Titre : Un peu de politique
Auteur : Paul Verlaine
Tribune des
Cinq-Cents, attributs indécents.
Tremplin mesquin pour tous plongeons dans les non-sens
Dans ces mensonges, dans telles logomachies.
Et, chose pire, dans les plus pires orgies
De gaspillages d'honneur civique et d'argent ;
Tribune où
Bonaparte, en homme intelligent
Vraiment, ne monta qu'un instant pour donner l'ordre
De la jeter bas, dût mons
Arena ' le mordre
D'un poignard de théâtre et d'un «
Tyran ! » appris ;
Tribune remplacée au delà de son prix.
Bien au delà de son prix, ce leurre, par celle
Des rois revenus, qu'on peut nommer la
Pucelle
De parlementarisme honnête, celui-là
(Non celui-ci !) et puis, comme tout s'écroula
De fier encor dans ce pays qu'un chacun pipe.
Tribune encore de l'affreux
Louis-Philippe,
Et de
Prudhomme et de
Robert
Macaire et de
Tous les pieds plats et d'aussi tous les cœurs bas que
La honte attire et que l'opprobre rassasie !
Quarante-Huit te mit au rancart, trop moisie
Que t'étais pour ses paradoxes innocents,
Tribune des
Cinq-Cents, attributs indécents.
Et l'empire second pour malpropre te tint...
Mais vint le
Prussien...
Ton prestige est reteint.
Ton bas-relief d'ailleurs sans talent d'autre guise
Que d'étaler des seins qui ne sont plus de mise
Et qu'un artiste un peu noble « ne saurait voir »
Sans un chagrin profond et sans un ennui noir.
Ton bas-relief, à neuf gratté, t'encor décore.
Tremplin mesquin pour ton plongeur dans tout non-sens,
Symbole de ceux-ci, jacobins indécents. ,