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Nostalgie

179 poésies en cours de vérification
Nostalgie

Poésies de la collection nostalgie

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Chanson Ta voix est un savant poème… Charme fragile de l’esprit, Désespoir de l’âme, je t’aime Comme une douleur qu’on chérit. Dans ta grâce longue et blémie, Tu revins du fond de jadis… O ma blanche et lointaine amie, Je t’adore comme les lys! On dit qu’un souvenir s’émousse, Mais comment oublier jamais Que ta voix se faisait très douce Pour me dire que tu m’aimais?

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Comment oublier le pli lourd Comment oublier le pli lourd De tes belles hanches sereines, L’ivoire de ta chair où court Un frémissement bleu de veines ? Et comment jamais retrouver L’identique extase farouche, T’oublier, revivre et rêver Comme j’ai rêvé sur ta bouche ?

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    J’ai l’âme lasse du destin J’ai l’âme lasse du destin Et je ne veux plus voir le monde Qu’à travers le voile divin De tes pâles cheveux de blonde. Sur mon front, haï des sommeils Et que le délire importune, Répands tes doux cheveux, pareils À des rayons de clair de lune. Puisque le passé pleure seul Parmi les félicités brèves, Fais de tes cheveux un linceul Afin d’ensevelir mes rêves.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    O forme que les mains ne sauraient retenir ! Ô forme que les mains ne sauraient retenir ! Comme au ciel l’élusif arc-en-ciel s’évapore, Ton sourire, en fuyant, laisse plus vide encore Le cœur endolori d’un trop doux souvenir. Ton caprice lassé, comment le rajeunir, Afin qu’il refleurisse aux fraîcheurs d’une aurore ? Quels mots te murmurer, quelles fleurs faire éclore Pour enchanter l’ennui de l’éternel loisir ? De quels baisers charmer la langueur de ton âme, Afin qu’exaspéré d’extase, pleure et pâme Ton être suppliant, avide et contenté ? De quels rythmes d’amour, de quel fervent poème Honorer dignement Celle dont la beauté Porte au front le Désir ainsi qu’un diadème ?

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    Rhita Benjelloun

    @rhitaBenjelloun

    Fleur du paradis Colombe blanche qui plane dans les cieux Réside avec les anges et le bon Dieu Ton âme est une note de musique qui nous éblouit Si rayonnante telle une fleur qui s’épanouit Juvénile, d’une blancheur pure et angélique Et ce sourire qui m’emporte vers un monde féerique Jadis, on marchait en chantant Main dans la main souvent en galopant Ainsi on vivait avant le 25 mai Ce jour damné qui a ton existence a mis un trait Houda …Ta mémoire est gravée dans mon cœur d’enfant Elle sera intacte, je veillerai à ce qu’elle le soit longtemps… Car ton authentique amitié est inestimable Je n’oublierai jamais nos rires, et même nos larmes Ton esprit court sans aucun doute Dans les jardins du paradis Je prierai chaque jour le bon Dieu pour ton répit Hommage à mon amie d’enfance Houda CHAHIDI, une pensée à tous ceux qui ont perdus leurs proches dans la guerre de la route…

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    Richard Taillefer

    @richardTaillefer

    À ma mère Elle est assise Dans l’embrasure de la grande fenêtre C’est l’endroit du monde Où l’on voit le mieux tout le monde Un peu de mer Un peu de ciel Elle aime cet endroit Où son cœur s’apaise Un rayon de soleil paresseux avance devant elle La lumière flirte avec le fond de la pièce Là elle ne pense plus à rien Elle n’oublie pas ! Les gens Les choses Les visages De ceux qui lui sont proches Et pourtant si lointains Ni Pépète La petite chienne aux poils si noirs Réfugiée sur ses genoux de douleur Elle écoute Une étrange musique Rythmée par les caprices du vent Tournoyant dans les arbres

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    Robert Tirvaudey

    @robertTirvaudey

    L’éffroi de l’oubli Ils s’assemblent souvent, pour combattre Les affres de l’oubli tenace Sur leur canne, dans un regard fugace Nos vieillards se souviennent sans se battre Elle est loin la bataille de Verdun Nos poilus sans barbe viennent de loin Et pourtant tout est là sans entrain Ils auraient voulu battre le foin Le frère n’est plus, le cousin non plus Les Anciens ne peuvent tout raconter Ils chuchotent des chansons qui leur ont plu Les belles années défilent sans compter Ils pleurent, ils savent, les morts sans mémoire Qui se souviendra du capitaine Fusillé, mutin, refus de gloire Sur la croix blanche, son nom, sans haine

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    Régis Boury

    @regisBoury

    Sans escale Sur un quai sur un port Sur la France Sur ce quai ce quai de port Un port de France Des pas Ses pas Tonnent Et résonnent Puis peu à peu monotones S'abandonnent. Les pas Ces pas qu'on n'entend plus Que je n'entends pas Sont ceux de l'ami De celui Qui pas après pas S'en va S'enfuit dans la nuit Qui nous laisse là comme ça Nous abandonne. 17 janvier 1978

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    Régis Boury

    @regisBoury

    Sur le sable Renaissons sur le sable où nous étions heureux, En marée haute emportant les amoureux ; Gare aux vagues aimables, aux baisers, aux creux : Il viendra bien le jour où nous serons fin vieux. Sur ce même tapis, là, d'autres prétentieux Bâtifoleront en vain, nus, vers d'autres cieux Où se perdent les cris de goélands fielleux ; Un orage viendra, soudainement furieux, Rasant encore l'écume verte au front fiévreux. Y'a qu'à attendre, laisser faire. Oui, c'est mieux. 22 août 2002

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    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Château de Biron Sur les chemins nus, plus personne. Couleur de sanguine pâlie Un horizon de bois frissonne. De quelle âpre mélancolie Nous enveloppe ici l’automne ? Un gémissement de poulie Survit seul en haut du puits rond. La cour d’honneur et le perron En vain parleraient d’Italie… Trop de couloirs sombres relient Aux salles où nos pas résonnent Des retraits que nous ignorons. Trop d’ombre se tasse aux chevrons Le long de frises abolies. Feu le duc aux « souliers tout ronds » A rejoint défunt Bragelonne. Dans les cuisines, plus personne. Le soir meurt, plein de moucherons. Vieux château des Gontaut-Biron Avec quelle mélancolie Vous regardez venir l’automne…

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    A cet homme… Des godasses un peu trop grandes Un chapeau de paille, troué Il n’en avait que faire : Sa vie, c’était la terre. Des mains aussi noires qu’un mineur Mais tant d’amour dans le cœur Jamais un mot de travers Il en voulait, à son père. Qui était-il ? Un « Vieux Bonhomme » au regard clair Un homme qui aimait la terre. Les années ont passé, Il a succombé. … « Il n’en avait que faire, Sa vie, c’était la terre ». A mon grand-père.

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    A l’ombre du cerisier La terre pleure Le souvenir de tes pas Que tes semelles ont Trop souvent foulé. Le cerisier Ne fleurit pas, Il n’est plus là Depuis tant d’années. … Le chapeau de paille Accroché dans la grange Se repose à jamais.

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    De l’enfant que j’étais, au vieillard devenu… Il était beau le temps Où mes pommettes roses S’érigeaient au vent. Les genoux écorchés Par les ronces Au bord des sentiers oubliés, Je m’en souviens encore. … Les feuilles mortes Se sont envolées, Ont tout emporté Avec elles, Souvenirs et passé. … De l’enfant que j’étais Il ne me reste plus que Des rides, Des sourires, Des cheveux blancs. Au vieillard devenu, J’ai oublié le temps…

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Effleurement d’être Dehors est-ce la nuit – L’infini – Un ciel qui jette l’ancre Aux vents blessés Où le froid ronge Les heures. Au fond de l’âme La mémoire s’effrite Inexorablement. – Entre silence et rêve L’éphémère souvenir –

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Jardin de grand-père C’était il y a longtemps – Ta main Dans la mienne L’horizon A perte de vue Le grillage De rouille Et les herbes mortes Ta main Ridée Qui crevasse la terre La mienne Si rose Effleurant les ronces Tes yeux Dans les miens Le bleu du ciel En morsure de lèvres Et quelques grains de terre Entre nos doigts C’était il y a longtemps Et aujourd’hui encore Ces quelques grains de terre Rident ma chair

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    La gantière Dans le noir De l’atelier Les doigts en or De grand-mère Cousent Décousent Nuit et jour Pour trois francs Six sous Les doigts s’usent Sous le tissu Dans le noir De l’atelier Le bruit des machines Ecorche les oreilles De grand-mère – Il est bien loin ce temps – Cent ans passés Ma main dans la tienne Je te laisse me raconter ta vie

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Elle Elle Elle était belle dans la nuit A la lueur de la lune ronde Des rubans dansent dans ses cheveux Et le vent rit à ses côtés ; … Sur les chemins parsemés d’étoiles Elle brille de mille feux Ses mains implorent le ciel Au temps qui se suspend. … Une envolée d’oiseaux nous rappelle Qu’elle était belle, « Elle » …

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    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    La vieille Elle est ici « La vieille » Assise sur ce banc Là, au fond du parc Comme hier, comme toujours Comme demain. Des pigeons pour seuls amis Lui font la conversation Comme hier, comme toujours Comme demain. Elle est bien seule « La vieille », Personne ne pense à elle « La vieille ». Elle pourrait bien Mourir demain Qui sera là pour lui tenir La main ? Elle est si seule « La vieille ». … Elle pense et repense Au bon vieux temps A l’insouciance, aux fleurs des champs A son enfance, Comme hier, comme toujours Comme demain. Le soleil s’est éteint Les pigeons se sont fait la malle Elle n’est plus là « La vieille » Elle n’a plus mal…

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    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    La grand-mère Dansez, fillettes du village, Chantez vos doux refrains d'amour : Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. En vous voyant, je me rappelle Et mes plaisirs et mes succès ; Comme vous, j'étais jeune et belle, Et, comme vous, je le savais. Soudain ma blonde chevelure Me montra quelques cheveux blancs… J'ai vu, comme dans la nature, L'hiver succéder au printemps. Dansez, fillettes du village, Chantez vos doux refrains d'amour ; Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. Naïve et sans expérience, D'amour je crus les doux serments, Et j'aimais avec confiance… On croit au bonheur à quinze ans ! Une fleur, par Julien cueillie, Était le gage de sa foi ; Mais, avant qu'elle fût flétrie, L'ingrat ne pensait plus à moi ! Dansez, fillettes du Village, Chantez vos doux refrains d'amour ; Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. À vingt ans, un ami fidèle Adoucit mon premier chagrin ; J'étais triste, mais j'étais belle, Il m'offrit son cœur et sa main. Trop tôt pour nous vint la vieillesse ; Nous nous aimions, nous étions vieux… La mort rompit notre tendresse… Mon ami fut le plus heureux !

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    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Juxtaposition Jardin inondé par la pluie battante sur mes pensées matinales Les petites fleurs me regardent chaque pétale tremble Les chimères lointaines crachent la folle course de la sève Vers la lune, le soleil se penche de loin insouciant du demain Je me sens transportée dans le marasme du bonheur assoupi Au fond de mon âme les souvenirs de jeunesse éclatent dans le puzzle de la vie

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    Thea

    @thea

    Le facteur J'ai porté vos lettres en hiver comme été a travers vos fenêtres vous me voyez passé je suis votre facteur et dans ma sacoche ya pas qu'du bonheur quand j'frappe a la porte faut bien travailler et c'est mon métier quand je l'ai choisi c'etait le paradis ce fut le bon temps je donnais des sous a toutes les mamans qu' avait plus un clou et trente ans plus tard on m'a donné une auto j'arrive plus en retard et je regrette mon vélo je n'ai plus le temps pressé de voir la nature pousser les saisons aux champs et les rires des enfants il a bien fallu modernisé avec toute la publicité car on est plus facteur on est devenu menteur voila mon histoire et si vous voulez un beau jour me voir je suis près de calais thea

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Bien souvent je revois… Bien souvent je revois sous mes paupières closes, La nuit, mon vieux Moulins bâti de briques roses, Les cours tout embaumés par la fleur du tilleul, Ce vieux pont de granit bâti par mon aïeul, Nos fontaines, les champs, les bois, les chères tombes, Le ciel de mon enfance où volent des colombes, Les larges tapis d’herbe où l’on m’a promené Tout petit, la maison riante où je suis né Et les chemins touffus, creusés comme des gorges, Qui mènent si gaiement vers ma belle Font-Georges, À qui mes souvenirs les plus doux sont liés. Et son sorbier, son haut salon de peupliers, Sa source au flot si froid par la mousse embellie Où je m’en allais boire avec ma soeur Zélie, Je les revois ; je vois les bons vieux vignerons Et les abeilles d’or qui volaient sur nos fronts, Le verger plein d’oiseaux, de chansons, de murmures, Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres, Et j’entends près de nous monter sur le coteau Les joyeux aboiements de mon chien Calisto !

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Lorsque ma soeur et moi Lorsque ma soeur et moi, dans les forêts profondes, Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux, En nous baisant au front tu nous appelais fous, Après avoir maudit nos courses vagabondes. Puis, comme un vent d’été confond les fraîches ondes De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux, Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux, Tu mêlais en riant nos chevelures blondes. Et pendant bien longtemps nous restions là blottis, Heureux, et tu disais parfois : Ô chers petits. Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille ! Les jours se sont enfuis, d’un vol mystérieux, Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

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    Théophile de Viau

    @theophileDeViau

    Lettre à son frère Je verrai ces bois verdissants Où nos îles et l'herbe fraîche Servent aux troupeaux mugissants Et de promenoir et de crèche. L'aurore y trouve à son retour L'herbe qu'ils ont mangée le jour, Je verrai l'eau qui les abreuve, Et j'orrai plaindre les graviers Et repartir l'écho du fleuve Aux injures des mariniers. ... Je verrai sur nos grenadiers Leurs rouges pommes entrouvertes, Où le Ciel, comme à ses lauriers, Garde toujours des feuilles vertes. Je verrai ce touffu jasmin Qui fait ombre à tout le chemin D'une assez spacieuse allée, Et la parfume d'une fleur Qui conserve dans la gelée Son odorat et sa couleur. Je reverrai fleurir nos prés ; Je leur verrai couper les herbes ; Je verrai quelque temps après Le paysan couché sur les gerbes ; Et, comme ce climat divin Nous est très libéral de vin, Après avoir rempli la grange, Je verrai du matin au soir, Comme les flots de la vendange Écumeront dans le pressoir...

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Tristesse d'Olympio Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes. Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes Sur la terre étendu, L'air était plein d'encens et les prés de verdures Quand il revit ces lieux où par tant de blessures Son cœur s'est répandu ! L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ; Le ciel était doré ; Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme, Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme, Chantaient leur chant sacré ! Il voulut tout revoir, l'étang près de la source, La masure où l'aumône avait vidé leur bourse, Le vieux frêne plié, Les retraites d'amour au fond des bois perdues, L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues Avaient tout oublié ! Il chercha le jardin, la maison isolée, La grille d'où l'œil plonge en une oblique allée, Les vergers en talus. Pâle, il marchait. – Au bruit de son pas grave et sombre, Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre Des jours qui ne sont plus ! Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même, Y réveille l'amour, Et, remuant le chêne ou balançant la rose, Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose Se poser tour à tour ! Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire, S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre, Couraient dans le jardin ; Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées S'envolent un moment sur leurs ailes blessées, Puis retombent soudain. Il contempla longtemps les formes magnifiques Que la nature prend dans les champs pacifiques ; Il rêva jusqu'au soir ; Tout le jour il erra le long de la ravine, Admirant tour à tour le ciel, face divine, Le lac, divin miroir ! Hélas ! se rappelant ses douces aventures, Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures, Ainsi qu'un paria, Il erra tout le jour. Vers l'heure où la nuit tombe, Il se sentit le cœur triste comme une tombe, Alors il s'écria : « Ô douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée, Savoir si l'urne encor conservait la liqueur, Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée De tout ce que j'avais laissé là de mon cœur ! « Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! Nature au front serein, comme vous oubliez ! Et comme vous brisez dans vos métamorphoses Les fils mystérieux où nos cœurs sont liés ! « Nos chambres de feuillage en halliers sont changées ! L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ; Nos roses dans l'enclos ont été ravagées Par les petits enfants qui sautent le fossé ! « Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée, Folâtre, elle buvait en descendant des bois ; Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée, Et laissait retomber des perles de ses doigts ! « On a pavé la route âpre et mal aplanie, Où, dans le sable pur se dessinant si bien, Et de sa petitesse étalant l'ironie, Son pied charmant semblait rire à côté du mien ! « La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre, Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir, S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre, Les grands chars gémissants qui reviennent le soir. « La forêt ici manque et là s'est agrandie. De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ; Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie, L'amas des souvenirs se disperse à tout vent ! « N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ? Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ? L'air joue avec la branche au moment où je pleure ; Ma maison me regarde et ne me connaît plus. « D'autres vont maintenant passer où nous passâmes. Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ; Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes, Ils le continueront sans pouvoir le finir ! « Car personne ici-bas ne termine et n'achève ; Les pires des humains sont comme les meilleurs ; Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve. Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs. « Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache, Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté, Tout ce que la nature à l'amour qui se cache Mêle de rêverie et de solennité ! « D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ; Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus. D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes, Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus ! « Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes ! Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes ! L'impassible nature a déjà tout repris. « Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres, Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons, Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ? Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ? « Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères, Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix ! Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères, L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois ! « Répondez, vallon pur, répondez, solitude, Ô nature abritée en ce désert si beau, Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau ; « Est-ce que vous serez à ce point insensible De nous savoir couchés, morts avec nos amours, Et de continuer votre fête paisible, Et de toujours sourire et de chanter toujours ? « Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites, Fantômes reconnus par vos monts et vos bois, Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ? « Est-ce que vous pourriez, sans tristesse et sans plainte, Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas, Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte, Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ? « Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille, Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports, Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille : – Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts ! « Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines, Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds Et les cieux azurés et les lacs et les plaines, Pour y mettre nos cœurs, nos rêves, nos amours ! « Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ; Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ; Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme, D'effacer notre trace et d'oublier nos noms. « Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages ! Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas ! Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages ! Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas. « Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même ! Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin ! Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême Où nous avons pleuré nous tenant par la main ! « Toutes les passions s'éloignent avec l'âge, L'une emportant son masque et l'autre son couteau, Comme un essaim chantant d'histrions en voyage Dont le groupe décroît derrière le coteau. « Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes, Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard ! Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes ; Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard. « Dans ces jours où la tête au poids des ans s'incline, Où l'homme, sans projets, sans but, sans visions, Sent qu'il n'est déjà plus qu'une tombe en ruine Où gisent ses vertus et ses illusions ; « Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles, Comptant dans notre cœur, qu'enfin la glace atteint, Comme on compte les morts sur un champ de batailles, Chaque douleur tombée et chaque songe éteint, « Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe, Loin des objets réels, loin du monde rieur, Elle arrive à pas lents par une obscure rampe Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ; « Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile, L'âme, en un repli sombre où tout semble finir, Sent quelque chose encor palpiter sous un voile... C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir ! » Le 21 octobre 1837.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Ô mes lettres d'amour Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse, C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ; Je vous lis à genoux. Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge ! Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage, Pour pleurer avec vous !

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    A Mme du Châtelet L'un des plus beaux poèmes de Voltaire, À Mme du Châtelet, est un texte d'amour qu'il a écrit pour Émilie du Châtelet. Ils se rencontrent en 1733 et elle fût pendant quinze ans sa maitresse et sa muse. Ce poème est composé de neuf quatrains en octosyllabes avec des rimes embrassées et croisées. Si vous voulez que j’aime encore, Rendez-moi l’âge des amours ; Au crépuscule de mes jours Rejoignez, s’il se peut, l’aurore. Des beaux lieux où le dieu du vin Avec l’Amour tient son empire, Le Temps, qui me prend par la main, M’avertit que je me retire. De son inflexible rigueur Tirons au moins quelque avantage. Qui n’a pas l’esprit de son âge, De son âge a tout le malheur. Laissons à la belle jeunesse Ses folâtres emportements. Nous ne vivons que deux moments : Qu’il en soit un pour la sagesse. Quoi ! pour toujours vous me fuyez, Tendresse, illusion, folie, Dons du ciel, qui me consoliez Des amertumes de la vie !

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    Les vous et les tu Philis, qu’est devenu ce temps Où, dans un fiacre promenée, Sans laquais, sans ajustements, De tes grâces seules ornée, Contente d’un mauvais soupé Que tu changeais en ambroisie, Tu te livrais, dans ta folie, A l’amant heureux et trompé Qui t’avait consacré sa vie ? Le ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors, Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage, Un sein d’albâtre, et de beaux yeux. Avec tant d’attraits précieux, Hélas ! qui n’eût été friponne ? Tu le fus, objet gracieux ! Et (que l’Amour me le pardonne !) Tu sais que je t’en aimais mieux. Ah ! madame ! que votre vie D’honneurs aujourd’hui si remplie, Diffère de ces doux instants ! Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte, Philis, est l’image du Temps ; On dirait qu’il chasse l’escorte Des tendres Amours et des Ris ; Sous vos magnifiques lambris Ces enfants tremblent de paraître. Hélas ! je les ai vus jadis Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis. Non, madame, tous ces tapis Qu’a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie, Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin A surpassé l’art de la Chine ; Vos vases japonais et blancs, Toutes ces fragiles merveilles ; Ces deux lustres de diamants Qui pendent à vos deux oreilles ; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse, Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse.

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    Winston Perez

    @winstonPerez

    Empoisonné J’ai vu la Croix par dessus la Lune merveilleux soir de brume j’avais vingt ans passés Mille cornes plantées Mille crevasses brunes et faisceaux éclatants Mille pas gravés sur terre et parfums enivrants J’ai vu l’homme, la princesse éphémère et le Père flamboyant J’étais plus que moi-même plus grand que le grand Mon corps lacéré ne me faisait plus mal J’étais l’air et l’humide Et il n’y avait plus d’organes Il n’y avait plus d’ennui J’ouvrais les portes de la perception divine Ce soir par dessus la Lune J’étais empoisonné

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