splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi
@paulVerlaine profile image

Paul Verlaine

Auteurplume

Paul Verlaine, né le 30 mars 1844 à Metz (Moselle) et mort le 8 janvier 1896 à Paris, est un écrivain et poète français. Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866, à 22 ans. Il épouse en 1870 Mathilde Mauté. Le couple aura un enfant, Georges Verlaine. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine, d'un coup de revolver, blesse au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal ». Jugé et condamné, il passe deux années en prison, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Archétype du poète maudit (notion qu'il a lui-même forgée dans son essai de 1884 et 1888), Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré, Charles Koechlin et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes).

...plus

Compte non officiel

Poésies

143

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le foyer, la lueur étroite de la lampe Le foyer, la lueur étroite de la lampe ; La rêverie avec le doigt contre la tempe Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ; L’heure du thé fumant et des livres fermés ; La douceur de sentir la fin de la soirée ; La fatigue charmante et l’attente adorée ; De l’ombre nuptiale et de la douce nuit, Oh ! tout cela, mon rêve attendri le poursuit Sans relâche, à travers toutes remises vaines, Impatient mes mois, furieux des semaines !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le monstre de la fuite Le monstre de la fuite hume même les plumes De cet oiseau roussi par le feu du fusil. Sa plainte vibre tout le long d’un mur de larmes Et les ciseaux des yeux coupent la mélodie Qui bourgeonnait déjà dans le cœur du chasseur.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le soleil du matin Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. L’air est vif. Par moment un oiseau vole avec Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, Et son reflet dans l’eau survit à son passage. C’est tout. Mais le songeur aime ce paysage Dont la claire douceur a soudain caressé Son rêve de bonheur adorable, et bercé Le souvenir charmant de cette jeune fille, Blanche apparition qui chante et qui scintille, Dont rêve le poète et que l’homme chérit, Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit La Compagne qu’enfin il a trouvée, et l’âme Que son âme depuis toujours pleure et réclame.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Un peu de politique Tribune des Cinq-Cents, attributs indécents. Tremplin mesquin pour tous plongeons dans les non-sens Dans ces mensonges, dans telles logomachies. Et, chose pire, dans les plus pires orgies De gaspillages d'honneur civique et d'argent ; Tribune où Bonaparte, en homme intelligent Vraiment, ne monta qu'un instant pour donner l'ordre De la jeter bas, dût mons Arena ' le mordre D'un poignard de théâtre et d'un « Tyran ! » appris ; Tribune remplacée au delà de son prix. Bien au delà de son prix, ce leurre, par celle Des rois revenus, qu'on peut nommer la Pucelle De parlementarisme honnête, celui-là (Non celui-ci !) et puis, comme tout s'écroula De fier encor dans ce pays qu'un chacun pipe. Tribune encore de l'affreux Louis-Philippe, Et de Prudhomme et de Robert Macaire et de Tous les pieds plats et d'aussi tous les cœurs bas que La honte attire et que l'opprobre rassasie ! Quarante-Huit te mit au rancart, trop moisie Que t'étais pour ses paradoxes innocents, Tribune des Cinq-Cents, attributs indécents. Et l'empire second pour malpropre te tint... Mais vint le Prussien... Ton prestige est reteint. Ton bas-relief d'ailleurs sans talent d'autre guise Que d'étaler des seins qui ne sont plus de mise Et qu'un artiste un peu noble « ne saurait voir » Sans un chagrin profond et sans un ennui noir. Ton bas-relief, à neuf gratté, t'encor décore. Tremplin mesquin pour ton plongeur dans tout non-sens, Symbole de ceux-ci, jacobins indécents. ,

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Le sonnet de l'homme au sable Aussi, la créature était par trop toujours la même, Qui donnait ses baisers comme un enfant donne des noix, Indifférente à tout, hormis au prestige suprême De la cire à moustache et de l'empois des faux-cols droits. Et j'ai ri, car je tiens la solution du problème: Ce pouf était dans l'air dès le principe, je le vois ; Quand la chair et le sang, exaspérés d'un long carême, Réclamèrent leur dû, — la créature était en bois. C'est le conte d'Hoffmann avec de la bêtise en marge. Amis qui m'écoutez, faites votre entendement large, Car c'est la vérité que ma morale, et la voici: Si, par malheur, — puisse d'ailleurs l'augure aller au diable ! — Quelqu'un de vous devait s'emberlificoter aussi. Qu'il réclame un conseil de révision préalable.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les chères mains qui furent miennes Les chères mains qui furent miennes, Toutes petites, toutes belles, Après ces méprises mortelles Et toutes ces choses païennes, Après les rades et les grèves, Et les pays et les provinces, Royales mieux qu'au temps des princes, Les chères mains m'ouvrent les rêves. Mains en songe, mains sur mon âme, Sais-je, moi, ce que vous daignâtes, Parmi ces rumeurs scélérates, Dire à cette âme qui se pâme ? Ment-elle, ma vision chaste D'affinité spirituelle, De complicité maternelle, D'affection étroite et vaste ? Remords si cher, peine très bonne, Rêves bénis, mains consacrées, Ô ces mains, ces mains vénérées, Faites le geste qui pardonne !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les coquillages Chaque coquillage incrusté Dans la grotte où nous nous aimâmes A sa particularité L’un a la pourpre de nos âmes Dérobée au sang de nos cœurs Quand je brûle et que tu t’enflammes ; Cet autre affecte tes langueurs Et tes pâleurs alors que, lasse, Tu m’en veux de mes yeux moqueurs ; Celui-ci contrefait la grâce De ton oreille, et celui-là Ta nuque rose, courte et grasse ; Mais un, entre autres, me troubla.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les ingénus Les hauts talons luttaient avec les longues jupes, En sorte que, selon le terrain et le vent, Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes. Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux Inquiétait le col des belles sous les branches, Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches, Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir tombait, un soir équivoque d'automne : Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spécieux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Lettre Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins Impérieux (j’en prends tous les dieux à témoins), Je languis et je meurs, comme c’est ma coutume En pareil cas, et vais, le cœur plein d’amertume, À travers des soucis où votre ombre me suit, Le jour dans mes pensers , dans mes rêves la nuit, Et la nuit et le jour, adorable Madame ! Si bien qu’enfin, mon corps faisant place à mon âme, Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi, Et qu’alors, et parmi le lamentable émoi Des enlacements vains et des désirs sans nombre, Mon ombre se fondra pour jamais en votre ombre. En attendant, je suis, très chère, ton valet. Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît, Ta perruche, ton chat, ton chien ? La compagnie Est-elle toujours belle, et cette Silvanie Dont j’eusse aimé l’œil noir si le tien n’était bleu, Et qui parfois me fit des signes, palsambleu ! Te sert-elle toujours de douce confidente ? Or, Madame, un projet impatient me hante De conquérir le monde et tous ses trésors pour Mettre à vos pieds ce gage – indigne – d’un amour Égal à toutes les flammes les plus célèbres Qui des grands cœurs aient fait resplendir les ténèbres. Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi ! Par Marc-Antoine et par César que vous par moi, N’en doutez pas, Madame, et je saurai combattre Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre, Et comme Antoine fuir au seul prix d’un baiser. Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer, Et le temps que l’on perd à lire une missive N’aura jamais valu la peine qu’on l’écrive.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’adultère, celui du moins codifié L’adultère, celui du moins codifié Au mépris de l’Église et de Dieu défié, Tout d’abord doit sembler la faute irrémissible. Tel un trait lancé juste, ayant l’enfer pour cible ! Beaucoup de vrais croyants, questionnés ici, Répondraient à coup sûr qu’il en retourne ainsi. D’autre part le mondain, qui n’y voit pas un crime, Pour qui tous mauvais tours sont des bons coups d’escrime, Rit du procédé lourd, préférant, affrontés, Tous risques et périls à ces légalités Abominablement prudentes et transies Entre ces droits divers et plusieurs fantaisies, Enfin juge le cas boiteux, piteux, honteux. Le Sage, de qui l’âme et l’esprit vont tous deux, Bien équilibrés, droit, au vrai milieu des causes, Pleure sur telle femme en route pour ces choses. Il plaide l’ignorance, elle donc ne sachant Que le côté naïf, c’est-à-dire méchant, Hélas ! de cette douce et misérable vie. Elle plait et le sait, et ce qu’elle est ravie Mais son caprice tue, elle l’ignore tant ! Elle croit que d’aimer c’est de l’argent comptant, Non un fonds travaillant, qu’on paie et qu’on est quitte, Que d’aimer c’est toujours « qu’arriva-t-elle ensuite », Non un seul vœu qui tient jusqu’à la mort de nous. Et certes suscité, néanmoins son courroux Gronde le seul péché, plaignant les pécheresses, Coupables tout au plus de certaines paresses, Et les trois quarts du temps luxurieuses point. Bêle orgueil, intérêt mesquin, voilà le joint, Avec d’avoir été trop ou trop peu jalouses. Seigneur, ayez pitié des âmes, nos épouses.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’allée Fardée et peinte comme au temps des bergeries, Frêle parmi les nœuds énormes de rubans, Elle passe sous les ramures assombries, Dans l’allée où verdit la mousse des vieux bancs, Avec mille façons et mille afféteries Qu’on garde d’ordinaire aux perruches chéries. Sa longue robe à queue est bleue, et l’éventail Qu’elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues S’égaie un des sujets érotiques, si vagues Qu’elle sourit, tout en rêvant, à maint détail. — Blonde, en somme. Le nez mignon avec la bouche Incarnadine, grasse, et divine d’orgueil Inconscient. — D’ailleurs plus fine que la mouche Qui ravive l’éclat un peu niais de l’œil.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’amour par terre Le vent de l’autre nuit a jeté bas l’Amour Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc, Souriait en bandant malignement son arc, Et dont l’aspect nous fit tant songer tout un jour ! Le vent de l’autre nuit l’a jeté bas ! Le marbre Au souffle du matin tournoie, épars. C’est triste De voir le piédestal, où le nom de l’artiste Se lit péniblement parmi l’ombre d’un arbre. Oh ! c’est triste de voir debout le piédestal Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond Évoque un avenir solitaire et fatal. Oh ! c’est triste ! – Et toi-même, est-ce pas ? es touchée D’un si dolent tableau, bien que ton œil frivole S’amuse au papillon de pourpre et d’or qui vole Au-dessus des débris dont l’allée est jonchée.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L'angoisse Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales Siciliennes, ni les pompes aurorales. Ni la solennité dolente des couchants. Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants, Des vers, des temples grecs et des tours en spirales Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales. Et je vois du même œil les bons et les méchants. Je ne crois pas en Dieu, j'abjure et je renie Toute pensée, et quant à la vieille ironie, L'Amour, je voudrais bien qu'on ne m'en parlât plus. Lasse de vivre, ayant peur de mourir. pareille Au brick perdu jouet du flux et du reflux. Mon âme pour d'affreux naufrages appareille .

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Écoutez la chanson bien douce Écoutez la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire, Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse ! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile, Qui palpite aux brises d'automne. Cache et montre au cœur qui s'étonne La vérité comme une étoile. Elle dit, la voix reconnue, Que la bonté c'est notre vie, Que de la haine et de l'envie Rien ne reste, la mort venue. Elle parle aussi de la gloire D'être simple sans plus attendre, Et de noces d'or et du tendre Bonheur d'une paix sans victoire. Accueillez la voix qui persiste Dans son naïf épithalame. Allez, rien n'est meilleur à l'âme Que de faire une âme moins triste ! Elle est en peine et de passage, L'âme qui souffre sans colère, Et comme sa morale est claire !... Écoutez la chanson bien sage.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    L’incroyable, l’unique horreur de pardonner L’incroyable, l’unique horreur de pardonner, Quand l’offense et le tort ont eu cette envergure, Est un royal effort qui peut faire figure Pour le souci de plaire et le soin d’étonner : L’orgueil, qu’il faut, se doit prévaloir sans scrupule Et s’endormir pur, fort des péchés expiés, Doux, le front dans les cieux reconquis, et les pieds Sur cette humanité toute honte et crapule Ou plutôt et surtout, gloire à Dieu qui voulut Au cœur qu’un rien émeut, tel sous des doigts un luth, Faire un peu de repos dans l’entier sacrifice. Paix à ce cœur enfin de bonne volonté Qui ne veut battre plus que vers la Charité, Et que votre plaisir, ô Jésus, s’assouvisse.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Mandoline Les donneurs de sérénades Et les belles écouteuses Echangent des propos fades Sous les ramures chanteuses. C’est Tircis et c’est Aminte, Et c’est l’éternel Clitandre, Et c’est Damis qui pour mainte Cruelle fait maint vers tendre. Leurs courtes vestes de soie, Leurs longues robes à queues, Leur élégance, leur joie Et leurs molles ombres bleues Tourbillonnent dans l’extase D’une lune rose et grise, Et la mandoline jase Parmi les frissons de brise.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Marine L’Océan sonore Palpite sous l’oeil De la lune en deuil Et palpite encore, Tandis qu’un éclair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D’un long zigzag clair, Et que chaque lame, En bonds convulsifs, Le long des récifs Va, vient, luit et clame, Et qu’au firmament, Où l’ouragan erre, Rugit le tonnerre Formidablement.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Mille et tre Mes amants n’appartiennent pas aux classes riches : Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux, Leur quinze et leurs vingt ans sans apprêts sont mal chiches De force assez brutale et de procédés gros. Je les goûte en habits de travail, cotte et veste ; Ils ne sentent pas l’ambre et fleurent de santé Pure et simple ; leur marche un peu lourde, va preste Pourtant, car jeune, et grave en élasticité ; Leurs yeux francs et matois crépitent de malice Cordiale et des mots naïvement rusés Partent non sans un gai juron qui les épice De leur bouche bien fraîche aux solides baisers ; Leur pine vigoureuse et leurs fesses joyeuses Réjouissent la nuit et ma queue et mon cu ; Sous la lampe et le petit jour, leurs chairs joyeuses Ressuscitent mon désir las, jamais vaincu. Cuisses, âmes, mains, tout mon être pêle-mêle, Mémoire, pieds, cœurs, dos et l’oreille et le nez Et la fressure, tout gueule une ritournelle, Et trépigne un chahut dans leurs bras forcenés. Un chahut, une ritournelle fol et folle Et plutôt divins qu’infernals, plus infernals Que divins, à m’y perdre, et j’y nage et j’y vole, Dans leur sueur et leur haleine, dans ces bals. Mes deux Charles l’un jeune tigre aux yeux de chattes Sorte d’enfant de chœur grandissant en soudard, L’autre, fier gaillard, bel effronté que n’épate Que ma pente vertigineuse vers son dard. Odilon, un gamin, mais monté comme un homme Ses pieds aiment les miens épris de ses orteils Mieux encore mais pas plus que son reste en somme Adorable drûment, mais ses pieds sans pareils !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Monsieur Prudhomme Il est grave : il est maire et père de famille. Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux Dans un rêve sans fin flottent insoucieux, Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille. Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux, Et les prés verts et les gazons silencieux ? Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille. Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu, Il est juste-milieu, botaniste et pansu. Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles, Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a Plus en horreur que son éternel coryza, Et le printemps en fleur brille sur ses pantoufles.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Monte sur moi comme une femme Monte sur moi comme une femme Que je baiserais en gamin Là. C’est cela. T’es à ta main ? Tandis que mon vit t’entre, lame Dans du beurre, du moins ainsi Je puis te baiser sur la bouche, Te faire une langue farouche Et cochonne, et si douce, aussi ! Je vois tes yeux auxquels je plonge Les miens jusqu’au fond de ton cœur D’où mon désir revient vainqueur Dans une luxure de songe. Je caresse le dos nerveux, Les flancs ardents et frais, la nuque, La double mignonne perruque Des aisselles, et les cheveux ! Ton cul à cheval sur mes cuisses Les pénètre de son doux poids Pendant que s’ébat mon lourdois Aux fins que tu te réjouisses, Et tu te réjouis, petit, Car voici que ta belle gourle Jalouse aussi d’avoir son rôle, Vite, vite, gonfle, grandit,

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Morale en raccourci Une tête blonde et de grâce pâmée, Sous un cou roucouleur de beaux tétons bandants, Et leur médaillon sombre à la mamme enflammée, Ce buste assis sur des coussins bas, cependant Qu’entre deux jambes, très vibrantes, très en l’air, Une femme à genoux vers quels soins occupée, Amour le sait — ne montre aux dieux que l’épopée Candide de son cul splendide, miroir clair De la Beauté qui veut s’y voir afin d’y croire. Cul féminin, vainqueur serein du cul viril, Fût-il éphébéen, fût-il puéril. Cul féminin, cul sur tous culs, los, culte et gloire !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Mort ! Les Armes ont tu leurs ordres en attendant De vibrer à nouveau dans des mains admirables Ou scélérates, et, tristes, le bras pendant, Nous allons, mal rêveurs, dans le vague des Fables. Les Armes ont tu leurs ordres qu’on attendait Même chez les rêveurs mensongers que nous sommes, Honteux de notre bras qui pendait et tardait, Et nous allons, désappointés, parmi les hommes. Armes, vibrez ! mains admirables, prenez-les, Mains scélérates à défaut des admirables ! Prenez-les donc et faites signe aux En-allés Dans les fables plus incertaines que les sables. Tirez du rêve notre exode, voulez-vous ? Nous mourons d’être ainsi languides, presque infâmes ! Armes, parlez ! Vos ordres vont être pour nous La vie enfin fleurie au bout, s’il faut, des lames. La mort que nous aimons, que nous eûmes toujours Pour but de ce chemin où prospèrent la ronce Et l’ortie, ô la mort sans plus ces émois lourds, Délicieuse et dont la victoire est l’annonce !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Même quand tu ne bandes pas Même quand tu ne bandes pas, Ta queue encor fait mes délices Qui pend, blanc d’or entre tes cuisses, Sur tes roustons, sombres appas. — Couilles de mon amant, sœurs fières À la riche peau de chagrin D’un brun et rose et purpurin, Couilles farceuses et guerrières, Et dont la gauche balle un peu, Tout petit peu plus que l’autre D’un air roublard et bon apôtre À quelles donc fins, nom de Dieu ? — Elle est dodue, ta quéquette Et veloutée, du pubis Au prépuce fermant le pis, Aux trois quarts d’une rose crête. Elle se renfle un brin au bout Et dessine sous la peau douce Le gland gros comme un demi-pouce Montrant ses lèvres justes au bout. Après que je l’aurai baisée En tout amour reconnaissant, Laisse ma main la caressant, La saisir d’une prise osée, Pour soudain la décalotter, En sorte que, violet tendre, Le gland joyeux, sans plus attendre, Splendidement vient éclater ;

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    N'est-ce pas ? en dépit des sots et des méchants N'est-ce pas ? en dépit des sots et des méchants Qui ne manqueront pas d'envier notre joie, Nous serons fiers parfois et toujours indulgents.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Nevermore Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant " Quel fut ton plus beau jour ? " fit sa voix d'or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement. - Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées ! Et qu'il bruit avec un murmure charmant Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Noël Petit Jésus qu'il nous faut être, Si nous voulons voir Dieu le Père, Accordez-nous d'alors renaître En purs bébés, nus, sans repaire Qu'une étable, et sans compagnie Qu'une âne et qu'un bœuf, humble paire ; D'avoir l'ignorance infinie Et l'immense toute-faiblesse Par quoi l'humble enfance est bénie ; De n'agir sans qu'un rien ne blesse Notre chair pourtant innocente Encor même d'une caresse, Sans que notre œil chétif ne sente Douloureusement l'éclat même De l'aube à peine pâlissante, Du soir venant, lueur suprême, Sans éprouver aucune envie Que d'un long sommeil tiède et blême... En purs bébés que l'âpre vie Destine, — pour quel but sévère Ou bienheureux ? — foule asservie Ou troupe libre, à quel calvaire ?

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Partie carrée Chute des reins, chute du rêve enfantin d’être sage, Fesses, trône adoré de l’impudeur, Fesses, dont la blancheur divinise encor la rondeur, Triomphe de la chair mieux que celui par le visage ! Seins, double mont d’azur et de lait aux deux cîmes brunes, Commandant quel vallon, quel bois sacré ! Seins, dont les bouts charmants sont un fruit vivant, savouré Par la langue et la bouche ivres de ces bonnes fortunes ! Fesses, et leur ravin mignard d’ombre rose un peu sombre Où rôde le désir devenu fou, Chers oreillers, coussin au pli profond pour la face ou Le sexe, et frais repos des mains après ces tours sans nombres ! Seins, fins régals aussi des mains qu’ils gorgent de délices, Seins lourds, puissants, un brin fiers et moqueurs, Dandinés, balancés, et, se sentant forts et vainqueurs, Vers nos prosternements comme regardant en coulisse ! Fesses, les grandes sœurs des seins vraiment, mais plus nature, Plus bonhomme, sourieuses aussi, Mais sans malices trop et qui s’abstiennent du souci De dominer, étant belles pour toute dictature ! Mais quoi ? Vous quatre, bons tyrans, despotes doux et justes, Vous impériales et vous princiers, Qui courbez le vulgaire et sacrez vos initiés, Gloire et louange à vous, Seins très saints, Fesses très augustes !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Pensée du soir Couché dans l'herbe pâle et froide de l'exil, Sous les ifs et les pins qu'argenté le grésil. Ou bien errant, semblable aux formes que suscite Le rêve, par l'horreur du paysage scythe. Tandis qu'autour, pasteurs de troupeaux fabuleux. S'effarouchent les blancs Barbares " aux yeux bleus, Le poète de l'Art d'Aimer, le tendre Ovide Embrasse l'horizon d'un long regard avide Et contemple la mer immense tristement. Le cheveu poussé rare et gris que le tourment Des bises va mêlant sur le front qui se plisse, L'habit troué livrant la chair au froid, complice. Sous l'aigreur du sourcil tordu l'œil terne et las, La barbe épaisse, inculte et presque blanche, hélas ! Tous ces témoins qu'il faut d'un deuil expiatoire Disent une sinistre et lamentable histoire D'amour excessif, d'âpre envie et de fureur Et quelque responsabilité d'Empereur. Ovide morne pense à Rome, et puis encore A Rome que sa gloire illusoire décore. Or, Jésus ! vous m'avez justement obscurci : Mais n'étant pas Ovide, au moins je suis ceci.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Pour Rita J’abomine une femme maigre, Pourtant je t’adore, ô Rita, Avec tes lèvres un peu nègre Où la luxure s’empâta. Avec tes noirs cheveux, obscènes A force d’être beaux ainsi Et tes yeux où ce sont des scènes Sentant, parole ! le roussi, Tant leur feu sombre et gai quand même D’une si lubrique gaîté Éclaire de grâce suprême Dans la pire impudicité Regard flûtant au virtuose Es-pratiques dont on se tait : « Quoi que tu proposes, ose Tout ce que ton cul te dictait » ; Et sur ta taille comme d’homme, Fine et très fine cependant, Ton buste, perplexe Sodome Entreprenant puis hésitant, Car dans l’étoffe trop tendue De tes corsages corrupteurs Tes petits seins durs de statue Mais tes jambes, que féminines Leur grâce grasse vers le haut Jusques aux fesses que devine Mon désir, jamais en défaut, Dans les plis cochons de ta robe Qu’un art salop sut disposer Pour montrer plus qu’il ne dérobe Un ventre où le mien se poser ! Bref, tout ton être ne respire Que faims et soifs et passions… Or je me crois encore pire : Faudrait que nous comparassions. Allons, vite au lit, mon infante, Çà livrons-nous jusqu’au matin Une bataille triomphante A qui sera le plus putain.

    en cours de vérification