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Paul Verlaine

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Paul Verlaine, né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) et mort le 8 janvier 1896 à Paris, est un écrivain et poète français. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866, à 22 ans. Il épouse en 1870 Mathilde Mauté. Le couple aura un enfant, Georges Verlaine. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine, d'un coup de revolver, blesse au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal ». Jugé et condamné, il passe deux années en prison, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Archétype du poète maudit (notion qu'il a lui-même forgée dans son essai de 1884 et 1888), Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré, Charles Koechlin et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes).

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    Femme et chatte Elle jouait avec sa chatte, Et c’était merveille de voir La main blanche et la blanche patte S’ébattre dans l’ombre du soir. Elle cachait – la scélérate ! – Sous ces mitaines de fil noir Ses meurtriers ongles d’agate, Coupants et clairs comme un rasoir. L’autre aussi faisait la sucrée Et rentrait sa griffe acérée, Mais le diable n’y perdait rien… Et dans le boudoir où, sonore, Tintait son rire aérien, Brillaient quatre points de phosphore.

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    Filles I Bonne simple fille des rues Combien te préféré-je aux grues Qui nous encombrent le trottoir De leur traîne, mon décrottoir, Poseuses et bêtes poupées Rien que de chiffons occupées Ou de courses et de paris Fléaux déchaînés sur Paris ! Toi, tu m’es un vrai camarade Qui la nuit monterait en grade Et même dans les draps câlins Garderait des airs masculins, Amante à la bonne franquette, L’amie à travers la coquette Qu’il te faut bien être un petit Pour agacer mon appétit. Oui, tu possèdes des manières Si farceusement garçonnières Qu’on croit presque faire un péché (Pardonné puisqu’il est caché) Sinon que t’as les fesses blanches De frais bras ronds et d’amples hanches Et remplaces que tu n’as pas Par tant d’orthodoxes appas. T’es un copain tant t’es bonne âme, Tant t’es toujours tout feu, tout flamme S’il s’agit d’obliger les gens Fût-ce avec tes pauvres argents Jusqu’à doubler ta rude ouvrage, Jusqu’à mettre du linge en gage ! Comme nous t’as eu des malheurs, Et tes larmes valent nos pleurs Et tes pleurs mêlés à nos larmes Ont leurs salaces et leurs charmes, Et de cette pitié que tu Nous portes sort une vertu T’es un frère qu’est une dame Et qu’est pour le moment ma femme… Bon ! Puis dormons jusqu’à potron- Minette, en boule et ron, ron, ron ! Serre-toi que je m’acoquine Le ventre au bas de ton échine Mes genoux emboîtant les tiens Tes pieds de gosse entre les miens. Roule ton cul sous ta chemise Mais laisse ma main que j’ai mise Au chaud sous ton gentil tapis. Là ! Nous voilà cois, bien tapis. Ce n’est pas la paix, c’est la trêve. Tu dors ? Oui. Pas de mauvais rêve. Et je somnole en gais frissons, Le nez pâmé sur tes frissons. II Et toi, tu me chausses aussi, Malgré ta manière un peu rude Qui n’est pas celle d’une prude Mais d’un virago réussi. Oui, tu me bottes, quoique tu Gargarises dans ta voix d’homme Toutes les gammes de rogomme, Buveuse à coudes rabattus ! Ma femme ! Sacré nom de Dieu ! À nous faire perdre la tête Nous foutre tout le reste en fête Et, nom de Dieu, le sang en feu. Ton corps dresse, sous le reps noir, Sans qu’assurément tu nous triches Une paire de nénais riches Souples, durs, excitants, faut voir ! Et moule un ventre jusqu’au bas Entre deux friands haut-de-cuisse, Qui parle de sauce et d’épice Pour quel poisson de quel repas ! Tes bas blancs — et je t’applaudis De n’arlequiner point des formes- Nous font ouvrir des yeux énormes Sur des mollets que rebondis ! Ton visage de brune où les Traces de robustes fatigues Marquent clairement que tu brigues Surtout le choc des mieux râblés, Ton regard ficelle et gobeur Qui sait se mouiller puis qui mouille Où toute la godaille grouille Sans reproche, ô non ! mais sans peur, Toute ta figure — des pieds Cambrés vers toutes les étreintes Aux traits crépis, aux mèches teintes, Par nos longs baisers épiés- Ravigote les roquentins Et les ci-devant jeunes hommes Que voilà bientôt que nous sommes, Nous électrise en vieux pantins, Fait de nous de vrais bacheliers Empressés auprès de ta croupe Humant la chair comme une soupe, Prêts à râler sous tes souliers ! Tu nous mets bientôt à quia, Mais, patiente avec nos restes, Les accommode, mots et gestes, En ragoût où de tout il y a. Et puis quoique mauvaise au fond, Tu nous a de ces indulgences ! Toi, si teigne entre les engeances, Tu fais tant que les choses vont. Tu nous gobe (ou nous le dis) Non de te satisfaire, ô goule ! Mais de nous tenir à la coule D’au moins les trucs les plus gentils. Ces devoirs nous les déchargeons, Parce qu’au fond tu nous violes, Quitte à te fiche de nos fioles Avec de plus jeunes cochons.

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    Gamineries Depuis que ce m’est plus commode De baiser en gamin, j’adore Cette manière et l’aime encore Plus quand j’applique la méthode Qui consiste à mettre mes mains Bien fort sur ton bon gros cul frais, Chatouille un peu conçue exprès, Pour mieux entrer dans tes chemins. Alors ma queue est en ribote De ce con, qui, de fait, la baise, Et de ce ventre qui lui pèse D’un poids salop — et ça clapote, Et les tétons de déborder De la chemise lentement Et de danser indolemment, Et de mes yeux comme bander, Tandis que les tiens, d’une vache, Tels ceux-là des Junons antiques. Leur fichent des regards obliques, Profonds comme des coups de hache, Si que je suis magnétisé Et que mon cabochon d’en bas, Non toutefois sans quels combats ? Se rend tout à fait médusé. Et je jouis et je décharge Dans ce vrai cauchemar de viande A la fois friande et gourmande Et tour à tour étroite et large, Et qui remonte et redescend Et rebondit sur mes roustons En sauts où mon vit à tâtons Pris d’un vertige incandescent Parmi des foutres et des mouilles Meurt, puis revit, puis meurt encore, Revit, remeurt, revit encore Par tout ce foutre et que de mouilles ! Cependant que mes doigts, non sans Te faire un tas de postillons, Légers comme des papillons Mais profondément caressants Et que mes paumes de tes fesses Froides modérément tout juste Remontent lento vers le buste Tiède sous leurs chaudes caresses.

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    Goûts royaux Louis Quinze aimait peu les parfums. Je l’imite Et je leur acquiesce en la juste limite. Ni flacons, s’il vous plaît, ni sachets en amour ! Mais, ô qu’un air naïf et piquant flotte autour D’un corps, pourvu que l’art de m’exciter s’y trouve ; Et mon désir chérit et ma science approuve Dans la chair convoitée, à chaque nudité L’odeur de la vaillance et de la puberté Ou le relent très bon des belles femmes mûres. Même j’adore — tais, morale, tes murmures — Comment dirais-je ? ces fumets, qu’on tient secrets, Du sexe et des entours, dès avant comme après La divine accolade et pendant la caresse, Quelle qu’elle puisse être, ou doive, ou le paraisse. Puis, quand sur l’oreiller mon odorat lassé, Comme les autres sens, du plaisir ressassé, Somnole et que mes yeux meurent vers un visage S’éteignant presque aussi, souvenir et présage, De l’entrelacement des jambes et des bras, Des pieds doux se baisant dans la moiteur des draps, De cette langueur mieux voluptueuse monte Un goût d’humanité qui ne va pas sans honte, Mais si bon, mais si bon qu’on croirait en manger ! Dès lors, voudrais-je encor du poison étranger, D’une flagrance prise à la plante, à la bête Qui vous tourne le cœur et vous brûle la tête, Puisque j’ai, pour magnifier la volupté, Proprement la quintessence de la beauté ?

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    Green Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. J’arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers ; Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête. Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

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    Idylle high-life La galopine À pleine main Branle la pine Au beau gamin. L’heureux potache Décalotté Jouit et crache De tout côté. L’enfant rieuse À voir ce lait Et curieuse De ce qu’il est, Hume une goutte Au bord du pis, Puis dame ! en route, Ma foi, tant pis ! Pourlèche et baise Le joli bout, Plus ne biaise Pompe le tout ! Petit vicomte De je-ne-sais, Point ne raconte Trop ce succès, Fleur d’élégances, Oaristys De tes vacances Quatre-vingt-dix : Ces algarades Dans les châteaux, Tes camarades, Même lourdeaux, Pourraient sans peine T’en raconter À la douzaine Sans inventer ; Et les cousines, Anges déchus, De ses cuisines Et de ces jus Sont coutumières, Pauvres trognons, Dès leurs premières Communions ; Ce, jeunes frères, En attendant Leurs adultères Vous impendant.

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    Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine !

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    Images d'un sou De toutes les douleurs douces Je compose mes magies ! Paul, les paupières rougies, Erre seul aux Pamplemousses. La Folle-par-amour chante Une ariette touchante. C'est la mère qui s'alarme De sa fille fiancée. C'est l'épouse délaissée Qui prend un sévère charme A s'exagérer l'attente Et demeure palpitante. C'est l'amitié qu'on néglige Et qui se croit méconnue. C'est toute angoisse ingénue, C'est tout bonheur qui s'afflige : L'enfant qui s'éveille et pleure, Le prisonnier qui voit l'heure, Les sanglots des tourterelles, La plainte des jeunes filles. C'est l'appel des Inésilles - Que gardent dans des tourelles De bons vieux oncles avares - A tous sonneurs de guitares. Voici Damon qui soupire Sa tendresse à Geneviève De Brabant qui fait ce rêve D'exercer un chaste empire Dont elle-même se pâme Sur la veuve de Pyrame Tout exprès ressuscitée, Et la forêt des Ardennes Sent circuler dans ses veines La flamme persécutée De ces princesses errantes Sous les branches murmurantes, Et madame Malbrouck monte A sa tour pour mieux entendre La viole et la voix tendre De ce cher trompeur de Comte Ory qui revient d'Espagne Sans qu'un doublon l'accompagne. Mais il s'est couvert de gloire Aux gorges des Pyrénées Et combien d'infortunées Au teint de lys et d'ivoire Ne fit-il pas à tous risques Là-bas, parmi les Morisques !... Toute histoire qui se mouille De délicieuses larmes, Fût-ce à travers des chocs d'armes, Aussitôt chez moi s'embrouille, Se mêle à d'autres encore, Finalement s'évapore En capricieuses nues, Laissant à travers des filtres Subtils talismans et philtres Au fin fond de mes cornues Au feu de l'amour rougies. Accourez à mes magies ! C'est très beau. Venez, d'aucunes Et d'aucuns. Entrez, bagasse ! Cadet-Roussel est paillasse Et vous dira vos fortunes. C'est Crédit qui tient la caisse. Allons vite qu'on se presse !

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    Impression de printemps Il est des jours - avez-vous remarqué ? - Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau, Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai Que la même gaieté d'un damoiseau. L'on se souvient sans bien se rappeler... Évidemment l'on rêve, et non, pourtant. L'on semble nager et l'on croirait voler. L'on aime ardemment sans amour cependant Tant est léger le coeur sous le ciel clair Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi Dans les autres, que l'on trompe avec l'air D'être plutôt trompé gentiment, soi. La vie est bonne et l'on voudrait mourir, Bien que n'ayant pas peur du lendemain, Un désir indécis s'en vient fleurir, Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain. Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ? Meurent plutôt la vie et son tourment ! Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur D'à jamais perdre un moment si charmant.

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    Impression fausse Dame souris trotte Noire dans le gris du soir, Dame souris trotte Grise dans le noir. On sonne la cloche, Dormez les bons prisonniers ! On sonne la cloche : Faut que vous dormiez. Pas de mauvais rêve, Ne pensez qu’à vos amours. Pas de mauvais rêve : Les belles toujours ! Le grand clair de lune ! On ronfle ferme à côté. Le grand clair de lune En réalité ! Un nuage passe, Il fait noir comme en un four, Un nuage passe. Tiens le petit jour ! Dame souris trotte, Rose dans les rayons bleus. Dame souris trotte : Debout les paresseux !

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    Initium Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes Et le bal tournoyait quand je la vis passer Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes De son oreille où mon Désir comme un baiser S’élançait et voulait lui parler, sans oser. Cependant elle allait, et la mazurque lente La portait dans son rhythme indolent comme un vers, – Rime mélodieuse, image étincelante, – Et son âme d’enfant rayonnait à travers La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts. Et depuis, ma Pensée – immobile – contemple Sa Splendeur évoquée, en adoration, Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple, Mon Amour entre, plein de superstition. Et je crois que voici venir la Passion.

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    J'ai presque peur, en vérité J'ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée À la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon cœur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, À penser qu'un mot, un sourire De vous est désormais ma loi, Et qu'il vous suffirait d'un geste. D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste. Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir, Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !

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    Je ne sais pourquoi mon esprit amer Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D'une aile inquiète et folle vole sur la mer, Tout ce qui m'est cher, D'une aile d'effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ? Mouette à l'essor mélancolique. Elle suit la vague, ma pensée, À tous les vents du ciel balancée Et biaisant quand la marée oblique, Mouette à l'essor mélancolique. Ivre de soleil Et de liberté, Un instinct la guide à travers cette immensité. La brise d'été Sur le flot vermeil Doucement la porte en un tiède demi-sommeil. Parfois si tristement elle crie Qu'elle alarme au lointain le pilote Puis au gré du vent se livre et flotte Et plonge, et l'aile toute meurtrie Revole, et puis si tristement crie ! Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D'une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m'est cher, D'une aile d'effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?

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    Je ne suis pas jaloux Je ne suis pas jaloux de ton passé, chérie, Et même je t'en aime et t'en admire mieux. Il montre ton grand cœur et la gloire inflétrie D'un amour tendre et fort autant qu'impétueux. Car tu n'eus peur ni de la mort ni de la vie, Et, jusqu'à cet automne fier répercuté Vers les jours orageux de ta prime beauté, Ton beau sanglot, honneur sublime, t'a suivie. Ton beau sanglot que ton beau rire condolait Comme un frère plus mâle, et ces deux bons génies T'ont sacrée à mes yeux de vertus infinies Dont mon amour à moi, tout fier, se prévalait Et se targue pour t'adorer au sens mystique : Consolations, vœux, respects, en même temps Qu'humbles caresses et qu'hommages ex-votants De ma chair à ce corps vaillant, temple héroïque Où tant de passions comme en un Panthéon, Rancœurs, pardons, fureurs et la sainte luxure Tinrent leur culte, respectant la forme pure Et le galbe puissant profanés par Phaon. Pense à Phaon pour l'oublier dans mon étreinte Plus douce et plus fidèle, amant d'après-midi, D'extrême après-midi, mais non pas attiédi Que me voici, tout plein d'extases et de crainte. Va, je t'aime... mieux que l'autre : il faut l'oublier, Toi, souris-moi du moins entre deux confidences, Amazone blessée ès belles imprudences Qui se réveille au sein d'un vieux brave écuyer.

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    Pourquoi triste, ô mon âme Pourquoi triste, ô mon âme Triste jusqu'à la mort, Quand l'effort te réclame, Quand le suprême effort Est là qui te réclame ? Ah, tes mains que tu tords Au lieu d'être à la tâche, Tes lèvres que tu mords Et leur silence lâche, Et tes yeux qui sont morts ! N'as-tu pas l'espérance De la fidélité, Et, pour plus d'assurance Dans la sécurité, N'as-tu pas la souffrance ? Mais chasse le sommeil Et ce rêve qui pleure. Grand jour et plein soleil ! Vois, il est plus que l'heure : Le ciel bruit vermeil, Et la lumière crue Découpant d'un trait noir Toute chose apparue Te montre le Devoir Et sa forme bourrue. Marche à lui vivement, Tu verras disparaître Tout aspect inclément De sa manière d'être, Avec l'éloignement. C'est le dépositaire Qui te garde un trésor D'amour et de mystère, Plus précieux que l'or, Plus sûr que rien sur terre, Les biens qu'on ne voit pas, Toute joie inouïe, Votre paix, saints combats, L'extase épanouie Et l'oubli d'ici-bas, Et l'oubli d'ici-bas !

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    Je ne veux plus aimer que ma mère Marie Je ne veux plus aimer que ma mère Marie. Tous les autres amours sont de commandement. Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie. C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis, C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice, Et la douceur de cœur et le zèle au service, Comme je la priais, Elle les a permis ... C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins, C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies, Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies, Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins. Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie, Siège, de la Sagesse et source des pardons, Mère de France aussi, de qui nous attendons Inébranlablement l'honneur de la patrie. Marie Immaculée, amour essentiel, Logique de la foi cordiale et vivace, En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse, En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ?

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    Juin Mois de Jésus, mois rouge et or, mois de l’Amour, Juin, pendant quel le cœur en fleur et l’âme en flamme Se sont épanouis dans la splendeur du jour Parmi des chants et des parfums d’épithalame, Mois du Saint-Sacrement et mois du Sacré-Cœur, Mois splendide du Sang réel, et de la Chair vraie, Pendant que l’herbe mûre offre à l’été vainqueur Un champ clos où le blé triomphe de l’ivraie, Et pendant quel, nous misérables, nous pécheurs, Remémorés de la Présence non pareille. Nous sentons ravigorés en retours vengeurs Contre Satan, pour des triomphes que surveille Du ciel là-haut, et sur terre, de l’ostensoir, L’adoré, l’adorable Amour sanglant et chaste, Et du sein douloureux où gîte notre espoir Le Cœur, le Cœur brûlant que le désir dévaste, Le désir de sauver les nôtres, ô Bonté Essentielle, de leur gagner la victoire Éternelle. Et l’encens de l’immuable été Monte mystiquement en des douceurs de gloire.

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    Kaléidoscope À Germain Nouveau. Dans une rue, au coeur d’une ville de rêve Ce sera comme quand on a déjà vécu : Un instant à la fois très vague et très aigu… Ô ce soleil parmi la brume qui se lève ! Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois ! Ce sera comme quand on ignore des causes ; Un lent réveil après bien des métempsycoses : Les choses seront plus les mêmes qu’autrefois Dans cette rue, au coeur de la ville magique Où des orgues moudront des gigues dans les soirs, Où les cafés auront des chats sur les dressoirs Et que traverseront des bandes de musique. Ce sera si fatal qu’on en croira mourir : Des larmes ruisselant douces le long des joues, Des rires sanglotés dans le fracas des roues, Des invocations à la mort de venir, Des mots anciens comme un bouquet de fleurs fanées ! Les bruits aigres des bals publics arriveront, Et des veuves avec du cuivre après leur front, Paysannes, fendront la foule des traînées Qui flânent là, causant avec d’affreux moutards Et des vieux sans sourcils que la dartre enfarine, Cependant qu’à deux pas, dans des senteurs d’urine, Quelque fête publique enverra des pétards. Ce sera comme quand on rêve et qu’on s’éveille, Et que l’on se rendort et que l’on rêve encor De la même féerie et du même décor, L’été, dans l’herbe, au bruit moiré d’un vol d’abeille.

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    L'ami de la nature J'crach' pas sur Paris, c'est rien chouett' ! Mais comm' j'ai une âm' de poèt', Tous les dimaiich's j'sors de ma boît' Et j'm'en vais avec ma compagne A la campagne. Nous prenons un train de banlieu' Qui nous brouette à quèques lieu's Dans le vrai pays du p'tit bleu. Car on n'boit pas toujours d'champagne A la campagne. Ell' met sa rob' de la Rein' Blanch' Moi, j'emport' ma pip' la plus blanch' ; J'ai pas d'chemis', mais j'mets des manch's. Car il faut bien quTéléganc' règne A la campègne. Nous arrivons, vrai, c'est très batt' ! Des écaill's d'huîtr's comm' chez Baratt' Et des cocott's qui vont à patt's. Car on est tout comme chez soi A la camp — quoi ! Mais j'vois qu'ma machin' vous em...terre, Fait's-moi signe et j'vous obtempère. D'autant qu'j'demand' pas mieux qu' de m'taire... Faut pas se gêner plus qu'au bagne, A la campagne.

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    L'amitié entre homme et femme est divine L'amitié, mais entre homme et femme elle est divine ! Elle n'empêche rien, aussi bien des rapports Nécessaires, et sous les mieux séants dehors Abrite les secrets aimables qu'on devine. Nous mettrions chacun du nôtre, elle est très fine, Moi plus naïf, et bien réglés en chers efforts Lesdits rapports dès lors si joyeux sans remords Dans la simplesse ovine et la raison bovine. Si le bonheur était d'ici, ce le serait ! Puis nous nous en irions sans l'ombre d'un regret. La conscience en paix et de l'espoir plein l'âme. Comme les bons époux d'il n'y a pas longtemps Quand l'un et l'autre d'être heureux étaient contents, Qui vivaient, sans le trop chanter, l'épithalame.

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    L'amour est infatigable L'amour est infatigable ! Il est ardent comme un diable, Comme un ange il est aimable. L'amant est impitoyable, Il est méchant comme un diable, Comme un ange, redoutable. Il va rôdant comme un loup Autour du cœur de beaucoup Et s'élance tout à coup Poussant un sombre hou-hou ! Soudain le voilà roucou- Lant ramier gonflant son cou. Puis que de métamorphoses ! Lèvres rouges, joues roses, Moues gaies, ris moroses, Et, pour finir, moulte chose Blanche et noire, effet et cause ; Le lys droit, la rose éclose...

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    L'angelus du matin Fauve avec des tons d'écarlate, Une aurore de fin d'été Tempétueusement éclate A l'horizon ensanglanté. La nuit rêveuse, bleue et bonne Pâlit, scintille et fond dans l'air. Et l'ouest dans l'ombre qui frissonne Se teinte au bord de rose clair. La plaine brille au loin et fume. Un oblique rayon venu Du soleil surgissant allume Le fleuve comme un sabre nu. Le bruit des choses réveillées Se marie aux brouillards légers Que les herbes et les feuillées Ont subitement dégagés. L'aspect vague du paysage S'accentue et change à foison. La silhouette d'un village Paraît. — Parfois une maison Illumine sa vitre et lance Un grand éclair qui va chercher L'ombre du bois plein de silence. Çà et là se dresse un clocher. Cependant, la lumière accrue Frappe dans les sillons les socs Et voici que claire, bourrue. Despotique, la voix des coqs Proclamant l'heure froide et grise Du pain mangé sans faim, des yeux Frottés que flagelle la bise Et du grincement des moyeux, Fait sortir des toits la fumée. Aboyer les chiens en fureur, Et par la pente accoutumée, Descendre le lourd laboureur, Tandis qu'un chœur de cloches dures Dans le grandissement du jour Monte, aubade franche d'injures, A l'adresse du Dieu d'amour!

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    La cathédrale est majestueuse La cathédrale est majestueuse Que j'imagine en pleine campagne Sur quelque affluent de quelque Meuse Non loin de l'Océan qu'il regagne,

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    La lune blanche La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée... Ô bien-aimée. L'étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure... Rêvons, c'est l'heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise... C'est l'heure exquise.

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    La mort Telle qu'un moissonneur, dont l'aveugle faucille Abat le frais bleuet, comme le dur chardon, Telle qu'un plomb cruel qui, dans sa course, brille, Siffle, et, fendant les airs, vous frappe sans pardon ; Telle l'affreuse mort sur un dragon se montre, Passant comme un tonnerre au milieu des humains, Renversant, foudroyant tout ce qu'elle rencontre Et tenant une faulx dans ses livides mains. Riche, vieux, jeune, pauvre, à son lugubre empire Tout le monde obéit ; dans le cœur des mortels Le monstre plonge, hélas ! ses ongles de vampire ! Il s'acharne aux enfants, tout comme aux criminels : Aigle fier et serein, quand du haut de ton aire Tu vois sur l'univers planer ce noir vautour, Le mépris (n'est-ce pas, plutôt que la colère) Magnanime génie, dans ton cœur, a son tour ? Mais, tout en dédaignant la mort et ses alarmes, Hugo, tu t'apitoies sur les tristes vaincus ; Tu sais, quand il le faut, répandre quelques larmes, Quelques larmes d'amour pour ceux qui ne sont plus.

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    La neige à travers la brume La neige à travers la brume Tombe et tapisse sans bruit Le chemin creux qui conduit A l'église où l'on allume Pour la messe de minuit. Londres sombre flambe et fume ; La chère qui s'y cuit Et la boisson qui s'ensuit ! C'est Christmas et sa coutume De minuit jusqu'à minuit. Sur la plume et le bitume, Paris bruit et jouit. Ripaille et Plaisant déduit Sur le bitume et la plume S'exaspèrent dès minuit. Le malade en l'amertume De l'hospice où le poursuit Un espoir toujours détruit S'épouvante et se consume Dans le noir d'un long minuit... La cloche au son clair d'enclume Dans la cour fine qui luit, Loin du péché qui nous nuit, Nous appelle en grand costume A la messe de minuit.

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    La rivière La rivière que j’ai sous la langue, L’eau qu’on n’imagine pas, mon petit bateau, Et, les rideaux baissés, parlons.

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    Paul Verlaine

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    La tristesse, langueur du corps humain La tristesse, langueur du corps humain M'attendrissent, me fléchissent, m'apitoient, Ah ! surtout quand des sommeils noirs le foudroient. Quand les draps zèbrent la peau, foulent la main ! Et que mièvre dans la fièvre du demain, Tiède encor du bain de sueur qui décroît, Comme un oiseau qui grelotte sous un toit ! Et les pieds, toujours douloureux du chemin, Et le sein, marqué d'un double coup de poing, Et la bouche, une blessure rouge encor. Et la chair frémissante, frêle décor, Et les yeux, les pauvres yeux si beaux où point La douleur de voir encore du fini !... Triste corps ! Combien faible et combien puni !

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    Le ciel est par-dessus le toit Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?

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    Le dernier espoir Il est un arbre au cimetière Poussant en pleine liberté, Non planté par un deuil dicté, - Qui flotte au long d'une humble pierre. Sur cet arbre, été comme hiver, Un oiseau vient qui chante clair Sa chanson tristement fidèle. Cet arbre et cet oiseau c'est nous : Toi le souvenir, moi l'absence Que le temps-qui passe-recense... Ah, vivre encore à tes genoux ! Ah, vivre encore ! Mais quoi, ma belle, Le néant est mon froid vainqueur... Du moins, dis, je vis dans ton cœur ?

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