Tour à tour anthropologue, portraitiste, journaliste, Peter Gay explore la culture bourgeoise du XIXe siècle, élargissant la sphère de la bourgeoisie victorienne à l'ensemble de l'Europe occidentale. Il porte un regard impertinent, iconoclaste parfois, extraordinairement documenté sur la condition féminine, les rapports conjugaux et leur incroyable diversité dans la société bourgeoise de l'époque, ou les apports de la psychanalyse balbutiante... Avec une merveille de nuances, il analyse les rapports entre division du travail, individualisme, amour-propre, vie mondaine et sphère privée. On se délecte de découvrir avec lui que le programme saint-simonien n'était rien d'autre qu'un christianisme capitaliste sans Christ, que l'occultisme ne fut qu'une bouée pour ceux qui ne pouvaient plus être croyants ni se jeter dans les bras de la raison triomphante, que le monde rural n'était pas si pieux qu'on l'a souvent cru et que les manifestations extérieures de la foi se confondaient parfois avec l'assouvissement des désirs les plus impies. La diversité des comportements de cette bourgeoisie européenne, marquée de l'empreinte victorienne, ne cesse de surprendre : on va au théâtre tantôt pour être la proie d'émotions touchant au sublime, tantôt pour retrouver une fille de joie entr'aperçue plus tôt, tantôt pour les deux raisons.

Une culture bourgeoise : Londres, Paris, Berlin... Biographie d'une classe sociale, 1815-1914

Nous n'en avons pas fini avec la République de Weimar, aussi flamboyante et baroque sur le plan culturel qu'elle fut désastreuse sur le plan politique. D'un côté la peinture expressionniste, Rilke et Thomas Mann, Bertolt Brecht, la musique atonale, Nosferatu et L'Ange bleu, le Bauhaus et l'invention du design ; de l'autre, la violence quotidienne, les assassinats politiques, la déroute du mark, l'irrésistible montée de la haine.Mais peut-on continuer de séparer culture et politique ? Jamais leur dépendance ne fut si forte que durant ces années où l'Allemagne chercha la voie de la démocratie et découvrit le chemin du nazisme. Ce que montre Peter Gay, dans cet essai brillant et incisif, c'est la façon dont l'élite cultivée de Weimar collabora sans le vouloir, ni toujours le savoir, à l'effondrement final en janvier 1933. Cette République n'eut pas d'opposition plus acharnée ni de critiques plus acérées que de ceux qui auraient dû en être les défenseurs. «Non contents d'inviter le cheval de Troie à entrer dans la cité, les hommes de Weimar assistèrent à sa construction et prirent soin d'assurer un asile à ses architectes.» Avec une force sans égal, c'est la question de la responsabilité des intellectuels qui est posée là, devant le tribunal de l'Histoire.

Le suicide d'une république ; Weimar 1918-1933

Peter Gay, né le 20 juin 1923 à Berlin sous le nom de Peter Joachim Fröhlich et mort le 12 mai 2015 à New York, est un historien américain d'origine allemande, et spécialiste de l'histoire de la psychanalyse et les Lumières. 
Il est professeur d'histoire à l'université Yale depuis 1969.
Il quitte l'Allemagne en 1939, en raison de ses origines juives, s'exilant d'abord à Cuba, puis aux États-Unis, s'installant en 1941 à New York.
En 1999 il reçoit le Prix frère et sœur Scholl pour son autobiographie Meine deutsche Frage.

Les gens semblent oublier que l'une des raisons pour lesquelles ils pensent maintenant différemment est l'héritage de Freud lui-même.

Ce qui m'intéresse et m'a toujours intéressé a été le modernisme.

Ma définition du modernisme a pris un certain temps à se développer.

Chaque historien a de manière informelle une anthropologie, sans jamais utiliser le mot.

J'ai toujours eu un fort intérêt pour l'histoire et la découverte du passé peut également être remarquablement utile pour élaborer l'avenir.

Et mon intérêt pour l'histoire était, et reste, très fort : ce que je voulais, c'était mieux comprendre certaines choses en les comprenant psychanalytiquement.

Freud, pensait Jung, avait été un grand découvreur de faits sur l'esprit, mais beaucoup trop enclin à quitter le sol solide de la "raison critique et du bon sens". Freud pour sa part a critiqué Jung pour avoir été crédule sur les phénomènes occultes et amoureux des religions orientales; Il considérait avec le scepticisme sardonique et sans émission de la défense des sentiments religieux par Jung en tant qu'élément intégral de la santé mentale. Pour Freud, la religion était un besoin psychologique projeté sur la culture, le sentiment d'impuissance de l'enfant survivant chez les adultes, pour être analysé plutôt que admiré.

J'ai décidé que ce que je voulais vraiment faire était de rendre mon écriture dans l'histoire plus profonde, si c'est le bon mot à utiliser. Et c'est ce que j'ai fait.

Puisque Dieu est silencieux, l'homme est son propre maître; Il doit vivre dans un monde désenchanté, tout soumettre à la critique et faire son propre chemin.

Mon hypothèse est que fondamentalement, l'image de l'animal humain, tel qu'il est développé par Freud, est largement juste.

Il y a quelque chose de très intrigant, par exemple, le sentiment d'accomplissement qu'un petit enfant a, que vous pourriez être en mesure de réduire à l'agression et à la libido, mais qui pourrait également avoir une existence indépendante.

Les idées des théologiens sont réfutées par leurs adversaires, les idées des scientifiques sont réfutées par leurs disciples.

Avoir un tempérament libéral est une sorte d'augmentation psychologique, pouvoir comprendre que quelqu'un avec qui vous êtes en désaccord n'est pas seulement une terrible créature mais une personne avec qui vous êtes en désaccord.

Avec le passage des années, tous les lecteurs de Dicken ne sont pas restés amoureux de son pathos. La sublimité d'une génération est devenue le kitsch d'une autre génération.

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