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Paul Verlaine

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Paul Verlaine, né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) et mort le 8 janvier 1896 à Paris, est un écrivain et poète français. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866, à 22 ans. Il épouse en 1870 Mathilde Mauté. Le couple aura un enfant, Georges Verlaine. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine, d'un coup de revolver, blesse au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal ». Jugé et condamné, il passe deux années en prison, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Archétype du poète maudit (notion qu'il a lui-même forgée dans son essai de 1884 et 1888), Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré, Charles Koechlin et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes).

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    Autre chanson pour boire Je triomphe et j'ai ce Schiedam (Qui ne me vient point d'Amsterdam Mais de La Haye), Et j'en ai bu beaucoup, beaucoup. Trop peut-être et j'ai vu le loup Sauter la haie. La haie, hélas ! de ma raison. Sauter et fuir à l'horizon Tel un cortège A lui tout seul, ce loup, de loups Et je dis : il me serait doux. Puisque m'assiège Le remords — car c'est du remords, Et le remords c'est des rats morts Dont l'odeur pue — De n'avoir encor partagé Ce Schiedam ô si fort que j'ai ! Avec tel dont la note est due, — De partager (un peu) ce fier Schiedam que j'ai.

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    Balanide II Gland point suprême de l’être De mon maître, De mon amant adoré Qu’accueille avec joie et crainte, Ton étreinte Mon heureux cul, perforé

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    Ballade de la vie en rouge L'un toujours vit la vie en rose ', Jeunesse qui n'en finit plus, Seconde enfance moins morose. Ni vœux, ni regrets superflus. Ignorant tout flux et reflux, Ce sage pour qui rien ne bouge Règne instinctif : tel un phallus. Mais moi je vois la vie en rouge. L'autre ratiocine et glose Sur des modes irrésolus, Soupesant, pesant chaque chose " De mains gourdes aux lourds calus. Lui faudrait du temps tant et plus Pour se risquer hors de son bouge. Le monde est gris à ce reclus. Mais moi je vois la vie en rouge. Lui, cet autre, alentour il ose Jeter des regards * bien voulus. Mais, sur quoi que son œil se pose. Il s'exaspère où tu te plus. Œil des philanthropes joufflus ; Tout lui semble noir, vierger ou gouge, Les hommes, vins bus, livres lus. Mais moi je vois la vie en rouge. ENVOI Prince et princesse, allez, élus, En triomphe par la route où je Trime d'ornières en talus. Mais moi, je vois la vie en rouge.

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    Ballade en rêve J'ai rêvé d'elle, et nous nous pardonnions Non pas nos torts, il n'en est en amour, Mais l'absolu de nos opinions Et que la vie ait pour nous pris ce tour. Simple elle était comme au temps de ma cour, En robe grise et verte et voilà tout, (J'aimai toujours les femmes dans ce goût), Et son langage était sincère et coi. Mais quel émoi de me dire au débout : J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi. Elle ni moi nous ne nous résignions À plus souffrir pas plus tard que ce jour. Ô nous revoir encore compagnons, Chacun étant descendu de sa tour Pour un baiser bien payé de retour ! Le beau projet ! Et nous étions debout, Main dans la main, avec du sang qui bout Et chante un fier 'donec gratus'. Mais quoi ? C'était un songe, ô tristesse et dégoût ! J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi. Et nous suivions tes luisants fanions, Soie et satin, ô Bonheur vainqueur, pour Jusqu'à la mort, que d'ailleurs nous niions. J'allais par les chemins, en troubadour, Chantant, ballant, sans craindre ce pandour Qui vous saute à la gorge et vous découd. Elle évoquait la chère nuit d'Août Où son aveu bas et lent me fit roi. Moi, j'adorais ce retour qui m'absout. J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi ! Envoi. Princesse elle est, sans doute, à l'autre bout Du monde où règne et persiste ma foi. Amen, alors, puisqu'à mes dam et coût, J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi.

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    Beauté des femmes Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal, Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles. Et toujours, maternelle endormeuse des râles, Même quand elle ment, cette voix ! Matinal Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal, Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !... Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas ! Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats, Quelque chose demeure un peu sur la montagne, Quelque chose du coeur enfantin et subtil, Bonté, respect ! Car, qu'est-ce qui nous accompagne Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?

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    Billet à Lily Ma petite compatriote, M’est avis que veniez ce soir Frapper à ma porte et me voir. Ô la scandaleuse ribote De gros baisers et de petits Conforme à mes gros appétits ? Mais les vôtres sont si mièvres ? Primo, je baiserai vos lèvres, Toutes, c’est mon cher entremets, Et les manières que j’y mets, Comme en tant de choses vécues, Sont friandes et convaincues ! Vous passerez vos doigts jolis Dans ma flave barbe d’apôtre, Et je caresserai la vôtre. Et sur votre gorge de lys, Où mes ardeurs mettront des roses, Je poserai ma bouche en feu. Mes bras se piqueront au jeu, Pâmés autour de bonnes choses De dessous la taille et plus bas. Puis mes mains, non sans fols combats Avec vos mains mal courroucées Flatteront de tendres fessées Ce beau derrière qu’étreindra tout l’effort qui lors bandera Ma gravité vers votre centre. À mon tour je frappe. Ô dis : Entre !

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    Bon pauvre, ton vêtement est léger Bon pauvre, ton vêtement est léger Comme une brume, Oui, mais aussi ton cœur, il est léger Comme une plume, Ton libre cœur qui n’a qu’à plaire à Dieu, Ton cœur bien quitte De toute dette humaine, en quelque lieu Que l’homme habite, Ta part de plaisir et d’aise paraît Peu suffisante. Ta conscience, en revanche, apparaît Satisfaisante. Ta conscience que, précisément, Tes malheurs mêmes Ont dégagée, en ce juste moment, Des soins suprêmes. Ton boire et ton manger sont, je le crains, Tristes et mornes ; Seulement ton corps faible a, dans ses reins Sans fin ni bornes, Des forces d’abstinence et de refus Très glorieuses, Et des ailes vers les cieux entrevus Impérieuses. Ta tête, franche de mets et de vin, Toute pensée, Tout intellect, conforme au plan divin, Haut redressée, Ta tête est prête à tout enseignement De la parole Et, de l’exemple de Jésus clément Et bénévole. Et de Jésus terrible, prêt au pleur Qu’il faut qu’on verse, A l’affront vil qui poigne, à la douleur Lente qui perce. Le monde pour toi seul, le monde affreux Devient possible, T’environnant, toi qu’il croit malheureux, D’oubli paisible. Même t’ayant d’étonnantes douceurs Et ces caresses ! Les femmes qui sont parfois d’âpres sœurs, D’aigres maîtresses, Et de douloureux compagnons toujours Ou toujours presque, Te jaugeant malfringant, aux gestes lourds, Un peu grotesque, Tout à fait incapable de n’aimer Qu’à les voir belles. Qu’à les trouver bonnes et de n’aimer Qu’elles en elles, Et le pesant si léger que ce n’es Rien de le dire, Te dispenseront, tous comptes au net, De leur sourire. Et te voilà libre, à dîner, en roi. Seul à ta table, Sans nul flatteur, quel fléau pour un roi, Plus détestable ? L’assassin, l’escroc et l’humble voleur Qui n’y voient guère De nuance, t’épargnent comme leur Plus jeune frère. Des vertus surérogatoires, la Prudence humaine, (L’autre, la cardinale, ah ! celle-là Que Dieu t’y mène !) L’amabilité, l’affabilité Quasi célestes, Sans rien d’affecté, sans rien d’apprêté, Franches modestes, Nimbent le destin, que Dieu te voulut Tendre et sévère. Dans l’intérêt surtout de ton salut, À bien parfaire Et pour ange contre le lourd méchant Toujours stupide La clairvoyance te guide en marchant, Fine et rapide, La clairvoyance, qui n’est pas du tout, La Méfiance Et qui plutôt serait pour sommer tout, La Prévoyance, Élicitant les gens de prime-saut Sous les grimaces Faisant sortir la sottise du sot, Trouvant des traces. Et médusant la curiosité De l’hypocrite Par un regard entre les yeux planté Qui brûle vite… Et s’il ose rester des ennemis A ta misère, Pardonne-leur, ainsi que l’a promis Ton Notre-Père… Afin que Dieu te pardonne aussi, Lui, Prends cette avance. Car, dans le mal fait au prochain, c’est Lui Seul qu’on offense.

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    Bonheur I L'incroyable, l'unique horreur de pardonner. Quand l'offense et le tort ont eu cette envergure, Est un royal effort qui peut faire figure Pour le souci de plaire et le soin d'étonner ; L'orgueil qu'il faut se doit prévaloir sans scrupule Et s'endormir pur, fort des péchés expiés. Doux, le front dans les cieux reconquis, et les pieds Sur cette humanité toute honte et crapule. Ou plutôt et surtout gloire à Dieu qui voulut Au cœur que tout émeut, tel sous des doigts un luth ", Donner quelque repos * dans l'entier sacrifice. Et paix au cœur c enfin de bonne volonté Qui ne veut vivre plus d que vers la Charité, Et que votre plaisir, ô Jésus, s'assouvisse. II La vie est bien sévère A cet homme trop gai : Plus le vin dans le verre Pour le sang fatigué. Plus l'huile dans la lampe Pour les yeux et la main. Plus l'envieux qui rampe Pour l'orgueil surhumain. Plus l'épouse choisie Pour vivre et pour mourir, En qui l'on s'extasie Pour s'aider à souffrir, Hélas ! et plus les femmes Pour le cœur et la chair. Plus la Foi, sel des âmes, Pour la peur de l'Enfer, Et ni plus l'Espérance Pour le ciel mérité Par toute la souffrance " ! Rien ! Si ! La Charité : Le pardon des offenses Comme un déchirement, L'abandon des vengeances Comme un délaissement ; Changer au mieux le pire, A la méchanceté Déployant son empire Opposer la bonté ; Peser, se rendre compte. Faire la part de tous, Boire la bonne honte, Être toujours plus doux... Quelque chaleur va luire Pour ce cœur h fatigué, La vie un peu sourire c A cet homme si gai d. Et puisque je pardonne, Mon Dieu, pardonnez-moi, Ornant l'âme enfin bonne D'espérance et de foi. III Après la chose faite, après le coup porté. Après le joug très dur librement accepté Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre Levé d'un dos vraiment et gaîment volontaire. Après la bonne haine et la chère rancœur. Le rêve de tenir, implacable vainqueur, Les ennemis du cœur et de l'âme et les autres, De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher. Tout ce train mis en fuite, - et courez le chercher ! - Alors on est content comme au sortir d'un rêve, On se retrouve net, clair, simple, on sent que crève Un abcès de sottise et d'erreur, et voici Que de l'éternité symbole et raccourci. Toute une plénitude afflue, aime ', et s'installe. L'être palpite entier dans la forme totale. Et la chair est moins faible et l'esprit est moins prompt ; Désormais, on le sait, on s'y tient, fleuriront Le lys du faire pur, celui du chaste dire Et, si daigne Jésus, la rose du martyre. Alors on trouve, ô Dieu si lent à vous venger, Combien doux est le joug et le fardeau léger ! Charité ! la plus forte entre toutes les forces, Tu veux dire, saint piège aux célestes amorces, Les mains tendres du fort, de l'heureux et du grand Autour du sort plaintif du faible et du souffrant. Le regard franc du Riche au Pauvre exempt d'envie Ou jaloux, et ton nom encore signifie Quelle douceur choisie et quel droit dévouement, Et ce tact virginal, et l'ange exactement ! Mais l'ange est innocent ; d'essence bienheureuse. Il n'a point à passer par notre vie affreuse. Et toi, Vertu sans pair, presque Une, n'es-tu pas Humaine en même temps que divine ici-bas ? Aussi la conscience a dû pour des fins sûres Surtout sentir en toi le pardon des injures. Par toi nous devenons semblables à Jésus Portant sa croix infâme et qui, cloué dessus. Priait pour ses bourreaux d'Israël et de Rome, A Jésus qui, du moins, homme avec tout d'un homme. N'avait, lui, jamais eu de torts de son côté. Et, par Lui, tu nous fais croire en l'éternité. IV Aussi, cette ignorance " de Vous ! Avoir des yeux et ne pas Vous voir. Une âme et ne vous point concevoir. Un esprit sans nouvelles de Vous ! Ô temps, ô mœurs qu'il en soit ainsi Et que ce vase de belles fleurs. Qu'un tel vase, précieux d'ailleurs, De la plus belle se prive ainsi * ! Religion, unique raison. Et seule règle et loi, Piété, Rien là de vous n'a jamais été. Pas un retour, pas une oraison. Aussi cette ignorance de tout ! Et de soi-même, droits et devoirs. Et des autres, leurs justes pouvoirs, Leur action légitime, et tout ! Jusqu'à méconnaître en moi quel nom. Quel titre augurai et de par Dieu, Et six ans passés à plaire à Dieu, Vertu vécue, effortd bel et bon, Jusqu'à ne pas se douter vraiment Du tour affreux et plus que cruel Qu'un sot grief à peine réel Inflige à ses rancunes vraimente. Éclairez ces ténèbres de mort. C'est votre créature après tout Que l'ignorance invincible absout. Bah ! claire et bonne lui soit la mort ! V L'adultère, celui, du moins, codifié Au mépris de l'Église et de Dieu défié, Tout d'abord doit sembler la faute irrémissible : Tel un trait lancé juste, ayant l'enfer pour cible. Beaucoup de vrais croyants, questionnés ici. Répondraient à coup sûr qu'il en doit être ainsi ". D'autre part le mondain, qui n'y voit point un crime. Pour qui tous mauvais tours sont de bons coups d'escrime, Rit du procédé lourd, préférant, affrontés. Tous risques et périls à ces légalités Abominablement prudentes et transies Entre des droits divers et plusieurs fantaisies, Enfin trouve le cas'' boiteux, piteux, honteux. Le Sage, de qui l'âme et l'esprit vont tous deux, Bien équilibrés, droit au vrai milieu des causes, Pleure sur telle femme en route pour ces choses. Il plaide l'ignorance, elle donc ne sachant Que le côté naïf, c'est-à-dire méchant. Hélas ! de cette douce et misérable vie. Elle plaît et le sait, et ce qu'elle est ravie ! Mais son caprice tue, elle l'ignore tant ! Elle croit que d'aimer c'est de l'argent comptant. Non un fonds travaillant ; qu'on paie et qu'on est quitte. Que d'aimer c'est toujours : « qu'arrivera-t-il ensuite ? » Non un seul vœu qu'on tient jusqu'à la fin de nous c. El certes suscité, néanmoins son courroux Gronde le seul péché, plaignant les pécheresses Coupables tout au plus de certaines paresses Et les trois quarts du temps luxurieuses point. Bête orgueil, intérêt mesquin, voilà le pointd. Avec d'avoir été trop ou trop peu jalouses. Seigneur, ayez pitié des âmes, nos épouses ! VI Puis, déjà très anciens. Des songes de souvenirs. Si doux nécromanciens D'encor pires avenirs ! Une fille presque enfant Quasi zézayante un peu Dont on s'éprit en rêvant Et qu'on aima dans le bleu. Mains qu'on baisa que souvent ! Bouche aussi, cheveux aussi. C'était l'âge triomphant Sans feintise et sans souci. Puis on eut tous les deux tort, Mais l'autre n'en convient pas. Et si c'est pour l'un la mort, Pour l'autre c'est le trépas. Montrez-vous, Dieu de douceur. Fût-ce au suprême moment, Pour qu'aussi l'âme ma sœur Revive éternellement. VII Maintenant, au gouffre du Bonheur ! Mais avant le glorieux naufrage Il faut faire à cette mer en rage Quelque sacrifice et quelque honneur. Jettes-y, dans cette mer terrible. Ouragan de calme, flot de paix, Tes songes creux, tes rêves épais, Et tous les défauts, comme d'un crible. (Car de gros vices tu n'en as plus. Quant aux défauts, foule vénielle Contaminante, ivraie et nielle. Tu les as tous on ne peut pas plus.) Jettes-y tes petites colères, — Garde les grandes pour les cas vrais, — Les scrupules excessifs après, — Les extrêmes, que tu les tolères ! — Jette la moindre velléité De cotlcupiscence, quelle qu'elle Soit, femmes ou vin ou gloire, ah, quelle Qu'elle soit, qu'importe en vérité ! Jette-moi tout ce luxe inutile Sans soupir, au contraire en chantant, Jette sans peur, au contraire ! étant Lors délesté d'un luxe inutile. Jette à l'eau ! que légers nous dansions En route pour l'entonnoir tragique Que nul atlas ne cite ou n'indique, Sur la mer des Résignations. VIII L'homme pauvre d'esprit est-ii " si rare, en somme ? Non. Et je suis cet homme et vous êtes cet homme, Et tous les hommes sont cet homme ou furent lui Ou le seront quand l'heure opportune aura lui. Conçus dans l'agonie épuisée et plaintive De deux désirs que seul un feu brutal avive ; Sans vestige autre nôtre, à travers cet émoi, Qu'une larme de quoi ! que pleure quoi ! dans quoi ! Nés parmi la douleur, le sang et la sanie, Nus. de corps sans instinct et d'âme sans génie Pour grandir et souffrir, par l'âme et par le corps. Vivant au jour le jour, bernés de vœux discords Pour mourir dans l'horreur fatale et la détresse. Quoi de nous dès qu'en nous la question se dresse ? Quoi ? qu'un être capable au plus de moins que peu En dehors du besoin d'aimer et de voir Dieu, Et quelque chose au front du fond du cœur te monte Qui ressemble à la crainte et qui tient de la honte. Quelque chose, on dirait d'encore incomplété Mais dont la Charité ferait l'Humilité. Lors à quelqu'un vraiment de nature ingénue Sa conscience n'a qu'à dire : Continue, Si la chair n'arrivait à son tour en disant : Arrête, et c'est la guerre en ce Juste à présent. Mais tout n'est pas perdu malgré le coup si rude. Car la chair avant tout est chose d'habitude. Elle peut se plier et doit s'acclimater. C'est ton droit, ton devoir, ta loi de la mater Selon les strictes lois de la bonne nature. Or la nature est simple, elle admet la culture. Elle procède avec douceur, calme et lenteur. Ton corps est un lutteur, fais-le vivre en lutteur, Sobre et chaste, abhorrant l'excès de toute sorte. Femme qui le détourne et vin qui le transporte Et la paresse pire encore que l'excès. Enfin pacifié puis apaisé — tu sais Quels sacrements il faut pour cette tâche intense. Et c'est l'Eucharistie après la Pénitence — Ce corps allégé, libre et presque glorieux. Dûment redevenu dûment laborieux, Va se rompre ou plutôt s'assouplir au service De ton esprit d'amour, d'offre et de sacrifice. Subira les saisons et les privations, Enfin sera le temple embaumé d'actions De grâce, d'encens pur et de vertus chrétiennes Et tout retentissant de psaumes et d'antiennes, Qu'habite l'Esprit Saint et que daigne Jésus Visiter, comparable aux bons rois bien reçus. De ce moment, toi. pauvre avec toute assurance *, Après avoir prié pour la persévérance, Car docte charité tout d'abord pense à soi. Puise au gouffre infini de la Foi plus de foi Que jamais, et présente à Dieu ton vœu bien tendre, Bien ardent, bien formel, et de voir et d'entendre Les hommes t'imiter, même te dépasser Dans la course au salut, et pour mieux les pousser A ces fins que le ciel en extase contemple, Bien humble, (souviens-toi !), prêcheur, prêche d'exemple ! IX Bon pauvre, ton vêtement est léger Comme une brume. Oui, mais, aussi, ton cœur, il est léger Comme une plume. Ton libre cœur qui n'a qu'à plaire à Dieu, Ton cœur bien quitte De toute dette humaine, en quelque lieu Que l'homme habite ! Ta part de plaisir et d'aise paraît Peu suffisante. Ta conscience, en revanche, apparaît Satisfaisante, Ta conscience que précisément Tes malheurs mêmes Ont dégagée en ce juste moment Des soins suprêmes ! Ton boire et ton manger sont, je le crains. Tristes et mornes, Seulement ton corps faible a dans ses reins. Sans fin ni bornes Des forces d'abstinence et de refus Très glorieuses Et des ailes vers les deux entrevus Impérieuses ! Ta tête franche de mets et de vin. Toute pensée. Tout intellect conforme au plan divin. Haut redressée, Ta tête est prête à tout enseignement De la Parole Et de l'exemple de Jésus clément Et bénévole Et de Jésus terrible, prête au pleur Qu'il faut qu'on verse, A l'affront vil qui poigne, à la douleur Lente qui perce. Le monde pour toi seul, le monde affreux, Devient possible, T'environnant, toi qu'il croit malheureux. D'oubli paisible. Même l'ayant d'étonnantes douceurs Et ces caresses ! Les femmes qui sont parfois d'âpres sœurs, D'aigres maîtresses. Et de douloureux compagnons toujours Ou toujours presque. Te jaugeant mal fringant, aux gestes lourds. Un peu grotesque, Tout à fait incapable de n'aimer Qu'à les voir belles. Qu'à les trouver bonnes et de n'aimer Qu'elles en elles. Et te pesant si léger que ce n'est Rien de le dire. Te dispenseront, tous comptes au net. De leur sourire. Et te voilà libre à dîner, en roi. Seul à ta table Sans nul flatteur (quel fléau pour un roi Plus détestable !) L'assassin, l'escroc et l'humble voleur Qui n'y voient guère De nuance, t'épargnent comme leur Plus jeune frère. Des vertus surérogatoires, la Prudence humaine, — L'autre, la cardinale, ah ! celle-là, Que Dieu t'y mène ! — L'amabilité, l'affabilité Quasi célestes. Sans rien d'affecté, sans rien d'emprunté", Franches, modestes, Nimbent ce destin que Dieu te voulut Tendre et sévère, Dans l'intérêt surtout de ton salut A bien parfaire. Et pour ange contre le lourd méchant Toujours stupide, La Clairvoyance te guide en marchant, Fine et rapide, La Clairvoyance qui n'est pas du tout La méfiance, Et qui plutôt serait, pour sommer tout, La prévoyance, Élicitant ' les gens de prime-saut Sous les grimaces, Faisant sortir la sottise du sot, Trouvant les traces. Et médusant la curiosité De l'hypocrite Par un regard entre les yeux planté Qui brûle vite... Et s'il ose rester des ennemis A ta misère, Pardonne-leur, ainsi que l'a promis Ton notre-père. Afin que Dieu te pardonne aussi, Lui, Prends cette avance. Car dans le mal fait au prochain, c'est lui Seul qu'on offense. X Le « sort » fantasque qui me gâte à sa manière M'a logé cette fois, peut-être la dernière Et la dernière c'est la bonne — à l'hôpital ' ! De mon rêve à ceci le réveil est brutal Mais explicable par le fait d'une voleuse, (Dont l'histoire posthume est, dit-on, graveleuse) Du fait d'un rhumatisme aussi, moindre détail ; Puis d'un gîte où l'on est qu'importe le portail ? J'y suis, j'y vis. « Non, j'y végète », on rectifie ; On se trompe. J'y vis dans le strict de la vie, Le pain qu'il faut, pas trop de vin, et mieux couché ! Evidemment j'expie un très ancien péché (Très ancien ?) dont mon sang a des fois la secousse, Et la pénitence est relativement douce. Dans le martyrologe et sur l'armoriai Des poètes, peut-être un peu proverbial, C'est un lieu comme un autre, on en prend l'habitude : A prison bonne enfant longanime Latude. Sans compter qu'au rimeur, pour en parler, alors ! Pauvre et fier, il ne reste qu'à mourir dehors Ou tout comme, en ces temps vraiment trop peu propices, Et mourir pour mourir, Muse qui me respices , Autant le faire ici qu'ailleurs, et même mieux. Sinon qu'ici l'on est tout « laïque », les vieux Abus sont réformés, et le « citoyen », libre ! Et fort ! doit, ou l'Etat perdrait son équilibre, — Avec ça qu'il n'est pas à cheval sur un pai ! — Mourir dans les bras du Conseil Municipal, Mal rassurante et pas assez édifiante Conclusion pour tel qu'un vœu mystique hante. Moi par exemple, j'en forme l'aveu sans fard, Me dût-on traiter d'âne ou d'impudent cafard. La conversation, dans ce modeste asile, Ne m'est pas autrement pénible et difficile : Ces braves gens que le Journal rend un peu sots Du moins ont conservé, malgré tous les assauts Que « l'Instruction » livre à leur tête obsédée, Quelque saveur encor de parole et d'idée ; La Révolution, qu'il faut toujours citer Et condamner, n'a pu complètement gâter Leur trivialité non sans grâce et sincère. Même je les préfère aux mufles de ma sphère. Certes ! et je subis leur choc sans trop d'émoi. Leur vice et leur vertu sont juste à point pour moi Les goûter et me plaire en ces lieux salutaires A (comme moi) des espèces de solitaires. Espèce de couvent moins cet espoir chrétien ! Le monde est tel qu'ici je n'ai besoin de rien Et que j'y resterais, ma foi, toute ma vie, Sans grands jaloux, j'espère, et pour sûr. sans envie ! Si, dès guéri, si je guéris, car tout se peut. Je n'avais quelque chose à faire, que Dieu veut. XI Prêtres de Jésus-Christ, la Vérité vous garde. Ah, soyez ce que pense une foule bavarde Ou ce que le penseur lui-même dit de vous, Bassement orgueilleux, haineusement jaloux. Avares, impurs, durs, la vérité vous garde. Et de fait nul de vous ne risque, ne hasarde Un seul pan du prestige, un seul pli du drapeau Tant la doctrine exacte et du Bien et du Beau Vit là, qui vous maintient entre ses hauts dilemmes. Plats comme les bourgeois, vautrés dans des Thélèmes Ou guindés vers l'honneur pharisaïque alors, Qu'importe, si Jésus, plus fort que des cœurs morts, Règne par vos dehors du reste incontestables : Culte respectueux, formules respectables, Un emploi libéral et franc des Sacrements (Car les temps ont du moins, dans leurs relâchements Parmi plus d'une bonne et délicate chose, Laissé tomber l'affreux Jansénisme morose ') Et ce seul mot sur votre enseigne : Charité ! Mal gracieux, sans goût aucun, même affecté. Pour si peu que ce soit d'art et de poésie. Incapables d'un bout de lecture choisie, D'un regard attentif, d'une oreille en arrêt, Pis qu'inconsciemment hostiles, on dirait. A tout ce qui dans l'homme et fleurit et s'allume, Plus lourds que les marteaux et plus sourds qu'une enclume. Sans même l'étincelle et le bruit triomphant. Que fait ? si Jésus a, pour séduire l'enfant Et le sage qu'est l'homme en sa double énergie, Votre théologie et votre liturgie. D'ailleurs maints d'entre vous, troupeau trié déjà. Valent mieux que le monde autour qui vous jugea. Lisent clair, visent droit, entendent net en somme. Vivent et pensent, plus que non pas un autre homme, Que tels, mes chers lecteurs, que moi, cet écrivain, Tant leur science est courte et tant mon art est vain ! C'est vrai qu'il sort de vous comme de votre maître. Quand même, une vertu qui vous fait reconnaître. Elle offusque les sots, ameute les méchants, Remplit les bons d'émois révérents et touchants, Force indéfinissable ayant de tout en elle. Comme surnaturelle et comme naturelle. Mystérieuse et dont vous allez investis. Grands par comparaison chez les peuples petits. Vous avez tous les airs de toutes, sinon toutes Les choses qu'il faut être en l'affre de nos routes. Si vous ne l'êtes pas, du moins vous paraissez Tels qu'il faut, et semblez dans ce zèle empressés, Poussant votre industrie et votre économie Depuis la sainteté jusqu'à la bonhomie. Hypocrisie, émet un tiers, ou nullité ! Bonhomie, on doit dire en chœur, et sainteté, Puisque, ô croyons toujours le bien de préférence. Mais c'est surtout ce siècle et surtout cette France Que charme et que bénit, à quelles fins de Dieu ? Votre ombre lumineuse et réchauffante un peu, Seul bienfait apparent de la Grâce invisible Sur la France insensée et le siècle insensible, Siècle de fer et France, hélas ! toute de nerfs, France d'où détalant partout comme des cerfs. Les principes, respect, l'honneur de sa parole. Famille, probité, filent en bande folle, Siècle d'âpreté juive et d'ennuis protestants Noyant tout, le superbe et l'exquis des instants. Au remous gris de mers de chiffres et de phrases. Vous, phares doux parmi ces brumes et ces gazes, Ah ! luisez-nous encore et toujours jusqu'au jour. Jusqu'à l'heure du cœur expirant vers l'amour Divin, pour refleurir éternel dans la même Charité loin de cette épreuve froide et blême. Et puis, en la minute obscure des adieux. Flambez, torches d'encens, et rallumez nos yeux A l'unique Beauté toute bonne et puissante. Brûlez ce qui n'est plus la prière innocente. L'aspiration sainte et le repentir vrai ! Puisse un prêtre être là. Jésus, quand je mourrai ! XII Guerrière, militaire et virile en tout point, La sainte Chasteté, que Dieu voit la première De toutes les vertus marchant dans sa lumière Après la Charité distante presque point. Va d'un pas assuré mieux qu'aucune amazone A travers l'aventure et l'erreur du Devoir. Ses yeux grands ouverts pleins du dessein de bien voir. Son corps robuste et beau digne d'emplir un trône, Son corps robuste et nu balancé noblement Entre une tête haute et deux jambes sereines, Du port majestueux qui sied aux seules reines. Et sa candeur la vêt du plus beau vêtement. Elle sait ce qu'il faut qu'elle sache des choses. Entre autres, que Jésus a fait l'homme de chair Et mis dans notre sang un charme doux-amer D'où doivent découler nos naissances moroses, Et que l'amour charnel est bénit en des cas. Elle préside alors et sourit à ces fêtes. Dévêt la jeune épouse avec ses mains honnêtes Et la mène à l'époux par des tours délicats. Elle entre dans leur lit, lève le linge ultime, Guide pour le baiser et l'acte et le repos Leurs corps voluptueux aux fins de bon propos. Et désormais va vivre entre eux, leur ange intime. Puis, au-dessus du Couple, ou plutôt à côté, — Bien agir fait s'unir les vœux et les nivelle, — Vers le Vierge et la Vierge isolés dans leur belle Thébaïde à chacun, la sainte Chasteté, Sans quitter les Amants, par un charmant miracle, Vole et vient rafraîchir l'Intacte et l'Impollu De gais parfums de fleurs comme s'il avait plu D'un bon orage sur l'un et l'autre habitacle, Et vêt de chaleur douce au point et de jour clair La cellule du Moine et celle de la Nonne. Car s'il nous faut souffrir pour que Dieu nous pardonne. Du moins Dieu veut punir, non torturer la chair, Elle dit à ces chers enfants de l'Innocence : Dormez, veillez, priez. Priez surtout, afin Que vous n'ayez pas fait tous ces travaux en vain. Humilité, douceur et céleste ignorance ! Enfin elle va chez la Veuve et chez le Veuf. Chez le vieux Débauché, chez l'Amoureuse vieille. Et leur tient des discours qui sont une merveille, Et leur refait à force d'art un corps tout neuf. Et quand alors elle a fini son tour du monde, Tour du monde ubiquiste. invisible et présent, Elle court à son point de départ en faisant Tel grand détour, espoir d'espérance profonde. El ce point de départ est un lieu bien connu, L'Eden même. Là, sous le chêne et vers la rose. Puisqu'il paraît qu'il n'a pas à faire autre chose, Rit et gazouille un beau petit enfant tout nu. XIII Un projet de mon âge mûr Me tint six ans l'âme ravie : C'était d'après un plan bien sûr De réédifier ma vie. Vie encor vivante après tout. Insuffisamment ruinée Avec ses murs toujours debout Que respecte la graminée, Murs de vraie et franche vertu. Fondations intactes, certes. Fronton battu, non abattu. Sans noirs lichens ni mousses vertes. L'orgueil qu'il faut et qu'il fallait, Le repentir quand c'était brave, Douceur parfois comme le lait, Fierté souvent comme la lave. Or durant ces deux fois trois ans L'essai fut bon, grand le courage : L'œuvre en aspects forts et plaisants Montait, tenant tête à l'orage. Un air de grâce et de respect Magnifiait les calmes lignes De l'édifice que drapait L'éclat de la neige et des cygnes... Furieux, mais insidieux. Voici l'essaim des mauvais anges ' Rayant le pur, le radieux Paysage de vols étranges. Salissant d'outrages sans nom, Obscénités basses et fades, De mon renaissant Parthénon Les portiques et les façades, Tandis que quelques-uns d'entre eux. Minant le sol, sapant la base. S'apprêtent par un art affreux A faire du tout table rase. Ce sont, véniels et mortels, Tous les péchés des catéchismes Et bien d'autres encore, tels Qu'ils font les sophismes des schismes : La Luxure aux tours sans merci. L'affreuse Avarice morale, La Paresse morale aussi, L'Envie à la dent sépulcrale, La Colère hors des combats, La Gourmandise, rage, ivresse, L'Orgueil, alors, qu'D ne faut pas, Sans compter la sourde détresse Des vices à peine entrevus. Dans la conscience scrutée, Hideur brouillée et tas confus, Tourbe grouillante et ballottée. — Mais quoi ! n'est Démon femelle, triple peste. Pire flot de tout ce remous. Pire ordure que tout le reste. Vous toujours, vil cri de haro Qui me proclame et me diffame, Gueuse inepte, lâche bourreau. Horrible, horrible, horrible femme. Vous l'insultant mensonge noir, La haine longue, l'affront rance, Vous qui seriez le Désespoir, Si la Foi n'était l'Espérance, Et l'Espérance le pardon. Et ce pardon une vengeance. Mais quel voluptueux pardon. Quelle savoureuse vengeance. Et tous trois. Espérance et Foi Et Pardon, chassant la séquelle Infernale de devant moi, Protégeront de leur tutelle Les nobles travaux qu'a repris Ma bonne volonté calmée, Pour, grâce à des grâces sans prix, Achever l'œuvre bien-aimée Toute de marbres précieux En ordonnance solennelle Bien par-delà les derniers deux Jusque dans la vie éternelle. XIV Sois de bronze et de marbre et surtout sois de chair. Certes, prise l'orgueil nécessaire plus cher. Pour ton combat avec les contingences vaines. Que les poils de ta barbe ou le sang de tes veines. Mais vis, vis pour souffrir, souffre pour expier, Expie et va-t'en vivre et puis reviens prier, Prier pour le courage et la persévérance De vivre dans ce siècle, hélas ! et cette France. Siècle et France ignorants et tristement railleurs. Mais le règne est plus haut et la patrie ailleurs Et la solution tout autre du problème. Sois de chair et même aime cette chair, la même Que celle de Jésus sur terre et dans les cieux Et dans le Très Saint Sacrement si précieux Qu'il n'est de comparable à sa valeur que celle De ta chair vénérable en sa moindre parcelle Et dans le moindre grain de l'Hostie à l'autel. Car ce mystère, l'Incarnation, est tel Par l'exégèse autour comme par sa nature, Qu'il fait égale au Créateur la créature, Cependant que, par un miracle encor plus grand, L'Eucharistie, elle, les confond et les rend Identiques. Or cette chair expiatoire, Fais-t'en une arme douloureuse de victoire Sur l'orgueil que Satan veut d'elle t'inspirer pour l'orgueil qu'à jamais tu peux considérer Comme le prix suprême et le but enviable. Tout le reste n'est rien que malice du diable. Alors, oui, sois de bronze impassible, revêts L'armure inaccessible à braver le Mauvais : Pudeur, Calme, Respect, Silence et Vigilance. Puis sois de marbre, et, pur, sous le heaume qui lance Par ses trous le regard de tes yeux assurés, Marche à pas révérents vers les parvis sacrés. XV Mon ami, ma" plus belle amitié, ma meilleure, Les morts sont morts, douce leur soit l'éternité ! -Laisse-moi te le dire en toute vérité ' Tu vins au temps marqué, tu parus'à ton heure ' ; Tu parus sur ma vie et tu vins dans mon cœur Au jour ciimatérique où. noir vaisseau qui sombre, J'allais noyer ma chair sous la débauche sombre. Ma chair dolente, et mon esprit jadis vainqueur. Et mon âme naguère et jadis toute blanche ! Mais tu vins, tu parus, tu vins comme un voleur, — Tel Christ viendra — voleur * qui m'a pris mon malheur ! Tu parus sur ma mer non pas comme c une planche De salut, mais le Salut même ! Ta vertu Première, la gaieté, c'est elle-même, franche Comme l'or, comme un bel oiseau sur une branche Qui s'envole dans un brillant turlututu, Emportant sur son aile électrique les ires Et les affres et les tentations encor ; Ton bon sens, — tel après du fifre c'est du cor, — Vient paisiblement mettre une fin aux délires. N'étant point, ô que non ! le prudhommisme affreux. Mais l'équilibre, mais la vision artiste. Sûre et sincère et qui persiste et qui résiste A l'argumentateur plat comme au songe-creux ; Et ta bonté conforme à ta jeunesse, est verte, Mais elle va mûrir délicieusement ! Elle met dans tout moi le renouveau charmant D'une sève éveillée et d'une âme entr'ouverte. Elle étend sous mes pieds un gazon souple et frais Où ces marcheurs saignants reprennent du courage. Caressés par des fleurs au gai parfum sauvage, Lavés de la rosée, et s'attardant exprès. Elle met sur ma tête aux tempêtes calmées Un ciel profond et clair où passe le vent pur Et vif, éparpillant les notes dans l'azur D'oiseaux volant ou s'éveillant sous les ramées. Elle verse à mes yeux qui ne pleureront plus Un paisible sommeil dans la nuit transparente Que des rêves légers bénissent, troupe errante De souvenirs futurs et d'espoirs révolus. Avec des tours naïfs et des besoins d'enfance Elle veut être fière et rêve de pouvoir Etre rude un petit sans pouvoir que vouloir, Tant le bon mouvement sur l'autre prend d'avance. J'use d'elle et parfois d'elle j'abuserais Par égoïsme un peu bien surérogatoire. Tort d'ailleurs pardonnable en toute humaine histoire Mais non dans celle-ci, de crainte des regrets. De mon côté c'est vrai qu'à travers mes caprices. Mes nerfs et tout le train de mon tempérament, Je t'estime et je t'aime, ô si fidèlement, Trouvant dans ces devoirs mes plus chères délices. Déployant tout le peu que j'ai de paternel Plus encor que de fraternel malgré l'extrême Fraternité, tu sais, qu'est notre amitié même, Exultant sur ce presque amour presque charnel ! Presque charnel à force de sollicitude Paternelle vraiment et maternelle aussi, Presque un amour à cause, ô toi, de l'insouci De vivre sinon pour cette sollicitude. Vaste, impétueux donc, et de prime-saut, mais Non sans prudence en raison de l'expérience Très douloureuse qui m'apprit toute nuance. Du jour lointain quand la première fois j'aimais. Ce presque amour est saint ; il bénit d'innocence Mon reste d'une vie en somme toute au mal. Et c'est comme les eaux d'un torrent baptismal Sur des péchés qu'en vain l'Enfer déçu recense. Aussi, précieux toi plus cher que tous les moi Que je fus et serai si doit durer ma vie, Soyons tout l'un pour l'autre en dépit de l'envie, Soyons tout l'un à l'autre en toute bonne foi. Allons, d'un bel élan qui demeure exemplaire Et fasse autour le monde étonné chastement. Réjouissons les cieux d'un spectacle charmant Et du siècle et du sort défions la colère. Nous avons le bonheur ainsi qu'il est permis. Toi de qui la pensée est toute dans la mienne. Il n'est, dans la légende actuelle et l'ancienne, Rien de plus noble et de plus beau que deux amis Déployant à l'envi les splendeurs de leurs âmes. Le Sacrifice et l'Indulgence jusqu'au sang, La Charité qui porte un monde dans son flanc. Et toutes les pudeurs comme de douces flammes ! Soyons tout l'un à l'autre, enfin ! et l'un pour l'autre En dépit des jaloux, et de nos vains soupçons A nous, et cette fois, pour de bon, renonçons Au vil respect humain où la foule se vautre, Afin qu'enfin ce Jésus-Christ qui nous créa Nous fasse grâce et fasse grâce au monde immonde D'autour de nous alors unis, — paix sans seconde ! — Définitivement, et dicte : « Alléluia e. « Qu'ils entrent dans Ma joie et goûtent Mes louanges « Car ils ont accompli leur tâche comme dû, « Et leur cri d'espérance, il me fut entendu, « Et voilà pourquoi les anges et les archanges « S'écarteront de devant Moi pour voir admis, « Purifiés de tous péchés inévitables « En des traverses quelquefois épouvantables. « Ce couple infiniment bénissable d'Amis. » XVI Seigneur, vous m'avez laissé vivre Pour m'éprouver jusqu'à la fin. Vous châtiez cette chair ivre. Par la douleur et par la faim " ! Et Vous permîtes que le diable Tentât mon âme misérable Comme l'âme forte de Job, Puis Vous m'avez envoyé l'ange Qui gagea le combat étrange Avec le grand aïeul Jacob. Mon enfance, elle fut joyeuse ' ; Or je naquis choyé, béni Et je crûs, chair insoucieuse. Jusqu'au temps du trouble infini Qui nous prend comme une tempête, Nous poussant comme par la tête Vers l'abîme et prêts à tomber ; Quant à moi, puisqu'il faut le dire, Mes sens affreux et leur délire Allaient me faire succomber, Quand Vous parûtes, Dieu de grâce Qui savez tout bien arranger, Qui Vous mettez bien à la place, L'auteur et l'ôteur du danger. Vous me punîtes par moi-même D'un supplice cru le suprême (Oui, ma pauvre âme le croyait) Mais qui n'était au fond rien qu'une Perche tendue, ô qu'opportune ! A mon salut qui se noyait. Comprises les dures délices, J'ai marché dans le droit sentier, Y cueillant sous des cieux propices Pleine paix et bonheur entier. Paix de remplir enfin ma tâche, Bonheur de n'être plus un lâche Épris des seules voluptés De l'orgueil et de la luxure, Et cette fleur, l'extase pure Des bons projets exécutés. C'est alors que la mort commence Son œuvre — inexpiable ? non. Mais qui me saisit de démence Bien qu'encor criant Votre nom. L'Ami me meurt, aussi la Mère, Une rancune plus qu'arrière Me piétine en ce dur moment Et me cantonne en la misère, Dans la littérale misère Du froid, et du délaissement * ! Tout s'en mêle : la maladie Vient en aide à l'autre fléau. Le guignon, comme un incendie Dans un pays où manque l'eau. Ravage et dévaste ma vie, Traînant à sa suite l'envie, L'orde, l'obscène trahison, La sale pitié dérisoire. Jusqu'à cette rumeur de gloire Comme une insulte à la raison ! Ces mystères, je les pénètre, Tous les motifs, je les connais. Oui, certes, Vous êtes le maître Dont les rigueurs sont des bienfaits. Mais, ô Vous, donnez-moi la force. Donnez, comme à l'arbre Pécorte, Comme l'instinct à l'animal. Donnez à ce cœur, votre ouvrage. Seigneur, la force et le courage Pour le bien et contre le mal. Mais hélas ! je ratiocine Sur mes fautes et mes douleurs. Espèce de mauvais Racine Analysant jusqu'à mes pleurs. Dans ma raison mal assagie Je fais de la psychologie Au lieu d'être un cœur pénitent Tout simple et tout aimable en somme. Sans plus l'astuce du vieil homme Et sans plus l'orgueil protestant... Je crois en l'Église romaine, Catholique, apostolique et La seule humaine qui nous mène Au bout que Jésus indiquait, La seule divine qui porte Notre croix jusques à la porte Des libres deux enfin ouverts. Qui la porte par vos bras même, Ô grand Crucifié suprême Donnant pour nous vos maux soufferts. Je crois en la toute-présence, A la messe, de Jésus-Christ. Je crois à la toute-puissance Du Sang que pour nous il offrit Et qu'il offre au Seul Juge encore Par ce mystère que j'adore Qui fait qu'un homme vain, menteur, Pourvu qu'il porte le vrai signe Qui le consacre entre tous digne. Puisse créer le Créateur. Je confesse la Vierge unique. Reine de la neuve Sion, Portant aux plis de sa tunique La grâce et l'intercession. Elle protège l'innocence, Accueille la résipiscence. Et debout quand tous à genoux, Impètre le pardon du Père Pour le pécheur qui désespère... Mère du Fils, priez pour nous ! XVII Rompons ! Ce que j'ai dit je ne le reprends pas. Puisque je le pensai c'est donc que c'était vrai. Je le garderai, jusqu'au jour où je mourrai. Total, intégral, pur, en dépit des combats De la rancœur très haute et de l'orgueil très bas. Mais comme un fier métal qui sort du minerai De vos nuages à la fin je surgirai, Je surgis, amitiés d'ennuis et de débats... O pour l'affection toute simple et si douce Où l'âme se blottit comme en un nid de mousse ! Et fi donc de la sale « âme parisienne » ! Vive l'esprit fiançais, d'Artois jusqu'en Gascogne, De la Champagne et de l'Argonne à la Bourgogne Et vive un cœur, morbleu ! dont un cœur se souvienne ! XVIII J'ai dit à l'esprit vain, à l'ostentation, L'Ilion de l'orgueil futile, la Sion De la frivolité sans cœur et sans entrailles, La citadelle enfin du Faux : « Croulez, murailles Ridicules et pis, remparts bêtes et pis, Contrescarpes, sautez comme autant de tapis Qu'un valet matinal aux fenêtres secoue, Fossés que l'eau remplit, concrétez-vous en boue, Qu'il ne reste plus rien qu'un souvenir banal De tout votre appareil, et que cet arsenal, Chics fougueux et froids, mots secs, phrase redondante, Et estera, se rende à l'émeute grondante Des sentiments enfin naturels et réels. » Ah, j'en suis revenu, des « dandysmes » « cruels » Vrais ou faux, dans la vie (accident ou coutume) Ou dans l'art ou tout bêtement dans le costume. Le vêtement de son état avec le moins De taches et de trous possible, apte aux besoins, Aux tics, aux chics qu'il faut, le linge, mal terrible D'empois et d'amidon, le plus fréquent possible. Et souple et frais autour du corps dispos aussi, Voilà pour le costume, et quant à l'art, voici : L'art tout d'abord doit être et paraître sincère Et clair, absolument : c'est la loi nécessaire Et dure, n'est-ce pas, les jeunes, mais la loi ; Car le public, non le premier venu, mais moi, Mais mes pairs et moi, par exemple, vieux complices. Nous, promoteurs de vos, de nos pauvres malices, Nous autres qu'au besoin vous sauriez bien chercher, Le vrai, le seul Public qu'il faille raccrocher, Le Public, pour user de ce mot ridicule, Dorénavant il bat en retraite et recule Devant vos trucs un peu trop niais d'aujourd'hui, Tordu par le fou rire ou navré par l'ennui. L'art, mes enfants, c'est d'être absolument soi-même. Et qui m'aime me suive, et qui me suit qu'il m'aime, Et si personne n'aime ou ne suit, allons seul Mais traditionnel et soyons notre aïeul ! Obéissons au sang qui coule dans nos veines Et qui ne peut broncher en conjectures vaines. Flux de verve gauloise et flot d'aplomb romain Avec, puisqu'un peu Franc, de bon limon germain. Moyennant cette allure et par cette assurance Il pourra bien germer des artistes en France. Mais, plus de vos fioritures, bons petits, Ni de ce pessimisme et ni du cliquetis De ce ricanement comme d'armes faussées, Et ni de ce scepticisme en sottes fusées : Autrement c'est la mort et je vous le prédis De ma voix de bonhomme, encore un peu. Jadis. Foin d'un art qui blasphème et fi d'un art qui pose, Et vive un vers bien simple, autrement, c'est la prose. La Simplicité, — c'est d'ailleurs l'avis rara, — Ô la Simplicité, tout-puissant qui l'aura Véritable, au service, en outre, de la Vie. Elle vous rend bon, franc, vous demi-déifie, Que dis-je ? elle vous déifie en Jésus-Christ Par l'opération du même Saint-Esprit Et l'humblesse sans nom de son Eucharistie, Sur les siècles épand l'ordre et la sympathie. Règne avec la candeur et lutte par la foi. Mais la foi tout de go, sans peur et sans émoi Ni de ces grands raffinements des exégètes. Elle trempe les cœurs, rassérène les têtes, Enfante la vertu, met en fuite le mal Et fixerait le monde en son état normal. N'était la Liberté que Dieu dispense aux âmes Et dont, le premier homme et nous, nous abusâmes Jusqu'aux tristes excès où nous nous épuisons Dans des complexités comme autant de prisons. Et puis, c'est l'unité désirable et suprême. On vit simple, comme on naît simple, comme on aime Quand on aime vraiment et fort, et comme on hait Et comme l'on pardonne, au bout, lorsque l'on est Purement, nettement simple et l'on meurt de même, Comme on naît, comme on vit, comme on hait, comme on aime ! Car aimer c'est l'Alpha, fils, et c'est l'Oméga Des simples que le Dieu simple et bon délégua Pour témoigner de lui sur cette sombre terre En attendant leur vol calme dans sa lumière. Oui, d'être absolument soi-même, absolument ! D'être un brave homme épris de vivre, et réclamant Sa place à toi, juste soleil de tout le monde. Sans plus se soucier, naïveté profonde ! De ce tiers, l'apparat, que du fracas, ce quart, Pour le costume, dans la vie et quant à l'art ; Dédaigneux au superlatif de la réclame. Un digne homme amoureux et frère de la Femme, Élevant ses enfants pour ici-bas et pour Leur lot gagné dûment en le meilleur Séjour. Fervent de la patrie et doux aux misérables. Fier pourtant, partant, aux refus inexorables Devant les préjugés et la banalité Assumant à Penvi ce masque dégoûté Qui rompt la patience et provoque la claque Et, pour un peu, ferait défoncer la baraque ! Rude à l'orgueil tout en pitoyant l'orgueilleux. Mais dur au fat et l'écrasant d'un mot joyeux S'il juge toutefois qu'il en vaille la peine Et que sa nullité soit digne de l'aubaine. Oui, d'être et de mourir loin d'un siècle gourmé Dans la franchise, ô vivre et mourir enfermé. Et s'il nous faut, par surcroît, de posthumes socles. Gloire au poète pur en ces jours de monocles ! XIX La neige à travers la brume Tombe et tapisse sans bruit Le chemin creux qui conduit A l'église où l'on allume Pour la messe de minuit. Londres sombre flambe et fume ' Ô la chère qui s'y cuit Et la boisson qui s'ensuit ! C'est Christmas et sa coutume De minuit jusqu'à minuit. Sur la plume et le bitume, Paris bruit et jouit. Ripaille et Plaisant Déduit Sur le bitume et la plume S'exaspèrent dès minuit. Le malade en l'amertume De l'hospice où le poursuit Un espoir toujours détruit S'épouvante et se consume Dans le noir d'un long minuit-La cloche au son clair d'enclume Dans la tour fine qui luit. Loin du péché qui nous nuit, Nous appelle en grand costume A la messe de minuit.

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    Paul Verlaine

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    Cauchemar J’ai vu passer dans mon rêve – Tel l’ouragan sur la grève, – D’une main tenant un glaive Et de l’autre un sablier, Ce cavalier Des ballades d’Allemagne Qu’à travers ville et campagne, Et du fleuve à la montagne, Et des forêts au vallon, Un étalon Rouge-flamme et noir d’ébène, Sans bride, ni mors, ni rêne, Ni hop ! ni cravache, entraîne Parmi des râlements sourds Toujours ! toujours ! Un grand feutre à longue plume Ombrait son oeil qui s’allume Et s’éteint. Tel, dans la brume, Éclate et meurt l’éclair bleu D’une arme à feu. Comme l’aile d’une orfraie Qu’un subit orage effraie, Par l’air que la neige raie, Son manteau se soulevant Claquait au vent, Et montrait d’un air de gloire Un torse d’ombre et d’ivoire, Tandis que dans la nuit noire Luisaient en des cris stridents Trente-deux dents. Paul Verlaine

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    Paul Verlaine

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    Chanson d’automne Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

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    Paul Verlaine

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    Chevaux de bois Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. Le gros soldat, la plus grosse bonne Sont sur vos dos comme dans leur chambre, Car en ce jour au bois de la Cambre Les maîtres sont tous deux en personne. Tournez, tournez, chevaux de leur coeur, Tandis qu’autour de tous vos tournois Clignote l’oeil du filou sournois, Tournez au son du piston vainqueur. C’est ravissant comme ça vous soûle D’aller ainsi dans ce cirque bête : Bien dans le ventre et mal dans la tête, Du mal en masse et du bien en foule. Tournez, tournez sans qu’il soit besoin D’user jamais de nuls éperons Pour commander à vos galops ronds, Tournez, tournez, sans espoir de foin Et dépêchez, chevaux de leur âme : Déjà voici que la nuit qui tombe Va réunir pigeon et colombe Loin de la foire et loin de madame. Tournez, tournez ! le ciel en velours D’astres en or se vête lentement. Voici partir l’amante et l’amant. Tournez au son joyeux des tambours !

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    Paul Verlaine

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    Child wife Vous n’avez rien compris à ma simplicité, Rien, ô ma pauvre enfant ! Et c’est avec un front éventé, dépité Que vous fuyez devant. Vos yeux qui ne devaient refléter que douceur, Pauvre cher bleu miroir Ont pris un ton de fiel, ô lamentable sœur, Qui nous font mal à voir. Et vous gesticulez avec vos petits bras Comme un héros méchant, En poussant d’aigres cris poitrinaires, hélas ! Vous qui n’étiez que chant ! Car vous avez eu peur de l’orage et du cœur Qui grondait et sifflait, Et vous bêlâtes vers votre mère – ô douleur ! – Comme un triste agnelet. Et vous n’aurez pas su la lumière et l’honneur D’un amour brave et fort, Joyeux dans le malheur, grave dans le bonheur, Jeune jusqu’à la mort ! Londres, 2 avril 1873

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    Clair de lune Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune, Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

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    Colloque sentimental Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ? - Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non. Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

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    Compagne savoureuse et bonne Compagne savoureuse et bonne À qui j'ai confié le soin Définitif de ma personne, Toi mon dernier, mon seul témoin, Viens çà, chère, que je te baise, Que je t'embrasse long et fort, Mon coeur près de ton coeur bat d'aise Et d'amour pour jusqu'à la mort : Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Je vais gueux comme un rat d'église Et toi tu n'as que tes dix doigts ; La table n'est pas souvent mise Dans nos sous-sols et sous nos toits ; Mais jamais notre lit ne chôme, Toujours joyeux, toujours fêté Et j'y suis le roi du royaume De ta gaîté, de ta santé ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Après nos nuits d'amour robuste Je sors de tes bras mieux trempé, Ta riche caresse est la juste, Sans rien de ma chair de trompé, Ton amour répand la vaillance Dans tout mon être, comme un vin, Et, seule, tu sais la science De me gonfler un coeur divin. Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis. Qu'importe ton passé, ma belle, Et qu'importe, parbleu ! le mien : Je t'aime d'un amour fidèle Et tu ne m'as fait que du bien. Unissons dans nos deux misères Le pardon qu'on nous refusait Et je t'étreins et tu me serres Et zut au monde qui jasait ! Aime-moi, Car, sans toi, Rien ne puis, Rien ne suis.

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    Conseil falot Brûle aux yeux des femmes, Mais garde ton coeur Et crains la langueur Des épithalames. Bois pour oublier ! L'eau-de-vie est une Qui porte la lune Dans son tablier. L'injure des hommes, Qu'est-ce que ça fait ? Va, notre coeur sait Seul ce que nous sommes. Ce que nous valons Notre sang le chante ! L'épine méchante Te mord aux talons ? Le vent taquin ose Te gifler souvent ? Chante dans le vent Et cueille la rose ! Va, tout est au mieux Dans ce monde pire ! Surtout laisse dire, Surtout sois joyeux D'être une victime A ces pauvres gens : Les dieux indulgents Ont aimé ton crime ! Tu refleuriras Dans un élysée ! Ame méprisée, Tu rayonneras ! Tu n'es pas de celles Qu'un coup du Destin Dissipe soudain En mille étincelles. Métal dur et clair, Chaque coup t'affine En arme divine Pour un dessein fier. Arrière la forge ! Et tu vas frémir, Vibrer et jouir Au poing de saint George Et de saint Michel, Dans des gloires calmes, Au vent pur des palmes, Sur l'aile du ciel !... C'est d'être un sourire Au milieu des pleurs, C'est d'être des fleurs Au champ du martyre, C'est d'être le feu Qui dort dans la pierre, C'est d'être en prière, C'est d'attendre un peu !

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    Paul Verlaine

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    @paulVerlaine

    Contre la jalousie II. La jalousie est Multiforme La jalousie est multiforme Dans sa monotone amertume : Elle est minime, elle est énorme, Elle est précoce, elle est posthume ! Méfiez-vous quand elle dort : C’est le tigre et non plus le chat. Elle mord bien quand elle mord, C’est le chien enragé ! Crachat, Insulte, adultère à sa face L’affollent, et le sang ruisselle… Ou la laissent calme à sa place, Froide et coite comme pucelle. Elle prémédite des tours Pendables sous un air charmant Et les exécute toujours Affreusement, terriblement… Nous ne sommes plus à des âges Pour nous piquer de ces folies : Ah ! bien mieux nous vaut être sages, Ayant eu nos fureurs… jolies ! Être jaloux, rien d’aussi sot ! Et j’efface à l’instant les vers D’un peu plus haut, vague tressaut D'encore ce cruel tressaut. III. D’ailleurs la Jalousie est Bête D’ailleurs, la jalousie est bête. D’abord, elle ne sert de rien Malgré tout son martel en tête. Puis elle n’est pas d'un chrétien, Jésus qui pardonnez des milliards de fois Par la bouche du prêtre et Votre grâce toujours prête, Même, entre tous, à ceux qu’a damnés sa menteuse voix. C’est aussi le péché morose Portant eu lui déjà l’Enfer Tant mérité sur toute chose! C’est Caïn et c’est Lucifer, L'un jaloux de son frère et l’autre de son Dieu Et tous deux malheureux sans fin méditant sur la cause Et sur l’effet, auteurs de leur éternité de feu! Ô rien ne vaut la confiance Entre deux Cœurs pécheurs, mais vrais. L’un pour l’autre et qu’une nuance Divisait aux temps jeunes, mais Qui ne peuvent avoir un bonheur mutuel Et que la seule mort diviserait et que fiance À la joie éternelle un franc accord perpétuel. IV. Bah! Confiance ou Jalousie! Bah ! confiance ou jalousie! Mots oiseux et choses impies. «Je te soupçonne, tu m’épies,» «Tu me cramponnnes, je te scie.» Ô toi, Catulle et vous, Lesbies! «Tu m’as élu, je l’ai choisie.» Comme eux suivons la fantaisie, Et non pas trente-six lubies. Tu m’es clémente et je crois t’être, En revanche, soumis et tendre: Lors il est aisé de s’entendre. Plus d’«infidèle», plus de «traître», Plus non plus de serment qui tienne Ou non! mais ta joie et la mienne.

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    Dans la danse Petite table enfantine, il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre, il y a des femmes graves comme les mouvements de l’amour qu’on ne surprend pas il y a des femmes au visage pâle d’autres comme le ciel à la veille du vent. Petite table dorée des jours de fête, il y a des femmes de bois vert et sombre: celles qui pleurent, de bois sombre et vert: celles qui rient. Petite table trop basse ou trop haute, il y a des femmes grasses avec des ombres légères, il y a des robes creuses, des robes sèches, des robes que l’on porte chez soi et que l’amour ne fait jamais sortir. Petite table, je n’aime pas les tables sur lesquelles je danse, je ne m’en doutais pas.

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    Dans les bois D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant.

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    Dans l’interminable… Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ? Dans l’interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable.

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    De plus, cette ignorance de vous ! De plus, cette ignorance de Vous ! Avoir des yeux et ne pas vous voir, Une âme et ne pas vous concevoir. Un esprit sans nouvelles de Vous ! O temps, ô mœurs qu’il en soit ainsi, Et que ce vase de belles fleurs, Qu’un tel vase, précieux d’ailleurs, De la plus belle se passe ainsi ! Religion, unique raison, Et seule règle et loi, piété, Rien, là, de vous n’a jamais été, Pas un penser juste, une oraison ! Aussi cette ignorance de tout ! Et de soi-même, droits et devoirs Et des autres, leurs justes pouvoirs, Leur action légitime et tout ! Jusqu’à méconnaître en moi quel nom, Quel titre augural et de par Dieu ! Et six ans passés à plaire à Dieu, Vertu réelle, effort bel et bon ! Jusqu’à ne pas se douter vraiment Du tour affreux et plus que cruel Qu’un sot grief, à peine réel, Inflige à ses revanches vraiment. Éclairez ces ténêbres de mort, C’est votre créature après tout. L’ignorance invincible l’absout. Bah ! claire et bonne lui soit la mort.

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    Dernier espoir Il est un arbre au cimetière Poussant en pleine liberté, Non planté par un deuil dicté, - Qui flotte au long d'une humble pierre. Sur cet arbre, été comme hiver, Un oiseau vient qui chante clair Sa chanson tristement fidèle. Cet arbre et cet oiseau c'est nous : Toi le souvenir, moi l'absence Que le temps - qui passe - recense... Ah, vivre encore à tes genoux ! Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle, Le néant est mon froid vainqueur... Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?

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    Dizain ingénu O souvenir d’enfance et le lait nourricier Et ô l’adolescence et son essor princier ! Quand j’étais tout petit garçon j’avais coutume Pour évoquer la Femme et bercer l’amertume De n’avoir qu’une queue imperceptible bout Dérisoire, prépuce immense sous quoi bout Tout le sperme à venir, ô terreur sébacée, De me branler avec cette bonne pensée D’une bonne d’enfant à motte de velours. Depuis je décalotte et me branle toujours !

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    Ecoutez la chanson bien douce Ecoutez la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire, Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse ! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile, Qui palpite aux brises d'automne. Cache et montre au cœur qui s'étonne La vérité comme une étoile. Elle dit, la voix reconnue, Que la bonté c'est notre vie, Que de la haine et de l'envie Rien ne reste, la mort venue. Elle parle aussi de la gloire D'être simple sans plus attendre, Et de noces d'or et du tendre Bonheur d'une paix sans victoire. Accueillez la voix qui persiste Dans son naïf épithalame. Allez, rien n'est meilleur à l'âme Que de faire une âme moins triste ! Elle est en peine et de passage, L'âme qui souffre sans colère, Et comme sa morale est claire !... Ecoutez la chanson bien sage.

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    En bateau L’étoile du berger tremblote Dans l’eau plus noire et le pilote Cherche un briquet dans sa culotte. C’est l’instant, Messieurs, ou jamais, D’être audacieux, et je mets Mes deux mains partout désormais ! Le chevalier Atys, qui gratte Sa guitare, à Chloris l’ingrate Lance une oeillade scélérate. L’abbé confesse bas Eglé, Et ce vicomte déréglé Des champs donne à son coeur la clé. Cependant la lune se lève Et l’esquif en sa course brève File gaîment sur l’eau qui rêve.

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    En lui envoyant une pensée Au temps où vous m'aimiez (bien sûr ?) Vous m'envoyâtes, fraîche éclose, Une chère petite rose, Frais emblème, message pur. Elle disait en son langage Les « serments du premier amour » : Votre cœur à moi pour toujours Et toutes les choses d'usage. Trois ans sont passés. Nous voilà ! Mais moi j'ai gardé la mémoire De votre rose, et c'est ma gloire De penser encore à cela. Hélas ! si j'ai la souvenance, Je n'ai plus la fleur, ni le cœur ! Elle est aux quatre vents, la fleur. Le cœur ? mais, voici que j'y pense. Fut-il mien jamais ? entre nous ? Moi, le mien bat toujours le même", D est toujours simple. Un emblème A mon tour. Dites, voulez-vous Que, tout pesé, je vous envoie. Triste sélam , mais c'est ainsi, Cette pauvre négresse-ci ? Elle n'est pas couleur de joie. Mais elle est couleur de mon cœur ; Je l'ai cueillie à quelque fente Du pavé captif que j'arpente En ce heu de juste douleur. A-t-elle besoin d'autres preuves ? Acceptez-la pour le plaisir. J'ai tant fait que de la cueillir. Et c'est presque une fleur-des-veuves.

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    En rêve J'ai rêvé d'elle, et nous nous pardonnions Non pas nos torts, il n'en est " en amour, Mais l'absolu de nos opinions Et que la vie ait pour nous pris ce tour. Simple elle était comme au temps de ma cour, En robe grise et verte et voilà tout, (J'aimai toujours les femmes dans ce goût). Et son langage était sincère et coi. Mais quel émoi de me dire au débout : J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi. Elle ni moi nous ne nous résignions A plus souffrir pas plus tard que ce jour. nous revoir encore compagnons, Chacun étant descendu de sa tour Pour un baiser bien payé de retour ! Le beau projet ! Et nous étions debout, Main dans la main, avec du sang qui bout Et chante un fier donec gratus. Mais quoi ? C'était un songe, ô tristesse et dégoût ! J*ai rêvé d'elle et pas elle de moi. Et nous suivions tes luisants Fanions, Soie et satin, ô Bonheur vainqueur, pour Jusqu'à la mort, que d'ailleurs nous niions. J'allais par les chemins, en troubadour. Chantant, ballant, sans craindre ce pandour Qui vous saute à la gorge et vous découd* Elle évoquait la chère nuit d'Août Où son aveu bas et lent me fit roi. Moi, j'adorais ce retour qui m'absout. J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi ! ENVOI Princesse elle est, sans doute, à l'autre bout Du monde où règne et persiste ma foi *. Amen, alors, puisqu'à mes dam et coût, J'ai rêvé d'elle et pas elle de moi.

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    En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux… La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en ! Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse…  » Vive la brise !  » il faut crier :  » Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! « 

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    En sourdine Calmes dans le demi-jour Que les branches hautes font, Pénétrons bien notre amour De ce silence profond. Fondons nos âmes, nos cœurs Et nos sens extasiés, Parmi les vagues langueurs Des pins et des arbousiers. Ferme tes yeux à demi, Croise tes bras sur ton sein, Et de ton cœur endormi Chasse à jamais tout dessein. Laissons-nous persuader Au souffle berceur et doux Qui vient à tes pieds rider Les ondes de gazon roux. Et quand, solennel, le soir Des chênes noirs tombera, Voix de notre désespoir, Le rossignol chantera.

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    Es-tu brune ou blonde ? Es-tu brune ou blonde ? Sont-ils noirs ou bleus, Tes yeux ? Je n’en sais rien, mais j’aime leur clarté profonde, Mais j’adore le désordre de tes cheveux. Es-tu douce ou dure ? Est-il sensible ou moqueur, Ton cœur ? Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur. Fidèle, infidèle ? Qu’est-ce que ça fait. Au fait ? Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

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