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Raymond Queneau

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Raymond Queneau, né le 21 février 1903 au Havre et mort le 25 octobre 1976 à Paris 13e, est un romancier, poète, dramaturge français, cofondateur du groupe littéraire Oulipo.

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Poésies

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    Raymond Queneau

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    Les malheureux C'est un militaire Il n'a pas vingt ans Il n'a plus de blair Il n'a plus de dents Mutilé de guerre il boit son café devant le comptoir qu'on a dézingué Il agite la fiole à saccharine au-dessus de son de son orge noire C'est un militaire qui n'a plus dnarine qui n'a plus de poire Mutilé de guerre vient en permission boire son café rue de Lauriston Moi je l'examine d'un œil très humide mon cœur est tordu mon cœur est brisu je suis malheureux j'ai de grands chagrins mais j'ai horreur de la saccharine

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    Raymond Queneau

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    Ballade en proverbes du vieux temps Il faut de tout pour faire un monde Il faut des vieillards tremblotants Il faut des milliards de secondes Il faut chaque chose en son temps En mars il y a le printemps II est un mois où l'on moissonne Il est un jour ou bout de l'an L'hiver arrive après l'automne La pierre qui roule est sans mousse Béliers tondus gèlent au vent Entre les pavés l'herbe pousse Que voilà de désagréments Chaque arbre vêt son linceul blanc Le soleil se traîne tout jone C'est la neige après le beau temps L'hiver arrive après l'automne Quand on est vieux on n'est plus jeune On finit par perdre ses dents Après avoir mangé on jeûne Personne n'est jamais content On regrette ses jouets d'enfant On râle après le téléphone On pleure comme un caïman L'hiver arrive après l'automne Envoi Prince! tout ça c'est le chiendent C'est encor pis si tu raisonnes La mort t'a toujours au tournant L'hiver arrive après l'automne

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    Campagne Le vent marcheur l'hirondelle qui ne se lasse les bourrées de jonc rare les blés qui dépassent les têtes des avoines noires ou d'hiver la blancheur des ciments les cailloux de la route les libellules les vain» papillons divers la machine en sommeil les dévoreurs de croûtes les buveurs de vins vieux les errants de toujours composent en gradins l'ordre mystagogique des souvenirs naissants délaissés tout le jour et reformant la nuit leurs rangs hypnagogiques

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    Raymond Queneau

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    Je n'ai donc pu rêver Je n'ai donc pu rêver que de fausses manœuvres, vaisseau que des hasards menaient de port en port, de havre en havre et de la naissance à la mort, sans connaître le fret ignorant de leur œuvre. Marins et passagers et navire qui tangue et ce je qui débute ont même expression, une charte-partie ou la démolition, mais sur ce pont se livrent des combats exsangues. Voici : le capitaine a regardé les nuages qui démolissaient l'horizon, il descend dans la cale où déjà du naufrage se profile l'inclinaison. Voici : les rats se sauvent et plus d'un prisonnier trouve sa délivrance. La coquille a viré pour courir d'autres chances, et voici : l'on innove. Que disent les marins ? ils grimpent aux cordages en sacrant comme des loups, ils ont passé la ligne affublés en sauvages, voulant encor faire les fous. Voici : ce navire entre dans d'autres eaux, d'autres mers où les orages n'ont pas détruit le balisage, et voici : les marins ont fermé leurs couteaux. Voici : ce ne sont plus vers de faux rivages que nous appareillons. La vie est un songe, dit-on, mais deux c'est trop pour mon âge.

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    Raymond Queneau

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    Le repas ridicule Une fois n'est pas coutume : allons au restaurant nous payer du caviar et des ptits ortolans Consultons le journal à la rubrique esbrouffe révélant le bon coin où pour pas cher on bouffe Nous irons à çui-ci, nous irons à çui-là mais y a des objections : l'un aimm ci, l'autre aimm ça Je propose : engouffrons notre appétit peu mince au bistrot le troisième après la rue Huyghens Tous d'accord remontons le boulevard Raspail jusqu'aux bars où l'on suss la mouss avec des pailles Hans William Vladimir et Jean-Jacques Dupont avalent goulûment de la bière en ballon Avec ces chers amis d'un pas moins assuré nous trouverons enfin le ptit endroit rêvé Les couteaux y sont mous les nappes y sont sales te serveuse sans fards parfume toutt la salle Le patron — un gourmet ! vous fait prendre — c'est fou du pipi pour du vin et pour du foi' du mou La patronne a du cran et rince les sardines avec une huile qui fut huile dparaffîne La carne nous amène un rôti d'aspect dur orné concentricment do légumes impurs Elle vous proposera les miettes gluantes d'une tête de veau que connurent les lentes Elle proposera les panards englués d'un porc qui négligea toujours do les laver Peut-ôtre qu'un produit à l'état naturel échappra-z-aux méfaits dla putréfiantt femelle « Voici ma belle enfant un petit nerf do bœuf que vous ulilizrcz pour casser tous vos coufs » De l'omelette jaune où nage lo persil elle fera-z-hélas un morceau d'anthraci Ce bon charbon croquant bien craquant sous la dont se blanchira d'un sel sous la dent bien crissant Plutôt que de noircir un intestin qui grêle nous dévorerons la simili-porcelaine L'hôtesse nous voyant grignoter son ménage écaillera les murs de l'ampleur de sa rage Alors avalerons fourchettes et couteaux avant d'avec vitesse enfiler nos manteaux Fuyards nous galoprons dans la rue où ça neige sans peur de déchirer la couturr de nos grèges Nous retournant au bout de cinquante ou cent mètres nous verrons le souillon jouer au gazomètre et nous péter au nez ses infâmes insultes — patronne de bistrot, empoisonneuse occulte

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