avec des yeux d’amour et des mains trop fidèles Pour dépeupler un monde dont je suis absent.

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    Homme utile Tu ne peux plus travailler. Rêve, Les yeux ouverts, les mains ouvertes Dans le désert, Dans le désert qui joue Avec les animaux – les inutiles. Après l’ordre, après le désordre, Dans les champs plats, les forêts creuses, Dans la mer lourde et claire, Un animal passe – et ton rêve Est bien le rêve du repos.

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    Intérieur Dans quelques secondes Le peintre et son modèle Prendront la fuite. Plus de vertus Ou moins de malheurs J’aperçois une statue Une sorte d’amande Une médaille vernie Pour le plus grand ennui.

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    Je t'aime Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud Pour la neige qui fond pour les premières fleurs Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas Je t’aime pour aimer Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte Entre autrefois et aujourd’hui Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie Comme on oublie Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne Pour la santé Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas Tu crois être le doute et tu n’es que raison Tu es le grand soleil qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi.

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    J’ai écrit ton nom J’ai écrit ton nom sur le sable, Mais la vague l’a effacé. J’ai gravé ton nom sur un arbre, Mais l’écorce est tombée. J’ai incrusté ton nom dans le marbre, Mais la pierre a cassé. J’ai enfoui ton nom dans mon cœur, Et le temps l’a gardé.

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    La bénédiction À l’aventure, en barque, au nord. Dans la trompette des oiseaux Les poissons dans leur élément. L’homme qui creuse sa couronne Allume un brasier dans la cloche, Un beau brasier-nid-de-fourmis. Et le guerrier bardé de fer Que l’on fait rôtir à la broche Apprend l’amour et la musique.

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    La grande maison inhabitable Au milieu d’une île étonnante Que ses membres traversent Elle vit d’un monde ébloui. La chair que l’on montre aux curieux Attend là comme les récoltes La chute sur les rives. En attendant pour voir plus loin Les yeux plus grands ouverts sous le vent de ses mains Elle imagine que l’horizon a pour elle dénoué sa ceinture.

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    Nudité de la vérité «Je le sais bien» Le désespoir n’a pas d’ailes, L’amour non plus, Pas de visage, Ne parlent pas, Je ne bouge pas, Je ne les regarde pas, Je ne leur parle pas Mais Je suis bien aussi vivant que mon amour et que mon désespoir.

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    La mort, l’amour, la vie J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges Comme un mort raisonnable qui a su mourir Un mort non couronné sinon de son néant Je me suis étendu sur les vagues absurdes Du poison absorbé par amour de la cendre La solitude m’a semblé plus vive que le sang Je voulais désunir la vie Je voulais partager la mort avec la mort Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée Ni rien devant ni rien derrière rien entier J’avais éliminé le glaçon des mains jointes J’avais éliminé l’hivernale ossature Du voeu de vivre qui s’annule Tu es venue le feu s’est alors ranimé L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé Et la terre s’est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J’avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J’avançais je gagnais de l’espace et du temps J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l’aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Les champs sont labourés les usines rayonnent Et le blé fait son nid dans une houle énorme La moisson la vendange ont des témoins sans nombre Rien n’est simple ni singulier La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit La forêt donne aux arbres la sécurité Et les murs des maisons ont une peau commune Et les routes toujours se croisent. Les hommes sont faits pour s’entendre Pour se comprendre pour s’aimer Ont des enfants qui deviendront pères des hommes Ont des enfants sans feu ni lieu Qui réinventeront les hommes Et la nature et leur patrie Celle de tous les hommes Celle de tous les temps. Paul Eluard

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    La parole J’ai la beauté facile et c’est heureux. Je glisse sur les toits des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale Je ne connais plus le conducteur Je ne bouge plus soie sur les glaces Je suis malade fleurs et cailloux J’aime le plus chinois aux nues J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau Je suis vieille mais ici je suis belle Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux. Paul Eluard, Capitale de la douleur, Répétitions, 1926

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    La terre est bleue La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.

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    La vie Sourire aux visiteurs Qui sortent de leur cachette Quand elle sort elle dort. Chaque jour plus matinale Chaque saison plus nue Plus fraîche Pour suivre ses regards Elle se balance.

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    Le baiser Un coq à la porte de l'aube Un coq battant de cloche Brise le temps nocturne sur des galets de promptitude Un lancer de ramages Entre deux transparences inégales On ne va pas si tôt lever la tête Vers la lumière qui s'assemble Mais la baisser Sur une bouche plus vorace qu'une murène Sur une bouche qui se cache sous les paupières Et qui bientôt se cachera derrière les yeux Porteuse de rêves nouveaux La plus douce des charrues Inutile indispensable Elle sait la place de chaque chose Dans le silence Collier rompu des mots rebelles Une autre bouche pour litière Compagne des herbes fiévreuses Ennemie des pièges Sauvage et bonne formée pour tous Et pour personne Bouche oublieuse du langage Bouche éclairée par les mirages de la nuit Le premier pas sur cette route franche Monotone comme un enfant Mille orchidées à l'infini Brillant brûlant pont vivant Image écho reflet d'une naissance perpétuelle Cest gagner un instant Pour ne plus jamais douter de durer.

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    Le fou parle C’est ma mère, monsieur, avec ma fiancée Elles passent là-bas, l’une à l’autre pressée. La jeune m’a giflé, la vieille m’a fessé. Je vous jure pourtant que je les aimais bien; Mais, constamment, j’avais le besoin bénin D’exiger trop d’amour: ses larmes et son sein. Je vous jure, monsieur, qu’elles m’ont bien aimé. Ça n’est certes pas leur faute à toutes les deux Si sans cesse je voulais être plus heureux. C’est ma mère, monsieur, avec ma fiancée. Pour moi, elles ne sont qu’un même être et leurs charmes Sont égaux ayant fait verser les mêmes larmes: Ma mère a pleuré sur moi, qui sanglotais Pour l’autre, refusant d’être à moi tout à fait; Je ne sais pas lequel de nous trois fut blessé. . . C’est ma mère, monsieur, avec ma fiancée.

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    Le sourd et l’aveugle Gagnerons-nous la mer avec des cloches Dans nos poches, avec le bruit de la mer Dans la mer, ou bien serons-nous les porteurs D’une eau plus pure et silencieuse? L’eau se frottant les mains aiguise des couteaux Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots Et le bruit de leurs coups est semblable à celui Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux. C’est la tempête et le tonnerre. Pourquoi pas le silence Du déluge, car nous avons en nous tout l’espace rêvé Pour le plus grand silence et nous respirerons Comme le vent des mers terribles, comme le vent Qui rampe lentement sur tous les horizons.

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    Lequels ? Pendant qu’il est facile Et pendant qu’elle est gaie Allons nous habiller et nous déshabiller.

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    Les armes de la douleur A la mémoire de Lucien Legros fusillé pour ses dix-huit ans. I Daddy des Ruines Hommes au chapeau trouvé Homme aux orbites creuses Homme au feu noir Homme au ciel vide Corbeau fait pour vivre vieux Tu avais rêvé d’être heureux Daddy des Ruines Ton fils est mort Assassiné Daddy la Haine Ô victime cruelle Mon camarade des deux guerres Notre vie est tailladée Saignante et laide Mais nous jurons De tenir bientôt le couteau Daddy l’Espoir L’espoir des autres Tu es partout. II J’avais dans mes serments bâti trois châteaux Un pour la vie un pour la mort un pour l’amour Je cachais comme un trésor Les pauvres petites peines De ma vie heureuse et bonne J’avais dans la douceur tissé trois manteaux Un pour nous deux et deux pour notre enfant Nous avions les mêmes mains Et nous pensions l’un pour l’autre Nous embellissions la terre J’avais dans la nuit compté trois lumières Le temps de dormir tout se confondait Fils d’espoir et fleur miroir oeil et lune Homme sans saveur mais clair de langage Femme sans éclat mais fluide aux doigts Brusquement c’est le désert Et je me perds dans le noir L’ennemi s’est révélé Je suis seule dans ma chair Je suis seule pour aimer. III Cet enfant aurait pu mentir Et se sauver La molle plaine infranchissable Cet enfant n’aimait pas mentir Il cria très fort ses forfaits Il opposa sa vérité La vérité Comme une épée à ses bourreaux Comme une épée sa loi suprême Et ses bourreaux se sont vengés Ils ont fait défiler la mort L’espoir la mort l’espoir la mort Ils l’ont gracié puis ils l’ont tué On l’avait durement traité Ses pieds ses mains étaient brisés Dit le gardien du cimetière. IV Une seule pensée une seule passion Et les armes de la douleur. V Des combattants saignant le feu Ceux qui feront la paix sur terre Des ouvriers des paysans Des guerriers mêlés à la foule Et quels prodiges de raison Pour mieux frapper Des guerriers comme des ruisseaux Partout sur les champs desséchés Ou battant d’ailes acharnées Le ciel boueux pour effacer La morale de fin du monde Des oppresseurs Et selon l’amour la haine Des guerriers selon l’espoir Selon le sens de la vie Et la commune parole Selon la passion de vaindre Et de réparer le mal Qu’on nous a fait Des guerriers selon mon coeur Celui-ci pense à la mort Celui-là n’y pense pas L’un dort l’autre ne dort pas Mais tous font le même rêve Se libérer Chacun est l’ombre de tous. VI Les uns sombres les autres nus Chantant leur bien mâchant leur mal Mâchant le poids de leur corps Ou chantant comme on s’envole Par mille rêves humains Par mille voies de nature Ils sortent de leur pays Et leur pays entre en eux De l’air passe dans leur sang Leur pays peut devenir Le vrai pays des merveilles Le pays de l’innocence. VII Des réfractaires selon l’homme Sous le ciel de tous les hommes Sur la terre unie et pleine Au-dedans de ce fruit mûr Le soleil comme un coeur pur Tous le soleil pour les hommes Tous les hommes pour les hommes La terre entière et le temps Le bonheur dans un seul corps. Je dis ce que je vois Ce que je sais Ce qui est vrai.

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    Les belles balances de l’ennemi Des saluts font justice de la dignité Des bottes font justice de nos promenades Des imbéciles font justice de nos rêves Des goujats font justice de la liberté Des privations ont fait justice des enfants Ô mon frère on a fait justice de ton frère Du plomb a fait justice du plus beau visage La haine a fait justice de notre souffrance Et nos forces nous sont rendues Nous ferons justice du mal.

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    Luire Terre irréprochablement cultivée, Miel d’aube, soleil en fleurs, Coureur tenant encore par un fil au dormeur (Nœud par intelligences) Et le jetant sur son épaule: «Il n’a jamais été plus neuf, Il n’a jamais été si lourd.» Usure, il sera plus léger, Utile. Clair soleil d’été avec: Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité Et, vite, Les porteurs de fleurs en l’air touchent de la terre.

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    L'avis La nuit qui précéda sa mort Fut la plus courte de sa vie L'idée qu'il existait encore Lui brûlait le sang aux poignets Le poids de son corps l'écoeurait Sa force le faisait gémir C'est tout au fond de cette horreur Qu'il a commencé à sourire Il n'avait pas UN camarade Mais des millions et des millions Pour le venger il le savait Et le jour se leva pour lui.

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    L'univers-solitude Les fruits du jour couvés par la terre Une femme une seule ne dort pas Les fenêtres sont couchées. Une femme chaque nuit Voyage en grand secret. Villages de la lassitude Où les filles ont les bras nus Comme des jets d'eau La jeunesse grandit en elles Et rit sur la pointe des pieds. Villages de la lassitude Où tous les êtres sont paiejls. Pour voir les yeux où l'on s'enferme Et les rires où l'on prend place. Des insectes entrent ici Ombres grésillantes du feu Une flamme toute rouillée Éclabousse le sommeil Son lit de chair et ses vertus. La montagne la mer et la belle baigneuse Dans la maison des pauvres Sur le ciel fané qui leur tient lieu d'ombrage Se dissimulent molle et mille lampes sombres. Un champ de reflets joint les larmes Ferme les yeux Tout est comblé. A la suite des images La masse de la lumière roule vers d'autres rêves. Le corps et les honneurs profanes Incroyable conspiration Des angles doux comme des ailes — Mais la main qui me caresse C'est mon rire qui l'ouvre C'est ma gorge qui la retient Qui la supprime. Incroyable conspiration Des découvertes et des surprises. Fantôme de ta nudité Fantôme enfant de ta simplicité Dompteur puéril sommeil charnel De libertés imaginaires. Plume d'eau claire pluie fragile Fraîcheur voilée de caresses De regards et de paroles Amour qui voile ce que j'aime. A ce souffle à ce soleil d'hier Qui joint tes lèvres Cette caresse toute fraîche Pour courir les mers légères de ta pudeur Pour en façonner dans l'ombre Les miroirs de jasmin Le problème du calme. Une chanson de porcelaine bat des mains Puis en morceaux mendie et meurt Tu te souviendras d'elle pauvre et nue Matin des loups et leur morsure est un tunnel D'où tu sors en robe de sang A rougir de la nuit .Que de vivants à retrouver Que de lumières à éteindre Je t'appellerai Visuelle Et multiplierai ton image. Désarmée Elle ne se connaît plus d'ennemis. Rôdeuse au front de verre Son cœur s'inscrit dans une étoile noire Ses yeux montrent sa tête Ses yeux sont la fraîcheur de l'été La chaleur de l'hiver Ses yeux s'ajourent rient très fort Ses yeux joueurs gagnent leur part de clarté. Elle s'allonge Pour se sentir moins seule. Il fait clair je me suis couvert Comme pour sortir du jour Colère sous le signe atroce De la jalousie l'injustice La plus savante Fais fuir ce ciel sombre Casse ses vitres Donne-les à manger aux pierres Ce faux ciel sombre Impur et lourd. J'admirais descendant vers toi L'espace occupé par le temps Nos souvenirs me transportaient Il te manque beaucoup de place Pour être toujours avec moi. Déchirant ses baisers et ses peurs Elle s'éveille la nuit Pour s'étonner de tout ce qui l'a remplacée. Au quai de ces ramures Les navigateurs ne prospèrent pas Paupières abattues par l'éclat l'écho du feu Au quai des jambes nues Perçant le corps dans l'ombre sourde La trace des tentations s'est perdue. Les fleuves ne se perdent qu'au pays de l'eau La mer s'est effondrée sous son ciel de loisirs Assise tu refuses de me suivre Que risques-tu J'amour fait rire la douleur Et crier sur les toits l'impuissance du monde. La solitude est fraîche à ta gorge immobile J'ai regardé tes mains elles sont semblables Et tu peux les croiser Tu peux f attacher à toi-même C'est bien — puisque tu es la seule je suis seul. Une prison découronnée En plein ciel Une fenêtre enflammée Où la foudre montre ses seins Une nuit toute verte Nul ne sourit dans cette solitude Ici le feu dort tout debout A travers moi. Mais ce sinistre est inutile Je sais sourire Tête absurde Dont la mort ne veut pas dessécher les désirs Tête absolument libre Qui gardera toujours et son regard et son sourire. Si je vis aujourd'hui Si je ne suis pas seul Si quelqu'un vient à la fenêtre Et si je suis cette fenêtre Si quelqu'un vient Ces yeux nouveaux ne me voient Ne savent pas ce que je pense Refusent d'être mes complices Et pour aimer séparent. A la clarté du droit de mort Fuite à visage d'innocent Au long d'une brume aux branches filantes Au long des étoiles fixes Les éphémères régnent. Le temps la laine^e l'ivoire Roulant sur une route de ciré. Derrière moi mes yeux se sont fermés La lumière est brûlée la nuit décapitée Des oiseaux plus grands que les vents Ne savent plus où se poser. Dans les tourments infirmes dans lès rides des rires Je ne cherche plus mon semblable La vie s'est affaissée mes images sont sourdes Tous les refus du monde ont dit leur dernier mot Ils ne se rencontrent plus ils s'ignorent Je suis seul je suis seul tout seul Je n'ai jamais changé.

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    Paul Éluard

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    L’ami La photographie: un groupe. Si le soleil passait, Si tu bouges. Fards. À l’intérieur, blanche et vernie, Dans le tunnel. «Au temps des étincelles On débouchait la lumière.» Postérité, mentalité des gens. La bien belle peinture. L’épreuve, s’entendre. L’espoir des cantharides Est un bien bel espoir.

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    Paul Éluard

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    L’entente I Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue Tu donnes à la solitude un premier gage Mais c’est pour mieux la renier T’es-tu déjà prise par la main As-tu déjà touché tes mains Elles sont petites et douces Ce sont les mains de toutes les femmes Et les mains des hommes leur vont comme un gant Les mains touchent aux mêmes choses Écoute-toi parler tu parles pour les autres Et si tu te réponds ce sont les autres qui t’entendent Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinie Multiple tes yeux divers et confondus Font fleurir les miroirs Les couvrent de rosée de givre de pollen Les miroirs spontanés où les aubes voyagent Où les horizons s’associent Le creux de ton corps cueille des avalanches Car tu bois au soleil Tu dissous le rythme majeur Tu le redonnes au monde Tu enveloppes l’homme. Toujours en train de rire Mon petit feu charnel Toujours prête à chanter Ma double lèvre en flammes Les chemins tendres que trace ton sang clair Joignent les créatures C’est de la mousse qui recouvre le désert Sans que la nuit jamais puisse y laisser d’emprintes ni d’ornières Belle à dormir partout à rêver rencontrée à chaque instant d’air pur Aussi bien sur la terre que parmi les fruits des bras des jambes de la tête Belle à désirs renouvelés tout est nouveau tout est futur Mains qui s’étreignent ne pèsent rien Entre des yeux qui se regardent la lumière déborde L’écho le plus lointain rebondit entre nous Tranquille sève nue Nous passons à travers nos semblables Sans nous perdre Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs Qu’un trésor délivré. II Ou bien rire ensemble dans les rues Chaque pas plus léger plus rapide Nous sommes deux à ne plus compter sur la sagesse Avoue le ciel n’est pas sérieux Ce matin n’est qu’un jeu sur ta bouche de joie Le soleil se prend dans sa toile Nous conduisons l’eau pure et toute perfection Vers l’été diluvien Sur une mer qui a la forme et la couleur de ton corps Ravie de ses tempêtes qui lui font robe neuve Capricieuse et chaude Changeante comme moi Ô mes raisons le loir en a plus de dormir Que moi d’en découvrir de valables à la vie À moins d’aimer En passe de devenir caresses Tes rires et tes gestes règlent mon allure Poliraient les pavés Et je ris avec toi et je te crois toute seule Tout le temps d’une rue qui n’en finit pas.

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