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Paul Verlaine

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Paul Verlaine, né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) et mort le 8 janvier 1896 à Paris, est un écrivain et poète français. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866, à 22 ans. Il épouse en 1870 Mathilde Mauté. Le couple aura un enfant, Georges Verlaine. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine, d'un coup de revolver, blesse au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal ». Jugé et condamné, il passe deux années en prison, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Archétype du poète maudit (notion qu'il a lui-même forgée dans son essai de 1884 et 1888), Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré, Charles Koechlin et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes).

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Poésies

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    Autant certes la femme gagne Autant certes la femme gagne À faire l’amour en chemise, Autant alors cette compagne Est-elle seulement de mise À la condition expresse D’un voile, court, délinéant Cuisse et mollet, téton et fesse Et leur truc un peu trop géant.

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    À celle qu’on dit froide Tu n’es pas la plus amoureuse De celles qui m’ont pris ma chair ; Tu n’es pas la plus savoureuse De mes femmes de l’autre hiver. Mais je t’adore tout de même ! D’ailleurs ton corps doux et bénin A tout, dans son calme suprême, De si grassement féminin, De si voluptueux sans phrase, Depuis les pieds longtemps baisés Jusqu’à ces yeux clairs pur d’extase, Mais que bien et mieux apaisés ! Depuis les jambes et les cuisses Jeunettes sous la jeune peau, A travers ton odeur d’éclisses Et d’écrevisses fraîches, beau, Mignon, discret, doux, petit Chose A peine ombré d’un or fluet, T’ouvrant en une apothéose A mon désir rauque et muet, Jusqu’aux jolis tétins d’infante, De miss à peine en puberté, Jusqu’à ta gorge triomphante Dans sa gracile venusté, Jusqu’à ces épaules luisantes, Jusqu’à la bouche, jusqu’au front Naïfs aux mines innocentes Qu’au fond les faits démentiront, Jusqu’aux cheveux courts bouclés comme Les cheveux d’un joli garçon, Mais dont le flot nous charme, en somme, Parmi leur apprêt sans façon, En passant par la lente échine Dodue à plaisir, jusques au Cul somptueux, blancheur divine, Rondeurs dignes de ton ciseau, Mol Canova ! jusques aux cuisses Qu’il sied de saluer encor, Jusqu’aux mollets, fermes délices, Jusqu’aux talons de rose et d’or ! Nos nœuds furent incoërcibles ? Non, mais eurent leur attrait leur. Nos feux se trouvèrent terribles ? Non, mais donnèrent leur chaleur. Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche. Je dis que notre « sérieux » Fut surtout, et je m’en pourlèche, Une masturbation mieux, Bien qu’aussi bien les prévenances Sussent te préparer sans plus, Comme l’on dit, d’inconvenances, Pensionnaire qui me plus. Et je te garde entre mes femmes Du regret non sans quelque espoir De quand peut-être nous aimâmes Et de sans doute nous ravoir.

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    A Clymène Mystiques barcarolles, Romances sans paroles, Chère, puisque tes yeux, Couleur des cieux, Puisque ta voix, étrange Vision qui dérange Et trouble l’horizon De ma raison, Puisque l’arôme insigne De la pâleur de cygne, Et puisque la candeur De ton odeur, Ah ! puisque tout ton être, Musique qui pénètre, Nimbes d’anges défunts, Tons et parfums, A, sur d’almes cadences, En ces correspondances Induit mon cœur subtil, Ainsi soit-il !

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    À Horatio Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes, Des créanciers, des duels hilares à propos De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes. Voici venir, ami très tendre qui t'allumes Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots, Horatio, terreur et gloire des tripots, Cher diseur de jurons à remplir cent volumes, Voici venir parmi les brumes d'Elseneur Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur, Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne, C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne, Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

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    À la promenade Le ciel si pâle et les arbres si grêles Semblent sourire à nos costumes clairs Qui vont flottant légers avec des airs De nonchalance et des mouvements d’ailes. Et le vent doux ride l’humble bassin, Et la lueur du soleil qu’atténue L’ombre des bas tilleuls de l’avenue Nous parvient bleue et mourante à dessein. Trompeurs exquis et coquettes charmantes Cœurs tendres mais affranchis du serment Nous devisons délicieusement, Et les amants lutinent les amantes De qui la main imperceptible sait Parfois donner un soufflet qu’on échange Contre un baiser sur l’extrême phalange Du petit doigt, et comme la chose est Immensément excessive et farouche, On est puni par un regard très sec, Lequel contraste, au demeurant, avec La moue assez clémente de la bouche.

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    À Madame *** Quand tu m’enserres de tes cuisses La tête ou les cuisses, gorgeant Ma gueule de bathes délices De ton jeune foutre astringent, Où mordant d’un con à la taille Juste de tel passe-partout Mon vit point, très gros, mais canaille Depuis les couilles jusqu’au bout. Dans la pinete et la minette Tu tords ton cul d’une façon Qui n’est pas d’une femme honnête ; Et nom de Dieu, t’as bien raison ! Tu me fais des langues fourrées, Quand nous baisons, d’une longueur, Et d’une ardeur démesurées Qui me vont, merde ! au droit du cœur, Et ton con exprime ma pine Comme un ours téterait un pis, Ours bien léché, toison rupine, Que la mienne a pour fier tapis Ours bien léché, gourmande et saoûle Ma langue ici peut l’attester Qui fit à ton clitoris boule- de-gomme à ne plus le compter Bien léché, oui, mais âpre en diable, Ton con joli, taquin, coquin, Qui rit rouge sur fond de sable ; Telles les lèvres d’Arlequin.

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    À Madame... Vos narines qui vont en l'air, Non loin de vos beaux yeux quelconques, Sont mignonnes comme ces conques Du bord de mer de bains de mer ; Un sourire moins franc qu'aimable Découvre de petites dents, Diminutifs outrecuidants De celles d'un loup de la fable ; Bien en chair, lente avec du chien, On remarque votre personne, Et votre voix fine résonne Non sans des agréments très bien ; De la grâce externe et légère Et qui me laissait plutôt coi Font de vous un morceau de roi, Ô de roi non absolu, chère !

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    À Madame X Au temps où vous m'aimiez (bien sûr ?), Vous m'envoyâtes, fraîche éclose, Une chère petite rose, Frais emblème, message pur. Elle disait en son langage Les " serments du premier amour ", Votre coeur à moi pour toujours Et toutes les choses d'usage. Trois ans sont passés. Nous voilà ! Mais moi j'ai gardé la mémoire De votre rose, et c'est ma gloire De penser encore à cela. Hélas ! si j'ai la souvenance, Je n'ai plus la fleur, ni le coeur ! Elle est aux quatre vents, la fleur. Le coeur ? mais, voici que j'y pense, Fut-il mien jamais ? entre nous ? Moi, le mien bat toujours de même, Il est toujours simple. Un emblème A mon tour. Dites, voulez-vous Que, tout pesé, je vous envoie, Triste sélam, mais c'est ainsi, Cette pauvre négresse-ci ? Elle n'est pas couleur de joie, Mais elle est couleur de mon coeur ; Je l'ai cueillie à quelque fente Du pavé captif que j'arpente En ce lieu de juste douleur. A-t-elle besoin d'autres preuves ? Acceptez-la pour le plaisir. J'ai tant fait que de la cueillir, Et c'est presque une fleur-des-veuves.

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    A Charles Baudelaire Je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas aimé, Je ne te connais point et je t’aime encor moins : Je me chargerais mal de ton nom diffamé, Et si j’ai quelque droit d’être entre tes témoins, C’est que, d’abord, et c’est qu’ailleurs, vers les Pieds joints D’abord par les clous froids, puis par l’élan pâmé Des femmes de péché – desquelles ô tant oints, Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! – Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes Les âmes que la faim et la soif sur les routes Poussaient belles d’espoir au Calvaire touché ! – Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes, Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes. Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché.

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    A George Bonnamour J'étais malade de regrets, de quels regrets ! Toute ma bonne foi pleurait d'une méprise. Mon corps qui fut naguère fort, si faible après Agonisait presque, comme un tigre agonise. Ma face dure aux poils fauves de barbe grise Suait froid, mes yeux clos se rejoignaient trop près. D'affreux hoquets me secouaient sous ma chemise Et mes membres s'alignaient à la mort tout prêts. Puis il fallut manger et boire. Comment faire ? Mais vous vous trouviez là qui me tendiez mon verre Et découpiez ma chère et me " teniez le front. Et, tout en écoutant, pieux, ma juste plainte, La consolant parfois d'un mot franc dit sans crainte, Berciez l'enfant qu'est moi des beaux jours qui seront.

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    Autre (Impression fausse) La cour se fleurit de souci Comme le front De tous ceux-ci Qui vont en rond En flageolant sur leur fémur Débilité Le long du mur Fou de clarté. Tournez, Samsons sans Dalila, Sans Philistin, Tournez bien la Meule au destin. Vaincu risible de la loi, Mouds tour à tour Ton coeur, ta foi Et ton amour ! Ils vont ! et leurs pauvres souliers Font un bruit sec, Humiliés, La pipe au bec. Pas un mot ou bien le cachot Pas un soupir, Il fait si chaud Qu’on croit mourir. J’en suis de ce cirque effaré, Soumis d’ailleurs Et préparé A tous malheurs. Et pourquoi si j’ai contristé Ton voeu têtu, Société, Me choierais-tu ? Allons, frères, bons vieux voleurs, Doux vagabonds, Filous en fleurs, Mes chers, mes bons, Fumons philosophiquement, Promenons-nous Paisiblement : Rien faire est doux.

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    A la louange de Laure et de Pétrarque Chose italienne où Shakspeare a passé Mais que Ronsard fit superbement française, Fine basilique au large diocèse, Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé, Elle, ta marraine, et Lui qui t’a pensé, Dogme entier toujours debout sous l’exégèse Même edmondschéresque ou francisquesarceyse, Sonnet, force acquise et trésor amassé, Ceux-là sont très bons et toujours vénérables, Ayant procuré leur luxe aux misérables Et l’or fou qui sied aux pauvres glorieux, Aux poètes fiers comme les gueux d’Espagne, Aux vierges qu’exalte un rhythme exact, aux yeux Epris d’ordre, aux coeurs qu’un voeu chaste accompagne.

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    A ma bien-aimée Je connais tout, même moi-même '. Je ne sais rien, même de toi. Je suis l'inconscient et j'aime Je ne sais qui, jusques à moi ! Mais je n'ignore pas quiconque. Et ce quiconque-là, j'y suis Pour lui parler si, dans la conque De son oreille, ce pertuis ! II désire que je lui glisse Telle parole ou bien un mot Et s'il voulait qu'on lui foutisse Un compliment de matelot. Je suis de ce siècle et de toutes Les décadences et je suis Ce pèlerin qui, par les routes. Et me congèle et me recuis. Et sans peur ni de la mort verde Ni de la vie en rose, j'ai Pour réponse à tel propos gai, Triste ou riendutoutiste : M...

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    A ma femme Grande amie, aujourd'hui l'épouse de mon cœur, Toi qui fis mon délice en mes jours de langueur, Or, maintenant quelque force m'est revenue Et je puis défier la tentation nue. Rose et Noire en dehors de toi, bien entendu, A qui mon corps, vaillant et douloureux, est dû, Tout mon corps et toute mon âme et tout cet être Qui t'approche aujourd'hui, ton servant mais son maître, Et communie en toi par tels tours innocents. Désormais, Reine Légitime de mes sens, Que te voici car Dieu nous veut voir, car il aime A nous voir toujours, avec ou sans emblème, Unis, ce qui nous fait des anges à ses yeux; Tout, aussi bien, nous tient de liens précieux, Tout nous a mariés, ta maturité même. Epanouie exprés en une fleur suprême. Et ce même passé, souvent à déplorer. Luxures, trahisons, qu'il faudra réparer. Et surtout ce malheur qu'en sainte tu partages D'un courage charmant par quoi tu t'avantages, Ce malheur tout physique où je suis, tout moral De là d'où tu plaças ton vraiment auroral Et comme virginal mode de m'ëtre bonne, Ne le cédant en exactitude à personne Que dis-je ? toujours là, près du triste chevet Où l'on crut par moments que mon sort s'achevait. Oui, tout nous fiançait, tout fit les justes noces De notre avenir calme après les chocs atroces Où nous usions la chair et l'esprit, en enfants Vieillis que nous étions déjà, fous, triomphants D'un reste de jeunesse encor bien usurpée : Mais qui se sert du fer périra par l'épée ! Heureusement que sur moi seul le mot divin S'accomplit presque sous tes yeux. — Mais il est vain De parler. Agissons. Usons de patience D'abord. Il le faut bien. Puisque l'âpre science Et l'âpre maladie, en leurs mornes combats, Me piétinent, champ de bataille aux mille pas. Et puis, soyons joyeux, ou plutôt sois joyeuse, Toi dont la joie éperle une gamme soyeuse. Moi je suis résigné, presque content, content. Comblé, puisque tu vas m'en sourire d'autant. Ah ! nous serons heureux mieux qu'avant : la sagesse... Raisonnable est bien là pour nous faire largesse D'un bonheur jusqu'au bout au lieu de ce plaisir Où tu te méfiais et qui m'était désir Pur et simple, avec bien, pourtant, déjà la flèche Au cœur d'une amour étonnée et pure et fraîche-Mais tout cela c'est du futur... Vite au présent. Nous ! Et puis, te voilà de tes yeux apaisant Ma fièvre, avec ma main sur ta main qui s'y laisse. Embrassons, de bras lents, — acomptes et promesse !

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    A mes amis de la-bas Gens de la paisible Hollande Qu'un instant ma voix vint troubler Sans trop, j'espère, d'ire grande De votre part, voulant parler A vos esprits que la nature Fit calmes pour mieux y mêler L'enthousiasme et la foi pure Et l'idéal fou de réel Et la raison et l'aventure De sorte équitable, — ô le ciel non plus brumeux, mais de par l'ombre Même, et l'éclat essentiel, Ô le ciel aux teintes sans nombre Qu'opalisent l'ombre et l'éclat De votre art clair ensemble et sombre. Ciel dont il fallait que parlât La gratitude encor des races " Et dont il fallait que perlât Cette douceur vraiment mystique Et crue aussi vraiment qui rend Rêveuse notre âpre critique, Ô votre ciel, fils de Rembrandt !

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    A mon amie Eugénie Contrariante comme on l’est peu, nom de Dieu! Tu n’en fais qu’à ta tête — et moi rien qu’à la mienne Non plus — et je suis tel que je suis, quelque peu Que je sois, et j’y reste en dépit de la tienne De tête, et, nom de Dieu! j’adorerais ce jeu, S’il ne me tuait pas en manière de tienne Plaisanterie et de ta part et de la mienne, Je dis un peu ce qu’il faut dire, nom de Dieu. Je ne suis pas ni comme il faut, ni de génie, Mais je me souviens qu’on te prénomme Eugénie, Et je me rappelle aussi que c’est aujourd’hui Ta fête, et qu’il faut encore que je la souhaite, En dépit de nos torts de femme et de poète, Et je t’envoie, ô, ce sonnet fait aujourd’hui.

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    A poor young shepherd J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser ! Pourtant j'aime Kate Et ses yeux jolis. Elle est délicate, Aux longs traits pâlis. Oh ! que j'aime Kate ! C'est Saint-Valentin ! Je dois et je n'ose Lui dire au matin... La terrible chose Que Saint-Valentin ! Elle m'est promise, Fort heureusement ! Mais quelle entreprise Que d'être un amant Près d'une promise ! J'ai peur d'un baiser Comme d'une abeille. Je souffre et je veille Sans me reposer : J'ai peur d'un baiser !

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    L'amour de la patrie L'amour de la Patrie est le premier amour Et le dernier amour après l'amour de Dieu. C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour Où notre regard luit comme un céleste feu ; C'est le jour baptismal aux paupières divines De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines En fleur, l'air printanier rempli d'odeurs vermeilles. L'enfant grandit, il sent la terre sous ses pas Qui le porte, le berce, et, bonne, le nourrit, Et douce, désaltère encore ses repas D'une liqueur, délice et gloire de l'esprit. Puis l'enfant se fait homme ou devient jeune fille Et cependant que croît sa chair pleine de grâce, Son âme se répand par-delà la famille Et cherche une âme soeur, une chair qu'il enlace ; Et quand il a trouvé cette âme et cette chair, Il naît d'autres enfants encore, fleurs de fleurs Qui germeront aussi le jardin jeune et cher Des générations d'ici, non pas d'ailleurs. L'homme et la femme ayant l'un et l'autre leur tâche S'en vont un peu chacun de son coté. La femme, Gardienne du foyer tout le jour sans relâche, La nuit garde l'honneur comme une chaste femme ; L'homme vaque aux durs soins du dehors ; les travaux, La parole à porter - sûr ce qu'il vaut - Sévère et probe et douce, et rude aux discours faux, Et la nuit le ramène entre les bras qu'il faut. Tout deux, si pacifique est leur course terrestre, Mourront bénis de fils et vieux dans la patrie ; Mais que le noir démon, la guerre, essore l'oestre, Que l'air natal s'empourpre aux fleurs de tuerie, Que l'étranger mette son pied sur le vieux sol Nourricier, - imitant les peuples de tous bords. Saragosse, Moscou, le Russe, l'Espagnol, La France de quatre-vingt-treize, l'homme alors, Magnifié soudain, à son oeuvre se hausse, Et tragique, et classique, et très fort, et très calme, Lutte pour sa maison ou combat pour sa fosse, Meurt en pensant aux siens ou leur conquiert la palme S'il survit il reprend le train de tous les jours, Élève ses enfants dans la crainte de Dieu Des ancêtres, et va refleurir ses amours Aux flancs de l'épousée éprise du fier jeu. L'âge mûr est celui des sévères pensées, Des espoirs soucieux, des amitiés jalouses, C'est l'heure aussi des justes haines amassées, Et quand sur la place publique, habits et blouses, Les citoyens discords dans d'honnêtes combats (Et combien douloureux à leur fraternité !) S'arrachent les devoirs et les droits, et non pas Pour le lucre, mais pour une stricte équité, Il prend parti, pleurant de tuer, mais terrible Et tuant sans merci comme en d'autres batailles, Le sang autour de lui giclant comme d'un crible, Une atroce fureur, pourtant sainte, aux entrailles. Tué, son nom, célèbre ou non, reste honoré. Proscrit ou non, il meurt heureux, dans tous les cas D'avoir voué sa vie et tout au lieu sacré Qui le fit homme et tout, de joyeux petit gas.

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    A un passant Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante, Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis, Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme lys, Mon cher enfant que j’ai vu dans ma vie errante ! Et beau comme notre âme pure et transparente, Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente, De mon effort de charité, nous, fleurs de lys ! On te dit mort… Mort ou vivant, sois ma mémoire ! Et qu’on ne hurle donc plus que c’est de la gloire Que je m’occupe, fou qu’il fallut et qu’il faut… Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres, Quoi qu’en aient dit et dit tels imbéciles noirs Compagnon qui ressuscitas les saints espoirs, Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres !

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    A une femme A vous ces vers de par la grâce consolante De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux, De par votre âme pure et toute bonne, à vous Ces vers du fond de ma détresse violente. C’est qu’hélas ! le hideux cauchemar qui me hante N’a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux, Se multipliant comme un cortège de loups Et se pendant après mon sort qu’il ensanglante ! Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien Que le gémissement premier du premier homme Chassé d’Eden n’est qu’une églogue au prix du mien ! Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme Des hirondelles sur un ciel d’après-midi, – Chère, – par un beau jour de septembre attiédi.

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    Adieu Hélas ! je n'étais pas fait pour cette haine Et pour ce mépris plus forts que moi que j'ai. Mais pourquoi m'avoir fait cet agneau sans laine Et pourquoi m'avoir fait ce coeur outragé ? J'étais né pour plaire à toute âme un peu fière, Sorte d'homme en rêve et capable du mieux, Parfois tout sourire et parfois tout prière, Et toujours des cieux attendris dans les yeux ; Toujours la bonté des caresses sincères, En dépit de tout et quoi qu'il y parût, Toujours la pudeur des hontes nécessaires Dans l'argent brutal et les stupeurs du rut ; Toujours le pardon, toujours le sacrifice ! J'eus plus d'un des torts, mais j'avais tous les soins. Votre mère était tendrement ma complice, Qui voyait mes torts et mes soins, elle, au moins. Elle n'aimait pas que par vous je souffrisse. Elle est morte et j'ai prié sur son tombeau ; Mais je doute fort qu'elle approuve et bénisse La chose actuelle et trouve cela beau. Et j'ai peur aussi, nous en terre, de croire Que le pauvre enfant, votre fils et le mien, Ne vénérera pas trop votre mémoire, Ô vous sans égard pour le mien et le tien. Je n'étais pas fait pour dire de ces choses, Moi dont la parole exhalait autrefois Un épithalame en des apothéoses, Ce chant du matin où mentait votre voix. J'étais, je suis né pour plaire aux nobles âmes, Pour les consoler un peu d'un monde impur, Cimier d'or chanteur et tunique de flammes, Moi le Chevalier qui saigne sur azur, Moi qui dois mourir d'une mort douce et chaste Dont le cygne et l'aigle encor seront jaloux, Dans l'honneur vainqueur malgré ce vous néfaste, Dans la gloire aussi des Illustres Époux !

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    Agnus Dei L’agneau cherche l’amère bruyère, C’est le sel et non le sucre qu’il préfère, Son pas fait le bruit d’une averse sur la poussière. Quand il veut un but, rien ne l’arrête, Brusque, il fonce avec de grands coups de sa tête, Puis il bêle vers sa mère accourue inquiète… Agneau de Dieu, qui sauves les hommes, Agneau de Dieu, qui nous comptes et nous nommes, Agneau de Dieu, vois, prends pitié de ce que nous sommes. Donne-nous la paix et non la guerre, Ô l’agneau terrible en ta juste colère. Ô toi, seul Agneau, Dieu le seul fils de Dieu le Père.

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    Allégorie Despotique, pesant, incolore, l'Eté, Comme un roi fainéant présidant un supplice, S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté. L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté, Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse Ou ride cet azur implacablement lisse Où le silence bout dans l'immobilité. L'âpre engourdissement a gagné les cigales Et sur leur lit étroit de pierres inégales Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.

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    Après la chose faite, après le coup porté Après la chose faite, après le coup porté Après le joug très dur librement accepté, Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre, Levé d’un dos vraiment et gaîment volontaire, Après la bonne haine et la chère rancœur. Le rêve de tenir, implacable vainqueur. Les ennemis du cœur et de l’âme et les autres ; De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher, Tout ce train mis en fuite, et courez le chercher ! Alors on est content comme au sortir d’un rêve, On se retrouve net, clair, simple, on sent que crève Un abcès de sottise et d’erreur, et voici Que de l’éternité, symbole en raccourci Toute une plénitude afflue, aime et s’installe, L’être palpite entier dans la forme totale. Et la chair est moins faible et l’esprit moins prompt ; Désormais, on le sait, on s’y tient, fleuriront Le lys du faire pur, celui du chaste dire, Et, si daigne Jésus, la rose du martyre. Alors on trouve, ô Jésus si lent à vous venger, Combien doux est le joug et le fardeau léger ! Charité la plus forte entre toutes les Forces, Tu veux dire, saint piège aux célestes amorces, Les mains tendres du fort, de l’heureux et du grand Autour du sort plaintif du faible et du souffrant. Le regard franc du riche au pauvre exempt d’envie Ou jaloux, et ton nom encore signifie Quelle douceur choisie, et quel droit dévouement, Et ce tact virginal, et l’ange exactement ! Mais l’ange est innocent, essence bienheureuse. Il n’a point à passer par notre vie affreuse Et toi, Vertu sans pair, presqu’Une, n’es-tu pas Humaine en même temps que divine, ici-bas ? Aussi la conscience a dû, pour des fins sûres. Surtout sentir en toi le pardon des injures. Par toi nous devenons semblables à Jésus Portant sa croix infâme et qui, cloué dessus, Priait pour ses bourreaux d’Israël et de Rome, À Jésus qui, du moins, homme avec tout d’un homme, N’avait lui jamais eu de torts de son côté, Et, par Lui, tu nous fais croire en l’éternité.

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    Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu’éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle. Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin… Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle. Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m’est connue. Même j’ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue, – Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

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    Ariettes oubliées Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ?

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    Paul Verlaine

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    Art poétique De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l’Indécis au Précis se joint. C’est des beaux yeux derrière des voiles, C’est le grand jour tremblant de midi, C’est, par un ciel d’automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L’Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l’Azur, Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d’énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ? Ô qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d’un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée Vers d’autres cieux à d’autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Éparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym… Et tout le reste est littérature.

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    À la princesse Roukhine C'est une laide de Boucher Sans poudre dans sa chevelure Follement blonde et d'une allure Vénuste à tous nous débaucher. Mais je la crois mienne entre tous, Cette crinière tant baisée, Cette cascatelle embrasée Qui m'allume par tous les bouts. Elle est à moi bien plus encor Comme une flamboyante enceinte Aux entours de la porte sainte, L'alme, la dive toison d'or ! Et qui pourrait dire ce corps Sinon moi, son chantre et son prêtre, Et son esclave humble et son maître Qui s'en damnerait sans remords, Son cher corps rare, harmonieux, Suave, blanc comme une rose Blanche, blanc de lait pur, et rose Comme un lys sous de pourpres cieux ? Cuisses belles, seins redressants, Le dos, les reins, le ventre, fête Pour les yeux et les mains en quête Et pour la bouche et tous les sens ? Mignonne, allons voir si ton lit A toujours sous le rideau rouge L'oreiller sorcier qui tant bouge Et les draps fous. Ô vers ton lit !

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    Asperges me Moi qui ne suis qu’un brin d’hysope dans la main Du Seigneur tout-puissant qui m’octroya la grâce, Je puis, si mon dessein est pur devant Sa face, Purifier autrui passant sur mon chemin. Je puis, si ma prière est de celles qu’allège L’Humilité du poids d’un désir languissant, Comme un païen peut baptiser en cas pressant, Laver mon prochain, le blanchir plus que la neige. Prenez pitié de moi, Seigneur, suivant l’effet Miséricordieux de Vos mansuétudes, Veuillez bander mon coeur, coeur aux épreuves rudes, Que le zèle pour Votre maison soulevait. Faites-moi prospérer dans mes voeux charitables Et pour cela, suivant le rite respecté, Gloire à la Trinité durant l’éternité, Gloire à Dieu dans les cieux les plus inabordables, Gloire au Père, fauteur et gouverneur de tout, Au Fils, créateur et sauveur, juge et partie, Au Saint-Esprit, de Qui la lumière est sortie, Par Quel ainsi qu’une eau lustrale mon sang bout,… Moi qui ne suis qu’un brin d’hysope dans la main.

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    Au bal Un rêve de cuisses de femmes Ayant pour ciel et pour plafond Les culs et les cons de ces dames Très beaux, qui viennent et qui vont. Dans un ballon de jupes gaies Sur des airs gentils et cochons ; Et les culs vous ont de ces raies, Et les cons vous ont des manchons ! Des bas blancs sur quels mollets fermes Si rieurs et si bandatifs Avec, en haut, sans fins, ni termes Ce train d’appâts en pendentifs, Et des bottines bien cambrées Moulant des pieds grands juste assez Mènent des danses mesurées En pas vifs, comme un peu lassés Une sueur particulière Sentant à la fois bon et pas, Foutre et mouille, et trouduculière, Et haut de cuisse, et bas de bas, Flotte et vire, joyeuse et molle, Mêlée à des parfums de peau A nous rendre la tête folle Que les youtres ont sans chapeau. Notez combien bonne ma place Se trouve dans ce bal charmant : Je suis par terre, et ma surface Semble propice apparemment Aux appétissantes danseuses Qui veulent bien, on dirait pour Telles intentions farceuses, Tournoyer sur moi quand mon tour, Ce, par un extraordinaire Privilège en elles ou moi, Sans me faire mal, au contraire, Car l’aimable, le doux émoi Que ces cinq cent mille chatouilles De petons vous caracolant A même les jambes, les couilles, Le ventre, la queue et le gland ! Les chants se taisent et les danses Cessent. Aussitôt les fessiers De mettre au pas leurs charmes denses, Ô ciel ! l’un d’entre eux, tu t’assieds Juste sur ma face, de sorte Que ma langue entre les deux trous Divins vague de porte en porte Au pourchas de riches ragoûts. Tous les derrières à la file S’en viennent généreusement M’apporter, chacun en son style, Ce vrai banquet d’un vrai gourmand. Je me réveille, je me touche ; C’est bien moi, le pouls au galop… Le nom de Dieu de fausse couche ! Le nom de Dieu de vrai salop !

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